HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Vie de Cicéron

Chapitre 5

  Chapitre 5

[5] γοῦν Κικέρων ἐλπίδων μεστὸς ἐπὶ τὴν πολιτείαν φερόμενος, ὑπὸ χρησμοῦ τινος ἀπημβλύνθη τὴν ὁρμήν. ἐρομένῳ γὰρ αὐτῷ τὸν ἐν Δελφοῖς θεὸν ὅπως ἂν ἐνδοξότατος γένοιτο, προσέταξεν Πυθία τὴν ἑαυτοῦ φύσιν, ἀλλὰ μὴ τὴν τῶν πολλῶν δόξαν ἡγεμόνα ποιεῖσθαι τοῦ βίου. καὶ τόν γε πρῶτον ἐν Ῥώμῃ χρόνον εὐλαβῶς διῆγε καὶ ταῖς ἀρχαῖς ὀκνηρῶς προσῄει καὶ παρημελεῖτο, ταῦτα δὴ τὰ Ῥωμαίων τοῖς βαναυσοτάτοις πρόχειρα καὶ συνήθη ῥήματα Γραικὸς καὶ σχολαστικὸς ἀκούων. ἐπεὶ δὲ καὶ φύσει φιλότιμος ὢν καὶ παροξυνόμενος ὑπὸ τοῦ πατρὸς καὶ τῶν φίλων ἐπέδωκεν εἰς τὸ συνηγορεῖν ἑαυτόν, οὐκ ἠρέμα τῷ πρωτείῳ προσῆλθεν, ἀλλ´ εὐθὺς ἐξέλαμψε τῇ δόξῃ καὶ διέφερε πολὺ τῶν ἀγωνιζομένων ἐπ´ ἀγορᾶς. λέγεται δὲ καὶ αὐτὸς οὐδὲν ἧττον νοσήσας τοῦ Δημοσθένους περὶ τὴν ὑπόκρισιν, τοῦτο μὲν Ῥωσκίῳ τῷ κωμῳδῷ, τοῦτο δ´ Αἰσώπῳ τῷ τραγῳδῷ προσέχειν ἐπιμελῶς. τὸν δ´ Αἴσωπον τοῦτον ἱστοροῦσιν ὑποκρινόμενον ἐν θεάτρῳ τὸν περὶ τῆς τιμωρίας τοῦ Θυέστου βουλευόμενον Ἀτρέα, τῶν ὑπηρετῶν τινος ἄφνω παραδραμόντος, ἔξω τῶν ἑαυτοῦ λογισμῶν διὰ τὸ πάθος ὄντα τῷ σκήπτρῳ πατάξαι καὶ ἀνελεῖν. οὐ μικρὰ δὴ πρὸς τὸ πείθειν ὑπῆρχεν ἐκ τοῦ ὑποκρίνεσθαι ῥοπὴ τῷ Κικέρωνι, καὶ τούς γε τῷ μέγα βοᾶν χρωμένους ῥήτορας ἐπισκώπτων, ἔλεγε δι´ ἀσθένειαν ἐπὶ τὴν κραυγὴν ὥσπερ χωλοὺς ἐφ´ ἵππον πηδᾶν. δὲ περὶ τὰ σκώμματα καὶ τὴν παιδιὰν ταύτην εὐτραπελία δικανικὸν μὲν ἐδόκει καὶ γλαφυρὸν εἶναι, χρώμενος δ´ αὐτῇ κατακόρως, πολλοὺς ἐλύπει καὶ κακοηθείας ἐλάμβανε δόξαν. [5] V. Cicero autem quum bona spe plenus ad rempublicam se conferret, impetum eius oraculum quoddam retudit. Delphis enim deum consulenti, quonam modo ad summam peruenire gloriam posset, responderat Pythia, ut ne hominum de se existimationem, sed suam ipsius naturam ducem sibi uitae constitueret. Primum tempus Romae caute admodum triuit, segniterque ad magistratus petendos accessit, negligebaturque, ac Graecus literarioque otio deditus, quae nomina imperitis sordidisque hominibus in usu fere sunt, uulgo appellabatur. Postquam uero et innata laudis cupiditate, et patris amicorumque adhortationibus compulsas, causis agendis se dedit : non iam paulatim ad principem locum progressus est, sed gloria eius statim effulsit, longoque post se interuallo ceteros reliquit oratores. Annotatum est eum, quum non minus quam Demosthenes actionis uitio laboraret, in eo emendando quum Roscii comoedi, tum Aesopi tragoedi opera usum. Hunc Aesopum dicunt, quum aliquando in theatro personam Atrei de ulciscendo Thyesta deliberantis ageret, famulum quendam, qui subito praetercurrisset, ob animi commotionem mente captum inflicto sceptro interfecisse. Sane actio Ciceroni haud leue momentum ad persuadendum contulit ; idemque magna uociferatione utentes oratores irridens, ob imbecillitatem ad clamorem, ueluti claudos ad equum, confugere dicebat. Verum hae eius facetiae atque dicacitas, quum elegans quiddam et iudiciis accommodatum uideretur, ad satietatem usque ab eo usurpata multis molesta fuit, ac malignitatis opinionem auctori conciliauit. [5] V. Cicéron, rempli des plus flatteuses espérances, retournait à Rome pour se livrer aux affaires publiques, lorsqu'il fut un peu refroidi par la réponse qu'il reçut de l'oracle de Delphes. Il avait demandé au dieu par quel moyen il pourrait acquérir une très grande gloire : «Ce sera, lui répondit la Pythie, en prenant pour guide de votre vie, non l'opinion du peuple, mais votre naturel.» Quand il fut à Rome, il s'y conduisit dans les premiers temps avec beaucoup de réserve; il voyait rarement les magistrats, qui lui témoignaient eux-mêmes peu de considération; il s'entendait donner les noms injurieux de Grec et d'écolier, termes familiers à la plus vile populace de Rome; mais son ambition naturelle, enflammée encore par son père et par ses amis, le poussa aux exercices du barreau, où il parvint au premier rang, non par des progrès lents et successifs, mais par des succès si brillants et si rapides, qu'il laissa bientôt derrière lui tous ceux qui couraient la même carrière. Il avait pourtant, à ce qu'on assure, et dans la prononciation et dans le geste, les mêmes défauts que Démosthène; mais les leçons de Roscius et d'Ésope, deux excellents acteurs, l'un pour la tragédie, et l'autre pour la comédie, l'en eurent bientôt corrigé. On raconte de cet Ésope, qu'un jour qu'il jouait le rôle d'Atrée, qui délibère sur la manière dont il se vengera de son frère Thyeste, un de ses domestiques étant passé tout à coup devant lui dans le moment où la violence de la passion l'avait mis hors de lui-même, il lui donna un si grand coup de son sceptre, qu'il l'étendit mort à ses pieds. La grâce de la déclamation donnait à l'éloquence de Cicéron une force persuasive. Aussi se moquait-il de ces orateurs qui n'avaient d'autre moyen de toucher que de pousser de grands cris."C'est par faiblesse, disait-il, qu'ils crient ainsi, comme les boiteux montent à cheval pour se soutenir." Au reste, ces plaisanteries fines, ces reparties vives conviennent au barreau; mais l'usage que Cicéron en faisait jusqu'à la satiété blessait les auditeurs, et lui donna la réputation de méchant.


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Dernière mise à jour : 10/03/2005