| [49] Ἠνία μὲν οὖν καὶ ταῦτα Πομπήϊον
 ἀήθη τοῦ κακῶς ἀκούειν ὄντα καὶ μάχης τοιαύτης
 ἄπειρον· ἤχθετο δὲ μᾶλλον αἰσθανόμενος τὴν
 βουλὴν ἐπιχαίρουσαν αὐτῷ προπηλακιζομένῳ καὶ
 διδόντι δίκην τῆς Κικέρωνος προδοσίας. ἐπεὶ δὲ
 καὶ πληγὰς ἐν ἀγορᾷ μέχρι τραυμάτων συνέβη
 γενέσθαι, καὶ Κλωδίου τις οἰκέτης παραδυόμενος
 ἐν ὄχλῳ διὰ τῶν περιεστώτων πρὸς τὸν Πομπήϊον
 ἠλέγχθη ξίφος ἔχειν, ταῦτα ποιούμενος πρόφασιν,
 ἄλλως δὲ τοῦ Κλωδίου τὴν ἀσέλγειαν καὶ τὰς
 βλασφημίας δεδιώς, οὐκέτι προῆλθεν εἰς ἀγορὰν
 ὅσον ἐκεῖνος ἦρχε χρόνον, ἀλλ´ οἰκουρῶν διετέλει
 καὶ σκεπτόμενος μετὰ τῶν φίλων ὅπως ἂν ἐξακέσαιτο
 τῆς βουλῆς καὶ τῶν ἀρίστων τὴν πρὸς
 αὐτὸν ὀργήν. Κουλλέωνι μὲν οὖν κελεύοντι τὴν
 Ἰουλίαν ἀφεῖναι καὶ μεταβαλέσθαι πρὸς τὴν
 σύγκλητον ἀπὸ τῆς Καίσαρος φιλίας οὐ προσέσχε,
 τοῖς δὲ Κικέρωνα καταγαγεῖν ἀξιοῦσιν,
 ἄνδρα καὶ Κλωδίῳ πολεμιώτατον καὶ τῇ βουλῇ
 προσφιλέστατον, ἐπείσθη· καὶ προαγαγὼν τὸν
 ἀδελφὸν αὐτοῦ δεόμενον σὺν χειρὶ πολλῇ, τραυμάτων
 ἐν ἀγορᾷ γενομένων καί τινων ἀναιρεθέντων,
 ἐκράτησε τοῦ Κλωδίου. καὶ νόμῳ κατελθὼν
 ὁ Κικέρων τήν τε βουλὴν εὐθὺς τῷ Πομπηΐῳ
 διήλλαττε, καὶ τῷ σιτικῷ νόμῳ συνηγορῶν τρόπῳ
 τινὶ πάλιν γῆς καὶ θαλάττης, ὅσην ἐκέκτηντο
 Ῥωμαῖοι, κύριον ἐποίει Πομπήϊον. ἐπ´ αὐτῷ
 γὰρ ἐγίνοντο λιμένες, ἐμπόρια, καρπῶν διαθέσεις,
 ἑνὶ λόγῳ, τὰ τῶν πλεόντων πράγματα, τὰ τῶν
 γεωργούντων. Κλώδιος δὲ ᾐτιᾶτο μὴ γεγράφθαι
 τὸν νόμον διὰ τὴν σιτοδείαν, ἀλλ´ ὅπως ὁ νόμος
 γραφείη γεγονέναι τὴν σιτοδείαν, ὥσπερ ἐκ λιποθυμίας
 αὐτοῦ μαραινομένην τὴν δύναμιν ἀρχῇ
 νέᾳ πάλιν ἀναζωπυροῦντος καὶ ἀναλαμβάνοντος.
 ἕτεροι δὲ τοῦ ὑπάτου Σπινθῆρος ἀποφαίνουσι
 τοῦτο σόφισμα, κατακλείσαντος εἰς ἀρχὴν μείζονα
 Πομπήϊον, ὅπως αὐτὸς ἐκπεμφθῇ Πτολεμαίῳ
 τῷ βασιλεῖ βοηθῶν. οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ
 Κανίδιος εἰσήνεγκε δημαρχῶν νόμον, ἄνευ στρατιᾶς
 Πομπήϊον ἔχοντα ῥαβδούχους δύο διαλλάττειν
 Ἀλεξανδρεῦσι τὸν βασιλέα. καὶ Πομπήϊος
 μὲν ἐδόκει τῷ νόμῳ μὴ δυσχεραίνειν, ἡ δὲ
 σύγκλητος ἐξέβαλεν, εὐπρεπῶς σκηψαμένη δεδιέναι
 περὶ τἀνδρός. ἦν δὲ γράμμασιν ἐντυχεῖν
 διερριμμένοις κατ´ ἀγορὰν καὶ παρὰ τὸ βουλευτήριον
 ὡς δὴ Πτολεμαίου δεομένου Πομπήϊον
: αὐτῷ στρατηγὸν ἀντὶ τοῦ Σπινθῆρος δοθῆναι.
 Τιμαγένης δὲ καὶ ἄλλως τὸν Πτολεμαῖον οὐκ
 οὔσης ἀνάγκης ἀπελθεῖν φησι, καὶ καταλιπεῖν
 Αἴγυπτον ὑπὸ Θεοφάνους πεισθέντα πράττοντος
 Πομπηΐῳ χρηματισμοὺς καὶ στρατηγίας καινῆς
 ὑπόθεσιν. ἀλλὰ τοῦτο μὲν οὐχ οὕτως ἡ Θεοφάνους
 μοχθηρία πιθανὸν ὡς ἄπιστον ἡ Πομπηΐου
 ποιεῖ φύσις, οὐκ ἔχουσα κακόηθες οὐδ´ ἀνελεύθερον
 οὕτω τὸ φιλότιμον.
 | [49] XLIX. Haec etsi Pompeius aegre ferebat, male audire non 
 
