| [16] Ἐπεὶ δὲ ταχὺ τοῦ Σύλλα τελευτήσαντος
 εἰς φῶς παρῄει τὰ μαντεύματα, καὶ Λέπιδος
 εἰσποιῶν ἑαυτὸν εἰς τὴν ἐκείνου δύναμιν οὐ κύκλῳ
 περιϊὼν οὐδὲ μετὰ σχήματος, ἀλλὰ εὐθὺς ἐν τοῖς
 ὅπλοις ἦν, τὰ πάλαι νοσοῦντα καὶ διαφυγόντα
 τὸν Σύλλαν ὑπολείμματα τῶν στάσεων αὖθις
 ἀνακινῶν καὶ περιβαλλόμενος, ὁ δὲ συνάρχων
 αὐτοῦ Κάτλος, ᾧ τὸ καθαρὸν καὶ ὑγιαῖνον μάλιστα
 τῆς βουλῆς καὶ τοῦ δήμου προσεῖχεν, ἦν
: μὲν ἐν ἀξιώματι σωφροσύνης καὶ δικαιοσύνης
 μέγιστος τῶν τότε Ῥωμαίων, ἐδόκει δὲ πολιτικῆς
 ἡγεμονίας μᾶλλον ἢ στρατιωτικῆς οἰκεῖος εἶναι,
 τῶν πραγμάτων αὐτῶν ποθούντων τὸν Πομπήϊον
 οὐ διεμέλλησεν ὅπη τράπηται, προσθεὶς δὲ τοῖς
 ἀρίστοις ἑαυτὸν ἀπεδείχθη στρατεύματος ἡγεμὼν
 ἐπὶ τὸν Λέπιδον ἤδη πολλὰ τῆς Ἰταλίας κεκινηκότα
 καὶ τὴν ἐντὸς Ἄλπεων Γαλατίαν κατέχοντα
 διὰ Βρούτου στρατεύματι.
 Τῶν μὲν οὖν ἄλλων ἐκράτησε ῥᾳδίως ἐπελθὼν
 ὁ Πομπήϊος· ἐν δὲ Μουτίνῃ τῆς Γαλατίας ἀντεκάθητο
 τῷ Βρούτῳ συχνὸν χρόνον· ἐν ᾧ Λέπιδος
 ἐπὶ τὴν Ῥώμην ῥυεὶς καὶ προσκαθήμενος ἔξωθεν
 ὑπατείαν ᾔτει δευτέραν, ὄχλῳ πολλῷ δεδιττόμενος
 τοὺς ἔνδον. ἔλυσε δὲ τὸν φόβον ἐπιστολὴ
 παρὰ Πομπηΐου κομισθεῖσα κατωρθωκότος ἄνευ
 μάχης τὸν πόλεμον. ὁ γὰρ Βροῦτος, εἴτε παραδοὺς
 τὴν δύναμιν αὐτός, εἴτε προδοθεὶς μεταβαλομένης
 ἐκείνης, ἐνεχείρισε τῷ Πομπηΐῳ τὸ
 σῶμα, καὶ λαβὼν ἱππεῖς προπομποὺς ἀπεχώρησεν
 εἰς πολίχνιόν τι τῶν περὶ τὸν Πάδον, ὅπου
 μεθ´ ἡμέραν μίαν, ἐπιπέμψαντος αὐτῷ τοῦ Πομπηΐου
 Γεμίνιον, ἀνῃρέθη· καὶ πολλὴν ἔσχεν ἀπὸ
 τούτου Πομπήϊος αἰτίαν. γεγραφὼς γὰρ εὐθὺς
 ἐν ἀρχῇ τῆς μεταβολῆς πρὸς τὴν σύγκλητον ὡς
 ἑκὼν αὐτῷ πρόσθοιτο Βροῦτος, ἑτέρας αὖθις
 ἔπεμψεν ἐπιστολὰς ἀνῃρημένου τοῦ ἀνθρώπου
 κατηγορούσας. τούτου Βροῦτος ἦν υἱὸς ὁ Καίσαρα
 σὺν Κασσίῳ κτείνας, ἀνὴρ ὁμοίως τῷ πατρὶ
 μήτε πολεμήσας μήτε ἀποθανών, ὡς ἐν τοῖς περὶ
 ἐκείνου γέγραπται. Λέπιδος μὲν οὖν εὐθὺς
 ἐκπεσὼν τῆς Ἰταλίας ἀπεπέρασεν εἰς Σαρδόνα·
 κἀκεῖ νοσήσας ἐτελεύτησε δι´ ἀθυμίαν, οὐ τῶν
 πραγμάτων, ὥς φασιν, ἀλλὰ γραμματίῳ περιπεσὼν
 ἐξ οὗ μοιχείαν τινὰ τῆς γυναικὸς ἐφώρασε.
 | [16] XVI. Statim a Syllae morte id quod is praedixerat, apparuit. 
 
