| [4] Ἅμα δὲ τῷ τελευτῆσαι τὸν Στράβωνα,
 δίκην κλοπῆς ἔσχεν ὑπὲρ αὐτοῦ δημοσίων χρημάτων
 ὁ Πομπήϊος. καὶ τὰ μὲν πλεῖστα φωράσας
 ἕνα τῶν ἀπελευθέρων ὁ Πομπήϊος νενοσφισμένον
 Ἀλέξανδρον, ἀπέδειξε τοῖς ἄρχουσιν, αὐτὸς
 δὲ λίνα θηρατικὰ καὶ βιβλία τῶν ἐν Ἄσκλῳ
 ληφθέντων ἔχειν κατηγορεῖτο. ταῦτα δὲ ἔλαβε
 μὲν παρὰ τοῦ πατρὸς ἑλόντος τὸ Ἄσκλον, ἀπώλεσε
 δὲ τῶν Κίννα δορυφόρων, ὅτε κατῆλθεν,
 ὠσαμένων εἰς τὴν οἰκίαν αὐτοῦ καὶ διαρπασάντων.
 ἐγίνοντο δὲ τῆς δίκης αὐτῷ προαγῶνες οὐκ
 ὀλίγοι πρὸς τὸν κατήγορον. ἐν οἷς ὀξὺς ἅμα καὶ
 παρ´ ἡλικίαν εὐσταθὴς φαινόμενος δόξαν ἔσχε
 μεγάλην καὶ χάριν, ὥστε Ἀντίστιον στρατηγοῦντα
 καὶ βραβεύοντα τὴν δίκην ἐκείνην ἐρασθῆναι
 τοῦ Πομπηΐου καὶ γυναῖκα διδόναι τὴν
 ἑαυτοῦ θυγατέρα καὶ περὶ τούτου τοῖς φίλοις
 διαλέγεσθαι. δεξαμένου δὲ Πομπηΐου καὶ γενομένων
 ἐν αὐτοῖς ἀπορρήτων ὁμολογιῶν, ὅμως οὐκ
 ἔλαθε τοὺς πολλοὺς τὸ πρᾶγμα διὰ τὴν τοῦ
 Ἀντιστίου σπουδήν. τέλος δὲ τὴν γνώμην ἀναγορεύσαντος
 αὐτοῦ τῶν δικαστῶν ἀπολύουσαν,
 ὥσπερ ἐκ παραγγέλματος ὁ δῆμος ἐπεφώνησε
 τοῦτο δὴ τὸ τοῖς γαμοῦσιν ἐπιφωνούμενον ἐξ
 ἔθους παλαιοῦ, Ταλασίῳ.
 Τὸ δὲ ἔθος ἀρχὴν λαβεῖν φασι τοιαύτην. ὅτε
 τὰς θυγατέρας τῶν Σαβίνων ἐπὶ θέαν ἀγῶνος εἰς
 Ῥώμην παραγενομένας οἱ πρωτεύοντες ἀρετῇ
 Ῥωμαίων ἥρπαζον ἑαυτοῖς γυναῖκας, ἄδοξοί τινες
 πελάται καὶ βοτῆρες ἀράμενοι κόρην καλὴν καὶ
 μεγάλην ἐκόμιζον. ὅπως οὖν μὴ προστυχών τις
 ἀφέληται τῶν κρειττόνων, ἐβόων θέοντες ἅμα
 Ταλασίῳ (τῶν δὲ χαριέντων καὶ γνωρίμων τις ἦν
 ὁ Ταλάσιος), ὥστε τοὺς ἀκούσαντας τοὔνομα
 κροτεῖν καὶ βοᾶν οἷον συνηδομένους καὶ συνεπαινοῦντας.
 ἐκ τούτου φασὶ (καὶ γὰρ εὐτυχὴς ὁ
 γάμος ἀπέβη τῷ Ταλασίῳ) ταύτην τὴν ἐπιφώνησιν
 μετὰ παιδιᾶς γενέσθαι τοῖς γαμοῦσιν.
 οὗτος ὁ λόγος πιθανώτατός ἐστι τῶν περὶ τοῦ
 Ταλασίου λεγομένων. ὀλίγαις δ´ οὖν ὕστερον
 ἡμέραις ὁ Πομπήϊος ἠγάγετο τὴν Ἀντιστίαν.
 | [4] IV. Strabone patre mortuo, ipsius nomine peculatus dies 
 
