[12] Ἀντιτεταγμένου δὲ τοῦ Δομετίου καὶ
χαράδραν τινὰ προβεβλημένου χαλεπὴν περᾶσαι
καὶ τραχεῖαν, ὄμβρος ἅμα πνεύματι πολὺς ἕωθεν
ἀρξάμενος κατεῖχεν, ὥστε ἀπογνόντα τῆς ἡμέρας
ἐκείνης μαχέσασθαι τὸν Δομέτιον ἀναζυγὴν
παραγγεῖλαι. Πομπήϊος δὲ τοῦτον αὑτοῦ ποιούμενος
τὸν καιρὸν ὀξέως ἐπῄει καὶ διέβαινε τὴν
χαράδραν. οἱ δὲ ἀτάκτως καὶ θορυβούμενοι καὶ
οὐ πάντες οὐδὲ ὁμαλῶς ὑφίσταντο, καὶ τὸ πνεῦμα
περιῄει τὴν ζάλην αὐτοῖς προσβάλλον ἐναντίαν.
οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ τοὺς Ῥωμαίους ὁ χειμὼν ἐτάραξεν
οὐ καθορῶντας ἀλλήλους ἀκριβῶς, αὐτός
τε Πομπήϊος ἐκινδύνευσεν ἀγνοηθεὶς ἀποθανεῖν,
ἐρωτῶντι στρατιώτῃ τὸ σύνθημα βράδιον ἀποκρινάμενος.
Ὠσάμενοι δὲ πολλῷ φόνῳ τοὺς πολεμίους
(λέγονται γὰρ ἀπὸ δισμυρίων τρισχίλιοι διαφυγεῖν)
αὐτοκράτορα τὸν Πομπήϊον ἠσπάσαντο.
φήσαντος δὲ ἐκείνου μὴ δέχεσθαι τὴν τιμὴν ἕως
ὀρθὸν ἕστηκε τὸ στρατόπεδον τῶν πολεμίων, εἰ
δὲ αὐτὸν ἀξιοῦσι ταύτης τῆς προσηγορίας, ἐκεῖνο
χρῆναι πρότερον καταβαλεῖν, ὥρμησαν εὐθὺς ἐπὶ
τὸν χάρακα· καὶ Πομπήϊος ἄνευ κράνους ἠγωνίζετο
δεδοικὼς τὸ πρότερον πάθος. ἁλίσκεται δὴ
τὸ στρατόπεδον καὶ ἀποθνήσκει Δομέτιος. τῶν
δὲ πόλεων αἱ μὲν εὐθὺς ὑπήκουον, αἱ δὲ κατὰ
κράτος ἐλήφθησαν. εἷλε δὲ καὶ τῶν βασιλέων
Ἰάρφαν τὸν συμμαχήσαντα Δομετίῳ, τὴν δὲ
βασιλείαν Ἰάμψᾳ παρέδωκε. χρώμενος δὲ τῇ
τύχῃ καὶ τῇ ῥύμῃ τοῦ στρατεύματος εἰς τὴν
Νομαδικὴν ἐνέβαλε· καὶ πολλῶν ὁδὸν ἡμερῶν
ἐλάσας καὶ πάντων κρατήσας οἷς ἐνέτυχε, καὶ
τὸ πρὸς Ῥωμαίους δέος ἤδη τῶν βαρβάρων
ἐξερρυηκὸς αὖθις ἰσχυρὸν καὶ φοβερὸν ἐγκαταστήσας,
οὐδὲ τὰ θηρία δεῖν ἔφη τὰ τὴν Λιβύην
κατοικοῦντα τῆς τῶν Ῥωμαίων ἄπειρα ῥώμης καὶ
τόλμης ἀπολείπειν. ὅθεν ἐν θήραις λεόντων καὶ
ἐλεφάντων ἡμέρας διέτριψεν οὐ πολλάς· ταῖς δὲ
πάσαις, ὥς φασι, τεσσαράκοντα τοὺς πολεμίους
συνεῖλε καὶ Λιβύην ἐχειρώσατο καὶ διῄτησε τὰ
τῶν βασιλέων, ἔτος ἄγων ἐκεῖνο τέταρτον καὶ εἰκοστόν.
| [12] XII. Quum instructa acie Domitius occurrisset et conuallem
quandam salebrosam transituque difficilem ante se cepisset,
effusus una cum uento ingens imber ab aurora obtinuit,
ita ut Domitius desperata pugna in castra reducere iuberet.
