| [48] Ἐκ δὲ τούτου Πομπήϊος ἐμπλήσας
 στρατιωτῶν τὴν πόλιν ἅπαντα τὰ πράγματα βίᾳ
 κατεῖχε. Βύβλῳ τε γὰρ εἰς ἀγορὰν τῷ ὑπάτῳ
 κατιόντι μετὰ Λευκόλλου καὶ Κάτωνος ἄφνω
 προσπεσόντες κατέκλασαν τὰς ῥάβδους, αὐτοῦ
 δέ τις κοπρίων κόφινον ἐκ κεφαλῆς τοῦ Βύβλου
 κατεσκέδασε, δύο δὲ δήμαρχοι τῶν συμπροπεμπόντων
 ἐτρώθησαν. οὕτω δὲ τῶν ἐνισταμένων
 τὴν ἀγορὰν ἐρημώσαντες ἐπεκύρωσαν τὸν περὶ
 τῆς διανομῆς τῶν χωρίων νόμον· ᾧ δελεασθεὶς ὁ
 δῆμος εἰς πᾶσαν ἤδη τιθασὸς αὐτοῖς ἐγεγόνει καὶ
 κατάντης πρᾶξιν, οὐδὲν πολυπραγμονῶν, ἀλλ´
 ἐπιφέρων σιωπῇ τοῖς γραφομένοις τὴν ψῆφον.
 ἐκυρώθησαν οὖν Πομπηΐῳ μὲν αἱ διατάξεις ὑπὲρ
 ὧν Λεύκολλος ἤριζε, Καίσαρι δὲ τὴν ἐντὸς Ἄλπεων
 καὶ τὴν ἐκτὸς ἔχειν Γαλατίαν καὶ Ἰλλυριοὺς
 εἰς πενταετίαν καὶ τέσσαρα τάγματα τέλεια
 στρατιωτῶν, ὑπάτους δὲ εἰς τὸ μέλλον εἶναι
 Πείσωνα τὸν Καίσαρος πενθερὸν καὶ Γαβίνιον,
 ἄνδρα τῶν Πομπηΐου κολάκων ὑπερφυέστατον.
 Πραττομένων δὲ τούτων Βύβλος μὲν εἰς τὴν
 οἰκίαν κατακλεισάμενος ὀκτὼ μηνῶν οὐ προῆλθεν
 ὑπατεύων, ἀλλ´ ἐξέπεμπε διαγράμματα βλασφημίας
 ἀμφοῖν ἔχοντα καὶ κατηγορίας, Κάτων δὲ
 ὥσπερ ἐπίπνους καὶ φοιβόληπτος ἐν τῇ βουλῇ
 τὰ μέλλοντα τῇ πόλει καὶ τῷ Πομπηΐῳ προηγόρευε,
 Λεύκολλος δὲ ἀπειπὼν ἡσυχίαν ἦγεν ὡς
 οὐκέτι πρὸς πολιτείαν ὡραῖος· ὅτε δὴ καὶ Πομπήϊος
 ἔφη, γέροντι τὸ τρυφᾶν ἀωρότερον εἶναι
 τοῦ πολιτεύεσθαι. ταχὺ μέντοι καὶ αὐτὸς ἐμαλάσσετο
 τῷ τῆς κόρης ἔρωτι καὶ προσεῖχεν
 ἐκείνῃ τὰ πολλὰ καὶ συνδιημέρευεν ἐν ἀγροῖς
 καὶ κήποις, ἠμέλει δὲ τῶν κατ´ ἀγορὰν πραττομένων,
 ὥστε καὶ Κλώδιον αὐτοῦ καταφρονῆσαι
 δημαρχοῦντα τότε καὶ θρασυτάτων ἅψασθαι
 πραγμάτων. ἐπεὶ γὰρ ἐξέβαλε Κικέρωνα, καὶ
 Κάτωνα προφάσει στρατηγίας εἰς Κύπρον ἀπέπεμψε,
 Καίσαρος εἰς Γαλατίαν ἐξεληλακότος,
 αὐτῷ δὲ προσέχοντα τὸν δῆμον ἑώρα πάντα
 πράττοντι καὶ πολιτευομένῳ πρὸς χάριν, εὐθὺς
 ἐπεχείρει τῶν Πομπηΐου διατάξεων ἐνίας ἀναιρεῖν,
 καὶ Τιγράνην τὸν αἰχμάλωτον ἀφαρπάσας εἶχε
 σὺν αὑτῷ, καὶ τοῖς φίλοις δίκας ἐπῆγε, πεῖραν
 ἐν ἐκείνοις τῆς Πομπηΐου λαμβάνων δυνάμεως.
 τέλος δέ, προελθόντος αὐτοῦ πρός τινα δίκην,
 ἔχων ὑφ´ αὑτῷ πλῆθος ἀνθρώπων ἀσελγείας καὶ
 ὀλιγωρίας μεστὸν αὐτὸς μὲν εἰς ἐπιφανῆ τόπον
 καταστὰς ἐρωτήματα τοιαῦτα προὔβαλλε· "Τίς
 ἐστιν αὐτοκράτωρ ἀκόλαστος; τίς ἀνὴρ ἄνδρα
 ζητεῖ; τίς ἑνὶ δακτύλῳ κνᾶται τὴν κεφαλήν;" οἱ
 δέ, ὥσπερ χορὸς εἰς ἀμοιβαῖα συγκεκροτημένος,
 ἐκείνου τὴν τήβεννον ἀνασείοντος ἐφ´ ἑκάστῳ
 μέγα βοῶντες ἀπεκρίναντο· "Πομπήϊος."
 | [48] XLVIII. Proinde Pompeius urbe militibus repleta, ui 
 
