| [33] Πομπήϊος δὲ εἰς Ἀρμενίαν ἐνέβαλε
 τοῦ νέου Τιγράνου καλοῦντος αὐτόν· ἤδη γὰρ
 ἀφειστήκει τοῦ πατρός, καὶ συνήντησε τῷ Πομπηΐῳ
 περὶ τὸν Ἀράξην ποταμόν, ὃς ἀνίσχει μὲν
 ἐκ τῶν αὐτῶν τῷ Εὐφράτῃ τόπων, ἀποτρεπόμενος
 δὲ πρὸς τὰς ἀνατολὰς εἰς τὸ Κάσπιον ἐμβάλλει
 πέλαγος. οὗτοι μὲν οὖν προῆγον ἅμα τὰς πόλεις
 παραλαμβάνοντες· ὁ δὲ βασιλεὺς Τιγράνης ἔναγχος
 μὲν ὑπὸ Λευκόλλου συντετριμμένος, ἥμερον
 δέ τινα τῷ τρόπῳ καὶ πρᾷον πυθόμενος εἶναι τὸν
 Πομπήϊον, ἐδέξατο μὲν εἰς τὰ βασίλεια φρουράν,
 ἀναλαβὼν δὲ τοὺς φίλους καὶ συγγενεῖς αὐτὸς
 ἐπορεύετο παραδώσων ἑαυτόν. ὡς δὲ ἦλθεν ἱππότης
 ἐπὶ τὸν χάρακα, ῥαβδοῦχοι δύο τοῦ Πομπηΐου
 προσελθόντες ἐκέλευσαν ἀποβῆναι τοῦ
 ἵππου καὶ πεζὸν ἐλθεῖν· οὐδένα γὰρ ἀνθρώπων
 ἐφ´ ἵππου καθεζόμενον ἐν Ῥωμαϊκῷ στρατοπέδῳ
 πώποτε ὀφθῆναι. καὶ ταῦτα οὖν ὁ Τιγράνης
 ἐπείθετο καὶ τὸ ξίφος αὐτοῖς ἀπολυσάμενος
 παρεδίδου· καὶ τέλος, ὡς πρὸς αὐτὸν ἦλθε τὸν
 Πομπήϊον, ἀφελόμενος τὴν κίταριν ὥρμησε πρὸ
 τῶν ποδῶν θεῖναι, καὶ καταβαλὼν ἑαυτόν, αἴσχιστα
 δὴ πάντων, προσπεσεῖν αὐτοῦ τοῖς γόνασιν.
 ἀλλ´ ὁ Πομπήϊος ἔφθη τῆς δεξιᾶς αὐτοῦ λαβόμενος
 προσαγαγέσθαι· καὶ πλησίον ἱδρυσάμενος
 ἑαυτοῦ, τὸν δὲ υἱὸν ἐπὶ θάτερα, τῶν μὲν ἄλλων
 ἔφησε δεῖν αἰτιᾶσθαι Λεύκολλον, ὑπ´ ἐκείνου γὰρ
 ἀφῃρῆσθαι Συρίαν, Φοινίκην, Κιλικίαν, Γαλατίαν,
 Σωφηνήν, ἃ δὲ ἄχρι ἑαυτοῦ διατετήρηκεν,
 ἕξειν ἐκτίσαντα ποινὴν ἑξακισχίλια τάλαντα
 Ῥωμαίοις τῆς ἀδικίας, Σωφηνῆς δὲ βασιλεύσειν
 τὸν υἱόν. ἐπὶ τούτοις ὁ μὲν Τιγράνης ἠγάπησε,
 καὶ τῶν Ῥωμαίων ἀσπασαμένων αὐτὸν βασιλέα
 περιχαρὴς γενόμενος ἐπηγγείλατο στρατιώτῃ μὲν
 ἡμιμναῖον ἀργυρίου δώσειν, ἑκατοντάρχῃ δὲ μνᾶς
 δέκα, χιλιάρχῳ δὲ τάλαντον· ὁ δ´ υἱὸς ἐδυσφόρει,
 καὶ κληθεὶς ἐπὶ δεῖπνον οὐκ ἔφη Πομπηΐου δεῖσθαι
 τοιαῦτα τιμῶντος· καὶ γὰρ αὐτὸς ἄλλον
 εὑρήσειν Ῥωμαίων. ἐκ τούτου δεθεὶς εἰς τὸν
 θρίαμβον ἐφυλάττετο. καὶ μετ´ οὐ πολὺν χρόνον
 ἔπεμψε Φραάτης ὁ Πάρθος ἀπαιτῶν μὲν τὸν
 νεανίσκον, ὡς αὐτοῦ γαμβρόν, ἀξιῶν δὲ τῶν ἡγεμονιῶν
 ὅρῳ χρῆσθαι τῷ Εὐφράτῃ. Πομπήϊος δὲ
 ἀπεκρίνατο τὸν μὲν Τιγράνην τῷ πατρὶ μᾶλλον
 ἢ τῷ πενθερῷ προσήκειν, ὅρῳ δὲ χρήσεσθαι τῷ δικαίῳ.
 | [33] XXXIII. Ceterum Pompeius in Armeniam irrupit, uocatus 
 
