[46] Ἡλικίᾳ δὲ τότε ἦν, ὡς μὲν οἱ κατὰ
πάντα τῷ Ἀλεξάνδρῳ παραβάλλοντες αὐτὸν
καὶ προσβιβάζοντες ἀξιοῦσι, νεώτερος τῶν τριάκοντα
καὶ τεττάρων ἐτῶν, ἀληθείᾳ δὲ τοῖς
τετταράκοντα προσῆγεν. ὡς ὤνητό γ´ ἂν ἐνταῦθα
τοῦ βίου παυσάμενος, ἄχρι οὗ τὴν Ἀλεξάνδρου
τύχην ἔσχεν· ὁ δὲ ἐπέκεινα χρόνος αὐτῷ τὰς μὲν
εὐτυχίας ἤνεγκεν ἐπιφθόνους, ἀνηκέστους δὲ τὰς
δυστυχίας. ἣν γὰρ ἐκ προσηκόντων αὐτὸς ἐκτήσατο
δύναμιν ἐν τῇ πόλει, ταύτῃ χρώμενος ὑπὲρ
ἄλλων οὐ δικαίως, ὅσον ἐκείνοις ἰσχύος προσετίθει
τῆς ἑαυτοῦ δόξης ἀφαιρῶν, ἔλαθε ῥώμῃ
καὶ μεγέθει τῆς αὑτοῦ δυνάμεως καταλυθείς.
καὶ καθάπερ τὰ καρτερώτατα μέρη καὶ χωρία
τῶν πόλεων, ὅταν δέξηται πολεμίους, ἐκείνοις
προστίθησι τὴν αὑτῶν ἰσχύν, οὕτως διὰ τῆς
Πομπηΐου δυνάμεως Καῖσαρ ἐξαρθεὶς ἐπὶ τὴν
πόλιν, ᾧ κατὰ τῶν ἄλλων ἴσχυσε, τοῦτον ἀνέτρεψε
καὶ κατέβαλεν. ἐπράχθη δὲ οὕτως.
Λεύκολλον, ὡς ἐπανῆλθεν ἐξ Ἀσίας ὑπὸ Πομπηΐου
περιϋβρισμένος, αὐτίκα τε λαμπρῶς ἡ
σύγκλητος ἐδέξατο, καὶ μᾶλλον ἔτι Πομπηΐου
παραγενομένου κολούουσα τὴν δόξαν ἤγειρεν ἐπὶ
τὴν πολιτείαν. ὁ δὲ τἆλλα μὲν ἀμβλὺς ἦν ἤδη
καὶ κατέψυκτο τὸ πρακτικόν, ἡδονῇ σχολῆς καὶ
ταῖς περὶ τὸν πλοῦτον διατριβαῖς ἑαυτὸν ἐνδεδωκώς,
ἐπὶ δὲ Πομπήϊον εὐθὺς ἀΐξας καὶ λαβόμενος
ἐντόνως αὐτοῦ περί τε τῶν διατάξεων ἃς ἔλυσεν
ἐκράτει, καὶ πλέον εἶχεν ἐν τῇ βουλῇ συναγωνιζομένου
Κάτωνος. ἐκπίπτων δὲ καὶ περιωθούμενος
ὁ Πομπήϊος ἠναγκάζετο δημαρχοῦσι προσφεύγειν
καὶ προσαρτᾶσθαι μειρακίοις· ὧν ὁ βδελυρώτατος
καὶ θρασύτατος Κλώδιος ἀναλαβὼν αὐτὸν ὑπέρριψε
τῷ δήμῳ, καὶ παρ´ ἀξίαν κυλινδούμενον ἐν
ἀγορᾷ ἔχων καὶ περιφέρων ἐχρῆτο τῶν πρὸς χάριν
ὄχλου καὶ κολακείαν γραφομένων καὶ λεγομένων
βεβαιωτῇ, καὶ προσέτι μισθὸν ᾔτει, ὥσπερ οὐ
καταισχύνων, ἀλλὰ εὐεργετῶν, ὃν ὕστερον ἔλαβε
παρὰ Πομπηΐου, προέσθαι Κικέρωνα, φίλον ὄντα
καὶ πλεῖστα δὴ πεπολιτευμένον ὑπὲρ αὐτοῦ.
κινδυνεύοντι γὰρ αὐτῷ καὶ δεομένῳ βοηθείας
οὐδὲ εἰς ὄψιν προῆλθεν, ἀλλὰ τοῖς ἥκουσιν
ἀποκλείσας τὴν αὔλειον ἑτέραις θύραις ᾤχετο ἀπιών.
Κικέρων δὲ φοβηθεὶς τὴν κρίσιν ὑπεξῆλθε τῆς Ῥώμης.
| [46] XLVI. Qui in eo sunt, ut omni ex parte Alexandro similem
fuisse ostendant, nondum triginta quattuor annos eum
natum fuisse affirmant; accedebat autem, si ueritas rei
quaeritur, iam ad quadragesimum. Qui utinam tum uita
defunctus fuisset, dum Alexandri adhuc utebatur fortuna.
