HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Vie de Pompée

Chapitre 51

  Chapitre 51

[51] Ἐν τούτῳ δὲ τῷ χρόνῳ μέγαν ἦραν οἱ Κελτικοὶ πόλεμοι Καίσαρα· καὶ δοκῶν πορρωτάτω τῆς Ῥώμης ἀπεῖναι καὶ συνηρτῆσθαι Βέλγαις καὶ Σουήβοις καὶ Βρεττανοῖς, ἐλάνθανεν ὑπὸ δεινότητος ἐν μέσῳ τῷ δήμῳ καὶ τοῖς κυριωτάτοις πράγμασι καταπολιτευόμενος τὸν Πομπήϊον. αὐτὸς μὲν γὰρ ὡς σῶμα τὴν στρατιωτικὴν δύναμιν περικείμενος, οὐκ ἐπὶ τοὺς βαρβάρους, ἀλλ´ ὥσπερ ἐν θήραις καὶ κυνηγεσίοις τοῖς πρὸς ἐκείνους ἀγῶσι γυμνάζων, διεπόνει, καὶ κατεσκεύαζεν ἄμαχον καὶ φοβεράν, χρυσὸν δὲ καὶ ἄργυρον καὶ τἆλλα λάφυρα καὶ τὸν ἄλλον πλοῦτον τὸν ἐκ πολέμων τοσούτων περιγινόμενον εἰς τὴν Ῥώμην ἀποστέλλων, καὶ διαπειρῶν ταῖς δωροδοκίαις καὶ συγχορηγῶν ἀγορανόμοις καὶ στρατηγοῖς καὶ ὑπάτοις καὶ γυναιξὶν αὐτῶν, ᾠκειοῦτο πολλούς· ὥστε ὑπερβαλόντος αὐτοῦ τὰς Ἄλπεις καὶ διαχειμάζοντος ἐν Λούκῃ, τῶν μὲν ἄλλων ἀνδρῶν καὶ γυναικῶν ἁμιλλωμένων καὶ φερομένων πολὺ πλῆθος γενέσθαι, συγκλητικοὺς δὲ διακοσίους, ἐν οἷς καὶ Πομπήϊος ἦν καὶ Κράσσος, ἀνθυπάτων δὲ καὶ στρατηγῶν ἑκατὸν εἴκοσι ῥάβδους ἐπὶ ταῖς Καίσαρος θύραις ὀφθῆναι. τοὺς μὲν οὖν ἄλλους ἅπαντας ἐμπλήσας ἐλπίδων καὶ χρημάτων ἀπέστελλε, Κράσσῳ δὲ καὶ Πομπηΐῳ πρὸς αὐτὸν ἐγένοντο συνθῆκαι, μετιέναι μὲν ὑπατείας ἐκείνους καὶ Καίσαρα συλλαμβάνειν αὐτοῖς, πέμποντα τῶν στρατιωτῶν συχνοὺς ἐπὶ τὴν ψῆφον, ἐπὰν δὲ αἱρεθῶσι τάχιστα, πράττειν μὲν ἑαυτοῖς ἐπαρχιῶν καὶ στρατοπέδων ἡγεμονίας, Καίσαρι δὲ τὰς οὔσας βεβαιοῦν εἰς ἄλλην πενταετίαν. ἐπὶ τούτοις ἐξενεχθεῖσιν εἰς τοὺς πολλοὺς χαλεπῶς ἔφερον οἱ πρῶτοι· καὶ Μαρκελλῖνος ἐν τῷ δήμῳ καταστὰς ἀμφοῖν ἐναντίον ἠρώτησεν εἰ μετίασιν ὑπατείαν. καὶ τῶν πολλῶν ἀποκρίνασθαι κελευόντων, πρῶτος Πομπήϊος εἶπεν ὡς τάχα μὲν ἂν μετέλθοι, τάχα δὲ οὐκ ἂν μετέλθοι· Κράσσος δὲ πολιτικώτερον· οὕτω γὰρ ἔφη πράξειν ὁποτέρως ἂν οἴηται τῷ κοινῷ συνοίσειν. ἐπιφυομένου δὲ Πομπηΐῳ Μαρκελλίνου καὶ σφοδρῶς λέγειν δοκοῦντος, Πομπήϊος ἔφη πάντων ἀδικώτατον εἶναι τὸν Μαρκελλῖνον, ὃς χάριν οὐκ ἔχει λόγοις μὲν ἐξ ἀφώνου δι´ αὐτόν, ἐμετικὸς δὲ ἐκ πεινατικοῦ γενόμενος. [51] LI. Interim Gallica bella Caesarem ad magnam potentiam euexerunt, quum qui longissime ab urbe cum Belgis, Sueuis et Britannis uideretur concertare, is astute, neque animaduertentibus aliis, interim in medio populi summisque rebus artibus suis praesens Pompeium euerteret. Namque Caesar bellica potentia, ueluti persona, tectus, corpus suum certaminibus contra barbaros, ueluti uenationibus exercebat, neque id tam aduersus barbaros, quam uti potentiam suam inuictam omnibusque terribilem efficeret. Aurum uero argentumque et spolia opesque tot bellis partas ingentes Romam mittens, muneribus ac sumptuum suppeditatione aediles, praetores, consules, uxoribus quoque eorum dona largiendo, corrumpebat. Ideo quum transgressus Alpes Lucae hiemaret, magna uirorum mulierumque certatim ad ipsum confluentium multitudo fuit, senatores ducenti, interque hos Pompeius et Crassus et proconsulum praetorumque centum et uiginti fasces ante fores Caesaris conspecti. Ibi Caesar quum reliquos omnes spe et pecunia onustos a se dimisisset, cum Crasso et Pompeio ita pepigit, ut hi consulatum peterent et ipse multis ad suffragia ferenda missis militibus eorum petitionem adiuuaret, simul atque uero consules designati essent, prouincias sibi ipsis et exercitus decerni curarent, ipsi autem Caesari imperii quod obtinebat prorogationem