a iuniore Tigrane, qui iam a patre defecerat et se ad 
 
Araxem fluuium, qui ex iisdem cum Euphrate locis ortus 
 
aduersus orientem profluit inque mare Caspium exit, obuiam 
 
ei dedit coniunctique una perrexerunt, urbes in suam 
 
potestatem recipientes. At rex Tigranes nuper a Lucullo fractus, 
 
quam mitem placidoque ingenio praeditum Pompeium 
 
audisset, imposito in regiam praesidio amicisque et cognatis 
 
ad se receptis, ipso traditum sese Pompeio profectus est. Ut 
 
eques ad castra uenit, duo Pompeiani lictores equo eum descendere 
 
peditemque ire iusserunt; neminem enim unquam 
 
equitare in castris Romanis uisum. Et in hoc obtemperauit 
 
Tigranes et praeterea ensem suum discinxit iisque 
 
tradidit. Ut denique ad ipsum peruenit Pompeium, cidarim 
 
capiti detractam ante pedes eius deponere, seque (id quod 
 
erat turpissimum) ad genua ipsius prouoluere intendit.  
 
Sed Pompeius praeuertit, dextra eum arreptum ad se attrahens, 
 
ac iuxta se, filium uero Tigranem ab altero latere 
 
collocans. Tum ita locutus est : Lucullo cetera tua damna 
 
imputare debes, qui tibi Syriam Phoenicen, Ciliciam, Galatiam,
 
Sophenen ademit; quae ad hunc diem seruasti, ea 
 
retinebis, iniuria, quam Romanis intulisti, sex talentorum 
 
millibus compensata; filius tuus Sophenae rex erit. 
 
Haec Tigranes pergrata habuit; Romanisque regem eum salutantibus, 
 
magno perfusus gaudio, militibus Romanis singulis 
 
dimidiam minam argenti, centurioni minas decem, 
 
tribuno militum talentum se dono daturum pollicitus est. 
 
Iunior autem Tigranes quum moleste haec ferret et ad coenam 
 
uocatus, nihil se isto honore Pompeii opus habere, sed 
 
alium a Romanis impetraturum respondisset, in uincula 
 
positus et ad triumphum est seruatus. Paulo post Phraates 
 
Parthiae rex misit, qui Tigranem filium, uti generum suum,
 
a Pompeio exposcerent, utque prouinciarum terminum 
 
Euphratem haberet postularent. Hiis Pompeius respondit, 
 
Tigranem patri magis quam socero deberi, ius autem se pro 
 
fine imperii habiturum.
 
 | [33] XXXIII. Cependant Pompée entra dans l'Arménie, 
où il était appelé par le jeune Tigrane, qui s'était 
déjà révolté contre son père, et qui vint au-devant 
du général romain jusqu'aux bords de l'Araxe; ce 
fleuve prend sa source dans les mêmes lieux que 
l'Euphrate, et continuant son cours vers le levant, 
il va se jeter dans la mer Caspienne. Lorsque Pompée 
et le jeune Tigrane se furent joints, ils avancèrent 
ensemble dans le pays, et reçurent les villes 
qui se soumettaient. Le roi Tigrane, qui venait 
d'être entièrement défait par Lucullus, informé 
que Pompée était d'un caractère doux et facile, 
reçut dans sa capitale une garnison romaine; 
et prenant avec lui ses parents et ses amis, il partit 
pour aller se rendre à Pompée. Il arrivait à cheval 
près des retranchements, lorsque deux licteurs 
de Pompée allant à sa rencontre, lui ordonnèrent 
de descendre de cheval, et d'entrer à pied, en lui 
disant que jamais on n'avait vu personne à cheval 
dans un camp romain. Tigrane obéit, et ôta même 
son épée, qu'il remit aux licteurs. Quand il fut auprès 
de Pompée, il détacha son diadème pour le 
mettre aux pieds de ce général, et en se prosternant 
bassement à terre, lui embrasser les genoux. 
Pompée le prévint, et, le prenant par la main, il 
le conduisit dans sa tente, le fit asseoir à un de ses 
côtés, et Tigrane, son fils, à l'autre : « igrane,
lui dit-il, c'est à Lucullus que vous devez vous 
en prendre des pertes que vous avez faites jusqu'ici; 
c'est lui qui vous a enlevé la Syrie, la
Phénicie, la Cilicie, la Galatie et la Sophène  : 
je vous laisse tout ce que vous aviez lorsque je 
suis venu dans ces contrées, à condition que
vous payerez aux Romains six mille talents, pour 
réparer les torts que vous leur avez faits : je 
donne à votre fils le royaume de Sophène. Tigrane, 
satisfait de ces conditions, et salué roi par 
les Romains, fut si transporté de joie, qu'il promit 
de donner à chaque soldat une demi-mine; 
dix mines à chaque centurion, et un talent à chaque 
tribun  : mais son fils parut très mécontent; et 
Pompée l'ayant fait inviter à souper, il répondit 
qu'il n'avait pas besoin de Pompée, ni des honneurs 
qu'il donnait; qu'il trouverait d'autres Romains
qui sauraient lui en procurer de plus considérables. 
Pompée, piqué de cette réponse, le fit charger 
de chaînes, et le réserva pour son triomphe. 
Peu de temps après, Phraate, roi des Parthes, envoya 
redemander ce jeune prince, qui était son 
gendre, et représenter à Pompée qu'il devait borner 
ses conquêtes à l'Euphrate. Pompée répondit 
que le jeune Tigrane tenait de plus près à son père 
qu'à son beau-père, et que la justice réglerait seule 
les bornes qu'il mettrait à ses conquêtes.
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