[10] Ἐκ τούτου Σικελίαν ἠγγέλλετο Περπέννας
αὑτῷ κρατύνεσθαι καὶ τοῖς περιοῦσιν ἔτι τῆς
ἐναντίας στάσεως ὁρμητήριον παρέχειν τὴν νῆσον,
αἰωρουμένου καὶ Κάρβωνος αὐτόθι ναυτικῷ καὶ
Δομετίου Λιβύῃ προσπεπτωκότος, ἄλλων τε
πολλῶν ἐπέκεινα μεγάλων ὠθουμένων φυγάδων,
ὅσοι τὰς προγραφὰς ἔφθησαν ἀποδράντες. ἐπὶ
τούτους Πομπήϊος ἀπεστάλη μετὰ πολλῆς δυνάμεως.
καὶ Περπέννας μὲν εὐθὺς αὐτῷ Σικελίας
ἐξέστη, τὰς δὲ πόλεις ἀνελάμβανε τετρυχωμένας
καὶ φιλανθρώπως πάσαις ἐχρῆτο πλὴν Μαμερτίνων
τῶν ἐν Μεσσήνῃ. παραιτουμένων γὰρ αὐτοῦ
τὸ βῆμα καὶ τὴν δικαιοδοσίαν ὡς νόμῳ παλαιῷ
Ῥωμαίων ἀπειρημένα, "Οὐ παύσεσθε," εἶπεν,
"ἡμῖν ὑπεζωσμένοις ξίφη νόμους ἀναγινώσκοντες;"
ἔδοξε δὲ καὶ ταῖς Κάρβωνος οὐκ ἀνθρωπίνως
ἐνυβρίσαι συμφοραῖς. εἰ γὰρ ἦν ἀναγκαῖον
αὐτόν, ὥσπερ ἦν ἴσως, ἀνελεῖν, εὐθὺς ἔδει
λαβόντα, καὶ τοῦ κελεύσαντος ἂν ἦν τὸ ἔργον.
ὁ δὲ δέσμιον προαγαγὼν ἄνδρα Ῥωμαῖον τρὶς
ὑπατεύσαντα καὶ πρὸ τοῦ βήματος στήσας
καθεζόμενος αὐτὸς ἀνέκρινεν, ἀχθομένων καὶ
βαρυνομένων τῶν παρόντων· εἶτα ἐκέλευσεν
ἀπαγαγόντας ἀνελεῖν. ἀπαχθέντα μέντοι φασὶν
αὐτόν, ὡς εἶδεν ἑλκόμενον ἤδη τὸ ξίφος, δεῖσθαι
τόπον αὑτῷ καὶ χρόνον βραχύν, ὡς ὑπὸ κοιλίας
ἐνοχλουμένῳ, παρασχεῖν. Γάϊος δὲ Ὄππιος ὁ
Καίσαρος ἑταῖρος ἀπανθρώπως φησὶ καὶ Κοΐντῳ
Οὐαλλερίῳ χρήσασθαι τὸν Πομπήϊον. ἐπιστάμενον
γὰρ ὡς ἔστι φιλολόγος ἀνὴρ καὶ φιλομαθὴς
ἐν ὀλίγοις ὁ Οὐαλλέριος, ὡς ἤχθη πρὸς αὐτόν,
ἐπισπασάμενον καὶ συμπεριπατήσαντα καὶ πυθόμενον
ὧν ἔχρῃζε καὶ μαθόντα, προστάξαι τοῖς
ὑπηρέταις εὐθὺς ἀνελεῖν ἀπαγαγόντας.
