| [13] Ἐπανελθόντι δὲ εἰς Ἰτύκην αὐτῷ γράμματα
 κομίζεται Σύλλα προστάττοντος ἀφιέναι
 μὲν τὴν ἄλλην στρατιάν, αὐτὸν δὲ μεθ´ ἑνὸς
 τάγματος περιμένειν αὐτόθι τὸν διαδεξόμενον
 στρατηγόν. ἐπὶ τούτοις ἀδήλως μὲν αὐτὸς
 ἤχθετο καὶ βαρέως ἔφερεν, ἐμφανῶς δὲ ὁ στρατὸς
 ἠγανάκτει· καὶ δεηθέντος τοῦ Πομπηΐου προελθεῖν,
 τόν τε Σύλλαν κακῶς ἔλεγον, κἀκεῖνον
 οὐκ ἔφασαν προήσεσθαι χωρὶς αὑτῶν, οὐδὲ εἴων
 πιστεύειν τῷ τυράννῳ. τὸ μὲν οὖν πρῶτον ὁ
 Πομπήϊος ἐπειρᾶτο πραΰνειν καὶ παρηγορεῖν
 αὐτούς· ὡς δ´ οὐκ ἔπειθε, καταβὰς ἀπὸ τοῦ
 βήματος ἐπὶ τὴν σκηνὴν ἀπῄει δεδακρυμένος.
 οἱ δὲ συλλαβόντες αὐτὸν αὖθις ἐπὶ τοῦ βήματος
 κατέστησαν· καὶ πολὺ μέρος τῆς ἡμέρας ἀνηλώθη,
 τῶν μὲν μένειν καὶ ἄρχειν κελευόντων, τοῦ
 δὲ πείθεσθαι δεομένου καὶ μὴ στασιάζειν, ἄχρι
 οὗ προσλιπαρούντων καὶ καταβοώντων ὤμοσεν
 ἀναιρήσειν ἑαυτὸν εἰ βιάζοιντο, καὶ μόλις οὕτως ἐπαύσαντο.
 Τῷ δὲ Σύλλᾳ πρώτη μὲν ἦλθεν ἀγγελία τὸν
 Πομπήϊον ἀφεστάναι, καὶ πρὸς τοὺς φίλους εἶπεν
 ὡς ἄρα πεπρωμένον ἦν αὐτῷ γενομένῳ γέροντι
 παίδων ἀγῶνας ἀγωνίζεσθαι, διὰ τὸ καὶ Μάριον
 αὐτῷ νέον ὄντα κομιδῇ πλεῖστα πράγματα παρασχεῖν
 καὶ εἰς τοὺς ἐσχάτους περιστῆσαι κινδύνους,
 πυθόμενος δὲ τἀληθῆ, καὶ πάντας ἀνθρώπους
 αἰσθανόμενος δέχεσθαι καὶ παραπέμπειν
 τὸν Πομπήϊον ὡρμημένους μετ´ εὐνοίας, ἔσπευδεν
 ὑπερβαλέσθαι· καὶ προελθὼν ἀπήντησεν αὐτῷ,
 καὶ δεξιωσάμενος ὡς ἐνῆν προθυμότατα μεγάλῃ
 φωνῇ Μάγνον ἠσπάσατο, καὶ τοὺς παρόντας
 οὕτως ἐκέλευσε προσαγορεῦσαι. σημαίνει δὲ τὸν
 μέγαν ὁ Μάγνος. ἕτεροι δέ φασιν ἐν Λιβύῃ
 πρῶτον ἀναφώνημα τοῦτο τοῦ στρατοῦ παντὸς
 γενέσθαι, κράτος δὲ λαβεῖν καὶ δύναμιν ὑπὸ
 Σύλλα βεβαιωθέν. αὐτὸς μέντοι πάντων ὕστατος
 καὶ μετὰ πολὺν χρόνον εἰς Ἰβηρίαν ἀνθύπατος
 ἐκπεμφθεὶς ἐπὶ Σερτώριον ἤρξατο γράφειν
 ἑαυτὸν ἐν ταῖς ἐπιστολαῖς καὶ τοῖς διατάγμασι
 Μάγνον Πομπήϊον· οὐκέτι γὰρ ἦν ἐπίφθονον
 τοὔνομα σύνηθες γενόμενον.
 Ὅθεν εἰκότως ἀγασθείη καὶ θαυμάσειεν ἄν τις
 τοὺς πάλαι Ῥωμαίους, οἳ ταῖς τοιαύταις ἐπικλήσεσι
 καὶ προσωνυμίαις οὐ τὰς πολεμικὰς
 ἠμείβοντο καὶ στρατιωτικὰς κατορθώσεις μόνον,
 ἀλλὰ καὶ τὰς πολιτικὰς πράξεις καὶ ἀρετὰς
 ἐκόσμουν. δύο γοῦν Μαξίμους, ὅπερ ἐστὶ μεγίστους,
 ἀνηγόρευσεν ὁ δῆμος· Οὐαλλέριον μὲν
 ἐπὶ τῷ διαλλάξαι στασιάζουσαν αὐτῷ τὴν σύγκλητον,
 Φάβιον δὲ Ῥοῦλλον, ὅτι πλουσίους τινὰς
 ἐξ ἀπελευθέρων γεγονότας καὶ καταλελεγμένους
 εἰς τὴν σύγκλητον ἐξέβαλεν.
 | [13] XIII. Uticam reuerso Iitterae a Sylla redduntur, quibus 
 