omnium rerum potestatem tenuit. Hi enim Bibulum consulem 
 
cum Lucullo et Catone in forum prodeuntem subito
 
inuadentes, fasces eius perfregerunt, et quidam corbem 
 
stercore repletam in Bibuli caput effudit ; duo etiam tribuni 
 
plebis eum comitantes sauciati sunt. Ita aduersariis foro 
 
pulsis, legem agrariam pertulerunt; qua inescatus populus 
 
ad omnia se iis promptum ac praecipitem praebuit, ut nihil 
 
inquireret, sed tacitus omnibus eorum decretis suo suffragio 
 
subscriberet. Confirmatae proinde sunt constitutiones 
 
Pompeianae, de quibus cum Lucullo ei lis fuerat; 
 
decretum etiam, ut Caesar cum quattuor legionibus utramque 
 
Galliam et Illyricum per quinquennium obtineret, consulesque 
 
in sequentem annum designati Piso Caesaris socer 
 
et Gabinius, Pompeii asseclarum princeps. His actis Bibulus 
 
domi suae se continuit, octoque integris sui consulatus 
 
mensibus in publicum non prodiit, emissis quibus utrunque 
 
traduceret atque accusaret edictis; Cato autem ueluti afflatus 
 
numine diuino in senatu quae Pompeio essent ciuitatique 
 
euentura praedixit ; Lucullus rebus deploratis in otium se 
 
dedit, tempus ad rempublicam gerendam suum se exegisse 
 
causatus; quum quidem Pompeius dixit, senem intempestiuius 
 
uoluptati quam rebus publicis uacare.  Atque hic 
 
ipse tamen Iuliae amore statim emollitus, illique uni studens, 
 
plerumque in uillis aut hortis suis agitabat una, neglectis 
 
rebus forensibus, adeo ut Clodius tum tribunus plebis 
 
audacissima facinora ipso spreto conatus sit. Nam
 
posteaquam Ciceronem urbe exturbauit atque in Cyprum 
 
belli gerendi simulatione amandauit Catonem, Caesare in 
 
Galliam profecto, quum populum sibi omnia in uulgi gratiam 
 
agenti deditum esse animaduerteret, continuo aggressus est 
 
quasdam Pompeii constitutiones conuellere. Itaque et 
 
Tigranem captum abripiens secum tenuit et amicos Pompeianos 
 
in ius traxit, uires Pompeii in eis periclitans.  
 
