[36] Γίνεται δὲ καὶ τῶν ἱερέων, οὓς αὔγουρας Ῥωμαῖοι
καλοῦσιν, ἀντὶ Κράσσου τοῦ νέου μετὰ τὴν ἐν Πάρθοις
αὐτοῦ τελευτήν. εἶτα κλήρῳ λαχὼν τῶν ἐπαρχιῶν Κιλικίαν
καὶ στρατὸν ὁπλιτῶν μυρίων καὶ δισχιλίων, ἱππέων δὲ
χιλίων καὶ ἑξακοσίων, ἔπλευσε, προσταχθὲν αὐτῷ καὶ
τὰ περὶ Καππαδοκίαν Ἀριοβαρζάνῃ τῷ βασιλεῖ φίλα καὶ
πειθήνια παρασχεῖν. ταῦτα τε δὴ παρεστήσατο καὶ συνήρμοσεν
ἀμέμπτως ἄνευ πολέμου, τούς τε Κίλικας ὁρῶν
πρὸς τὸ Παρθικὸν πταῖσμα Ῥωμαίων καὶ τὸν ἐν Συρίᾳ
νεωτερισμὸν ἐπηρμένους, κατεπράυνεν ἡμέρως ἄρχων. καὶ
δῶρα μὲν οὐδὲ τῶν βασιλέων διδόντων ἔλαβε, δείπνων δὲ
τοὺς ἐπαρχικοὺς ἀνῆκεν, αὐτὸς δὲ τοὺς χαρίεντας ἀνελάμβανε
καθ´ ἡμέραν ἑστιάσεσιν, οὐ πολυτελῶς, ἀλλ´ ἐλευθερίως.
ἡ δ´ οἰκία θυρωρὸν οὐκ εἶχεν, οὐδ´ αὐτὸς ὤφθη
κατακείμενος ὑπ´ οὐδενός, ἀλλ´ ἕωθεν ἑστὼς ἢ περιπατῶν
πρὸ τοῦ δωματίου τοὺς ἀσπαζομένους ἐδεξιοῦτο.
λέγεται δὲ μήτε ῥάβδοις αἰκίσασθαί τινα, μήτ´ ἐσθῆτα
περισχίσαι, μήτε βλασφημίαν ὑπ´ ὀργῆς ἢ ζημίαν προσβαλεῖν
μεθ´ ὕβρεως. ἀνευρὼν δὲ πάμπολλα τῶν δημοσίων
κεκλεμμένα, τάς τε πόλεις εὐπόρους ἐποίησε, καὶ τοὺς
ἀποτίνοντας οὐδὲν τούτου πλέον παθόντας ἐπιτίμους διεφύλαξεν.
ἥψατο δὲ καὶ πολέμου, λῃστὰς τῶν περὶ τὸν Ἀμανὸν
οἰκούντων τρεψάμενος, ἐφ´ ᾧ καὶ αὐτοκράτωρ ὑπὸ
τῶν στρατιωτῶν ἀνηγορεύθη. Καιλίου δὲ τοῦ ῥήτορος δεομένου
παρδάλεις αὐτῷ πρός τινα θέαν εἰς Ῥώμην ἐκ Κιλικίας
ἀποστεῖλαι, καλλωπιζόμενος ἐπὶ τοῖς πεπραγμένοις
γράφει πρὸς αὐτὸν οὐκ εἶναι παρδάλεις ἐν
Κιλικίᾳ? πεφευγέναι γὰρ εἰς Καρίαν ἀγανακτούσας ὅτι
μόναι πολεμοῦνται, πάντων εἰρήνην ἐχόντων.
Πλέων δ´ ἀπὸ τῆς ἐπαρχίας τοῦτο μὲν Ῥόδῳ προσέσχε,
τοῦτο δ´ Ἀθήναις ἐνδιέτριψεν, ἄσμενος πόθῳ τῶν πάλαι
διατριβῶν. ἀνδράσι δὲ τοῖς πρώτοις ἀπὸ παιδείας συγγενόμενος,
καὶ τούς τότε φίλους καὶ συνήθεις ἀσπασάμενος,
καὶ τὰ πρέποντα θαυμασθεὶς ὑπὸ τῆς Ἑλλάδος,
εἰς τὴν πόλιν ἐπανῆλθεν, ἤδη τῶν πραγμάτων ὥσπερ ὑπὸ
φλεγμονῆς διισταμένων ἐπὶ τὸν ἐμφύλιον πόλεμον.
| [36] XXXVl. Augur in locum Crassi iunioris apud Parthos interfecti
creatus est. Sortitus deinde prouinciam Ciliciam
et exercitum duodecim peditum millia, equites bis mille
sexcentos continentem, Roma nauigauit. Mandatum ei
erat ut Cappadociam regi Ariobarzani beneuolam et obedientem
redderet. Non haec modo ita absque bello confecit,
ut reprehendi a nemine posset, sed et Cilices ob Parthicam
Romanorum cladem et res nouas in Syria ad seditionem
inclinantes mansueta prouinciae gubernatione
continuit. Munera regibus offerentibus repudiauit,
coenas prouincialibus remisit, quotidie autem ipse urbaniores
ex illis conuiuio non sumptuoso quidem, sed liberali
tamen adbibebat. Domus ipsius nullo ianitore tenebatur,
neque ipsum cubantem conspexit quisquam, sed prima luce
ante domum suam stans aut obambulans salutantes excipiebat.
