[11] Ταῦτα πράττων ἐν Σικελίᾳ καὶ πολιτευόμενος
ἐδέξατο δόγμα συγκλήτου καὶ γράμματα
Σύλλα κελεύοντα εἰς Λιβύην πλεῖν καὶ πολεμεῖν
Δομετίῳ κατὰ κράτος, ἠθροικότι πολλαπλασίαν
δύναμιν ἧς ἔχων Μάριος οὐ πάλαι διεπέρασεν ἐκ
Λιβύης εἰς Ἰταλίαν καὶ συνέχει τὰ Ῥωμαίων
πράγματα, τύραννος ἐκ φυγάδος καταστάς.
ὀξέως οὖν ἅπαντα παρασκευασάμενος ὁ Πομπήϊος
Σικελίας μὲν ἄρχοντα Μέμμιον κατέλιπε
τὸν ἄνδρα τῆς ἀδελφῆς, αὐτὸς δὲ ἀνήγετο ναυσὶ
μὲν μακραῖς ἑκατὸν εἴκοσι, φορτηγοῖς δὲ σῖτον
καὶ βέλη καὶ χρήματα καὶ μηχανὰς κομιζούσαις
ὀκτακοσίαις. κατασχόντι δὲ αὐτῷ ταῖς μὲν εἰς
Ἰτύκην ναυσί, ταῖς δὲ εἰς Καρχηδόνα, τῶν πολεμίων
ἀποστάντες ἑπτακισχίλιοι προσεχώρησαν,
αὐτὸς δὲ ἦγεν ἓξ ἐντελῆ τάγματα.
Συμβῆναι δὲ αὐτῷ πρᾶγμα γελοῖον ἱστοροῦσι.
στρατιῶται γάρ τινες, ὡς ἔοικε, θησαυρῷ περιπεσόντες
ἔλαβον συχνὰ χρήματα. τοῦ δὲ πράγματος
γενομένου φανεροῦ δόξα τοῖς ἄλλοις
παρέστη πᾶσι χρημάτων μεστὸν εἶναι τὸν τόπον
ἐν ταῖς ποτε τύχαις τῶν Καρχηδονίων ἀποτεθειμένων.
οὐδὲν οὖν ὁ Πομπήϊος εἶχε χρῆσθαι
τοῖς στρατιώταις ἐπὶ πολλὰς ἡμέρας θησαυροὺς
ζητοῦσιν, ἀλλὰ περιῄει γελῶν καὶ θεώμενος ὁμοῦ
μυριάδας τοσαύτας ὀρυσσούσας καὶ στρεφούσας
τὸ πεδίον, ἕως ἀπειπόντες ἐκέλευον αὑτοὺς ἄγειν
ὅπη βούλεται τὸν Πομπήϊον, ὡς δίκην ἱκανὴν
τῆς ἀβελτερίας δεδωκότας.
| [11] XI. Haec agenti in Sicilia et instituenti, senatusconsultum
et litteras a Sylla afferuntur, in Africam traiicere omnique
ui bellum Domitio facere iubente. Etenim Domitius
copias multo maiores contraxerat iis, quibus haud ita dudum
fretus ex Africa in Italiam traiecerat Marius, rebusque
in suam potestatem redactis de exsule tyrannus factus
fuerat. (2) Itaque Pompeius omnibus celeriter instructis,
praefectoque Siciliae Memmio sororis suae marito, ex Sicilia
soluit cum nauibus longis centum uiginti, onerariis autem
quibus commeatum, tela, pecunias et machinas deportaret,
octingentis. Cum quibus ut partim Uticam,
partim Carthaginem appulit, septem millia hostium ad
ipsum desciuerunt; ipse uero sex perfectas legiones ducebat.
(3) Narrant eo loco rem ei ridiculam accidisse. Quidam
milites quum in thesaurum forte fortuna incidissent,
ingentem sunt nacti pecuniam; ea res quum uulgo innotuisset,
omnes reliqui in eam opinionem uenerunt, omnia circum
Ioca pecuniis referta esse, quas Carthaginienses imminente
exitio terra obruissent. Nullam ergo ad rem uti militibus
suis potuit Pompeius, multos per dies thesauris
quaerendis intentis; sed obambulabat ridens, inspiciensque
tot hominum millia fodientes inuertentesque terram; tandem
desperata re Pompeium se ducere quo uellet iusserunt,
abunde iam poenas suae stultitiae dedisse rati.
| [11] XI. Pendant qu'il réglait ainsi la Sicile, il reçut
un décret du sénat et des lettres de Sylla qui lui
ordonnaient de passer en Afrique, et d'y faire vigoureusement
la guerre à Domitius, qui avait mis sur pied
une armée beaucoup plus nombreuse que
celle qu'avait Marius lorsqu'il était repassé depuis
peu d'Afrique en Italie, et que, de fugitif devenu
tyran, il avait porté dans Rome le trouble et le désordre.
Pompée fit promptement tous les préparatifs
nécessaires; et laissant pour commander à sa
place, en Sicile, Memnius, le mari de sa soeur, il
se mit en mer avec cent vingt vaisseaux de guerre
et quatre-vingts vaisseaux de charge qui portaient
des vivres, des armes, de l'argent et des machines
de guerre. Sa flotte eut à peine abordé, partie à
Utique, partie à Carthage, que sept mille des
ennemis vinrent se rendre à lui, et se joindre aux
six légions complètes qu'il avait amenées. Il eut là,
dit-on, une aventure assez plaisante : quelques-uns
de ses soldats trouvèrent un trésor considérable
qu'ils partagèrent entre eux; le bruit s'en
étant répandu, tous les autres furent persuadés
que ce lieu était plein de richesses que les Carthaginois
y avaient cachées dans le temps de leurs
revers. Il ne lui fut pas possible, pendant plusieurs
jours, de tirer aucun service de ses troupes,
qui ne travaillaient qu'à chercher des trésors;
il se promenait lui-même au milieu d'eux, riant
de voir tant de milliers d'hommes fouiller et remuer
tout le sol de cette plaine : lassés enfin de
ces recherches inutiles, ils lui dirent qu'il pouvait les mener
où il voudrait, et qu'ils étaient assez punis de leur sottise.
|