| [45]  Αὗται μὲν οὖν ἴσως προφάσεις ἦσαν λεγόμεναι? τὸ
 δὲ πρὸς Ἀντώνιον μῖσος Κικέρωνα πρῶτον, εἶθ´ ἡ φύσις
 ἥττων οὖσα τιμῆς προσεποίησε Καίσαρι, νομίζοντα προσλαμβάνειν
 τῇ πολιτείᾳ τὴν ἐκείνου δύναμιν. οὕτω γὰρ
 ὑπῄει τὸ μειράκιον αὐτόν, ὥστε καὶ πατέρα προσαγορεύειν.
 ἐφ´ ᾧ σφόδρα Βροῦτος ἀγανακτῶν ἐν ταῖς πρὸς Ἀττικὸν
 ἐπιστολαῖς (Brut. 1, 17, 5) καθήψατο τοῦ Κικέρωνος,
 ὅτι διὰ φόβον Ἀντωνίου θεραπεύων Καίσαρα δῆλός ἐστιν
 οὐκ ἐλευθερίαν τῇ πατρίδι πράττων, ἀλλὰ δεσπότην φιλάνθρωπον
 αὑτῷ μνώμενος. οὐ μὴν ἀλλὰ τόν γε παῖδα τοῦ
 Κικέρωνος ὁ Βροῦτος ἐν Ἀθήναις διατρίβοντα παρὰ τοῖς
 φιλοσόφοις ἀναλαβὼν ἔσχεν ἐφ´ ἡγεμονίαις, καὶ πολλὰ
 χρώμενος αὐτῷ κατώρθου. τοῦ δὲ Κικέρωνος ἀκμὴν ἔσχεν
 ἡ δύναμις ἐν τῇ πόλει τότε μεγίστην, καὶ κρατῶν ὅσον
 ἐβούλετο τὸν μὲν Ἀντώνιον ἐξέκρουσε καὶ κατεστασίασε,
 καὶ πολεμήσοντας αὐτῷ τοὺς δύο ὑπάτους, Ἵρτιον καὶ
 Πάνσαν, ἐξέπεμψε, Καίσαρι δὲ ῥαβδούχους καὶ στρατηγικὸν
 κόσμον, ὡς δὴ προπολεμοῦντι τῆς πατρίδος, ἔπεισε
 ψηφίσασθαι τὴν σύγκλητον. ἐπεὶ δ´ Ἀντώνιος μὲν ἥττητο,
 τῶν δ´ ὑπάτων ἀμφοτέρων ἐκ τῆς μάχης ἀποθανόντων
 πρὸς Καίσαρα συνέστησαν αἱ δυνάμεις, δείσασα δ´ ἡ βουλὴ
 νέον ἄνδρα καὶ τύχῃ λαμπρᾷ κεχρημένον, ἐπειρᾶτο τιμαῖς
 καὶ δωρεαῖς ἀποκαλεῖν αὐτοῦ τὰ στρατεύματα καὶ περισπᾶν
 τὴν δύναμιν, ὡς μὴ δεομένη τῶν προπολεμούντων
 Ἀντωνίου πεφευγότος, οὕτως ὁ Καῖσαρ φοβηθεὶς ὑπέπεμπε
 τῷ Κικέρωνι τοὺς δεομένους καὶ πείθοντας, ὑπατείαν μὲν
 ἀμφοτέροις ὁμοῦ πράττειν, χρῆσθαι δὲ τοῖς πράγμασιν
 ὅπως αὐτὸς ἔγνωκε παραλαβόντα τὴν ἀρχήν, καὶ τὸ μειράκιον
 διοικεῖν, ὀνόματος καὶ δόξης γλιχόμενον. ὁμολογεῖ
 δ´ οὖν ὁ Καῖσαρ αὐτός (HHR II  56), ὡς δεδιὼς κατάλυσιν
 καὶ κινδυνεύων ἔρημος γενέσθαι χρήσαιτο τῇ Κικέρωνος
 ἐν δέοντι φιλαρχίᾳ, προτρεψάμενος αὐτὸν ὑπατείαν
 μετιέναι συμπράττοντος αὐτοῦ καὶ συναρχαιρεσιάζοντος.
 | [45] XLV. Hae igitur Ciceronis cum Caesare coniunctionis occasiones 
 
