| [31] Ἀμέλει δὲ καὶ τὰ ἔργα ταχέως αὐτὸν
 ἀπεκάλυπτε. πανταχοῦ γὰρ ἐκτιθεὶς διαγράμματα
 τοὺς στρατιώτας ἀνεκαλεῖτο καὶ μετεπέμπετο
 τοὺς ὑπηκόους δυνάστας καὶ βασιλεῖς ὡς
 ἑαυτόν. ἐπιών τε τὴν χώραν οὐδὲν ἀκίνητον εἴα
 τῶν ὑπὸ τοῦ Λευκόλλου γεγονότων, ἀλλὰ καὶ
 κολάσεις ἀνῆκε πολλοῖς καὶ δωρεὰς ἀφείλετο καὶ
 πάντα ὅλως ἔπραττεν ἐπιδεῖξαι τὸν ἄνδρα φιλονεικῶν
 τοῖς θαυμάζουσιν οὐδενὸς ὄντα κύριον.
 ἐγκαλοῦντος δ´ ἐκείνου διὰ τῶν φίλων, ἔδοξε
 συνελθεῖν εἰς ταὐτό· καὶ συνῆλθον περὶ τὴν
 Γαλατίαν. οἷα δὲ μεγίστων στρατηγῶν καὶ
 μέγιστα κατωρθωκότων δάφναις ἀνεστεμμένας
 ἔχοντες ὁμοῦ καὶ τὰς ῥάβδους οἱ ὑπηρέται
 ἀπήντων· ἀλλὰ Λεύκολλος μὲν ἐκ τόπων χλοερῶν
 καὶ κατασκίων προσῄει, Πομπήϊος δὲ πολλὴν
 ἄδενδρον καὶ κατεψυγμένην ἔτυχε διεληλυθώς.
 ἰδόντες οὖν οἱ τοῦ Λευκόλλου ῥαβδοφόροι τοῦ
 Πομπηΐου τὰς δάφνας ἀθαλλεῖς καὶ μεμαραμμένας
 παντάπασιν, ἐκ τῶν ἰδίων προσφάτων
 οὐσῶν μεταδιδόντες ἐπεκόσμησαν καὶ κατέστεψαν
 τὰς ἐκείνου ῥάβδους. ὃ σημεῖον ἔδοξεν εἶναι
 τοῦ τὰ Λευκόλλου νικητήρια καὶ τὴν δόξαν οἰσόμενον
 ἔρχεσθαι Πομπήϊον. ἦν δὲ Λεύκολλος
 μὲν ἐν ὑπατείας τε τάξει καὶ καθ´ ἡλικίαν πρεσβύτερος,
 τὸ δὲ τοῦ Πομπηΐου μεῖζον ἀξίωμα τοῖς
 δυσὶ θριάμβοις. οὐ μὴν ἀλλὰ τὴν πρώτην ἔντευξιν
 ὡς ἐνῆν μάλιστα πολιτικῶς καὶ φιλοφρόνως
 ἐποιήσαντο, μεγαλύνοντες ἀλλήλων τὰ
 ἔργα καὶ συνηδόμενοι τοῖς κατορθώμασιν· ἐν δὲ
 τοῖς λόγοις πρὸς οὐδὲν ἐπιεικὲς οὐδὲ μέτριον
 συμβάντες, ἀλλὰ καὶ λοιδορήσαντες, ὁ μὲν εἰς
 φιλαργυρίαν τὸν Λεύκολλον, ὁ δὲ εἰς φιλαρχίαν
 ἐκεῖνον, ὑπὸ τῶν φίλων μόλις διελύθησαν.
 Καὶ Λεύκολλος μὲν ἐν Γαλατίᾳ διέγραψε χώρας
 τῆς αἰχμαλώτου καὶ δωρεὰς ἄλλας οἷς ἐβούλετο,
 Πομπήϊος δὲ μικρὸν ἀπωτέρω στρατοπεδεύσας
 ἐκώλυε προσέχειν αὐτῷ, καὶ τοὺς στρατιώτας
 ἅπαντας ἀφείλετο πλὴν χιλίων ἑξακοσίων, οὓς
 ἐνόμιζεν ὑπ´ αὐθαδείας ἀχρήστους μὲν ἑαυτῷ, τῷ
 Λευκόλλῳ δὲ δυσμενεῖς εἶναι. πρὸς δὲ τούτοις
 διασύρων τὰ ἔργα ἐμφανῶς ἔλεγε τραγῳδίαις
 καὶ σκιαγραφίαις πεπολεμηκέναι βασιλικαῖς τὸν
 Λεύκολλον, αὑτῷ δὲ πρὸς ἀληθινὴν καὶ σεσωφρονισμένην
 τὸν ἀγῶνα λείπεσθαι δύναμιν, εἰς θυρεοὺς
 καὶ ξίφη καὶ ἵππους Μιθριδάτου καταφεύγοντος.
 ἀμυνόμενος δὲ ὁ Λεύκολλος εἰδώλῳ
 καὶ σκιᾷ πολέμου τὸν Πομπήϊον ἔφη μαχούμενον
 βαδίζειν, εἰθισμένον ἀλλοτρίοις νεκροῖς, ὥσπερ
 ὄρνιν ἀργόν, ἐπικαταίρειν καὶ λείψανα πολέμων
 σπαράσσειν. οὕτω γὰρ αὑτὸν ἐπιγράψαι Σερτωρίῳ,
 Λεπίδῳ, τοῖς Σπαρτακείοις, τὰ μὲν Κράσσου,
 τὰ δὲ Μετέλλου, τὰ δὲ Κάτλου κατωρθωκότος.
 ὅθεν οὐ θαυμάζειν εἰ τῶν Ἀρμενιακῶν
 καὶ Ποντικῶν πολέμων ὑποβάλλεται τὴν δόξαν,
 ἄνθρωπος ἑαυτὸν εἰς δραπετικὸν θρίαμβον ἁμῶς
 γέ πως ἐμβαλεῖν μηχανησάμενος.
 | [31] XXXI. Et uero statim res ipsae hoc demonstrauerunt. 
 
