| [46]  Ἐνταῦθα μέντοι μάλιστα Κικέρων ἐπαρθεὶς ὑπὸ
 νέου γέρων καὶ φενακισθεὶς καὶ συναρχαιρεσιάσας καὶ
 παρασχὼν αὐτῷ τὴν σύγκλητον, εὐθὺς μὲν ὑπὸ τῶν φίλων
 αἰτίαν ἔσχεν, ὀλίγῳ δ´ ὕστερον αὑτὸν ἀπολωλεκὼς ᾔσθετο
 καὶ τοῦ δήμου προέμενος τὴν ἐλευθερίαν. αὐξηθεὶς γὰρ ὁ
 νεανίας καὶ τὴν ὑπατείαν λαβών, Κικέρωνα μὲν εἴασε χαίρειν,
 Ἀντωνίῳ δὲ καὶ Λεπίδῳ φίλος γενόμενος καὶ τὴν
 δύναμιν εἰς τὸ αὐτὸ συνενεγκών, ὥσπερ ἄλλο τι κτῆμα
 τὴν ἡγεμονίαν ἐνείματο πρὸς αὐτούς, καὶ κατεγράφησαν
 ἄνδρες οὓς ἔδει θνῄσκειν ὑπὲρ διακοσίους. πλείστην δὲ
 τῶν ἀμφισβητημάτων αὐτοῖς ἔριν ἡ Κικέρωνος προγραφὴ
 παρέσχεν, Ἀντωνίου μὲν ἀσυμβάτως ἔχοντος, εἰ μὴ πρῶτος
 ἐκεῖνος ἀποθνῄσκοι, Λεπίδου δ´ Ἀντωνίῳ προστιθεμένου,
 Καίσαρος δὲ πρὸς ἀμφοτέρους ἀντέχοντος. ἐγίγνοντο
 δ´ αἱ σύνοδοι μόνοις ἀπόρρητοι περὶ πόλιν Βονωνίαν ἐφ´
 ἡμέρας τρεῖς, καὶ συνῄεσαν εἰς τόπον τινὰ πρόσω τῶν
 στρατοπέδων, ποταμῷ περιρρεόμενον. λέγεται δὲ τὰς πρώτας
 ἡμέρας διαγωνισάμενος ὑπὲρ τοῦ Κικέρωνος ὁ Καῖσαρ
 ἐνδοῦναι τῇ τρίτῃ καὶ προέσθαι τὸν ἄνδρα. τὰ δὲ τῆς
 ἀντιδόσεως οὕτως εἶχεν. ἔδει Κικέρωνος μὲν ἐκστῆναι
 Καίσαρα, Παύλου δὲ τἀδελφοῦ Λέπιδον, Λευκίου δὲ
 Καίσαρος Ἀντώνιον, ὃς ἦν θεῖος αὐτῷ πρὸς μητρός.
 οὕτως ἐξέπεσον ὑπὸ θυμοῦ καὶ λύσσης τῶν ἀνθρωπίνων
 λογισμῶν, μᾶλλον δ´ ἀπέδειξαν ὡς οὐδὲν ἀνθρώπου θηρίον
 ἐστὶν ἀγριώτερον ἐξουσίαν πάθει προσλαβόντος.
 | [46] XLVI. Cicero sane tum senex a iuuene inductus deceptusque, 
 
in petitione consulatus eum iuuit senatusque ei 
 
uoluntatem conciliauit; quam ob rem statim ab amicis culpatus, 
 
paullo post et se perditum, et libertatem populi a se 
 
proditam sensit. Caesar enim consulatum potentiamque 
 
adeptus, iusso ualere Cicerone, cum Antonio et Lepido 
 
amicitiam contraxit, collataque in unum omni potentia, 
 
imperii Romani quasi praedii alicuius diuisio inter eos facta 
 
est, proscriptique, qui necarentur, uiri plures quam 
 
ducenti. Maxima inter eos contentione de proscriptione 
 
Ciceronis certatum est, quum Antonius nisi necato Cicerone 
 
pacem se accepturum negaret, Lepidusque ei astipularetur, 
 
Caesar autem utrique repugnaret. Conuenerunt soli 
 
tres isti occulte apud Bononiam, in loco aqua circumfluo 
 
procul a castris, totoque triduo inter se collocuti sunt. 
 
Tertia die Caesar fertur, quum biduum pro Ciceronis salute 
 
certasset, cessisse eumque destituisse. Fuit autem permutatio 
 
ita instituta, ut Caesar Ciceronem, Lepidus Paulum 
 
fratrem, L- Caesarem auunculum Antonius proscribi permitterent. 
 
Adeo ira eis et rabies omnes humanas cogitationes excusserant, 
 
imo autem illi demonstrauerunt, nullam esse belluam saeuiorem homine 
 
potestate ad exsequendum quod perturbato animo decreuit armato.
 
 | [46] XLVI. Ce fut surtout dans cette occasion que Cicéron, malgré l'expérience de l'âge, dupé par un 
jeune homme, appuya si fortement sa brigue, qu'il lui donna tout le sénat. Il en fut blâmé sur-le-champ 
par ses amis, et il ne tarda pas lui-même à reconnaître qu'il s'était perdu, et qu'il avait sacrifié la liberté 
du peuple. César, dont le consulat avait fort augmenté la puissance, ne s'embarrassa plus de Cicéron; 
il se lia avec Antoine et Lépidus; et, réunissant tous trois leurs forces, ils partagèrent entre eux l'empire, 
comme si ce n'eût été qu'un simple héritage. Ils dressèrent une liste de plus de deux cents citoyens 
dont ils avaient arrêté la mort. La proscription de Cicéron donna lieu à la plus vive dispute. Antoine 
ne voulait se prêter à aucun accommodement, que Cicéron n'eût péri le premier. Lépidus appuyait sa 
demande, et César résistait à l'un et à l'autre. Ils passèrent trois jours, près de la ville de Bologne, 
dans des conférences secrètes, et s'abouchaient dans un endroit entouré d'une rivière qui séparait les 
deux camps. César fit, dit-on, les deux premiers jours, la plus vive défense pour sauver Cicéron ; mais 
enfin il céda le troisième jour, et l'abandonna. Ils obtinrent chacun, par des sacrifices respectifs, ce qu'ils
désiraient : César sacrifia Cicéron; Lépidus, son propre frère Paulus ; et Antoine, son oncle maternet 
Lucius César : tant la colère et la rage, étouffant en eux tout sentiment d'humanité, prouvèrent qu'il n'est 
point d'animal féroce plus cruel que l'homme, quand il a le pouvoir d'assouvir sa passion!
 |