ferebantur. Enimuero Ciceronem odium in Antonium 
 
primo, deinde ambitiosum ingenium Caesari coniunxit, 
 
sperantem se eius potentia auctum eo maiorem in republica 
 
fore. Nam adolescens ita ei se submittebat, ut patrem 
 
quoque eum suum appellaret. Quod indignissime ferens 
 
Brutus, in epistolis ad Atticum Ciceronem culpat, qui metu 
 
Antonii Caesarem colens, palam ostendat se non libertatem 
 
reipublicae quaerere, sed dominum sibi ipsi benignum. Filium 
 
tamen Ciceronis Brutus Athenis apud philosophos degentem 
 
ad se recepit, eoque usus legato multas res feliciter 
 
gessit. Maxime tunc Romae potentia Ciceronis uigebat,
 
ita ut quidquid uellet obtinens Antonium factione sua uictum 
 
urbe eiiceret, duosque consules Hirtium et Pansam
 
ad bellum ei faciendum mitteret; effecit etiam ut senatus 
 
Caesari, tanquam pro patria bellum gerenti, lictores honoresque 
 
praetorios decerneret. Victo Antonio et utroque 
 
consule mortuo, quum post pugnam ad Caesarem copiae 
 
confluerent, senatus sibi a iuuene fortuna ita secunda uso 
 
metuens, donis et honoribus ab eo auocare copias uiresque 
 
distrahere intendit, non indigere se propugnatoribus dicens, 
 
Antonio iam profligato. Qua re Caesar perterritus submisit 
 
ad Ciceronem qui ei persuaderent, ut sibi Caesarique consulatum 
 
adipisceretur res autem omnes suo arbitrio administraret 
 
et adolescentem Caesarem gloriae bonorisque 
 
cupidum ipse regeret. Ac fassus est quidem ipse Caesar, 
 
se, quum periculum esset ne opprimeretur et destitueretur, 
 
Ciceronis ambitione tempestiue usum fuisse, eoque adiuuante 
 
consulatum petiisse.
 
 | [45] XLV. Voilà les causes qu'on a données de son affection pour ce jeune homme : mais les véritables 
motifs de cet attachement furent d'abord sa haine contre Antoine; ensuite son caractère, qui, toujours faible 
contre les honneurs, lui donna ce goût pour César, dans l'espérance qu'il ferait servir au bien de la 
république la puissance de ce jeune homme, qui d'ailleurs faisait de son côté tout son possible pour 
s'insinuer dans l'amitié de Cicéron, et l'appelait même son père. Brutus, indigné de cette conduite, lui en 
fait les plus vifs reproches dans ses lettres à Atticus : il y dit que Cicéron , en flatsant César par la peur 
qu'il a d'Antoine, ne laisse aucun lieu de douter qu'il cherche moins à rendre à sa patrie la liberté, qu'à se 
donner à lui-même un maître doux et humain. Cependant Brutus ayant trouvé le fils de Cicéron à Athènes, 
où il suivait les écoles des philosophes, le prit avec lui, le chargea d'un commandement, et lui dut plusieurs 
de ses succès. Jamais Cicéron n'avait joui d'une plus grande autorité dans Rome : disposant de tout en 
maître, il vint à bout de chasser Antoine, et de soulever tous les esprits contre lui; il envoya même les 
deux consuls Hirtius et Pansa pour lui faire la guerre, et persuada au sénat de décerner au jeune César 
les licteurs armés de faisceaux, et toutes les marques du commandement, parce qu'il combattait pour la patrie.
Mais après qu'Antoine eut été défait, et les deux consuls tués, les deux armées qu'ils commandaient 
s'étant réunies à César, le sénat, qui craignit ce jeune homme, dont la fortune devenait si brillante, 
décerna aux troupes qui le suivaient des honneurs et des récompenses, dans la vue d'abattre sa puissance, 
sous prétexte que depuis la défaite d'Antoine la république n'avait plus besoin d'armée. 
César, alarmé de cette mesure, envoya secrètement quelques personnes à Cicéron, pour l'engager, 
par leurs prières, à se faire nommer consul avec César; l'assurant qu'il disposerait à son gré des affaires, 
et qu'il gouvernerait un jeune homme qui ne désirait que le titre et les honneurs attachés à cette dignité. 
César avoua depuis que, craignant de se voir abandonné de tout le monde par le licenciement de son 
armée, il avait mis à propos en jeu l'ambition de Cicéron, et l'avait porté à demander le consulat, 
en lui promettant de l'aider de son crédit et de ses sollicitations dans les comices.
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