| [23] Ἤδη δὲ τῆς ἀρχῆς περαινομένης τῷ
 Πομπηΐῳ, τῆς δὲ πρὸς Κράσσον αὐξομένης διαφορᾶς,
 Γάϊός τις Αὐρήλιος, ἀξίωμα μὲν ἱππικὸν
 ἔχων, βίῳ δὲ ἀπράγμονι κεχρημένος, ἐκκλησίας
 οὔσης ἀναβὰς ἐπὶ τὸ βῆμα καὶ προσελθὼν ἔφη
 κατὰ τοὺς ὕπνους αὐτῷ τὸν Δία φανῆναι, κελεύοντα
 τοῖς ὑπάτοις φράσαι μὴ πρότερον ἀποθέσθαι
 τὴν ἀρχὴν ἢ φίλους ἀλλήλοις γενέσθαι. ῥηθέντων
 δὲ τούτων ὁ μὲν Πομπήϊος ἡσυχίαν ἦγεν
 ἑστώς, ὁ δὲ Κράσσος ἀρξάμενος δεξιοῦσθαι καὶ
 προσαγορεύειν αὐτόν, "Οὐδέν," εἶπεν, "οἶμαι
 ποιεῖν ἀγεννὲς οὐδὲ ταπεινόν, ὦ πολῖται, Πομπηΐῳ
 πρότερος ἐνδιδούς, ὃν ὑμεῖς μήπω μὲν
 γενειῶντα Μέγαν ἠξιώσατε καλεῖν, μήπω δὲ
 μετέχοντι βουλῆς ἐψηφίσασθε δύο θριάμβους."
 ἐκ τούτου διαλλαγέντες ἀπέθεντο τὴν ἀρχήν.
 Καὶ Κράσσος μὲν ὅνπερ ἐξ ἀρχῆς εἵλετο
 τρόπον τοῦ βίου διεφύλαττε, Πομπήϊος δὲ τάς
 τε πολλὰς ἀνεδύετο συνηγορίας καὶ τὴν ἀγορὰν
 κατὰ μικρὸν ἀπέλειπε καὶ προῄει σπανίως εἰς τὸ
 δημόσιον, ἀεὶ δὲ μετὰ πλήθους. οὐ γὰρ ἦν ἔτι
 ῥᾴδιον ὄχλου χωρὶς ἐντυχεῖν οὐδ´ ἰδεῖν αὐτόν,
 ἀλλ´ ἥδιστος ὁμοῦ πολλοῖς καὶ ἀθρόοις ἐφαίνετο,
 σεμνότητα περιβαλλόμενος ἐκ τούτου τῇ ὄψει
 καὶ ὄγκον, ταῖς δὲ τῶν πολλῶν ἐντεύξεσι καὶ
 συνηθείαις ἄθικτον οἰόμενος δεῖν τὸ ἀξίωμα διατηρεῖν.
 ὁ γὰρ ἐν ἱματίῳ βίος ἐπισφαλής ἐστι
 πρὸς ἀδοξίαν τοῖς ἐκ τῶν ὅπλων μεγάλοις καὶ
 πρὸς ἰσότητα δημοτικὴν ἀσυμμέτροις· αὐτοὶ μὲν
 γὰρ καὶ ἐνταῦθα πρωτεύειν, ὡς ἐκεῖ, δικαιοῦσι,
 τοῖς δὲ ἐκεῖ φερομένοις ἔλαττον ἐνταῦθα γοῦν
 μὴ πλέον ἔχειν οὐκ ἀνεκτόν ἐστι. διὸ τὸν ἐν
 στρατοπέδοις καὶ θριάμβοις λαμπρόν, ὅταν ἐν
 ἀγορᾷ λάβωσιν, ὑπὸ χεῖρα ποιοῦνται καὶ καταβάλλουσι,
 τῷ δὲ ἀπολεγομένῳ καὶ ὑποχωροῦντι
 τὴν ἐκεῖ τιμὴν καὶ δύναμιν ἀνεπίφθονον φυλάττουσιν.
 ἐδήλωσε δὲ αὐτὰ τὰ πράγματα μετ´ ὀλίγον χρόνον.
 | [23] XXIII. Quum consulatus iam ad finem uergeret atque inimicitiae 
 
Pompeii cum Crasso magis magisque crescerent, 
 
C- Aurelius, equestris ordinis homo et qui hactenus in otio 
 
uixisset, concione frequenti in rostra progressus, Iouem 
 
sibi in somnis uisum dixit, monuisseque ut consulibus mandaret 
 
ne, priusquam in gratiam rediissent, magistratu sese 
 
abdicarent. Haec ubi dixit, Pompeius uti astiterat, ita 
 
immotus perstitit, Crassus autem dextram ei protendens, 
 
priorque compellans, Nihil, inquit, o ciues, indignum aut 
 
humile facere me arbitror, si prior Pompeio concedam, quem 
 
uos imberbem etiamnum Magni cognomento affecistis, nondum 
 
in senatum recepto duos triumphos dare dignati estis. 
 
