| [24] Ἡ γὰρ πειρατικὴ δύναμις ὡρμήθη μὲν
 ἐκ Κιλικίας τὸ πρῶτον, ἀρχὴν παράβολον λαβοῦσα
 καὶ λανθάνουσαν, φρόνημα δὲ καὶ τόλμαν
 ἔσχεν ἐν τῷ Μιθριδατικῷ πολέμῳ, χρήσασα ταῖς
 βασιλικαῖς ὑπηρεσίαις ἑαυτήν. εἶτα Ῥωμαίων
 ἐν τοῖς ἐμφυλίοις πολέμοις περὶ θύρας τῆς Ῥώμης
 συμπεσόντων, ἔρημος οὖσα φρουρᾶς ἡ θάλασσα
 κατὰ μικρὸν αὐτοὺς ἐφείλκετο καὶ προῆγεν,
 οὐκέτι τοῖς πλέουσι μόνον ἐπιτιθεμένους, ἀλλὰ
 καὶ νήσους καὶ πόλεις παραλίους ἐκκόπτοντας.
 ἤδη δὲ καὶ χρήμασι δυνατοὶ καὶ γένεσι λαμπροὶ
 καὶ τὸ φρονεῖν ἀξιούμενοι διαφέρειν ἄνδρες
 ἐνέβαινον εἰς τὰ λῃστρικὰ καὶ μετεῖχον, ὡς καὶ
 δόξαν τινὰ καὶ φιλοτιμίαν τοῦ ἔργου φέροντος.
 ἦν δὲ καὶ ναύσταθμα πολλαχόθι πειρατικὰ καὶ
 φρυκτώρια τετειχισμένα, καὶ στόλοι προσέπιπτον
 οὐ πληρωμάτων μόνον εὐανδρίαις οὐδὲ τέχναις
 κυβερνητῶν οὐδὲ τάχεσι νεῶν καὶ κουφότησιν
 ἐξησκημένοι πρὸς τὸ οἰκεῖον ἔργον, ἀλλὰ τοῦ
 φοβεροῦ μᾶλλον αὐτῶν τὸ ἐπίφθονον ἐλύπει καὶ
 ὑπερήφανον, στυλίσι χρυσαῖς καὶ παραπετάσμασιν
 ἁλουργοῖς καὶ πλάταις ἐπαργύροις, ὥσπερ
 ἐντρυφώντων τῷ κακουργεῖν καὶ καλλωπιζομένων.
 αὐλοὶ δὲ καὶ ψαλμοὶ καὶ μέθαι παρὰ πᾶσαν
 ἀκτὴν καὶ σωμάτων ἡγεμονικῶν ἁρπαγαὶ καὶ
 πόλεων αἰχμαλώτων ἀπολυτρώσεις ὄνειδος ἦσαν
 τῆς Ῥωμαίων ἡγεμονίας. ἐγένοντο δ´ οὖν αἱ μὲν
 λῃστρίδες νῆες ὑπὲρ χιλίας, αἱ δὲ ἁλοῦσαι πόλεις
 ὑπ´ αὐτῶν τετρακόσιαι. τῶν δὲ ἀσύλων καὶ
 ἀβάτων πρότερον ἱερῶν ἐξέκοψαν ἐπιόντες τὸ
 Κλάριον, τὸ Διδυμαῖον, τὸ Σαμοθρᾴκιον, τὸν ἐν
 Ἑρμιόνῃ τῆς Χθονίας νεὼν καὶ τὸν ἐν Ἐπιδαύρῳ
 τοῦ Ἀσκληπιοῦ καὶ τὸν Ἰσθμοῖ καὶ Ταινάρῳ καὶ
 Καλαυρίᾳ τοῦ Ποσειδῶνος, τοῦ δὲ Ἀπόλλωνος
 τὸν ἐν Ἀκτίῳ καὶ Λευκάδι, τῆς δὲ Ἥρας τὸν ἐν
 Σάμῳ, τὸν ἐν Ἄργει, τὸν ἐπὶ Λακινίῳ. ξένας δὲ
 θυσίας ἔθυον αὐτοὶ τὰς ἐν Ὀλύμπῳ, καὶ τελετάς
 τινας ἀπορρήτους ἐτέλουν, ὧν ἡ τοῦ Μίθρου καὶ
 μέχρι δεῦρο διασώζεται καταδειχθεῖσα πρῶτον ὑπ´ ἐκείνων.
 Πλεῖστα δὲ Ῥωμαίοις ἐνυβρίσαντες, ἔτι καὶ
 τὰς ὁδοὺς αὐτῶν ἀναβαίνοντες ἀπὸ θαλάσσης
 ἐληΐζοντο καὶ τὰς ἐγγὺς ἐπαύλεις ἐξέκοπτον.
 ἥρπασαν δέ ποτε καὶ στρατηγοὺς δύο Σεξτίλιον
 καὶ Βελλῖνον ἐν ταῖς περιπορφύροις, καὶ τοὺς
 ὑπηρέτας ἅμα καὶ ῥαβδοφόρους ᾤχοντο σὺν
 αὐτοῖς ἐκείνοις ἔχοντες. ἥλω δὲ καὶ θυγάτηρ
 Ἀντωνίου, θριαμβικοῦ ἀνδρός, εἰς ἀγρὸν
 βαδίζουσα, καὶ πολλῶν χρημάτων ἀπελυτρώθη.
 ἐκεῖνο δὲ ἦν ὑβριστικώτατον. ὁπότε γάρ τις
 ἑαλωκὼς ἀναβοήσειε Ῥωμαῖος εἶναι καὶ τοὔνομα
 φράσειεν, ἐκπεπλῆχθαι προσποιούμενοι καὶ δεδιέναι
 τούς τε μηροὺς ἐπαίοντο καὶ προσέπιπτον
 αὐτῷ, συγγνώμην ἔχειν ἀντιβολοῦντες· ὁ δὲ
 ἐπείθετο ταπεινοὺς ὁρῶν καὶ δεομένους. ἐκ τούτου
 δὲ οἱ μὲν ὑπέδουν τοῖς καλκίοις αὐτόν, οἱ δὲ
 τήβεννον περιέβαλλον, ὡς δὴ μὴ πάλιν ἀγνοηθείη.
 πολὺν δὲ χρόνον οὕτω κατειρωνευσάμενοι καὶ
 ἀπολαύσαντες τοῦ ἀνθρώπου, τέλος ἐν μέσῳ πελάγει
 κλίμακα προσβαλόντες ἐκέλευον ἐκβαίνειν
 καὶ ἀπιέναι χαίροντα, τὸν δὲ μὴ βουλόμενον
 ὠθοῦντες αὐτοὶ κατέδυον.
 | [24] XXIV. Praedonum maritimorum manus primum a principio 
 