assuetus et huiusmodi certaminum imperitus, maiorem tamen 
 
ex eo capiebat molestiam, quod sentiret senatui pergratum 
 
esse ipsum contumelia affici, proclitique Ciceronis 
 
poenas dare. Sed ubi in foro ad uulnera usque certatum 
 
est et quidam Clodianorum per turbam Pompeium circumstantem 
 
obrepens gladio armatus esse compertus est, hoc 
 
usus praetextu, quum alioqui petulantiam et maledicentiam 
 
Clodii formidaret, domi sese omni eo tempore, quod Clodiano
 
tribunatui supererat, continent, cum amicis deliberans 
 
quanam ratione senatus optimatiumque iram placaret.  
 
Et Culleoni quidem Iuliam dimittere atque ab amicitia Caesaris 
 
ad senatum redire iubenti non paruit, Ciceronem Clodio 
 
infestissimum et senatui carissimum ut reduceret hortantibus 
 
obtemperauit; productoque in forum supplice illius 
 
fratre cum magno hominum agmine, manibus in foro consertis 
 
et sauciatis multis, nonnullis etiam caesis, Clodium 
 
uicit, legemque de reuocando Cicerone obtinuit.  ln 
 
urbem reuersus Cicero, confestim Pompeium in gratiam cum 
 
Senatu reposuit, legemque frumentariam defendens rursus 
 
quodammodo terrae marisque imperium populus Romanus 
 
Pompeio tradidit, in potestatem eius dando portus, emporia, 
 
fructuum uenditiones et emptiones, denique et nauigantium 
 
et terram colentium negotia. Clodius sane non 
 
eo, quod annona deficeret, latam eam legem, sed penuriam 
 
inuectam, ut occasio esset legis ferendae, per quam quasi ex 
 
animi defectu languens iam eius potentia nouo imperio uires 
 
reciperet, causabatur. Alii Spintheris consulis artificium 
 
fuisse affirmant, Pompeio maius imperium deferentis, 
 
ut ipse Ptolemaeo regi opitulatum mitteretur.  Et tamen 
 
Canidius tribunus plebis rogationem promulgauit, 
 
uti Pompeius cum duobus lictoribus et absque omni exercitu 
 
Ptolomaeum Alexandrinis reconciliaret. Quod quum 
 
non inique pati Pompeius uideretur, senatus tamen honesta 
 
praescriptione metuere se ei uiro, irritum fecit. Repertae
 
etiam sparsim in foro et pone curiam literae, Ptolemaeum 
 
pro Spinthere Pompeium poscere asserentes. Timagenes 
 
Ptolemaeum nulla coactum necessitate Aegypto cessisse, 
 
sed a Theophane persuasum narrat, qui Pompeio 
 
pecuniae faciendae nouorumque imperiorum materiam procuraret. 
 