Ferunt eum neque uirgis cecidisse quenquam,
neque uestes ullius deripuisse, neque conuicium per iram
fecisse cuiquam, neminem etiam contumeliose mulctasse.
Quum inuenisset multos peculatus per prouinciam factos,
quum iis quae surrepta erant restituendis urbes ditauit, tum
iis qui ablata redderent nullo praeterea supplicio affectis
integram famam conseruauit. Bellum quoque attigit,
latronibus qui Amanum montent insederant, profligatis;
eiusque rei causa Imperator a militibus est appellatus.
Caelio autem oratori petenti, ut sibi ad ludos quosdam
pantheras Romain mitteret, ostentans res a se gestas ita
rescripsit : non esse pantheras in Cilicia, sed omnes diffugisse
in Cariam, quod aegre ferrent omnibus aliis pacatis
se unas bello infestari. E prouincia decedens Rhodum
appulit. Athenis autem desiderio actae olim ibi uitae aliquantisper
commoratus, cum doctissimisque uiris collocutus,
salutatis, quos tunc ibi habebat, amicis et familiaribus
dignisque honoribus a Graecis acceptis, Romam reuertit,
iam republica uelut ex inflammatione quadam in
bellum erumpente ciuile.
| [36] XXXVI. Il fut nommé augure, à la place du jeune Crassus, qui avait été tué chez les Parthes;
et la Cilicie lui étant échue par le sort dans le partage des provinces, avec une armée de douze
mille hommes de pied et de deux mille six cents chevaux, il s'embarqua pour s'y rendre.
Il entrait aussi dans sa commission de remettre la Cappadoce sous l'obéissance du roi Ariobarzane,
et de le réconcilier avec ses peuples. Il y réussit parfaitement, sans employer la voie des armes,
et sans donner lieu à aucune plainte. Le désastre que les Romains venaient d'éprouver dans le pays
des Parthes, et les mouvcments de la Syrie, ayant donné aux Ciliciens quelque envie de se révolter,
il les calma et les contint par la douceur de son gouvernement; il refusa les présents que les rois lui
offraient, et remit à la province la dépense qu'elle était obligée de faire pour les festins des gouverneurs ;
il recevait lui-même à sa table les Ciliciens les plus honnêtes, qu'il traitait sans magnificence, mais
avec générosité. Sa maison n'avait point de portier, et jamais on ne le trouvait dans son lit; il se levait
de très grand matin, et se promenait devant sa porte, où il recevait ceux qui venaient le voir. Sous son
gouvernement, personne ne fut battu de verges et n'eut sa robe déchirée; jamais, même dans la
colère, il ne dit une parole offensante, et n'ajouta aux amendes qu'il prononçait des qualifications
outrageantes. Les revenus publics avaient été dilapidés : il les fit rendre aux villes, qui par là se
trouvèrent fort riches; et, sans frapper d'ignominie les prévaricateurs, il se contenta de leur faire
restituer ce qu'ils avaient pris. Il eut aussi une occasion de faire la guerre, et mit en fuite les
brigands qui habitaient le mont Amanus. Cette victoire lui mérita le titre d'inaperator. L'orateur
Coelius lui avait écrit de lui envoyer de la Cilicie des panthères, pour des jeux qu'il devait donner
à Rome : Cicéron, qui était bien aise de relever ses exploits, lui répondit qu'il n'y avait plus de
panthères en Cilicie; qu'irritées d'être les seules à qui l'on fit la guerre, pendant que tout le reste était
en paix, elles avaient toutes fui dans la Carie.
En revenant de la Cilicie, il passa d'abord à Rhodes, et ensuite à Athènes, où il séjourna
quelque temps avec plaisir, par le souvenir des habitudes qu'il avait eues autrefois dans cette ville.
Il y vit les hommes les plus distingués par leur savoir, et qui tous avaient été ses amis et ses
compagnons d'étude. Après avoir fait l'admiration de toute la Grèce, il revint à Rome, où il trouva
les esprits tellement échauffés, que la guerre ne devait pas tarder à éclater.
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