| [25] Ἐπενείματο δὲ ἡ δύναμις αὕτη πᾶσαν
 ὁμοῦ τι τὴν καθ´ ἡμᾶς θάλασσαν, ὥστε ἄπλουν
 καὶ ἄβατον ἐμπορίᾳ πάσῃ γενέσθαι. τοῦτο δὴ
 μάλιστα Ῥωμαίους ἐπέστρεψε, θλιβομένους τῇ
 ἀγορᾷ καὶ σπάνιν μεγάλην προσδοκῶντας, ἐκπέμψαι
 Πομπήϊον ἀφαιρησόμενον τῶν πειρατῶν
 τὴν θάλασσαν. ἔγραψε δὲ Γαβίνιος, εἷς τῶν
 Πομπηΐου συνήθων, νόμον οὐ ναυαρχίαν, ἄντικρυς
 δὲ μοναρχίαν αὐτῷ διδόντα καὶ δύναμιν ἐπὶ
 πάντας ἀνθρώπους ἀνυπεύθυνον. ἐδίδου γὰρ
 ἄρχειν ὁ νόμος αὐτῷ τῆς ἐντὸς Ἡρακλείων
 στηλῶν θαλάσσης, ἠπείρου δὲ πάσης ἐπὶ σταδίους
 τετρακοσίους ἀπὸ θαλάσσης. τοῦτο δὲ οὐ
 πάνυ πολλὰ χωρία τῆς ὑπὸ Ῥωμαίων οἰκουμένης
 τὸ μέτρον ἐξέφυγεν, ἀλλὰ τὰ μέγιστα τῶν ἐθνῶν
 καὶ τῶν βασιλέων οἱ δυνατώτατοι περιελαμβάνοντο.
 πρὸς δὲ τούτοις ἑλέσθαι πεντεκαίδεκα
 πρεσβευτὰς αὐτὸν ἐκ βουλῆς ἐπὶ τὰς κατὰ μέρος
 ἡγεμονίας, χρήματα δὲ λαμβάνειν ἐκ τῶν ταμιείων
 καὶ παρὰ τῶν τελωνῶν ὅσα βούλοιτο καὶ
 ναῦς διακοσίας, κύριον ὄντα πλήθους καὶ καταλόγου
 στρατιᾶς καὶ πληρωμάτων ἐρετικῶν.
 Ἀναγνωσθέντων δὲ τούτων ὁ μὲν δῆμος ὑπερφυῶς
 ἐδέξατο, τῆς δὲ συγκλήτου τοῖς μεγίστοις
 καὶ δυνατωτάτοις ἔδοξε μεῖζον μὲν φθόνου, φόβου
: δὲ ἄξιον εἶναι τὸ τῆς ἐξουσίας ἀπερίληπτον καὶ
 ἀόριστον. ὅθεν ἐνίσταντο τῷ νόμῳ, πλὴν Καίσαρος·
 οὗτος δὲ συνηγόρει τῷ νόμῳ, Πομπηΐου
 μὲν ἐλάχιστα φροντίζων, ὑποδυόμενος δὲ τὸν
 δῆμον ἐξ ἀρχῆς ἑαυτῷ καὶ κτώμενος. οἱ δὲ ἄλλοι
 τοῦ Πομπηΐου σφοδρῶς καθήπτοντο. καὶ τῶν
 μὲν ὑπάτων ἅτερος, εἰπὼν πρὸς αὐτὸν ὅτι Ῥωμύλον
 ζηλῶν οὐ φεύξεται ταὐτὸν ἐκείνῳ τέλος,
 ἐκινδύνευσεν ὑπὸ τοῦ πλήθους διαφθαρῆναι·
 Κάτλου δὲ κατὰ τοῦ νόμου προσελθόντος, πολλὴν
 μὲν αἰδούμενος ὁ δῆμος ἡσυχίαν παρεῖχεν, ἐπεὶ
 δὲ πολλὰ μετὰ τιμῆς ἀνεπιφθόνως ὑπὲρ τοῦ
 Πομπηΐου διελθὼν συνεβούλευε φείδεσθαι καὶ
 μὴ προβάλλειν τοιοῦτον ἄνδρα κινδύνοις ἐπαλλήλοις
 καὶ πολέμοις, "Ἢ τίνα," εἶπεν, "ἕξετε
 ἄλλον, ἂν ἀπολέσητε τοῦτον;" ἐκ μιᾶς γνώμης
 ὑπεφώνησαν ἅπαντες, "Σὲ αὐτόν." ὁ μὲν οὖν
 Κάτλος, ὡς οὐκ ἔπειθεν, ἀπέστη· Ῥωσκίου δὲ
 προσελθόντος οὐδεὶς ἤκουσεν· ὁ δὲ τοῖς δακτύλοις
 διεσήμαινε μὴ μόνον, ἀλλὰ δεύτερον αἱρεῖσθαι
 Πομπήϊον. ἐπὶ τούτῳ λέγεται δυσχεράναντα
 τὸν δῆμον τηλικοῦτον ἀνακραγεῖν ὥστε ὑπερπετόμενον
 κόρακα τῆς ἀγορᾶς τυφωθῆναι καὶ καταπεσεῖν
 εἰς τὸν ὄχλον. ὅθεν οὐ δοκεῖ ῥήξει τοῦ
 ἀέρος καὶ διασπασμῷ κενὸν πολὺ λαμβάνοντος
 ἐνολισθαίνειν τὰ πίπτοντα τῶν ὀρνέων, ἀλλὰ
 τυπτόμενα τῇ πληγῇ τῆς φωνῆς, ὅταν ἐν τῷ
 ἀέρι σάλον καὶ κῦμα ποιήσῃ πολλὴ καὶ ἰσχυρὰ φερομένη.
 | [25] XXV. Ceterum ea piratarum classis uniuersum prope 
 