in aliud quinquennium. Haec postquam innotuerunt in uulgus, grauiter proceres reipublicae offenderunt, et Marcellinus coram populo utrumque percontatus est, petiturine essent consulatum. Ad quod quum multitudo respondere iuberet, fortassis petiturum se, fortassis non petiturum Pompeius dixit; ciuilius Crassus : facturum se quod ex usu reipublicae iudicasset. Pompeius autem quum a Marcellino uehementi oratione esset notatus, iniustissimum esse eum hominem respondit, qui ab ipso loquax de muto et uomens de famelico factus gratiam non haberet. [51] LI. Dans ce même temps les guerres des Gaules augmentaient chaque jour la puissance de César : placé à un grand éloignement de Rome, il ne paraissait attaché qu'à combattre les Belges, les Suèves et les Bretons; et cependant, sans qu'on s'en doutât, il était au milieu du peuple, et, conduisant avec la plus grande habileté les principales affaires, il minait peu à peu le crédit de Pompée, s'incorporait en quelque sorte son armèe, et l'employait moins pour faire la guerre aux Barbares, qu'il ne se servait de ces combats comme de chasses militaires pour endurcir ses soldats, pour les rendre redoutables et invincibles : il envoyait à Rome tout l'or et l'argent, toutes les dépouilles et les autres richesses qu'il prenait sur un si grand nombre d'ennemis, et il les faisait servir à corrompre ceux qui pouvaient lui être utiles; les riches présents qu'il faisait aux édiles, aux préteurs, aux consuls, et à leurs femmes, lui gagnaient un grand nombre de partisans : aussi, lorsqu'il eut repassé les Alpes, et qu'il vint hiverner à Lucques, il se rendit de Rome dans cette ville une foule innombrable d'hommes et de femmes, qui accouraient à l'envi; dans ce nombre il se trouva deux cents sénateurs, en particulier Crassus et Pompée, et l'on voyait tous les jours à sa porte jusqu'à cent vingt faisceaux de proconsuls et de préteurs; il les renvoya tous comblés de ses dons, et remplis des plus belles espérances; mais il fit avec Crassus et Pompée un traité secret, qui portait que ces deux derniers demanderaient ensemble un second consulat; que César, pour appuyer leur brigue, enverrait à Rome un grand nombre de ses soldats, qui donneraient leurs suffrages en leur faveur; qu'aussitôt après leur élection, ils travailleraient à obtenir pour eux-mêmes des gouvernements de provinces, des commandements d'armée, et à faire continuer César pour cinq ans dans ceux qu'il avait déjà. Dès que ce traité fut connu dans Rome, il excita parmi les principaux citoyens une telle indignation, que le consul Marcellinus s'étant levé dans l'assemblée du peuple, demanda à Crassus et à Pompée s'ils brigueraient le consulat; et le peuple leur ayant ordonné de répondre, Pompée prit le premier la parole, et dit qu'il le briguerait peut-être, et que peut-être aussi il ne le briguerait pas. Crassus, en politique plus habile, répondit qu'il ferait ce qui lui paraîtrait plus utile pour le bien public. Marcellinus donc s'attachant à Pompée, lui parla avec un tel emportement, que Pompée lui reprocha d'être le plus injuste et le plus ingrat des hommes, d'avoir oublié que c'était lui qui, de muet et d'affamé qu'il était, lui avait rendu la parole et lui avait donné les moyens de se rassasier jusqu'à rendre gorge.


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Dernière mise à jour : 30/03/2005