temerario et occulto exorta ex Cilicia eruperat, post 
 
Mithridati in bello contra Romanos optimam praestando 
 
operam, animos et confidentiam ceperant. Inde Romanis 
 
ciuilibus in bellis ad ipsas Urbis portas inter se decertantibus, 
 
mare praesidio omni nudatum occasionem iis uires suas 
 
ita augendi, potentiaeque proferendae praebuit, ut non iam 
 
nauigantes solum infestarent, sed insulas porro et urbes 
 
maritimas exscinderent. Iam et opibus potentes et genere 
 
nobiles et prudentia praestantes socios se piratarum 
 
latrociniis, tanquam rei gloriosae atque honestae, adiunxerant. 
 
Itaque passim naualia erant piratarum, et speculae 
 
muris munitae classesque occurrebant, non classiariorum 
 
tantum fortitudine, peritiaue gubernatorum, aut uelocitate 
 
et agilitate nauium ad institutum suam praeclare instructae, 
 
sed et inuidiosa in eo apparatu superbia plus quam terror 
 
ipso molestiae afferebat, quippe aureis malis, purpureis uelis, 
 
remisque inargentatis utebantar, quasi luxuriantes et 
 
ostentantes sese maleficiis. Tum omnibus in littoribus fistulae, 
 
cantilenae, crapulae, principum personarum rapinae et captiuarum 
 
urbium redemptiones, Romani erant imperii opprobrium. 
 
Naues eorum plures quam mille fuerunt, captae 
 
urbes quadringentae. Delubra etiam ad id usque 
 
tempus sacrosancta et intacta exciderunt, Clarium, Didymaeum, 
 
Samothracium, Proserpinae quod est Hermione, 
 
et Aesculapii apud Epidaurum, Isthmicum, Taenarium, Neptuni 
 
in Calauria, Apollinis unum Actii, alterum Leucade, 
 
Iunonis in Samos, Argis et Lacinio; in Olympo etiam peregrina 
 
quaedam sacra, ritusque arcanos peregerunt, ex quibus 
 
adhuc Mithrae sacrum permanet, prius ab eis demonstratum. 
 
