HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Vie de Cicéron

Chapitre 47

  Chapitre 47

[47] Πραττομένων δὲ τούτων Κικέρων ἦν μὲν ἐν ἀγροῖς ἰδίοις περὶ Τοῦσκλον, ἔχων τὸν ἀδελφὸν σὺν αὑτῷ? πυθόμενοι δὲ τὰς προγραφάς, ἔγνωσαν εἰς Ἄστυρα μεταβῆναι, χωρίον παράλιον τοῦ Κικέρωνος, ἐκεῖθεν δὲ πλεῖν εἰς Μακεδονίαν πρὸς Βροῦτον? ἤδη γὰρ ὑπὲρ αὐτοῦ λόγος ἐφοίτα κρατοῦντος. ἐκομίζοντο δ´ ἐν φορείοις, ἀπειρηκότες ὑπὸ λύπης, καὶ κατὰ τὴν ὁδὸν ἐφιστάμενοι καὶ τὰ φορεῖα παραβάλλοντες ἀλλήλοις προσωλοφύροντο. μᾶλλον δ´ Κόιντος ἠθύμει, καὶ λογισμὸς αὐτὸν εἰσῄει τῆς ἀπορίας? οὐδὲν γὰρ ἔφθη λαβεῖν οἴκοθεν, ἀλλὰ καὶ τῷ Κικέρωνι γλίσχρον ἦν ἐφόδιον? ἄμεινον οὖν εἶναι τὸν μὲν Κικέρωνα προλαμβάνειν τῆς φυγῆς, αὐτὸν δὲ μεταθεῖν οἴκοθεν συσκευασάμενον. ταῦτ´ ἔδοξε, καὶ περιβαλόντες ἀλλήλους καὶ ἀνακλαυσάμενοι διελύθησαν. μὲν οὖν Κόιντος οὐ πολλαῖς ὕστερον ἡμέραις ὑπὸ τῶν οἰκετῶν προδοθεὶς τοῖς ζητοῦσιν, ἀνῃρέθη μετὰ τοῦ παιδός. δὲ Κικέρων εἰς Ἄστυρα κομισθεὶς καὶ πλοῖον εὑρών, εὐθὺς ἐνέβη καὶ παρέπλευσεν ἄχρι Κιρκαίου πνεύματι χρώμενος. ἐκεῖθεν δὲ βουλομένων εὐθὺς αἴρειν τῶν κυβερνητῶν, εἴτε δείσας τὴν θάλασσαν, εἴτ´ οὔπω παντάπασι τὴν Καίσαρος ἀπεγνωκὼς πίστιν, ἀπέβη καὶ παρῆλθε πεζῇ σταδίους ἑκατὸν ὡς εἰς Ῥώμην πορευόμενος. αὖθις δ´ ἀλύων καὶ μεταβαλλόμενος, κατῄει πρὸς θάλασσαν εἰς Ἄστυρα, κἀκεῖ διενυκτέρευσεν ἐπὶ δεινῶν καὶ ἀπόρων λογισμῶν, ὅς γε καὶ παρελθεῖν εἰς τὴν Καίσαρος οἰκίαν διενοήθη κρύφα καὶ σφάξας ἑαυτὸν ἐπὶ τῆς ἑστίας ἀλάστορα προσβαλεῖν. ἀλλὰ καὶ ταύτης αὐτὸν ἀπέκρουσε τῆς ὁδοῦ δέος βασάνων, καὶ πολλὰ ταραχώδη καὶ παλίντροπα βουλεύματα τῇ γνώμῃ μεταλαμβάνων, παρέδωκε τοῖς οἰκέταις ἑαυτὸν εἰς Καιήτας κατὰ πλοῦν κομίζειν, ἔχων ἐκεῖ χωρία καὶ καταφυγὴν ὥρᾳ θέρους φιλάνθρωπον, ὅταν ἥδιστον οἱ ἐτησίαι καταπνέωσιν. ἔχει δ´ τόπος καὶ ναὸν Ἀπόλλωνος μικρὸν ὑπὲρ τῆς θαλάσσης. ἐντεῦθεν ἀρθέντες ἀθρόοι κόρακες ὑπὸ κλαγγῆς προσεφέροντο τῷ πλοίῳ τοῦ Κικέρωνος ἐπὶ γῆν ἐρεσσομένῳ, καὶ κατασχόντες ἐπὶ τὴν κεραίαν ἑκατέρωθεν οἱ μὲν ἐβόων, οἱ δ´ ἔκοπτον τὰς τῶν μηρυμάτων ἀρχάς, καὶ πᾶσιν ἐδόκει τὸ σημεῖον εἶναι πονηρόν. ἀπέβη δ´ οὖν Κικέρων, καὶ παρελθὼν εἰς τὴν ἔπαυλιν, ὡς ἀναπαυσόμενος κατεκλίθη. τῶν δὲ κοράκων οἱ πολλοὶ μὲν ἐπὶ τῆς θυρίδος διεκάθηντο φθεγγόμενοι θορυβῶδες, εἷς δὲ καταβὰς ἐπὶ τὸ κλινίδιον ἐγκεκαλυμμένου τοῦ Κικέρωνος ἀπῆγε τῷ στόματι κατὰ μικρὸν ἀπὸ τοῦ προσώπου τὸ ἱμάτιον. οἱ δ´ οἰκέται ταῦθ´ ὁρῶντες καὶ κακίσαντες αὑτούς, εἰ περιμένουσι τοῦ δεσπότου φονευομένου θεαταὶ γενέσθαι, θηρία δ´ αὐτῷ βοηθεῖ καὶ προκήδεται παρ´ ἀξίαν πράττοντος, αὐτοὶ δ´ οὐκ ἀμύνουσι, τὰ μὲν δεόμενοι, τὰ δὲ βίᾳ λαβόντες ἐκόμιζον ἐν τῷ φορείῳ πρὸς τὴν θάλασσαν. [47] XLVII. Erat tunc in Tusculano Cicero, una cum fratre. Ut de proscriptione renuntiatum est, statuerunt Asturam descendere, praedium Ciceronis maritimam, atque inde ad Brutum in Macedoniam nauigare, quem obtinere iam istas regiones rumor ferebat. Ferebantur autem lecticis, moerore