[43] Λόγοι δὲ παντοδαποὶ περὶ τοῦ Πομπηΐου
προκατέπιπτον εἰς τὴν Ῥώμην, καὶ θόρυβος
ἦν πολύς, ὡς εὐθὺς ἄξοντος ἐπὶ τὴν πόλιν τὸ
στράτευμα καὶ μοναρχίας βεβαίας ἐσομένης.
Κράσσος δὲ τοὺς παῖδας καὶ τὰ χρήματα λαβὼν
ὑπεξῆλθεν, εἴτε δείσας ἀληθῶς, εἴτε μᾶλλον, ὡς
ἐδόκει, πίστιν ἀπολείπων τῇ διαβολῇ καὶ τὸν
φθόνον ποιῶν τραχύτερον. εὐθὺς οὖν ἐπιβὰς
Ἰταλίας ὁ Πομπήϊος καὶ συναγαγὼν εἰς ἐκκλησίαν
τοὺς στρατιώτας καὶ τὰ πρέποντα
διαλεχθεὶς καὶ φιλοφρονησάμενος, ἐκέλευσε
διαλύεσθαι κατὰ πόλιν ἑκάστους καὶ τρέπεσθαι
πρὸς τὰ οἰκεῖα, μεμνημένους αὖθις ἐπὶ
τὸν θρίαμβον αὐτῷ συνελθεῖν. οὕτω δὲ τῆς
στρατιᾶς σκεδασθείσης καὶ πυνθανομένων ἁπάντων
πρᾶγμα συνέβη θαυμαστόν. ὁρῶσαι γὰρ
αἱ πόλεις Πομπήϊον Μάγνον ἄνοπλον καὶ μετ´
ὀλίγων τῶν συνήθων ὥσπερ ἐξ ἄλλης ἀποδημίας
διαπορευόμενον, ἐκχεόμεναι δι´ εὔνοιαν καὶ προπέμπουσαι
μετὰ μείζονος δυνάμεως συγκατῆγον
εἰς τὴν Ῥώμην, εἴ τι κινεῖν διενοεῖτο καὶ νεωτερίζειν
τότε, μηδὲν ἐκείνου δεόμενον τοῦ στρατεύματος.
| [43] XLIII. Varii autem de Pompeio sermones Romam perferebantur,
trepidabaturque uulgo quod exercitum recta ad
urbem adducturus et tyrannidem occupaturus crederetur.
Et Crassus adeo siue reuera metuens sibi, siue ut calumniae
fidem daret odiaque hominum in Pompeium incenderet,
cum liberis et opibus Roma excessit. Sed Pompeius ut
primum Italiam attigit, aduocatis in concionem militibus,
allocutus eos benigne et quae praesens occasio ferret, uerbis
persecutus, discedere unumquemlibet in patriam et ad suos
abire iussit, ac curare uti tempore triumphi frequentes adessent.
Dissipato ad hunc modum exercitu, eaque re
uulgata, mirum est quod accidit. Etenim ciuitates Pompeium
Magnum inermem ac paucis cum familiaribus tanquam
a profectione alia redire uidentes, effusae ingenti copia
eum Romam usque comitatae sunt, beneuolentia adductae,
ut si quid nouarum rerum moliri uoluisset, nihil suo illi
exercitu opus fuerit.
| [43] XLIII. Il avait été précédé à Rome par divers bruits qui
couraient sur son compte; ils y causèrent même un grand
trouble, parce qu'on avait répandu qu'il entrerait dans la
ville avec son armée, et qu'il usurperait le pouvoir
souverain. Crassus, soit qu'il le craignît réellement,
ou, comme il est plus vraisemblable, pour accréditer
ce bruit calomnieux et aigrir encore l'envie
qu'on portait à Pompée, sortit secrètement de
Rome avec ses enfants et ce qu'il avait de plus
précieux. Mais Pompée, à peine entré en Italie, assembla
ses soldats; et après leur avoir parlé selon
que l'exigeaient les circonstances, et les avoir remerciés
de leurs services, il leur ordonna de se disperser
chacun dans sa ville, et de ne pas oublier
de revenir à Rome pour son triomphe. Son armée
se sépara; et la nouvelle s'en étant bientôt répandue
partout, elle produisit un effet admirable.
Les villes qu'il traversait dans sa route voyant le
grand Pompée sans aucune escorte de gens de
guerre, accompagné seulement d'un petit nombre
d'amis, comme au retour d'un simple voyage, entraînés
par un vif sentiment d'affection, se répandirent
en foule au-devant de lui, et le suivirent
jusqu'à Rome, où il arriva avec de plus grandes
forces que celles qu'il avait ramenées; et s'il avait
eu envie de remuer et d'introduire des nouveautés
dans le gouvernement, il n'aurait pas eu besoin de son armée.
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