[40] Ὁ δὲ μέγιστον δυνάμενος παρ´ αὐτῷ
Δημήτριος ἦν ἀπελεύθερος, οὐκ ἄφρων εἰς τἆλλα
νεανίας, ἄγαν δὲ τῇ τύχῃ χρώμενος· περὶ οὗ καὶ
τοιόνδε τι λέγεται. Κάτων ὁ φιλόσοφος ἔτι μὲν
ὢν νέος, ἤδη δὲ μεγάλην ἔχων δόξαν καὶ μέγα
φρονῶν, ἀνέβαινεν εἰς Ἀντιόχειαν, οὐκ ὄντος
αὐτόθι Πομπηΐου, βουλόμενος ἱστορῆσαι τὴν
πόλιν. αὐτὸς μὲν οὖν, ὥσπερ ἀεί, πεζὸς ἐβάδιζεν,
οἱ δὲ φίλοι συνώδευον ἵπποις χρώμενοι.
κατιδὼν δὲ πρὸ τῆς πύλης ὄχλον ἀνδρῶν ἐν
ἐσθῆσι λευκαῖς καὶ παρὰ τὴν ὁδὸν ἔνθεν μὲν τοὺς
ἐφήβους, ἔνθεν δὲ τοὺς παῖδας διακεκριμένους,
ἐδυσχέραινεν οἰόμενος εἰς τιμήν τινα καὶ θεραπείαν
ἑαυτοῦ μηδὲν δεομένου ταῦτα γίνεσθαι.
τοὺς μέντοι φίλους ἐκέλευσε καταβῆναι καὶ
πορεύεσθαι μετ´ αὐτοῦ· γενομένοις δὲ πλησίον
ὁ πάντα διακοσμῶν ἐκεῖνα καὶ καθιστὰς ἔχων
στέφανον καὶ ῥάβδον ἀπήντησε, πυνθανόμενος
παρ´ αὐτῶν ποῦ Δημήτριον ἀπολελοίπασι καὶ
πότε ἀφίξεται. τοὺς μὲν οὖν φίλους τοῦ Κάτωνος
γέλως ἔλαβεν, ὁ δὲ Κάτων εἰπών, "Ὢ τῆς
ἀθλίας πόλεως," παρῆλθεν, οὐδὲν ἕτερον ἀποκρινάμενος.
Οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ τοῖς ἄλλοις τοῦτον τὸν
Δημήτριον ἧττον ἐπίφθονον ἐποίει αὐτὸς ὁ
Πομπήϊος ἐντρυφώμενος ὑπ´ αὐτοῦ καὶ μὴ δυσκολαίνων.
λέγεται γάρ, ὅτι πολλάκις ἐν ταῖς
ὑποδοχαῖς τοῦ Πομπηΐου προσμένοντος καὶ δεχομένου
τοὺς ἄλλους ἐκεῖνος ἤδη κατέκειτο σοβαρός,
ἔχων δι´ ὤτων κατὰ τῆς κεφαλῆς τὸ ἱμάτιον.
οὔπω δὲ εἰς Ἰταλίαν ἐπανεληλυθὼς ἐκέκτητο
τῆς Ῥώμης τὰ ἥδιστα προάστεια καὶ τῶν ἡβητηρίων
τὰ κάλλιστα, καὶ κῆποι πολυτελεῖς ἦσαν
ὀνομαζόμενοι Δημητρίου· καίτοι Πομπήϊος αὐτὸς
ἄχρι τοῦ τρίτου θριάμβου μετρίως καὶ ἀφελῶς
ᾤκησεν. ὕστερον δὲ Ῥωμαίοις τοῦτο δὴ τὸ καλὸν
καὶ περιβόητον ἀνιστὰς θέατρον, ὥσπερ ἐφόλκιόν
τι, παρετεκτήνατο λαμπροτέραν οἰκίαν ἐκείνης,
ἀνεπίφθονον δὲ καὶ ταύτην, ὥστε τὸν γενόμενον
δεσπότην αὐτῆς μετὰ Πομπήϊον εἰσελθόντα θαυμάζειν
καὶ πυνθάνεσθαι ποῦ Πομπήϊος Μάγνος
ἐδείπνει. ταῦτα μὲν οὖν οὕτω λέγεται.