confecti, et saepe in itinere subsistebant, iunctisque lecticis sortem suam deplorabant. Magis tamen Q- Cicero moerebat, penuriae recordatione motus, quod neque ipse quicquam secum domo abstulisset, et fratri quoque uiaticum erat perexiguum; itaque praestare dicebat ut M- Cicero fugam occuparet, ipse propere sequeretur, quum necessaria domo accepisset. Hoc consilio probato; mutuo se complexi, facta salutatione digressi sunt. Et Quintus quidem paucis post diebus a seruis proditus, et percussoribus traditus, una cum filio necatus est. Cicero autem Asturam perrexit, inuentoque ibi nauigio, statim soluit, et usque ad Circaeum uento perlatus est. Inde quum recta nauigaturi essent gubernatores, siue maris metu, siue quod nondum omnino de fide Caesaris desperasset, in terram exiit, pedestrique itinere ad centum stadia Romam uersus profectus est. Rursus deinde animo aestuans, mutata sententia itinere ad mare flexo Asturam repetiit, ibique pernoctauit, incertus animi et uaria atque grauia consilia agitans; nam id etiam cogitabat, occulte in domum Caesaris intrare; seque apud lares eius iugulare, eoque diras in eum ultrices concitare. A quo consilio metu tormentorum depulsus, aliisque rursum tumultuosis et contrariis cogitationibus ductus, famulis se deuehendum mari commisit, ad praedia iuxta Caietam. Habebat enim ibi praedia, et commodum tempore aestiuo refugium, quum suauissimi sunt Etesiarum flatus. Erat et parua ibi Apollinis aedes supra mare. Ex ea corui confertim aduolantes cum clangore nauim Ciceronis terrae accedentem petierunt et utrimque insessis antennis partim crocitarunt, partim rudentum capita rostris momorderunt; idque ab omnibus pro infausto signo est acceptum. Egressus tamen est Cicero, et uillam intrauit, ibique quietis captandae causa accubuit. Corui autem ad fenestram assidentes, clamorem importunum ediderunt, unusque eorum ad lectum aduolans, Ciceronis uestem, qua se uelauerat, paulatim rostro a facie detraxit. Haec uidentes serui, suamque ipsorum ignauiam damnantes, quod inspicere heri caedem sustinerent, et non defenderent potius eum, cuius pro salute indigna fortuna utentis etiam bruta animantia sollicita essent, partim exoratum, partim inuitum in lectica ad mare detulerunt. [47] XLVII. Pendant ce traité barbare, Cicéron était, avec son frère, à sa maison de Tusculum, où, à la première nouvelle des proscriptions, ils résolurent de gagner Astyre, autre maison de campagne que Cicéron avait sur les bords de la mer, pour s'y embarquer, et se rendre en Macédoine, auprès de Brutus, dont ils avaient appris que le parti s'était fortifié. Ils se mirent chacun dans une litière, accablés de tristesse, et n'ayant plus d'espoir. Ils s'arrêtèrent en chemin; et ayant fait approcher leur litière, ils déploraient mutuellement leur infortune. Quintus était le plus abattu; il s'affligeait surtout de n'avoir pas songé à rien prendre chez