[3] Ἔτι δὲ μειράκιον ὢν παντάπασι καὶ τῷ
πατρὶ συστρατευόμενος ἀντιτεταγμένῳ πρὸς Κίνναν,
Λευκιόν τινα Τερέντιον εἶχεν ἑταῖρον καὶ
σύσκηνον. οὗτος ὑπὸ Κίννα πεισθεὶς χρήμασιν
αὐτὸς μὲν ἔμελλε Πομπήϊον ἀποκτενεῖν, ἕτεροι δὲ
τὴν σκηνὴν ἐμπρήσειν τοῦ στρατηγοῦ. μηνύσεως
δὲ τῷ Πομπηΐῳ περὶ δεῖπνον ὄντι προσπεσούσης,
οὐδὲν διαταραχθείς, ἀλλὰ καὶ πιὼν προθυμότερον
καὶ φιλοφρονησάμενος τὸν Τερέντιον, ἅμα τῷ
τραπέσθαι πρὸς ἀνάπαυσιν ὑπεκρυεὶς τῆς σκηνῆς
ἔλαθε, καὶ τῷ πατρὶ φρουρὰν περιστήσας
ἡσύχαζεν. ὁ δὲ Τερέντιος, ὡς ἐνόμιζε καιρὸν
εἶναι, σπασάμενος τὸ ξίφος ἀνέστη καὶ τῇ στιβάδι
τοῦ Πομπηΐου προσελθὼν ὡς κατακειμένου πολλὰς
ἐνεφόρει πληγὰς τοῖς στρώμασιν. ἐκ δὲ
τούτου γίνεται μέγα κίνημα μίσει τοῦ στρατηγοῦ,
καὶ πρὸς ἀπόστασιν ὁρμὴ τῶν στρατιωτῶν, τάς
τε σκηνὰς ἀνασπώντων καὶ τὰ ὅπλα λαμβανόντων.
ὁ μὲν οὖν στρατηγὸς οὐ προῄει δεδιὼς τὸν
θόρυβον, ὁ δὲ Πομπήϊος ἐν μέσοις ἀναστρεφόμενος
καὶ δακρύων ἱκέτευε, τέλος δὲ ῥίψας ἑαυτὸν
ἐπὶ στόμα πρὸ τῆς πύλης τοῦ χάρακος ἐμποδὼν
ἔκειτο κλαίων καὶ πατεῖν κελεύων τοὺς ἐξιόντας,
ὥστε ἕκαστον ἀναχωρεῖν ὑπ´ αἰδοῦς καὶ πάντας
οὕτω πλὴν ὀκτακοσίων μεταβαλέσθαι καὶ διαλλαγῆναι
πρὸς τὸν στρατηγόν.
| [3] III. Admodum adolescens cum patre in militia proficiscens,
qui Cinnae erat oppositus, socium et contubernalem
habuit L. quendam Terentium. Is a Cinna corruptus pecunia,
Pompeium occidere et submissis aliis incendere tentorium
ducis statuerat. Indicium rei ad Pompeium coenantem
delatum est; isque nihil perturbatus, sed potui magis
indulgens amiceque cum Terentio agens, simul ac somni
tempus appetiit, occulte se e tentorio suo subtraxit praesidioque
patri circumposito, quieti se dedit. Terentius tempus
necis esse ratus, stricto gladio ad lectum Pompeii uenit,
cumque ibi iacere putans, multos in stragula ictus ingessit.
(2) Post haec odium ducis magnum tumultum excitauit,
defectionemque agitantes milites tentoria demoliri armaque
corripere coeperunt. Dux turbam metuens, progredi ausus
non fuit, at Pompeius filius inter medios milites obuersatus,
plorans supplexque deprecatus tandem in ipsa porta
castrorum se proiiciens, discessuris obstitit, flens ac sese
calcari iubens, ita ut omnes, octingentis tantum demptis,
moti uerecundia recesserint ac cum duce in gratiam redierint.
| [3] III. Dans sa première jeunesse, comme il servait
sous son père qui faisait la guerre à Cinna, il
avait pour ami un certain Lucius Térentius, avec
lequel il partageait sa tente, et qui, gagné par l'argent
que Cinna lui offrit, promit de tuer Pompée,
pendant que d'autres conjurés mettraient le feu à
la tente du général. Pompée, informé à table de
ce complot, ne laissa paraître aucun trouble; il
but même plus qu'à son ordinaire, fit beaucoup
de caresses à Térentius, et après qu'on fut allé se
coucher, il sortit secrètement de sa tente, plaça
des gardes autour de celle de son père, et se tint
tranquille. Lorsque Térentius crut que l'heure était
venue, il se lève, va, l'épée nue à la main, au lit
de Pompée; et, s'approchant du matelas sur lequel
il le croyait couché, il donne plusieurs coups dans
les couvertures. En même temps il s'élève dans le
camp un grand tumulte causé par la haine qu'on
portait au général : déjà les soldats se mettent en
mouvement pour aller se rendre à l'ennemi; ils
plient leurs tentes et prennent les armes. Le général,
effrayé de ce mouvement séditieux, n'ose sortir
de sa tente; Pompée, se présentant au milieu
de ces mutins, les conjure avec larmes de ne pas
abandonner son père : ne pouvant les apaiser, il se
jette enfin en travers sur la porte du camp, le visage
contre terre, et, tout baigné de pleurs, il leur
ordonne, s'ils veulent absolument s'en aller, de
lui passer sur le corps. Les soldats, honteux de le
voir en cet état, changèrent de disposition; et, à l'exception
de huit cents, ils se réconcilièrent tous avec leur général.
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