[17] Λεπίδῳ δὲ οὐδὲν ὅμοιος στρατηγὸς
Ἰβηρίαν κατέχων Σερτώριος ἐπῃωρεῖτο Ῥωμαίοις
φοβερός, ὥσπερ ἐπ´ ἔσχατον νόσημα τῶν ἐμφυλίων
πολέμων εἰς τοῦτον τὸν ἄνδρα συνερρυηκότων,
πολλοὺς μὲν ἤδη τῶν ἐλαττόνων στρατηγῶν
ἀνῃρηκότα, Μετέλλῳ δὲ Πίῳ τότε συμπεπλεγμένον,
ἀνδρὶ λαμπρῷ μὲν καὶ πολεμικῷ,
δοκοῦντι δὲ ἀργότερον ὑπὸ γήρως ἕπεσθαι τοῖς
καιροῖς τοῦ πολέμου, καὶ ἀπολείπεσθαι τῶν
πραγμάτων ἁρπαζομένων ὀξύτητι καὶ τάχει, τοῦ
Σερτωρίου παραβόλως καὶ λῃστρικώτερον αὐτῷ
προσφερομένου, καὶ ταράττοντος ἐνέδραις καὶ
περιδρομαῖς ἄνδρα νομίμων ἀθλητὴν ἀγώνων καὶ
δυνάμεως στασίμου καὶ βαρείας ἡγεμόνα. πρὸς
ταῦτα Πομπήϊος ἔχων τὴν στρατιὰν ὑφ´ ἑαυτῷ
διεπράττετο Μετέλλῳ πεμφθῆναι βοηθός· καὶ
Κάτλου κελεύοντος οὐ διέλυεν, ἀλλ´ ἐν τοῖς
ὅπλοις ἦν περὶ τὴν πόλιν, ἀεί τινας ποιούμενος
προφάσεις, ἕως ἔδωκαν αὐτῷ τὴν ἀρχὴν Λευκίου
Φιλίππου γνώμην εἰπόντος. ὅτε καί φασιν ἐν
συγκλήτῳ πυθομένου τινὸς καὶ θαυμάζοντος εἰ
Πομπήϊον ἀνθύπατον οἴεται δεῖν ἐκπεμφθῆναι
Φίλιππος· "Οὐκ ἔγωγε," φάναι τὸν Φίλιππον,
"ἀλλ´ ἀνθ´ ὑπάτων," ὡς ἀμφοτέρους τοὺς τότε
ὑπατεύοντας οὐδενὸς ἀξίους ὄντας.
| [17] XVII. Hispaniam autem Sertorius obtinebat, nequaquam
similis Lepido dux, sed magnum Romanis terrorem offerebat,
ad eumque tanquam postremam reipublicae perniciem
omnes bellorum ciuilium reliquiae confluxerant. Et iam
multis minoribus ducibus interfectis, cum Metello Pio decertabat,
nobili et bellicoso uiro, sed qui ob senectutem
segnius iam occasiones belli sectari multaque praetermittere
uidebatur, quae celeritate sua plerumque Sertorius praeripiebat,
improuiso et latronis in morem eum adoriens, uariisque
insidiis et circumcursionibus infestans uirum iustorum
certaminum peritum, exercitusque grauis et acie dimicare
consueti ducem. Ideo Pompeius exercitum sub
se habens, id egit, ut Metello adiutor mitteretur, iussuque
Catuli milites non exauctorauit, sed alias ex aliis obtendens
causas, circa Urbem armatus uersabatur, donec L- Philippi
suasu imperium ei contra Sertorium est decretum. Quo
tempore, uti aeunt, quum quidam in senatu quaereret, ecquid
Pompeium pro consule ad bellum mittendum putaret Philippus,
Nequaquam, inquit, sed pro consulibus; utrumque
consulem nullius esse pretii existimans.
| [17] XVII. Cependant Sertorius, général si différent
en tout de Lépidus, s'était rendu maître d'une
partie de l'Espagne, et se faisait redouter des Romains,
qui se voyaient menacés des plus grands
revers. Tous les restes des guerres civiles, tels
qu'une dernière maladie du corps politique, s'étaient
rassemblés autour de lui. Il avait déjà défait
plusieurs généraux sans expérience; et alors il
faisait la guerre contre Métellus Pius, capitaine
distingué et d'une grande réputation, mais qui,
appesanti par l'âgé, laissait échapper les occasions
favorables que la guerre lui présentait, et que
Sertorius lui ravissait toujours par sa promptitude
et son activité. Celui-ci paraissait tout à coup devant
Métellus avec une extrême audace, et, faisant
la guerre à la manière des brigands, il troublait
sans cesse par ses embûches, par ses courses imprévues,
un général accoutumé, comme un athlète,
à des combats réguliers, et qui ne savait conduire
que des troupes pesamment armées, faites pour
combattre de pied ferme. Pompée, qui avait encore
toutes ses troupes, intriguait à Rome pour être
envoyé au secours de Métellus; et, sans égard à
l'ordre que lui avait donné Catulus de licencier ses
troupes, il se tenait, sous divers prétextes, toujours
en armes autour de la ville, jusqu'à ce qu'enfin,
sur la proposition de Philippe, on lui donna le
commandement qu'il désirait. Quelqu'un des sénateurs
ayant demandé à Philippe, avec étonnement,
s'il croyait qu'il fallût envoyer Pompée en
Espagne pour le consul : «Non seulement pour
le consul, repartit Philippe, mais pour les consuls :»
voulant faire entendre par là que les deux
consuls n'étaient propres à rien.
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