Mediterraneum mare obtinebat, ita ut cursus maritimi 
 
omnisque mercatura essent praeclusi. Quapropter annonae 
 
caritate pressi maioresque in posterum metuentes difficultates 
 
Romani Pompeium ad liberandum a piratis mare emittendum 
 
cogitauerunt. Legem autem tulit Gabinius, unus ex 
 
Pompeii familiaribus, quae non classis praefecturam, sed 
 
apertum uni in omnes homines nullisque obnoxium legibus 
 
imperium dabat. Praeesse enim lex omni quod est infra Columnas 
 
Herculis mari iubebat, omnique terrae usque ad 
 
quadringenta stadia a mari dissitae. Hac sane mensura pauca 
 
Romanis subdita loca non includebantur, quin et maximas 
 
gentes ea et potentissimos reges comprehendebat. Praeterea
 
legatos eum ex senatu quindecim deligere, quibus singulas 
 
prouincias demandaret, ex aerario et a publicanis pecuniae 
 
quantum uellet accipere ac naues ducentas, ipsumque multitudinis 
 
et delectus sociorum naualium atque classiariorum 
 
potestatem habere. Promulgatam legem mirifico applausu 
 
populus excepit. At proceribus senatus et potentissimis 
 
infinita ea nullisque circumscripta legibus potestas inuidia 
 
quidem superior, formidabilis autem esse uidebatur, ideoque 
 
legem impugnabant. Solus Caesar ei patrocinabatur, minime 
 
quidem in Pompeii gratiam, sed quo iam inde ab initio 
 
populi fauorem conciliaret sibi propriumque faceret.  
 
Ceteri senatores grauiter Pompeium repehenderunt. Inter 
 
quos consulum alter quum ei dixisset, Romulum eum aemulantem, 
 
similem uitae exitum non effugiturum, paene est a 
 
populo necatus. Catulo aduersus legem dicere aggresso populus 
 
uerecundia uiri altum silentium tenuit; atque is, honorifice 
 
multa de Pompeio ac citra inuidiam locutus, populo 
 
consuluit ut parcerent ei, neque tantum uirum uni ex alio 
 
obiicerent discrimini atque bello : Quem enim, dicebat, 
 
alium habebitis, si hunc perdideritis? ad hoc una uoce populus, 
 
Te ipsum, exclamauit. Itaque Catulus quum non 
 
persuaderet, abiit; Roscio autem in concionem progresso 
 
aures nemo praebuit, quumque is digitis demonstraret, non 
 
solum, sed cum collega Pompeium rei praeficiendum, prae 
 
indignatione tantum clamorem populus sustulisse dicitur, 
 
ut coruus forum casu tum superuolans attonitus in turbam
 
deciderit. Propterea non ruptura aut diuulsione aeris multum 
 
uacui recipientis decidere aues uidentur, sed ictu uocis 
 
percussae, quum ea uehementior atque copiosior in aere 
 
aestum quendam et fluctum excitauit.
 
