| [39] Διὸ τούτῳ μὲν εἰπὼν ἰσχυρότερον
 ἑαυτοῦ πολέμιον τὸν λιμὸν ἀπολείψειν, ἐπέστησε
 φυλακὰς τῶν νεῶν ἐπὶ τοὺς πλέοντας εἰς Βόσπορον
 ἐμπόρους· καὶ θάνατος ἦν ἡ ζημία τοῖς
 ἁλισκομένοις. ἀναλαβὼν δὲ τῆς στρατιᾶς τὴν
 πληθὺν συχνὴν προῆγε· καὶ τῶν μετὰ Τριαρίου
 πρὸς Μιθριδάτην ἀτυχῶς ἀγωνισαμένων καὶ
 πεσόντων ἐντυχὼν ἀτάφοις ἔτι τοῖς νεκροῖς,
 ἔθαψε λαμπρῶς καὶ φιλοτίμως ἅπαντας, ὃ δοκεῖ
 παραλειφθὲν οὐχ ἥκιστα Λευκόλλῳ μίσους
 αἴτιον γενέσθαι. χειρωσάμενος δὲ δι´ Ἀφρανίου
 τοὺς περὶ Ἀμανὸν Ἄραβας καὶ καταβὰς
 αὐτὸς εἰς Συρίαν, ταύτην μὲν ὡς οὐκ ἔχουσαν
 γνησίους βασιλεῖς ἐπαρχίαν ἀπέφηνε καὶ κτῆμα
 τοῦ δήμου Ῥωμαίων, τὴν δὲ Ἰουδαίαν κατεστρέψατο,
 καὶ συνέλαβεν Ἀριστόβουλον τὸν
 βασιλέα. πόλεις δὲ τὰς μὲν ἔκτιζε, τὰς δὲ
 ἠλευθέρου κολάζων τοὺς ἐν αὐταῖς τυράννους.
 τὴν δὲ πλείστην διατριβὴν ἐν τῷ δικάζειν
 ἐποιεῖτο, πόλεων καὶ βασιλέων ἀμφισβητήματα
 διαιτῶν, ἐφ´ ἃ δὲ αὐτὸς οὐκ ἐξικνεῖτο, πέμπων
 τοὺς φίλους, ὥσπερ Ἀρμενίοις καὶ Πάρθοις περὶ
 ἧς διεφέροντο χώρας τὴν κρίσιν ποιησαμένοις
 ἐπ´ αὐτῷ τρεῖς ἀπέστειλε κριτὰς καὶ διαλλακτάς.
 μέγα μὲν γὰρ ἦν ὄνομα τῆς δυνάμεως, οὐκ ἔλαττον
 δὲ τῆς ἀρετῆς καὶ πρᾳότητος· ᾧ καὶ τὰ πλεῖστα
 τῶν περὶ αὐτὸν ἁμαρτήματα φίλων καὶ συνήθων
 ἀπέκρυπτε, κωλύειν μὲν ἢ κολάζειν τοὺς πονηρευομένους
 οὐ πεφυκώς, αὑτὸν δὲ παρέχων τοῖς
 ἐντυγχάνουσι τοιοῦτον ὥστε καὶ τὰς ἐκείνων
 πλεονεξίας καὶ βαρύτητας εὐκόλως ὑπομένειν.
 | [39] XXXIX. Huic grauiorem quam Pompeius esset hostem, 
 
famem nimirum, relicturum se dicens, naualia praesidia 
 
constituit, quae nauigantes in Bosporum obseruarent negotiatores, 
 
deprehensosque morte punirent. Ipse cum exercitus 
 
maiori parte iter ingressus, quum in cadauera eorum qui 
 
Triario duce infeliciter cum Mithridate pugnauerant inhumata 
 
etiamnum incidisset, splendide et honorifice sepeliit, 
 
quod a Lucullo neglectum haud minimam odii in ipsum 
 
causam praebuisse uidetur. Inde Afranii opera Arabibus 
 
qui circa Amanum montem accolunt in potestatem redactis, 
 
ipse in Syriam profectus, eam, ut que legitimos reges non 
 
haberet, prouinciam ditionemque populi Romani redegit, Iudaeam 
 
porro subegit, regemque Aristobulum cepit. Urbes 
 
partim condidit, partim supplicio affectis tyrannis libertati 
 
restituit. Plurimum autem otii in diiudicandas ciuitatum regumque 
 
controuersias impendit, missis ad arbitrandum 
 
amicis, quo ipse non proficiscebatur, sicut Armeniis etiam 
 
ac Parthis de finibus litigantibus, arbitriumque ipsi deferentibus, 
 
tres suorum misit qui rem componerent. Magnum 
 
enim nomen potentiae eius; maius uirtutis erat atque clementiae; 
 
eoque pleraque suorum amicorum et familiarium 
 
peccata occultabat, natura a coercendis et puniendis delictis 
 
alienus, ac talem sese adeuntibus praebens, ut facile eorum 
 
auaritiam, ac peruersitatem toleraret.
 
 | [39] XXXIX. Ainsi, disait-il, pour lui laisser un 
ennemi plus fort que lui-même, c'est-à-dire la famine, 
il mit des vaisseaux en croisière sur le Pont-Euxin, 
afin d'enlever les marchands qui porteraient 
des provisions dans le Bosphore : la peine 
de mort était décernée contre tous ceux qui seraient 
pris. En poursuivant sa route avec la plus grande 
partie de son armée, il arriva sur le champ de bataille 
où étaient les cadavres des soldats romains 
qui, sous Triarius, avaient combattu malheureusement 
contre Mithridate, et dont les corps étaient 
restés sans sépulture. Il les fit tous enterrer 
avec autant de soin que de magnificence; ce devoir, 
négligé par Lucullus, fut, à ce qu'il paraît, une des 
principales causes de la haine que ses soldats conçurent 
contre lui. Pompée, après avoir soumis, 
par son lieutenant Afranius, les Arabes qui habitent 
autour du mont Amanus, descendit dans la 
Syrie; et comme elle n'avait pas de rois légitimes, 
il en fit une province romaine. Il subjugua la Judée, 
et fit prisonnier le roi Aristobule; il y fonda 
quelques villes, rendit la liberté à d'autres, et punit 
les tyrans qui en avaient usurpé l'autorité. 
Mais il s'y occupa surtout de rendre la justice, de 
concilier les différends des villes et des rois; et
quand il ne pouvait s'y transporter en personne, 
il y envoyait ses amis : c'est ce qu'il fit en particulier 
pour les Arméniens et les Parthes qui se disputaient 
quelques provinces; ils s'en rapportèrent à 
sa décision, et il leur envoya trois arbitres pour 
juger leurs prétentions respectives; car l'opinion 
qu'on avait de sa justice et de sa douceur égalait 
celle de sa puissance; c'était même par là qu'il 
couvrait la plupart des fautes de ses amis et de ceux 
qui avaient sa confiance : trop faible pour les empêcher 
de les commettre ou pour les en punir, il 
montrait une si grande douceur à ceux qui venaient 
se plaindre, qu'il leur faisait supporter patiemment 
l'avarice et la dureté de ses agents.
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