[14] Ἐκ τούτου θρίαμβον ᾔτει Πομπήϊος,
ἀντέλεγε δὲ Σύλλας. ὑπάτῳ γὰρ ἢ στρατηγῷ
μόνον, ἄλλῳ δὲ οὐδενὶ δίδωσιν ὁ νόμος. διὸ καὶ
Σκηπίων ὁ πρῶτος ἀπὸ μειζόνων καὶ κρειττόνων
ἀγώνων ἐν Ἰβηρίᾳ Καρχηδονίων κρατήσας οὐκ
ᾔτησε θρίαμβον· ὕπατος γὰρ οὐκ ἦν οὐδὲ στρατηγός.
εἰ δὲ Πομπήϊος οὔπω πάνυ γενειῶν
εἰσελᾷ θριαμβεύων εἰς τὴν πόλιν, ᾧ βουλῆς διὰ
τὴν ἡλικίαν οὐ μέτεστι, παντάπασιν ἐπίφθονον
ἔσεσθαι καὶ τὴν ἀρχὴν ἑαυτῷ καὶ τὴν τιμὴν
ἐκείνῳ. ταῦτα πρὸς Πομπήϊον ὁ Σύλλας ἔλεγεν,
ὡς οὐκ ἐάσων, ἀλλὰ ἐνστησόμενος αὐτῷ καὶ
κωλύσων τὸ φιλόνεικον ἀπειθοῦντος.
Ὁ δὲ Πομπήϊος οὐχ ὑπέπτηξεν, ἀλλ´ ἐννοεῖν
ἐκέλευσε τὸν Σύλλαν ὅτι τὸν ἥλιον ἀνατέλλοντα
πλείονες ἢ δυόμενον προσκυνοῦσιν, ὡς αὐτῷ μὲν
αὐξανομένης, μειουμένης δὲ καὶ μαραινομένης
ἐκείνῳ τῆς δυνάμεως. ταῦτα ὁ Σύλλας οὐκ ἀκριβῶς
ἐξακούσας, ὁρῶν δὲ τοὺς ἀκούσαντας ἀπὸ
τοῦ προσώπου καὶ τοῦ σχήματος ἐν θαύματι
ποιουμένους, ἤρετο τί τὸ λεχθὲν εἴη. πυθόμενος
δὲ καὶ καταπλαγεὶς τοῦ Πομπηΐου τὴν τόλμαν
ἀνεβόησε δὶς ἐφεξῆς, "Θριαμβευσάτω." πολλῶν
δὲ δυσχεραινόντων καὶ ἀγανακτούντων, ἔτι μᾶλλον
αὐτούς, ὥς φασι, βουλόμενος ἀνιᾶν ὁ Πομπήϊος,
ἐπεχείρησεν ἐλεφάντων ἅρματι τεττάρων
ἐπιβὰς εἰσελαύνειν· ἤγαγε γὰρ ἐκ Λιβύης τῶν
βασιλικῶν συχνοὺς αἰχμαλώτους· ἀλλὰ τῆς πύλης
στενωτέρας οὔσης ἀπέστη καὶ μετῆλθεν ἐπὶ τοὺς
ἵππους. ἐπεὶ δὲ οἱ στρατιῶται μὴ τυχόντες
ἡλίκων προσεδόκησαν ἐνοχλεῖν ἐβούλοντο καὶ
θορυβεῖν, οὐδὲν ἔφη φροντίζειν, ἀλλὰ μᾶλλον
ἀφήσειν τὸν θρίαμβον ἢ κολακεύσειν ἐκείνους.
ὅτε δὴ καὶ Σερουΐλιος, ἀνὴρ ἐπιφανὴς καὶ μάλιστα
πρὸς τὸν θρίαμβον ἐνστὰς τοῦ Πομπηΐου, νῦν
ἔφη τὸν Πομπήϊον ὁρᾶν καὶ μέγαν ἀληθῶς καὶ
ἄξιον τοῦ θριάμβου. δῆλον δ´ ἐστὶν ὅτι καὶ
βουλῆς ἂν ἐθελήσας τότε ῥᾳδίως ἔτυχεν. ἀλλ´
οὐκ ἐσπούδασεν, ὡς λέγουσι, τὸ ἔνδοξον ἐκ τοῦ
παραδόξου θηρώμενος. οὐ γὰρ ἦν θαυμαστὸν εἰ
πρὸ ἡλικίας ἐβούλευε Πομπήϊος, ἀλλ´ ὑπέρλαμπρον
ὅτι μηδέπω βουλεύων ἐθριάμβευε. τοῦτο
δὲ αὐτῷ καὶ πρὸς εὔνοιαν ὑπῆρχε τῶν πολλῶν
οὐ μικρόν· ἔχαιρε γὰρ ὁ δῆμος αὐτῷ μετὰ θρίαμβον
ἐν τοῖς ἱππικοῖς ἐξεταζομένῳ.