Eam occasionem arripiens Pompeius, celeriter superata
conualle hostes adortus est, perturbatis iam ordinibus trepidantes
et neque uniuersos, neque aequaliter subsistentes,
uento quoque imbrem eis aduersum obiiciente. Tametsi
ea tempestas Romanos quoque conturbauit, quum se ipsos
mortuo haud perspicue cognoscere possent, parumque abfuit
quin ipse Pompeius a quodam milite, cui tesseram quaerenti
tardius responderat, per ignorationem caederetur.
Mulla demum cum caede hostibus fusis (quippe de uiginti
minibus tria tantum euaserunt), Pompeium imperatorem
salutauerunt. Quumque is respondisset se uallo
hostium stante id nomen non accipere, proinde si dignum
eo putarent illud prius deiicerent, impetum in castra hostium
dederunt. Ibi Pompeius metu prioris periculi sine
galea pugnauit, castraque capta et occisus est Domitius. Urbes
porro partim continuo imperata fecerunt, partim ui captae
sunt. Cepit et regem Hiarbam qui Domitio auxilium tulerat
regnumque eius Hiempsali dedit. Inde fortunae
hoc successu militumque robore usus in Numidiam perrexit,
progressusque aliquot dierum iter, quum obuia quaeque in
suam potestatem redegisset, nomenque Romanum, cuius
iam ex animis barbarorum effluxerat formido, terribile iterum
reddidisset atque confirmasset, ne feras quidem Africam
inhabitantes roboris audaciaeque Romanorum inexpertas
relinqui debere dixit. Ideo paucos aliquot dies leonibus
et elephantis uenandis insumpsit; quadraginta omnino diebus,
ut aiunt, hostes in potestatem redegit, Africam subiecit regumque
negotia composuit, annum tum agens quartum et uicesimum.
| [12] XII. Domitius avait mis son armée en bataille;
mais comme il avait devant lui une fondrière profonde
et difficile à passer; que d'ailleurs il tombait,
depuis le matin, une pluie abondante, accompagnée
d'un grand vent, il crut qu'on ne pourrait pas combattre
ce jour-là, et il fit donner l'ordre de se retirer.
Pompée, au contraire, tirant de ce temps-là même une occasion
favorable, se met promptement en marche, et passe
la fondrière. Les ennemis, quoique en désordre et troublés
d'une attaque imprévue, où ils ne pouvaient
agir tous ensemble, ni prendre leurs rangs, soutinrent
le choc, incommodés d'ailleurs par la
pluie que le vent leur poussait dans le visage.
L'orage nuisait aussi aux Romains, qui ne pouvaient
ni se voir, ni se distinguer les uns les autres :
Pompée lui-même fut en danger d'être tué,
parce qu'il ne répondit pas assez tôt à un soldat
qui, ne le reconnaissant pas, lui demanda le mot.
Mais enfin ils enfoncèrent les ennemis, et en firent
un horrible carnage : sur vingt mille qu'ils étaient,
il ne s'en sauva que trois mille. Les soldats de
Pompée le saluèrent du nom d'imperator; mais il
leur déclara qu'il n'accepterait pas ce titre, tant
que le camp des ennemis subsisterait; et que s'ils
le jugeaient digne de cet honneur, il fallait commencer
par abattre ces retranchements. Ils vont à
l'instant les assaillir; et Pompée, pour ne plus courir
le danger auquel il venait d'être exposé, combattit
sans casque; le camp fut emporté de force,
et Domitius y périt. Cette victoire attira la plupart
des villes dans le parti de Sylla, et l'on emporta
d'assaut celles qui firent quelque résistance. Pompée
fit prisonnier le roi Iarbas, qui avait combattu
avec Domitius, et il donna son royaume à Hiempsal.
Mais, pour profiter de sa fortune et de l'ardeur
de ses troupes, il se jeta dans la Numidie, s'y
avança de plusieurs journées de chemin, soumit
tout ce qui était sur son passage, et rendit la puissance
des Romains plus redoutable à ces Barbares,
qui commençaient à ne plus tant la craindre. Il
ne fallait pas même, disait-il, laisser les bêtes féroces
répandues dans l'Afrique, sans leur faire
éprouver la force et la fortune des Romains. Il
passa donc plusieurs jours à la chasse des lions
et des éléphants, et ne mit, à ce qu'on assure,
que quarante jours à détruire les ennemis, à soumettre
l'Afrique, à terminer les affaires des rois du pays;
et il n'avait encore que vingt-quatre ans.
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