Pompeio dictus est. Et magnam quidem pecuniae publicae 
 
partem ab Alexandro quodam liberto interuersam quum 
 
deprehendisset Pompeius, rem ad magistratus detulit, ipse retia 
 
et libros de praeda Asculana retinere culpatus est. Et 
 
acceperat quidem ea a patre Asculo capto, sed Cinnani satellites, 
 
quum in urbem rediit Cinna, impetu in domum eius 
 
facto ea diripuerant. In exordio causae aliquot contra 
 
accusatorem certamina sustinuit, in quibus ita se acrem 
 
ac praeter aetatem suam constantem gessit, ut gloriam sibi 
 
gratiamque magnam parauerit, adeo ut Antistius praetor, 
 
apud quem ea causa agebatur, Pompeii amore captus fuerit 
 
filiamque ei suam nuptum dare decreuerit, re cum amicis 
 
communicata. Pompeio id probante occultoque ea re 
 
composita, studium tamen Antistii in causa fuit, uti ne lateret 
 
multitudinem. Tandem quum is Pompeium iudicum sententiis 
 
absolutum pronuntiaret, tanquam signo dato populus 
 
acclamauit : Talasio! quae uox antiquo instituto in nuptiis 
 
acclamari solet, origine, ut perhibent, tali. (4) Quum 
 
Sabinorum filias quae ad ludos Romam conuenerant, praecipui 
 
uirtute Romani ad matrimonium iungendum diriperent, 
 
ignobiles quidam clientes et pastores forma et magnitudine 
 
praesignem quandam uirginem abstulerunt, ac ne ab 
 
obuiis praestantioribus ea ipsis eriperetur, inter currendum 
 
clamauerunt, Talasio; erat autem Talasius unus ex nobilibus 
 
et gratiosis Romanis; itaque qui audiebant id nomen, et ipsi 
 
nomen idem acclamabant, quasi congratulantes et comprobantes. 
 
Et quia nuptiae istae Talasio bene cecidissent, ideo 
 
receptum exinde esse dicunt, ut per iocum in nuptiis Talasii 
 
nomen sponsae acclamaretur. Quae quidem historia 
 
de iis, quae de Talasio traduntur, uero simillima uidetur. 
 
Enimuero paucis post diebus Antistiam duxit Pompeius.
 
 | [4] IV. Après la mort de son père, il eut, en sa qualité 
d'héritier, un procès à soutenir sur le crime 
de péculat dont Strabon était accusé. Pompée ayant 
découvert qu'un des affranchis de son père, nommé 
Alexandre, avait détourné à son profit la plus grande 
partie des deniers publics, le traduisit devant ses 
juges. Mais il fut accusé en son propre nom d'avoir 
retenu des filets de chasse et des livres pris à Asculum ; 
son père, en effet, les lui avait donnés 
du butin de cette ville, et il les avait perdus depuis, 
lorsque les satellites de Cinna, après le retour 
de ce général à Rome, forcèrent la maison de 
Pompée et la pillèrent. Dans le cours de ce procès, 
il eut de grands combats à livrer contre son
accusateur; et il fit paraître dans sa défense une 
pénétration et une fermeté au-dessus de son âge, 
qui lui acquirent autant de réputation que de faveur. 
Le préteur Antistius, qui présidait à ce jugement, 
conçut pour lui une telle affection, qu'il 
résolut de lui donner sa fille en mariage, et lui en 
fit faire la proposition par ses amis. Pompée la reçut 
avec joie, et le mariage fut arrêté ; mais il resta 
secret. Cependant l'intérêt qu'Antistius montrait 
pour Pompée le fit découvrir au peuple; et à la 
fin du procès, lorsque le préteur prononça la sentence 
qui déclarait Pompée absous, la multitude,  
comme si elle en eût reçu l'ordre, se mit à crier 
plusieurs fois : "À Talasius!" mot qui, de toute antiquité, 
s'emploie à Rome dans les noces. 
Voici, dit-on, l'origine de cet usage. Lorsque les plus nobles 
d'entre les Romains enlevèrent les filles sabines 
qui étaient venues à Rome pour y voir célébrer 
des jeux, des pâtres et des bouviers ravirent une 
jeune fille d'une beauté et d'une taille distinguées; 
et de peur qu'elle ne leur fût enlevée par quelqu'un 
des nobles, ils crièrent en courant : "A Talasius !" 
C'était le nom d'un des Romains les plus connus 
et les plus estimés. Quand les passants l'entendirent 
nommer, ils battirent des mains et répétèrent 
ce cri, comme un signe de leur approbation 
et de leur joie. Ce mariage ayant été très heureux 
pour Talasius, on a depuis répété, par manière 
de jeu, cette acclamation pour ceux qui se marient. 
Ce récit est ce qui m'a paru de plus vraisemblable 
sur l'origine du cri de "Talasius".
Peu de jours après le jugement de cette affaire, 
Pompée épousa la fille d'Antistius. 
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