| [14] XIV. Triumphum uero petenti Pompeio, Sylla restitit;
eum nemini nisi consuli aut praetori leges concedere, atque
hanc fuisse causam, cur Scipio maior Carthaginiensibus in
Hispania maioribus atque praestantioribus certaminibus uictis
triumphum non postularit, quia neque consul neque
praetor rem gesserat. Quodsi imberbis Pompeius et cui per
aetatem senatorem esse non liceret, triumphum in urbem
inueheret, permultum eam rem odii et Syllano imperio et
Pompeiano honori conflaturam. Haec ita Pompeium
Sylla monebat, ut se prohibiturum, ac si non obtemperasset,
pertinaciam eius repressurum diceret. Pompeius autem
nihil remisit, sed reputare Syllam iussit, solem orientem a
pluribus quam occidentem adorari; suam iam augeri, illius
decrescere et languescere potentiam innuens. Hoc Sylla
quum non satis inaudiuisset, sed ex eorum qui perceperant
uultu et gestu uideret dictum id admirationem omnibus excitasse,
quaesiuit quidnam dictum fuisset; eoque intellecto
cognita Pompeii audacia obstupuit, bisque exclamauit:
Triumphet. Multis indignantibus et stomachantibus,
ut molestia eos grauiori (sic enim ferunt) afficeret Pompeius,
statuit currum quattuor elephantis (multos enim de
regiis captos ex Africa adduxerat) trahentibus in urbem inuehi,
sed angustia portas prohibitus, equos adhibuit.
Ut uero milites exspectatione sua minora adepti interpellare
eum et tumultuari sunt aggressi, nihil se eos curare
respondit, ac malle triumphum omittere, quam ipsos adulari.
Quum quidem Seruilius, illustris uir et qui maxime
triumphum eius impugnauerat, dixit nunc se intelligere
Pompeium uere magnum esse et dignum triumpho. (5)
Neque obscurum est facile tum fuisse Pompeio senatoriam
dignationem impetrare, uerum id consulto fertur omisisse,
ex ipsa obscuritate gloriam captans. Non enim mirum erat
si, antequam aetas ferret, senator lectus fuisset, sed id sane
quam splendidissimum fuit, quod nondum senator triumphauit.
Idque ei haud parum in concilianda multitudinis
beneuolentia profuit; gaudebat enim populus, quum eum
acto triumpho inter equites agere cerneret.
| [14] XIV. Pompée, de retour à Rome, demanda le
triomphe, qui lui fut refusé par Sylla, sous prétexte
que la loi ne l'accordait qu'à des consuls ou
des préteurs; que le premier Scipion lui-même,
après avoir remporté en Espagne les victoires les
plus glorieuses et les plus importantes sur les Carthaginois,
ne l'avait pas demandé, parce qu'il n'était
ni consul ni préteur : si donc Pompée, qui
était encore sans barbe, et à qui sa jeunesse ne
permettait pas d'être sénateur, entrait triomphant
dans Rome, cette distinction rendrait odieuse la
puissance dictatoriale, et deviendrait pour Pompée
lui-même une source d'envie. A ces motifs de
refus le dictateur ajouta qu'il s'opposerait à son
triomphe, et que si Pompée s'y obstinait, il emploierait
tout son pouvoir à réprimer son ambition.
Pompée, sans s'étonner de sa résistance,
lui dit de considérer que plus de gens adoraient le
soleil levant que le soleil couchant; voulant lui insinuer
par là que sa propre puissance croissait tous
les jours, et que celle de Sylla ne faisait que diminuer
et s'affaiblir. Sylla, qui ne l'avait pas bien
entendu, et qui s'aperçut au visage et aux gestes
des autres qu'ils étaient saisis d'étonnement, demanda
ce qu'il avait dit. Lorsqu'on le lui eut répété,
surpris de son audace, il s'écria par deux
fois : «Qu'il triomphe, qu'il triomphe!» Et comme
Pompée vit que la plupart de ceux qui étaient présents
témoignaient du dépit et de l'indignation, il
résolut, pour les irriter encore davantage, de
triompher sur un char traîné par quatre éléphants;
car il en avait amené d'Afrique un grand nombre
qu'il avait pris aux rois vaincus. Mais la porte de
la ville s'étant trouvée trop étroite, il y renonça,
et son char fut traîné par des chevaux. Ses soldats,
qui n'avaient pas en de lui tout ce qu'ils en
avaient espéré, voulaient exciter du tumulte et
troubler son triomphe; mais il déclara qu'il s'en
souciait fort peu, et qu'il aimerait mieux ne pas
triompher que de se soumettre à les flatter. Ce
fut alors que Servilius, un des plus illustres personnages
de Rome, et qui s'était le plus opposé à son triomphe,
avoua qu'il voyait maintenant dans Pompée
un homme véritablement grand, et digne
du triomphe. Il paraît certain, d'après cela, qu'il
n'eût tenu qu'à lui d'être reçu dès lors dans le
sénat; mais il ne montra aucun empressement
pour y entrer, parce qu'il ne cherchait, dit-on,
la gloire que dans les choses extraordinaires. Il
n'eût pas été surprenant que Pompée fat sénateur
avant l'âge; mais quelle gloire pour lui d'avoir
obtenu les honneurs du triomphe avant d'être sénateur!
Cette distinction lui gagna même de plus
en plus l'affection du peuple, qui vit avec plaisir
qu'après avoir été décoré du triomphe il restât
dans l'ordre des chevaliers, soumis comme eux à
la revue des censeurs.
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