Etenim ubique propositis edictis milites ad se uocauit, principes 
 
regesque subditos ad se exciuit, regionemque peragrans, 
 
nihil eorum quae Lucullus constituisset, immotum 
 
reliquit, quin et poenas ab eo irrogatas remisit et dona ademit, 
 
totusque in eo fuit, ut Lucullum eius admiratoribus 
 
ostenderet nullius rei potestatem habere. Eapropter 
 
illo per amicos expostulante, uisum fuit e re, uti conuenirent, 
 
congressique sunt in Galatia. Sicut autem decebat 
 
summos duces rebusque praeclarissime gestis splendidos, 
 
lictores ipsos etiam fasces laureatos praeferentes obuiam 
 
facti sunt. Sed Lucullus per loca uirentia et opaca, 
 
Pompeius autem per loca arborum nuda et gelida processerat. 
 
Ibi cum Luculli lictores Pompeii lauros emarcuisse 
 
plane uiderent, de suis lauris recentibus adhuc Pompeianos 
 
exornauerunt et redimiuerunt fasces; quo uidetur praemonstratum 
 
signo fuisse, Pompeium uenire Luculli uictoriae praemia 
 
et gloriam interceptum. Erat Lucullus consulari tum 
 
dignitate natuque maior, Pompeius ob duos actos triumphos 
 
maiori in existimatione. Verumtamen primus eorum congressus 
 
quam maxime ciuilis amicusque fuit, unius alterius 
 
res gestas praedicantium mutuoque congratulantium; in 
 
ipso autem colloquio ad aequale moderatumue perueniri 
 
nihil potuit, exprobrantesque Pompeius Lucullo opum, 
 
Lucullus Pompeio imperiorum cupiditatem ab amicis aegre 
 
dirempti sunt. Ex eo Lucullus in Galatia agrum captiuum 
 
et munera quibus uolebat assignauit, Pompeius paulum 
 
remotis castris, edixit ne quis ei obsequeretur milites
 
que ab eo omnes abstraxit, mille sexcentis exceptis, quos 
 
ob contumaciam et ipsi inutiles et Lucullo infensos fore cogitabat. 
 