Reconciliata inde gratia, ita consulatu abierunt. Et 
 
Crassus quidem in eo uitae instituto, quod ab initio susceperat, 
 
perseuerauit; at Pompeius pleraque porro patrocinia 
 
subterfugere, paulatim se a foro subtrahere, raro in publicum 
 
procedere, neque unquam sine magna caterua. Non 
 
enim nisi multis stipatum erat uel accedere uel uidere, sed 
 
gaudebat cum multis magnoque comitatu in publicum prodire, 
 
quo conspectui suo splendoris aliquid atque grauitatis 
 
accederet, intactam suam uulgi compellationibus et consuetudini 
 
maiestatem seruandam sibi ratus. Etenim qui 
 
sunt re bellica magni facti neque assueti in ciuilem aequabilitatem, 
 
iis in toga uiuentibus procliuis est ad ignominiam 
 
lapsus. Ipsi enim ut militiae, ita domi etiam primas sibi uindicant. 
 
At uero qui in bello posteriori loco sunt, nullo 
 
modo ferre possunt si ne in toga quidem plus aliis possint. 
 
Ideo si quem rebus gestis et triumphis splendidum uirum in 
 
foro deprehendunt, opprimunt eum suamque in potestatem 
 
redigunt; rebus autem urbanis sese abstinenti atque cedenti, 
 
gloria et potentia bellica inuidiae secura permanet. Atque 
 
hoc ipsum paulo post re ipsa ita habere compertum est.
 
 | [23] XXIII. Le consulat de Pompée touchait à sa fin, 
et ses dissensions avec Crassus n'avaient fait qu'augmenter; 
un certain Caïus Aurélius, de l'ordre des 
chevaliers, qui ne prenait aucune part aux affaires 
publiques, montant à la tribune un jour d'assemblée, 
dit publiquement que Jupiter lui avait apparu 
dans son sommeil, et lui avait ordonné de 
dire aux consuls de ne point sortir de charge 
avant que de s'être réconciliés. Pompée, après cette 
déclaration, resta toujours debout, sans proférer 
une seule parole; mais Crassus lui prenant la main,
et le saluant le premier, dit à haute voix : "Romains, 
je ne crois pas descendre au-dessous de ma dignité 
en faisant les avances à Pompée, à cet homme 
que vous avez vous-mêmes honoré du titre de Grand 
dans sa première jeunesse, et à qui vous avez décerné 
le triomphe avant qu'il eût entrée au sénat.» 
Après cette réconciliation publique, ils se démirent du consulat. 
Crassus continua le genre de vie qu'il avait menée jusqu'alors, 
et Pompée évita de plaider, autant qu'il lui fut possible; 
il se retira peu à peu de la place, parut rarement 
en public, et toujours accompagné d'une suite 
nombreuse; il n'était plus facile de le voir et de lui 
parler qu'au milieu de la foule; il aimait à se montrer 
entouré d'un grand nombre de personnes qui 
lui faisaient la cour, persuadé que ce cortége lui 
donnait un air de grandeur et de majesté qui attirait 
le respect, et qu'il fallait, pour conserver sa 
dignité, ne jamais se familiariser avec des gens 
d'une condition obscure. Ceux, en effet, qui doivent 
leur grandeur à leurs succès dans les armes, 
et qui ne savent pas se plier à l'égalité populaire, 
courent risque d'être méprisés, quand reprenant la toge 
ils veulent être les premiers dans la ville, comme ils l'ont été 
dans les camps : d'un autre côté, ceux qui n'ont joué à l'armée 
qu'un rôle inférieur, ne peuvent supporter de ne 
pas avoir au moins dans la ville le premier rang; 
aussi, quand ils tiennent dans les assemblées un 
homme qui s'est illustré par ses victoires, ils le 
rabaissent autant qu'ils peuvent, et le mettent presque 
sous leurs pieds; mais s'il leur cède dans la 
ville l'honneur et l'autorité, alors ils ne lui envient 
pas sa gloire militaire; c'est ce que donnèrent clairement à 
connaître les événements qui eurent lieu peu de temps après.
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