 | [25] XXV. Toute notre mer, infestée par ces pirates, 
était fermée à la navigation et au commerce. Ce 
motif, plus qu'aucun autre, détermina les Romains, 
qui, commençant à manquer de vivres, craignaient 
déjà la famine, à envoyer Pompée contre ces brigands, 
pour leur ôter l'empire de la mer. Gabinius, 
un de ses amis, en proposa le décret, qui 
non seulement conférait à Pompée le commandement 
de toutes les forces maritimes, mais qui lui 
donnait encore une autorité monarchique, et une 
puissance absolue sur toutes les personnes, sans 
avoir à en rendre compte; il lui attribuait aussi 
l'empire sur toute la mer, jusqu'aux colonnes 
d'Hercule, et sur toutes les côtes à la distance de 
quatre cents stades. Cet espace renfermait la plus 
grande partie des terres de la domination romaine, 
les nations les plus considérables et les rois les plus 
puissants. Il était autorisé enfin à choisir dans 
le sénat quinze lieutenants, qui rempliraient sous 
lui les fonctions qu'il voudrait leur assigner; à 
prendre chez les questeurs et les receveurs des deniers 
publics tout l'argent qu'il voudrait; à équiper une flotte 
de deux cents voiles, à lever tous les gens de guerre, 
tous les rameurs et tous les matelots dont il aurait besoin.
Ce décret, lu publiquement, fut ratifié 
par le peuple avec l'empressement le plus vif. Mais 
les premiers et les plus puissants d'entre les sénateurs 
jugèrent que cette puissance absolue et illimitée, 
si elle pouvait être au-dessus de l'envie, 
était faite au moins pour inspirer de la crainte; ils 
s'opposèrent donc au décret, à l'exception de César 
qui l'approuva, moins pour favoriser Pompée 
que pour s'insinuer de bonne heure dans les bonnes 
grâces du peuple, et se ménager à lui-même sa 
faveur. Tous les autres s'élevèrent avec force contre 
Pompée; et l'un des consuls lui ayant dit qu'en 
voulant suivre les traces de Romulus, il aurait la 
même fin que lui, il fut sur le point d'être mis en 
pièces par le peuple. Catulus s'étant levé pour parler 
contre cette loi, le peuple, qui le respectait, 
l'écouta dans le plus grand silence. Il fit d'abord 
un grand éloge de Pompée, sans laisser voir aucun 
sentiment d'envie; il conseilla au peuple de le ménager, 
de ne pas exposer sans cesse aux périls de 
tant de guerres, un si grand personnage. «Car 
enfin, leur dit-il, si vous venez à le perdre, quel autre général 
aurez-vous pour le remplacer? — Vous-même,» s'écria-t-on 
tout d'une voix. Catulus, voyant qu'il ne pouvait rien gagner 
sur le peuple, se retira. Roscius se présenta ensuite; 
et personne n'ayant voulu l'écouter, il fit 
signe des doigts qu'il ne fallait pas nommer Pompée 
seul, mais lui donner un second. Le peuple, impatienté 
par ces difficultés, jeta de si grands cris qu'un corbeau 
qui volait dans ce moment au-dessus de l'assemblée en fut 
étourdi, et tomba au milieu de la foule : ce qui prouve que ce n'est 
pas la rupture et la séparation de l'air agité qui fait quelquefois 
tomber des oiseaux à terre; cela vient de ce qu'ils sont frappés 
par ces clameurs qui, poussées avec force, excitent dans l'air une 
secousse violente et un tourbillon rapide. 
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