Etenim Lepidus Syllanam sibi potentiam uindicans, 
 
nullis ambagibus, nullo praetextu usus, illico in armis erat, 
 
iam olim exulceratas factionum reliquias, quae Syllam effugerant, 
 
colligens et resuscitans. Collega eius Catulus, cui 
 
maxime integra et sana senatus atque populi pars intenta 
 
erat, quanquam inter Romanos temperantiae et iustitiae nomine 
 
summae esset auctoritatis, uidebatur tamen ciuilibus 
 
quam bellicis rebus administrandis aptior, resque ipsa Pompeium 
 
ducem requirere. Atque is non haesitauit cunctabundus, 
 
quo se conuerteret, sed optimatibus sese adiunxit, 
 
estque ab iis dux belli contra Lepidum creatus, 
 
qui iam multas Italiae partes concitauerat, citerioremque 
 
Galliam Bruti exercitu obtinebat. Reliquis facile in 
 
potestatem redactis Pompeius aliquamdiu Mutinae Brutum 
 
obsedit; interim Lepidus ad Romam duxit et cum exercitu 
 
ante moenia consedit, alterum sibi consulatum postulans, 
 
suorumque multitudine eos qui in urbe erant perterrefaciens. 
 
Hoc terrore ciues literae a Pompeio missae 
 
soluerunt, quibus bellum sine praelio confectum nuntiabatur. 
 
Nam Brutus seu ipse copiis traditis, seu proditus ab 
 
illis ad hostem inclinantibus, se ipsum Pompeio dediderat 
 
et ab equitibus in oppidum quoddam Pado uicinum deductus 
 
fuerat, ubi interposito die uno, Pompeius eum misso 
 
Geminio interfecit, non sine graui crimine. Etenim quum 
 
initio transitionis scripsisset ad senatum, Brutum ultro ipsi 
 
se adiunxisse, paulo post aliis literis interfectum accusabat. 
 
Filius eius Bruti is fuit, qui cum Cassio Caesarem occidit, 
 
neque bello neque exitu patris similis, ut in ipsius Vita 
 
perscriptum est. Proinde Lepidus statim ex Italia pulsus 
 
in Sardiniam profugit, ubi morbo implicitus diem obiit 
 
supremum ex aegritudine, non ob res fractas, ut putant,
 
sed quod incidisset in codicillos quosdam, ex quibus de adulterio 
 
uxoris suae cognouit.
 
 | [16] XVI. Sylla fut à peine mort, qu'on vit se vérifier 
ses prédictions sur Lépidus, qui, voulant succéder 
à l'autorité du dictateur, au lieu d'user de détour 
et de déguisement, prit sur-le-champ les armes; 
et, rallumant les restes des anciennes factions qui 
avaient échappé aux recherches de Sylla, il se fortifia 
de leur puissance. Catulus, son collègue au 
consulat, à qui la meilleure et la plus saine partie 
du sénat et du peuple s'était attachée, avait la 
plus grande réputation de sagesse et de justice, 
et passait pour le plus grand des Romains. Mais on 
le jugeait plus propre à l'administration civile 
qu'au commandement des armées. Pompée, qui 
se voyait appelé au gouvernement par la nature 
même des circonstances, ne balança pas sur le 
parti qu'il devait suivre; il se rangea du parti le 
plus honnête, et fut nommé général de l'armée 
qu'on faisait marcher contre Lépidus, qui, avec 
les troupes de Brutus, avait déjà soumis la plus 
grande partie de l'Italie, et occupait les contrées 
de la Gaule cisalpine. La présence seule de Pompée 
eut facilement réduit toutes les villes; Mutine 
seule, défendue par Brutus, l'arrêta longtemps. 
Cependant Lépidus, profitant de ce délai, 
et s'étant porté vers Rome, campa sous ses murailles 
avec une troupe de gens sans aveu, dont il 
effrayait les Romains, et il demandait un second 
consulat. Mais une lettre de Pompée, qui mandait 
que la guerre avait été terminée sans combat, 
dissipa cette frayeur. Brutus, ou traître à son 
armée, ou trahi par elle, se rendit à Pompée, qui 
lui donna quelques cavaliers pour l'escorter jusqu'à 
une petite ville située sur le Pô, où il se retira; 
le lendemain, Pompée envoya Géminius avec 
ordre de le tuer. Ce meurtre fut généralement 
blâmé; car, aussitôt après le changement de Brutus, 
Pompée avait écrit au sénat que ce général 
s'était rendu volontairement; et ensuite il écrivit 
une autre lettre pour accuser Brutus, qu'il venait 
de faire mourir. Ce Brutus était père de celui qui, 
avec Cassius, donna la mort à César; mais ce fils 
ne ressembla à son père ni dans la manière de faire 
la guerre , ni dans le genre de sa mort, comme 
nous l'avons rapporté dans sa vie. Lépidus, chassé 
de l'Italie, se réfugia dans la Sardaigne, où il 
mourut d'une maladie que lui causa, non la douleur 
de voir ses affaires ruinées, mais le chagrin 
d'avoir appris, par une lettre qui lui tomba entre 
les mains, l'adultère de sa femme.
 |