| [40] XL. Qui plurimum apud ipsum posset Demetrius erat
libertus, iuuenis ingenio non malo, sed fortunae nimius; de
quo tale quiddam fertur. Cato, is qui philosophus est
usurpatus, quum adhuc iuuenis esset, magna tamen gloria
altosque spiritus duceret, Antiochiam accesserat urbis eius
perlustrandae causa, absente Pompeio ; pedes ipse ibat, uti
solitum ei erat, dum amici equites comitabantur. Hic quum
ante urbis portam turbam uirorum candidatorum et iuxta
uiam ephebos seorsum, seorsum pueros astare uideret,
existimans sibi nihil talia curanti honoris et reuerentiae causa
haec fieri, indigne tulit, amicosque ab equis descendere et
una ire iussit. Ubi propius accesserunt ad portam, magister
eius pompae coronatus baculumque gestans occurrit et ex
ipsis quaesiuit, ubinam Demetrium reliquissent et quando is
esset uenturus. Tum Cato amicis in risum conuersis, O miseram,
inquit, urbem! nihilque aliud respondens praeteriit.
Verumtamen Pompeius ipse a Demetrio ludibrio
habitus, idque aequo animo sustinens, effecit ut eo leuiora
aliorum in eum odia essent. Traditum est saepenumero in
conuiuiis Pompeio ceteros exspectante, illum accubuisse
fastuosum, ac togam usque ad aures capiti attraxisse.
Idem Demetrius antequam in Italiam rediret, iam Romae
amoenissima suburbana ac loca uoluptaria pulcherrima
habebat, hortique pretiosi erant, qui Demetrii nuncupabantur.
Et uero ipse Pompeius ad tertium usque triumphum
aedibus usus est minime splendidis. Post quum Romanis
insigne illud et praeclarum exstruxisset theatrum, aliquanto
splendidiorem priore domum ueluti appendicis loco
sibi aedificauit, sed hanc quoque ita inuidiae securam, ut
qui eam post Pompeium occupauit, miratus sit et quaesiuerit,
ubinam Pompeius Magnus coenasset. Atque haec ita narrantur.
| [40] XL. Démétrius, son affranchi, était de tous
ses domestiques celui qui avait le plus de crédit
auprès de son maître; il était jeune et ne manquait
pas d'esprit, mais il abusait de sa fortune.
On raconte à ce sujet que Caton le philosophe, qui
dans sa jeunesse même avait déjà une grande réputation
de sagesse et de grandeur d'âme, alla voir
la ville d'Antioche, pendant que Pompée en était
absent. Il marchait à pied selon sa coutume, et ses
amis le suivaient à cheval. En arrivant aux portes
de la ville, il vit une foule de gens vêtus de robes
blanches, et des deux côtés du chemin de jeunes
garçons et des enfants rangés en haie. Caton, qui
crut que tous ces préparatifs étaient faits pour lui,
et qu'on venait par honneur au-devant de lui,
en fut très mécontent, car il ne voulait aucune cérémonie.
Il ordonna donc à ses amis de descendre
de cheval, et de l'accompagner à pied. Lorsqu'ils
eurent joint cette troupe, celui qui réglait la fête,
et qui avait placé tout le monde, étant venu au-devant
d'eux, avec une verge à la main et une couronne
sur la tête, leur demanda où ils avaient
laissé Démétrius, et à quelle heure il arriverait.
Les amis de Caton éclatèrent de rire : «O malheureuse
ville! s'écria Caton; et il continua sa
route sans rien ajouter. Il est vrai que Pompée
lui-même adoucissait la haine qu'on portait à son
affranchi par la patience avec laquelle il souffrait
son audace, sans jamais se fâcher. On assure que
souvent Pompée attendait les convives qu'il avait
priés à souper, afin de les recevoir pendant que
Démétrius était déjà assis à table, et qu'il avait
sur sa tête son bonnet insolemment enfoncé
jusqu'au-dessous des oreilles. Avant son retour en
Italie, il avait acquis dans les environs de Rome
les plus belles maisons de campagne, les plus beaux
parcs pour les exercices; il avait des jardins magnifiques
qu'on appelait les jardins de Démétrius,
tandis que Pompée, jusqu'à son troisième triomphe,
était logé de la manière la plus simple et la
plus modeste. Ce ne fut qu'après avoir construit
ce théâtre si magnifique et si célèbre qui porte
son nom, qu'il se fit bâtir, comme une espèce d'accessoire,
une maison plus belle que la première,
mais qui n'était pas faite pour exciter l'envie.
Aussi celui qui en fut le maître après Pompée,
étonné, en y entrant, de sa simplicité, demanda
où était la salle à manger du grand Pompée; c'est
du moins ce qu'on rapporte.
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