Ἀλλ´ Ὀππίῳ μέν, ὅταν περὶ τῶν Καίσαρος
πολεμίων ἢ φίλων διαλέγηται, σφόδρα δεῖ
πιστεύειν μετὰ εὐλαβείας· Πομπήϊος δὲ τοὺς
μὲν ἐν δόξῃ μάλιστα τῶν Σύλλα πολεμίων καὶ
φανερῶς ἁλισκομένους ἀναγκαίως ἐκόλαζε, τῶν
δ´ ἄλλων ὅσους ἐξῆν περιεώρα λανθάνοντας,
ἐνίους δὲ καὶ συνεξέπεμπε. τὴν δ´ Ἱμεραίων
πόλιν ἐγνωκότος αὐτοῦ κολάζειν γενομένην μετὰ
τῶν πολεμίων, Σθένις ὁ δημαγωγὸς αἰτησάμενος
λόγον οὐκ ἔφη δίκαια ποιήσειν τὸν Πομπήϊον,
ἐὰν τὸν αἴτιον ἀφεὶς ἀπολέσῃ τοὺς μηδὲν ἀδικοῦντας.
ἐρομένου δὲ ἐκείνου τίνα λέγει τὸν
αἴτιον, ἑαυτὸν ὁ Σθένις ἔφη, τοὺς μὲν φίλους
πείσαντα τῶν πολιτῶν, τοὺς δ´ ἐχθροὺς βιασάμενον.
ἀγασθεὶς οὖν τὴν παρρησίαν καὶ τὸ
φρόνημα τοῦ ἀνδρὸς ὁ Πομπήϊος ἀφῆκε τῆς
αἰτίας πρῶτον ἐκεῖνον, εἶτα τοὺς ἄλλους ἅπαντας.
ἀκούων δὲ τοὺς στρατιώτας ἐν ταῖς ὁδοιπορίαις
ἀτακτεῖν, σφραγῖδα ταῖς μαχαίραις αὐτῶν ἐπέβαλεν,
ἣν ὁ μὴ φυλάξας ἐκολάζετο.
| [10] X. Interim nuntiatur Perpennam Siciliam occupare contrariaeque
factionis superstitibus hominibus insulam eam
receptaculi loco praebere; ibidemque Carbo cum classe altum
tenuit mare, et Domitius Africam inuaserat, multique
alii nobiles exsules, qui proscriptionem Syllanam euasissent,
in istas partes se receperant. Aduersus istos Pompeius
cum magnis copiis mittitur. Perpenna statim Sicilia abiit.
Urbes misere affectas recepit Pompeius humanumque sese
omnibus praeterquam Mamertinis Messanensibus praebuit.
His tribunal eius et iurisdictionem recusantibus, quod antiqua
lege quadam Romana id fieri prohibitum esset : Nunquamne,
inquit, nobis gladios succinctis leges recitare desinetis?
Videtur et Carbonis calamitatibus inhumanius insultasse.
Si enim fuit, ut fortasse fuit, necesse eum occidere,
at statim, ubi ceperat eum, id fieri oportebat culpaque fuisset
eius, qui iusserat. At Pompeius eum uirum qui ter Romanorum
consul fuisset, uinctum ad se adduci iussit, stantisque
ad tribunal sedens ipse causam examinauit, omnibus
qui aderant moleste ferentibus, atque ita tandem abductum
necari mandauit. Carbonem quidem tradunt, quum ad supplicium
duceretur, stringique iam gladium cerneret, locum
sibi dari et exiguum uentris exonerandi spatium petiisse.
C. autem Oppius, Caesaris amicus, inhumaniter usum
etiam Q- Valerio Pompeium scribit. Quum enim sciret rara
praeditum esse doctrina uirum, adductum ad se apprehendisse,
unaque deambulasse, ac postquam ex eo didicisset
quae uoluisset, famulis mandasse ut statim abductum occiderent.
Verum Oppio, quum de amicis inimicisue Caesaris
scribit, caute admodum adhibenda est fides. Pompeius
Syllae hostes, si qui illustres et aperte capti ad se adducerentur,
necesse habuit supplicio afficere; alioquin ceterorum
quotquot potuit, latere passus est, nonnullorum etiam
fugam adiuuit. Quum porro Himeraeorum ciuitatem punire
statuisset, quod hostium partes secuta esset, Sthenis,
qui in ea republica plurimum potuerat, impetrata dicendi
facultate, iniuste facturum Pompeium dixit, si sonte omisso
insontes perdat. Interrogatus inde, quemnam sontem diceret,
Ego, inquit, is sum, qui ciues mihi cupientes persuadendo,
aduersarios ui induxi. Huius magnanimitatem
inque dicendo libertatem admiratus Pompeius, primum
ipsi, post toti etiam ciuitati culpam condonauit.
