[28] Οἱ δὲ πλεῖστοι καὶ δυνατώτατοι γενεὰς μὲν
αὑτῶν καὶ χρήματα καὶ τὸν ἄχρηστον
ὄχλον ἐν φρουρίοις καὶ πολίσμασι καρτεροῖς
περὶ τὸν Ταῦρον εἶχον ἀποκείμενα, τὰς δὲ ναῦς
πληρώσαντες αὐτοὶ περὶ τὸ Κορακήσιον τῆς
Κιλικίας ἐπιπλέοντα τὸν Πομπήϊον ἐδέξαντο·
καὶ μάχης γενομένης νικηθέντες ἐπολιορκοῦντο.
τέλος δὲ πέμψαντες ἱκετηρίας παρέδωκαν ἑαυτοὺς
καὶ πόλεις καὶ νήσους ὧν ἐπεκράτουν ἐντειχισάμενοι,
χαλεπὰς βιασθῆναι καὶ δυσπροσπελάστους.
κατελύθη μὲν οὖν ὁ πόλεμος καὶ τὰ
πανταχοῦ λῃστήρια τῆς θαλάσσης ἐξέπεσεν οὐκ
ἐν πλείονι χρόνῳ τριῶν μηνῶν, ναῦς δὲ πολλὰς
μὲν ἄλλας, ἐνενήκοντα δὲ χαλκεμβόλους παρέλαβεν.
αὐτοὺς δὲ δισμυρίων πλείονας γενομένους
ἀνελεῖν μὲν οὐδὲ ἐβουλεύσατο, μεθεῖναι δὲ καὶ
περιϊδεῖν σκεδασθέντας ἢ συστάντας αὖθις,
ἀπόρους καὶ πολεμικοὺς καὶ πολλοὺς ὄντας, οὐκ
ᾤετο καλῶς ἔχειν. ἐννοήσας οὖν ὅτι φύσει μὲν
ἄνθρωπος οὔτε γέγονεν οὔτ´ ἔστιν ἀνήμερον ζῷον
οὐδ´ ἄμικτον, ἀλλ´ ἐξίσταται τῇ κακίᾳ παρὰ
φύσιν χρώμενος, ἔθεσι δὲ καὶ τόπων καὶ βίων
μεταβολαῖς ἐξημεροῦται, καὶ θηρία δὲ διαίτης
κοινωνοῦντα πρᾳοτέρας ἐκδύεται τὸ ἄγριον καὶ
χαλεπόν, ἔγνω τοὺς ἄνδρας εἰς γῆν μεταφέρειν
ἐκ τῆς θαλάσσης καὶ βίου γεύειν ἐπιεικοῦς, συνεθισθέντας
ἐν πόλεσιν οἰκεῖν καὶ γεωργεῖν. ἐνίους
μὲν οὖν αἱ μικραὶ καὶ ὑπέρημοι τῶν Κιλίκων
πόλεις ἐδέξαντο καὶ κατέμιξαν ἑαυταῖς χώραν
προσλαβοῦσαι, τὴν δὲ Σολίων ἠρημωμένην ἔναγχος
ὑπὸ Τιγράνου τοῦ Ἀρμενίων βασιλέως
ἀναλαβὼν ἵδρυσε πολλοὺς ἐν αὐτῇ. τοῖς δὲ
πολλοῖς οἰκητήριον ἔδωκε Δύμην τὴν Ἀχαΐδα,
χηρεύουσαν ἀνδρῶν τότε, γῆν δὲ πολλὴν καὶ ἀγαθὴν ἔχουσαν.
| [28] XXVIII. Plerique autem et potentissimi, liberis suis,
pecuniaque et proelio inutili turba in castellis apud Taurum
oppidisque ualidis repositis, nauibus ipsi conscensis apud
Coracesium Ciliciae promontorium Pompeium aduentanten
substiterunt, uictique ab eo nauali pugna et obsessi, tandem
exorata per praecones salute, seipsos, urbesque et insulas,
quas occupatas ita munierant, uti oppugnari ac ui
capi non facile possent, in potestatem eius tradiderunt.
Hoc modo bellum confectum, praedonesque undique mari
profligati intra tertium mensem. Naues multas alias,
aereis rostris armatas nonaginta Pompeius cepit. Ipsos autem
piratas, quorum erat super uiginti millia numerus,
occidere ne cogitauit quidem, dimittendos porro, committendumque
ut homines egeni et bello uiuere soliti et numero
multi aut in uarias regiones dissiparentur, aut inter se rursus
coirent, nullo modo censuit. Enimuero cum animo
suo reputans, hominem natura suapte neque efferum, neque
quod domari non possit esse animal, sed uitiis contra
naturam utendo degenerare, disciplina porro, locorumque
et uictus mutatione feras etiam cicurari, feritatem saeuitiamque
suam cultui mansuetiori adhibitas exuere; has
secutus rationes, transferre eos a mari in terram statuit,
uitaeque placidae assuefacere, urbes eis habitandas agrumque
colendum mandando. Proinde multos eorum in exiguis
et prope desertis iam Ciliciae oppidis collocauit, agro
iis addito. Solos etiam urbem nuper a Tigrane Armeniae
rege uastatam instaurauit, multosque de piratis in ea posuit.
Multos Dyme recepit, urbs Achaica multum bonumque agrum
habens, et tum habitatoribus egens.
| [28] XXVIII. Le plus grand nombre (c'étaient aussi les plus
puissants) ayant mis en sûreté leurs familles, leurs richesses, et
la multitude inutile, dans des châteaux et des forteresses,
du mont Taurus, montèrent sur leurs vaisseaux devant la ville
de Coracésium en Cilicie, et attendirent Pompée, qui venait les
attaquer. Après un grand combat, dans lequel ils
furent battus, ils se renfermèrent dans la ville,
où Pompée les assiégea ; mais bientôt ayant demandé
à être reçus à composition, ils se rendirent,
livrèrent les villes et les îles qu'ils occupaient, et
qu'ils avaient si bien fortifiées, qu'elles étaient
non seulement difficiles à forcer, mais presque
inaccessibles. Leur soumission termina la guerre.
Pompée n'avait pas mis plus de trois mois à purger
les mers de tous ces pirates. Il prit un très grand nombre
de vaisseaux, entre autres quatre-vingt-dix galères armées
d'éperons d'airain, et fit vingt mille prisonniers. Il ne voulut pas
les faire mourir; mais il ne crut pas sûr de renvoyer
tant de gens pauvres et aguerris, ni de leur laisser
la liberté de s'écarter ou de se rassembler de
nouveau. Réfléchissant que l'homme n'est pas,
de sa nature, un animal farouche et indomptable ;
qu'il ne le devient qu'en se livrant au vice contre
son naturel; qu'il s'apprivoise en changeant d'habitation
et de genre de vie ; que les bêtes sauvages
elles-mêmes, quand on les accoutume à une vie
plus douce, dépouillent leur férocité, il résolut
d'éloigner ces pirates de la mer, de les transporter
dans les terres, et de leur inspirer le goût d'une
vie paisible, en les occupant à travailler dans les
villes ou à cultiver les champs. Il plaça les
uns dans les petites villes de la Cilicie les moins
peuplées, qui les reçurent avec plaisir, parce qu'il
leur donna des terres pour leur entretien. Il en
mit un grand nombre dans la ville de Soli,
que Tigrane avait depuis peu détruite et dépeuplée,
et qu'il fit rebâtir. Enfin, il envoya les autres à Dyme,
ville d'Achaïe, qui manquait d'habitants, et dont le territoire
était aussi étendu que fertile.
|