Id non tam probabile Theophanis malitia facit, 
 
quam incredibile Pompeii natura, nequaquam ita malitiose 
 
et illiberaliter ambitiosi.
 
 | [49] XLIX. Ces outrages causaient un véritable chagrin 
à Pompée, qui n'était pas accoutumé à se voir 
outrager publiquement, et qui n'était pas fait à ces 
sortes de combats : il était encore plus affligé de 
la joie qu'en témoignait le sénat, qui regardait ces 
insultes comme la juste punition de la lâcheté qu'il 
avait eue de sacrifier Cicéron à Clodius. Mais lorsqu'on 
en fut venu aux mains sur la place publique même, 
et qu'il y eut eu plusieurs personnes de blessées; 
qu'un esclave de Clodius, qui s'était glissé dans la foule 
jusqu'auprès de Pompée, eut été surpris avec un poignard, 
Pompée prit prétexte de la crainte que lui donnaient l'insolence 
et les calomnies de Clodius, pour ne plus paraître aux 
assemblées tant que Clodius fut en charge, et se 
tenant retiré dans sa maison, il s'occupait des 
moyens de calmer le ressentiment du sénat et des 
meilleurs citoyens. Il rejeta le conseil que lui donnait 
Calléon de répudier Julie, et de renoncer à 
l'amitié de César, pour s'attacher au sénat; mais 
il écouta ceux qui lui proposèrent de rappeler Cicéron, 
l'ennemi le plus déclaré de Clodius, et fort 
ami du sénat. Il mena lui-même, accompagné 
d'une troupe nombreuse, le frère de Cicéron 
sur la place publique, pour faire au peuple la demande 
de son rappel. Il y eut encore à cette occasion 
un grand nombre de blessés et quelques morts de part et 
d'autre : mais enfin Pompée l'emporta sur Clodius.
Cicéron, rappelé par un décret du peuple, 
ne fut pas plutôt de retour à Rome, qu'il réconcilia 
Pompée avec le sénat; il fit passer la loi qui 
le chargeait de faire venir des blés en Italie, et le 
rendit, en quelque sorte, une seconde fois  
maître de tout l'empire romain, et sur terre et 
sur mer. Cette loi mettait dans sa dépendance tous 
les ports, tous les marchés, toutes les ventes de 
fruits, en un mot tout le commerce maritime et 
tout le trafic des laboureurs. Clodius blâmait cette 
loi; il prétendait qu'elle n'avait pas été faite pour 
pourvoir à la disette des blés; mais qu'on avait 
fait exprès la disette pour avoir un prétexte de 
faire la loi, afin que, par cette nouvelle commission, 
Pompée pût ranimer sa puissance, qui commençait 
à languir, et à tomber, pour ainsi dire, 
en pamoison. D'autres disent que ce fut une ruse 
du consul Spinther, qui, désirant d'être envoyé 
en Égypte au secours du roi Ptolémée, avait
voulu comme renfermer Pompée dans un emploi 
plus important. Cependant le tribun Canidius proposa, 
par un autre décret, d'envoyer Pompée en 
Égypte sans troupes, et avec deux licteurs seulement, 
pour remettre en paix le roi avec le peuple 
d'Alexandrie. Ce décret ne paraissait pas déplaire 
à Pompée; mais le sénat le rejeta, sous le prétexte 
honnête qu'il craignait pour un si grand personnage. 
Cependant on trouvait souvent sur la place, 
et devant le lieu où le sénat s'assemblait, des billets 
qui portaient que Ptolémée lui-même demandait 
pour général Pompée, au lieu de Spinther. 
Suivant Timagène, Ptolémée quitta l'Égypte sans 
nécessité, et à l'instigation de Théophane, qui voulait 
procurer à Pompée des moyens de s'enrichir 
et de nouveaux sujets de faire la guerre; mais la 
méchanceté de Théophane ne saurait donner à ce 
conte autant de vraisemblance que le caractère 
de Pompée le rend incroyable; car jamais il ne fut 
méchant et ne souilla son ambition par aucune bassesse. 
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