Audiens porro milites in itinere immodeste se gerere, gladios
eorum obsignauit, et qui sigillum non seruassent, iis poenam irrogauit.
| [10] X. On apprit dans le même temps à Rome que
Perpenna s'était emparé de la Sicile, dont il voulait
faire une retraite pour tous ceux qui restaient
encore de la faction contraire à celle de Sylla; que
Carbon croisait avec une flotte dans des mers de
cette île; que Domitius était passé en Afrique et
que les plus illustres d'entre ces bannis qui avaient
pu échapper à la proscription s'y étaient retirés.
Pompée, envoyé contre eux avec une puissante armée,
n'eut pas paru qu'il fit abandonner
la Sicile à Perpenna ; il adoucit le sort des villes
opprimées, et les traita avec beaucoup d'humanité,
à l'exception des Mamertins, habitants de Messine,
qui, se fondant sur une ancienne loi des Romains,
refusaient de comparaître à son tribunal, et déclinaient
sa juridiction. «Ne cesserez-vous pas, leur
dit Pompée, de nous alléguer vos lois, à nous qui
portons l'épée?" On trouva qu'il insultait, avec
une sorte d'inhumanité, au malheur de Carbon; si
sa mort était nécessaire, comme elle pouvait l'être,
il fallait le faire mourir aussitôt qu'il eût été arrêté,
et l'odieux en serait retombé sur celui qui l'avait
ordonnée; au contraire, Pompée fit traîner devant
lui, chargé de chaînes, un Romain illustre, trois
fois honoré du consulat; du haut de son tribunal,
il le jugea lui-même en présence d'une foule nombreuse
qui faisait éclater sa douleur et son indi-
gnation, et donna ordre qu'on l'emmenât pour
être exécuté : lorsqu'on l'eut conduit au lieu du
supplice, et qu'il vit l'épée nue, il demanda à se
retirer un moment à l'écart pour un besoin qui le
pressait. Caïus Oppius, l'ami de César, rapporte
que Pompée traita avec la même inhumanité
Quintus Valérius : comme il le connaissait pour un
homme de lettres et d'un savoir peu commun,
quand on l'eut amené, il le tira à part, se promena
quelque temps avec lui; et après l'avoir interrogé
et en avoir appris ce qu'il voulait savoir,
il ordonna à ses satellites de le conduire au supplice;
mais il ne faut croire qu'avec beaucoup de
réserve ce qu'Oppius écrit des ennemis et des amis
de César. Pompée ne pouvait se dispenser de faire
punir les ennemis de Sylla les plus connus, et
ceux qui avaient été pris au su de tout le monde :
pour ceux qui purent s'échapper, il fit semblant,
autant que cela fut possible, de ne pas s'en apercevoir ;
il y en eut même dont il favorisa la fuite.
Il avait résolu de châtier les Himéréens qui avaient
embrassé le parti de ses ennemis; mais un de leurs
orateurs, nommé Sthénis, ayant demandé la permission
de parler, lui représenta qu'il serait injuste
de pardonner au coupable et de faire périr
ceux qui n'avaient aucun tort. Pompée lui demanda
de quel coupable il voulait parler : «De moi-même,
lui répondit Sthénis; c'est moi qui ai séduit mes
amis, et forcé mes ennemis de se jeter dans le
parti qu'ils ont suivi." Pompée, charmé de sa
franchise et de sa magnanimité, lui pardonna
d'abord, et ensuite à tous les autres Himéréens.
Informé que ses soldats commettaient des désordres
dans leur marche, il scella leurs épées de son
cachet, et punit tous ceux qui rompirent le sceau.
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