Quae enim subsecuta sunt tempora, et successus ei inuidiosos
et calamitates insanabiles attulerunt. Etenim quam
in urbe potentiam meritis suis adeptus fuerat, ea iniuste pro
aliis utens, dum suam carpens gloriam uires eorum augeret,
non sensit sua se potentia atque magnitudine se ipsum pessumdare.
Nempe quo modo munitissimae arces atque partes
urbium hostibus, quum ab iis occupantur, id quod in ipsis
erat positum roboris atque praesidii addunt; sic Caesar Pompeiana
potentia elatus ad opprimendam urbem, quibus rebus
contra reliquos praeualuit, iisdem Pompeium quoque
ipsum euertit. Res ita acta est. Lucullus quum magnis a
Pompeio affectus iniuriis ex Asia rediisset, splendide eum
senatus accepit et magis etiam Pompeii praesentia auctoritatem
reprimere studens, hortatus est ut rempublicam capesseret.
Ibi tum Lucullus, tametsi iam studium rerum
gerendarum remisisset otioque et luxui diuitiisque fruendis
deditus uoluptatem negotiis tractandis anteposuisset, Pompeium
adortus constanterque urgens, obtinuit in senatu,
ut suae constitutiones, quas resciderat Pompeius, ratae
haberentur, astipulante praesertim Catone. Pompeius
pulsus ac circumscriptus, coactus est ad tribunos plebis
iuniores confugere, quorum omnium impurissimus atque
audacissimus Clodius eum arripuit, populoque submisit,
inque foro praeter dignitatem eius obuersantem secum rapiens,
ad confirmande ea, quae ipse in gratiam populi promulgaret
aut diceret, opera eius usus est. Et quidem, quasi
non ignominia sed beneficio affecisset, mercedem postulabat,
quam et postea obtinuit, quum Ciceronem amicum
suum, et qui pro ipso plurima exegisset, in gratiam eius
prodidit. Etenim in periculo uersantem auxiliumque petentem,
in conspectum admittere non sustinuit, missisque
ad se ab eo occludens fores, alio ostio aedibus exiit, ita ut
iudicii metu Cicero Roma discesserit.
| [46] XLVI. Il était pourtant encore assez jeune; et
ceux qui, le comparant à Alexandre, veulent, à
quelque prix que ce soit, qu'il ressemblât en tout
ce prince, disent qu'il n'avait pas tout à fait trente-quatre ans;
mais, dans la vérité, il approchait de quarante.
Heureux s'il eût terminé sa vie à cette époque,
et qu'il n'eût vécu qu'autant de temps
qu'il conserva la fortune d'Alexandre! mais dans
le reste de sa vie il n'eut plus, ou que des prospérités
qui lui attirèrent l'envie, ou que des adversités
qui furent sans remède : en faisant servir
à l'injustice d'autrui l'autorité qu'il avait acquise
par des voies légitimes, il perdait de sa réputation
autant qu'il augmentait la puissance de ceux qu'il
favorisait. Ainsi, sans s'en apercevoir, il trouva
sa perte dans sa force même et dans sa grandeur.
Les endroits les mieux fortifiés des villes assiégées
communiquent aux ennemis qui s'en emparent ce
qu'elles ont de force : de même César, agrandi par
la puissance de Pompée, le ruina ensuite, et le
renversa par la force même qu'il avait reçue de
lui contre ses concitoyens : je dois dire comment
arriva cette fatale catastrophe. Quand Lucullus
revint d'Asie, où Pompée l'avait accablé d'outrages ,
le sénat le reçut de la manière la plus honorable,
et le pressa vivement, après le retour de
Pompée, de s'occuper des affaires du gouvernement.
Mais le courage et l'activité de Lucullus
étaient bien refroidis : il s'était abandonné à l'oisiveté,
et à toutes les jouissances que donnent les
richesses. Cependant, lorsque Pompée fut arrivé,
il reprit de l'ardeur, et l'attaqua si vigoureusement
sur l'injure qu'il lui avait faite en Asie en cassant
toutes ses ordonnances, que, soutenu de l'appui
de Caton, il prenait déjà le dessus, et l'emportait
sur lui dans le sénat. Pompée, qui se sentait
le plus faible et se voyait rebuté partout, fut forcé
de recourir aux tribuns du peuple, et de s'attacher
une foule de jeunes gens. Le plus scélérat et
le plus audacieux d'entre eux, nommé Clodius,
s'étant emparé de lui, le jetait à la tête du peuple,
et avilissait sa dignité en le traînant sans cesse
après lui dans les assemblées publiques, où il le
faisait servir à confirmer toutes les nouveautés
qu'il proposait, dans la vue de flatter la populace
et de s'insinuer dans sa faveur. Il alla plus loin encore;
et comme s'il eût rendu à Pompée des services
importants, tandis qu'il ne faisait que le déshonorer,
il exigea et obtint de lui, pour salaire,
le sacrifice de Cicéron, le meilleur ami de Pompée,
et qui, dans le cours de son administration,
avait tout fait pour lui. Cicéron, dans le danger
dont il était menacé, eut recours à Pompée, qui
ne voulut pas le voir; il fit même refuser l'entrée
de sa maison à ceux qui venaient de sa part, et
sortit par une porte de derrière. Cicéron, qui craignit
l'issue du jugement, se déroba de la ville et s'en alla en exil.
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