Romanis uero plurimum per libidinem insultauerunt, 
 
ac praeterea digressi a mari, praedationibus eorum itinera 
 
infestauerunt, marique propinquas uillas exciderunt. Duos 
 
quoque aliquando praetores rapuerunt Sextilium et Bellinum, 
 
et praetextatos eos una cum ministris et lictoribus 
 
abduxerunt. Ceperunt et Antonii triumphalis uiri filiam rus
 
euntem, eaque magna redempta est pecunia. Summae
 
autem fuit, quod referam, petulantiae : si quis ab ipsis captus 
 
Romanum se esse uociferaretur, nomenque ederet, 
 
perterritos se sibique metuere simulantes, femora percutiebant 
 
sua, supplicesque ei facti ueniam flagitabant; et qui 
 
ita humiliter deprecari eos uideret, serio agere putabat. Interim 
 
alii calceos ei subligabant, alii toga amiciebant, uti 
 
ne in posterum iterum Romanus esse ignoraretur. Ubi 
 
ludibrio hominis tandem saturati erant, medium in mare 
 
scalam protendentes abire iam tum ac ualere iusserunt, et 
 
si quis descendere nollet, ui impulsum merserunt.
 
 | [24] XXIV. La puissance des pirates, qui prit naissance 
en Cilicie, eut une origine d'autant plus dangereuse, 
qu'elle fut d'abord à peine connue. 
Les services qu'ils rendirent à Mithridate pendant 
sa guerre contre les Romains augmentèrent leurs 
forces et leur audace. Dans la suite, les Romains, 
qui, occupés par leurs guerres civiles, se livraient 
mutuellement des combats jusqu'aux portes de 
Rome, laissèrent la mer sans armée et sans défense. 
Attirés insensiblement par cet abandon, les pirates 
firent de tels progrès, que, non contents d'attaquer 
les vaisseaux, ils ravageaient les îles et les villes 
maritimes. Déjà même les hommes les plus riches, 
les plus distingués par leur naissance et par leur 
capacité, montaient sur des vaisseaux corsaires, 
et se joignaient à eux; il semblait que la piraterie 
fût devenue un métier honorable, et qui dût flatter 
l'ambition. Ils avaient, en plusieurs endroits, des
arsenaux, des ports, et des tours d'observation très
bien fortifiées; leurs flottes remplies de bons rameurs 
et de pilotes habiles, fournies de vaisseaux 
légers que leur vitesse rendait propres à toutes les 
manoeuvres, affligeaient encore plus par leur magnificence 
qu'elles n'effrayaient par leur appareil : 
leurs poupes étaient dorées; ils avaient des tapis 
de pourpre et des rames argentées; on eût dit qu'ils 
faisaient trophée de leur brigandage : on entendait 
partout sur les côtes les sons des instruments de 
musique; partout on voyait des hommes plongés 
dans l'ivresse; partout, à la honte de la puissance 
romaine, des officiers du premier ordre étaient 
jetés dans les fers, et des villes captives se rachetaient 
à prix d'argent : on comptait plus de mille 
de ces vaisseaux corsaires qui infestaient les mers, 
et qui déjà s'étaient emparés de plus de quatre 
cents villes. Les temples, jusqu'alors inviolables, 
étaient profanés et pillés; tels que ceux de Claros, 
de Didyme, de Samothrace, de Cérès à 
Hermione, et d'Esculape à Épidaure. Ceux de Neptune 
dans l'isthme, à Ténare et à Calaurie; d'Apollon 
à Actium et à Leucade; enfin, ceux de Junon 
à Samos, à Argos et à Lacinie. Ils faisaient aussi 
des sacrifices barbares qui étaient en usage à 
Olympe, et ils célébraient des mystères secrets, 
entre autres ceux de Mithrès, qui se sont conservés 
jusqu'à nos jours, et qu'ils avaient, les premiers, fait connaître.
Non contents d'insulter ainsi les Romains, 
ils osèrent encore descendre à terre, infester les 
chemins par leurs brigandages, et ruiner même 
les maisons de plaisance qui avoisinaient la mer. 
Ils enlevèrent deux préteurs, Sextilius et Bellinus, 
vêtus de leurs robes de pourpre, et les emmenèrent 
avec leurs domestiques et les licteurs qui portaient 
les faisceaux devant eux. La fille d'Antonius, 
magistrat honoré du triomphe, fut aussi enlevée 
en allant à sa maison de campagne, et obligée, pour 
obtenir sa liberté, de payer une grosse rançon. 
Leur insolence, enfin, était venue à un tel point, 
que lorsqu'un prisonnier s'écriait qu'il était Romain 
et qu'il disait son nom, ils feignaient d'être étonnés 
et saisis de crainte; ils se frappaient la cuisse, se 
jetaient à ses genoux, et le priaient de leur pardonner. 
Leur humiliation, leur état de suppliants faisaient 
d'abord croire au prisonnier qu'ils agissaient 
de bonne foi; car les uns lui mettaient des souliers, 
les autres une toge, afin, disaient-ils, qu'il ne fût 
plus méconnu. Après s'être ainsi longtemps joués 
de lui et avoir joui de son erreur, ils finissaient 
par descendre une échelle au milieu de la mer, lui 
ordonnaient de descendre et de s'en retourner 
paisiblement chez lui; s'il refusait de le faire, ils 
le précipitaient eux-mêmes dans les flots et le noyaient.
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