dimittere exercitum atque una cum legione ibi successorem 
 
exspectare iubebatur. Aegre id quidem tulit Pompeius, 
 
uerumtamen dissimulauit; exercitus autem palam indignatus 
 
est; atque orantes Pompeium, ut procederet, Syllam uituperauerunt, 
 
Pompeiumque a sese dimissuros negauerunt, ac ne  
 
se committeret tyranno monuerunt. Conatus primum uerbis
 
eos lenire atque placare Pompeius quum uihil efficeret, a 
 
tribunali descendit, lacrimansque in tabernaculum abiit : 
 
sed milites eum comprehensum rursum in tribunali collocauerunt; 
 
magna parte diei exacta, illis manere et imperare 
 
iubentibus, ipso ut obedirent sibi, neue tumultuarentur 
 
precante, tandem instantibus cumque uociferatione urgentibus, 
 
manus se sibi allaturum, si cogere pergerent, iurauit, 
 
uixque ita eos repressit. Sylla autem, ut primum Pompeium 
 
defecisse annuntiatum est, amicis dixit : Nimirum 
 
ergo in fatis erat, ut senex cum pueris decertarem. Nam et 
 
Marius iunior, admodum adolescens, multum ipsi molestiae 
 
exhibuerat inque extremum discrimen adduxerat. Sed ubi 
 
rem ut erat cognouit omnesque homines Pompeio studiose 
 
occurrere comitarique eum amice sensit, operam dedit ut 
 
omnium beneuolentiam ipse superaret; itaque obuiam profectus, 
 
quum quam familiarissime excepisset, alta uoce Magnum 
 
salutauit, idque ei cognomentum tribuere eos qui 
 
aderant iussit. Alii primum in Africa id ei ab uniuerso 
 
exercitu acclamatum, Inde a Sylla confirmatum obtinuisse 
 
dicunt. Ipse quidem Pompeius postremus omnium 
 
et post multum temporis pro consule in Hispaniam aduersus 
 
Sertorium missus, epistolis suis et edictis Pompeium Magnum 
 
se ascribere coepit; iam enim consuetudo inuidiam
 
eius cognominis aboleuerat. Quare admiretur aliquis 
 
atque ueneretur haud iniuria antiquos illos Romanos, qui 
 
huiusmodi titulo, non bello tantum praeclare facta, sed et 
 
ciuiles actiones uirtutesque compensarint. Duos enim Maximos 
 
populus nominauit, Valerium, quod ei senatum dissidentem 
 
reconciliasset, et Fabium Rullum, quod diuites 
 
quosdam ex libertinis in senatum lectos, eiecisset.
 
 | [13] XIII. De retour à Utique, il reçut des lettres de 
Sylla, qui lui ordonnait de licencier ses troupes, 
et d'attendre là, avec une seule légion, le capitaine 
qui devait le remplacer. Cet ordre lui causa 
un secret déplaisir, qu'il eut de la peine à contenir; 
mais les soldats témoignèrent ouvertement 
leur indignation; et lorsque Pompée les pria de 
partir pour l'Italie, ils éclatèrent en injures contre 
Sylla; ils protestèrent qu'ils n'abandonneraient 
point Pompée, et qu'ils ne souffriraient pas qu'il 
se fiât à un tyran. Il essaya d'abord de les adoucir 
par ses représentations; mais voyant qu'il ne 
pouvait rien gagner sur eux, il descendit de son 
tribunal, fondant en larmes, et rentra dans sa 
tente. Les soldats allèrent l'y chercher; et l'ayant 
reporté sur son tribunal, ils passèrent la plus 
grande partie du jour, eux à le presser de rester 
et de garder le commandement, lui à les prier 
d'obéir et de ne pas se révolter. Comme ils continuaient 
leurs instances et leurs cris, il leur jura 
que, s'ils voulaient le forcer, il se tuerait lui-même; 
et il eut, avec cela, bien de la peine à les 
calmer. La première nouvelle qui vint à Sylla fut 
que Pompée était en rébellion ouverte. «Il est 
donc de ma destinée, dit-il à ses amis, d'avoir, 
dans ma vieillesse, à combattre contre des enfants;» 
ce qu'il disait à cause du jeune Marius, 
qui lui avait donné beaucoup d'inquiétude, et
l'avait mis dans le plus grand danger. Mais quand 
il eut su la vérité, et qu'il apprit d'ailleurs que 
tout le peuple allait au-devant de Pompée, et l'accompagnait 
en lui prodiguant des témoignages de 
bienveillance, il voulut les surpasser tous; il sortit 
à sa rencontre; l'embrassa de la manière la plus 
affectueuse, et le proclama du nom de Grand, 
en ordonnant à tous ceux qui le suivaient de lui 
donner le même titre. Suivant d'autres historiens, 
ce surnom lui avait été déjà donné en Afrique par 
toute l'armée; et Sylla, en le lui confirmant, le 
rendit irrévocable. Mais Pompée fut le dernier à 
le prendre, et ne se le donna que longtemps 
après, lorsqu'il fut envoyé en Espagne contre Sertorius, 
avec le titre de proconsul; alors seulement 
il commença à mettre, dans ses lettres et 
dans ses ordonnances, Pompée le Grand; ce titre, 
auquel on était accoutumé, ne pouvait plus exciter 
l'envie. Cet exemple doit nous faire admirer 
ces anciens Romains, qui récompensaient par des 
titres et des surnoms honorables, non seulement 
les exploits militaires, mais encore les vertus politiques. 
Il y avait déjà eu deux hommes à qui le 
peuple avait conféré le nom de Maximus, très 
grand; l'un fut Valérius, pour avoir réconcilié le 
peuple avec le sénat; et l'autre Fabius Rullus, 
pour avoir chassé du sénat quelques fils d'affranchis qui, à la 
faveur de leurs richesses, s'étaient fait élire sénateurs.
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