Tandem quum iudicii cuiusdam causa processisset in publicum 
 
Pompeius, parata hominum petulantium impurorum
 
que manu, loco conspicuo ipse constitit, atque ita quaesiuit : 
 
Quisnam imperator est impudicus? quis uir uirum deperit? 
 
quis uno digito caput scabit? ad haec illi, ueluti chorus ad 
 
respondendum alternis instructus, ipso togam concutiente 
 
ad singulas quaestiones respondere : Pompeius.
 
 | [48] XLVIII. Dès ce moment Pompée, remplissant la ville de 
soldats, s'empara des affaires à force ouverte. Le consul 
Bibulus étant descendu à la place publique avec Lucullus 
et Caton, les soldats se jetèrent sur ce premier 
magistrat, et brisèrent ses faisceaux; quelqu'un 
même d'entre eux osa lui jeter sur la tête un panier 
plein de fumier, et deux tribuns du peuple
qui l'accompagnaient furent blessés. Par ces violences, 
ils chassèrent de la place publique tous 
ceux qui voulurent leur résister, et ils firent passer 
la loi qui ordonnait un partage de terres. Le 
peuple, séduit par cet appât, se laissa conduire à 
leur gré, et, ne songeant pas même à faire la 
moindre opposition, il donna son suffrage sans 
rien dire. Pompée fit confirmer toutes celles de ses 
ordonnances que Lucullus attaquait; César eut 
pour cinq ans le gouvernement des Gaules cisalpine 
et transalpine, et celui de l'Illyrie, avec quatre 
légions complètes; on désigna consuls pour 
l'année suivante, Pison, beau-père de César, et 
Gabinius, le plus outré des flatteurs de Pompée.
L. Bibulus, ne pouvant arrêter ces désordres, 
se tint renfermé dans sa maison, et n'en sortit 
pas les huit derniers mois de son consulat pour 
remplir les fonctions de sa charge : il les bornait 
à envoyer afficher des placards pleins d'invectives 
et d'accusations contre César et Pompée. Caton, 
comme inspiré par un esprit prophétique, annonçait 
dans le sénat les malheurs qui menaçaient 
Rome et Pompée lui-même. Lucullus, renonçant 
aux affaires, auxquelles son âge le rendait peu propre, 
vivait tranquille dans la retraite; ce fut alors 
que Pompée lui dit qu'il était moins de saison pour 
un vieillard de s'abandonner aux délices, que de 
s'occuper d'administration. Mais lui-même se laissa 
bientôt amollir par l'amour qu'il avait pour sa 
jeune femme. Uniquement occupé de lui plaire, 
il passait les journées entières avec elle, dans ses
maisons de campagne ou dans ses jardins, et ne
songeait plus aux affaires publiques. Aussi Clodius 
même, alors tribun du peuple, n'ayant plus 
pour lui que du mépris, osa se porter aux entreprises 
les plus audacieuses. Après qu'il eut chassé 
Cicéron de Rome, et relégué Caton en Cypre, sous 
prétexte d'une expédition militaire; qu'il eut vu 
César partir pour la Gaule, et qu'il fut assuré du 
dévouement du peuple, à qui il s'étudiait à complaire 
dans toute son administration, il entreprit 
de casser quelques ordonnances de Pompée; il lui 
enleva de force le jeune Tigrane, son prisonnier, 
qu'il retint chez lui, et suscita des procès aux amis 
de Pompée, pour essayer, dans leurs personnes, 
jusqu'où allait la puissance de leur protecteur. 
Enfin, un jour que Pompée assistait à l'instruction 
d'un procès, Clodius entouré d'une troupe 
de scélérats audacieux, monta sur un lieu élevé, 
d'où il pouvait être vu de toute l'assemblée, et fit
a haute voix les questions suivantes : «Quel est 
le souverain intempérant? Quel est l'homme qui 
cherche un homme? Qui est celui qui se gratte 
la tête avec un doigt?» Après chacune de ces 
questions, Clodius secouait sa robe, et ses satellites, 
comme un choeur qui répond alternativement 
à un des personnages, répétaient avec de grands 
cris : «C'est Pompée!»
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