lui. Cicéron n'ayant non plus que peu de provisions pour son voyage, ils jugèrent qu'il était plus sage que Cicéron, continuant sa route, se hâtât de fuir, et que Quintus retournât dans sa maison pour y prendre tout ce qui leur était nécessaire. Cette résolution prise, ils s'embrassèrent tendrement, et se séparèrent en fondant en larmes. Peu de jours après, Quintus, trahi par ses domestiques, et livré à ceux qui le cherchaient, fut mis à mort avec son fils. Cicéron, en arrivant à Astyre, trouva un vaisseau prêt, sur lequel il s'embarqua, et fit voile, par un bon vent, jusqu'à Circée. Là, les pilotes voulant se remettre en mer, Cicéron, soit qu'il en craignît les incommodités, soit qu'il conservât encore quelque espoir dans la fidélité de César, descendit à terre, et fit à pied l'espace de cent stades, comme s'il eût voulu retourner à Rome. Mais bientôt l'inquiétude où il était lui ayant fait changer de sentiment, il reprit le chemin de la mer, et passa la nuit suivante livré à des pensées si affreuses, qu'il voulut un moment se rendre secrètement dans la maison de César, et s égorger lui-même sur son foyer, afin d'attacher à sa personne une furie vengeresse. La crainte des tourments auxquels il devait s'attendre, s'il était pris, le détourna de cette résolution : toujours flottant entre des partis également dangereux, il s'abandonna de nouveau à ses domestiques, pour le conduire par mer à Caïète où il avait une maison qui offrait, pendant les chaleurs de l'été, une retraite agréable, lorsque les vents étésiens rafraîchissent l'air par la douceur de leur haleine. Il y a, dans ce lieu, un temple d'Apollon, situé près de la mer. Tout à coup il sortit de ce temple une troupe de corbeaux, qui, s'élevant dans les airs avec de grands cris, dirigèrent leur vol vers le vaisseau de Cicéron, comme il était près d'aborder, et allèrent se poser aux deux côtés de l'antenne. Les uns croassaient avec grand bruit, les autres frappaient à coups de bec sur les cordages. Tout le monde regarda ce signe comme très menaçant. Cicéron, après être débarqué, entra dans sa maison, et se coucha pour prendre du repos : mais la plupart de ces corbeaux, étant venus se poser sur la fenêtre de sa chambre, jetaient des cris effrayants. Il y en eut un qui, volant sur son lit, retira avec son bec le pan de la robe dont Cicéron s'était couvert le visage. A cette vue, ses domestiques se reprochèrent leur lâcheté. «Attendrons-nous, disaient-ils, d'être ici les témoins du meurtre de notre maître ? et lorsque des animaux même, touchés du sort indigne qu'il éprouve, viennent à son secours, et veillent au soin de ses jours, ne ferons-nous rien pour sa conservation?» En disant ces mots, ils le mettent dans une litière, autant par prières que par force, et prennent le chemin de la mer.


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Dernière mise à jour : 10/03/2005