Palam quoque facta Luculli exsibilans, cum 
 
tragoediis atque umbris regiis certasse ferebat, sibi certamen 
 
contra ueras et castigatas copias superesse, Mithridate iam 
 
ad scuta, gladios equosque confugiente. Lucullus 
 
autem conuicia reponens, ire Pompeium dicebat, uti cum 
 
larua et umbra hostium depugnaret, solitum alias ignauae 
 
uolucris instar in aliena cadauera deuolare, hostilesque reliquias 
 
laniare. Ita enim Sertorio, Lepido, Spartaco uicto
 
nomen suum inscripsisse rebus a Metello, Catulo, Crasso 
 
confectis. ltaque mirum non esse, si homo qui quacunque 
 
arte seruilis triumphi in partem se iungere conatus fuerit, 
 
nunc in gloriam Armeniaci Ponticique belli subeat.
 
 | [31] XXXI. Ses actions l'eurent bientôt démasqué; 
car il fit afficher partout ses ordonnances pour 
rappeler les gens de guerre, et mander auprès de 
lui les rois et les princes compris dans l'étendue 
de son gouvernement. Quand il fut arrivé en 
Asie, il ne laissa rien subsister de ce que Lucullus 
avait ordonné, remit aux uns les peines prononcées 
contre eux, priva les autres des récompenses 
qui leur avaient été décernées; enfin, il prit à 
tâche de montrer aux admirateurs de Lucullus, 
que ce général n'avait plus aucune autorité. Lucullus 
lui en fit porter ses plaintes par des amis 
communs, qui furent d'avis qu'ils eussent ensemble 
une conférence : elle eut lieu dans la Galatie : 
comme c'étaient deux grands généraux, 
qui s'étaient illustrés par les plus glorieux exploits, 
les faisceaux des licteurs qui marchaient devant 
eux étaient entourés de branches de laurier. Ces 
officiers furent les premiers qui se rencontrèrent. 
Lucullus venait d'un pays couvert de bois et de verdure; 
Pompée, au contraire, avait fait une longue 
marche à travers des lieux arides, où l'on ne 
trouvait pas un seul arbre. Les licteurs de Lucullus 
voyant que ceux de Pompée avaient leurs lauriers 
flétris et desséchés, leur firent part des leurs 
qui étaient fraîchement cueillis, et en couronnèrent 
leurs faisceaux : on en tira le présage que 
Pompée venait pour frustrer Lucullus du prix de 
ses victoires et lui en dérober toute la gloire. Lucullus 
avait sur Pompée l'avantage d'avoir été plus 
tôt consul que lui, et d'être plus âgé, Pompée, 
honoré de deux triomphes, avait plus de dignités. 
Leur entrevue fut d'abord très honnête; ils se 
donnèrent réciproquement les plus grandes marques 
d'amitié, exaltèrent les exploits l'un de l'autre, 
et se félicitèrent de leurs succès; mais dans la 
suite de leur conversation ils ne gardèrent plus 
ni retenue ni mesure, et en vinrent jusqu'aux injures; 
Pompée blâma l'avarice de Lucullus, Lucullus 
censura l'ambition de Pompée, et leurs 
amis eurent bien de la peine à les séparer. Lucullus 
distribua, comme il voulut, les terres de la 
Galatie qu'il avait conquises, et fit beaucoup d'autres 
présents; Pompée, s'étant campé auprès de 
lui, défendit de lui obéir, et lui enleva tous ses
soldats, à la réserve de seize cents, dont il voyait 
bien qu'il ne pourrait tirer lui-même aucun service, 
à cause de leur mutinerie, et qu'il savait 
d'ailleurs mal disposés pour Lucullus. Non content 
de ces mauvais procédés, il décriait hautement 
ses exploits : Lucullus, disait-il, n'avait fait la 
guerre que contre la pompe et le vain faste des 
deux rois , et lui avait laissé à combattre leur véritable 
puissance, puisque Mithridate instruit enfin 
par ses revers, avait eu recours aux boucliers, 
aux épées, et à la cavalerie qui faisait sa force. 
Lucullus, usant de représailles, disait qu'il ne restait 
plus à Pompée qu'un fantôme, une ombre de 
guerre ; que, comme un oiseau de proie lâche et 
timide, il avait coutume de se jeter sur les corps 
qu'il n'avait pas tués, et de déchirer, pour ainsi 
dire, des restes de guerre; il s'était de même attribué 
la défaite de Sertorius, celles de Lépidus 
et de Spartacus, quoiqu'elles fussent l'ouvrage de 
Crassus, de Métellus et de Catulus; il n'était donc 
pas étonnant qu'il voulût usurper la gloire d'avoir 
terminé les guerres d'Arménie et de Pont, lui qui 
était parvenu, par toutes sortes de voies, à s'ingérer 
dans le triomphe de Crassus pour les esclaves fugitifs.
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