| [30]  Διαφυγὼν δὲ τὸν κίνδυνον ὁ Κλώδιος καὶ δήμαρχος
 αἱρεθείς, εὐθὺς εἴχετο τοῦ Κικέρωνος, πάνθ´ ὁμοῦ πράγματα
 καὶ πάντας ἀνθρώπους συνάγων καὶ ταράττων ἐπ´
 αὐτόν. τόν τε γὰρ δῆμον ᾠκειώσατο νόμοις φιλανθρώποις,
 καὶ τῶν ὑπάτων ἑκατέρῳ μεγάλας ἐπαρχίας ἐψηφίσατο,
 Πείσωνι μὲν Μακεδονίαν, Γαβινίῳ δὲ Συρίαν?
 πολλοὺς δὲ καὶ τῶν ἀπόρων συνέτασσεν εἰς τὸ πολίτευμα,
 καὶ δούλους ὡπλισμένους περὶ αὑτὸν εἶχε. τῶν δὲ πλεῖστον
 δυναμένων τότε τριῶν ἀνδρῶν, Κράσσου μὲν ἄντικρυς
 Κικέρωνι πολεμοῦντος, Πομπηίου δὲ θρυπτομένου πρὸς
 ἀμφοτέρους, Καίσαρος δὲ μέλλοντος εἰς Γαλατίαν ἐξιέναι
 μετὰ στρατεύματος, ὑπὸ τοῦτον ὑποδὺς ὁ Κικέρων, καίπερ
 οὐκ ὄντα φίλον, ἀλλ´ ὕποπτον ἐκ τῶν περὶ Κατιλίναν,
 ἠξίωσε πρεσβευτὴς αὐτῷ συστρατεύειν. δεξαμένου
 δὲ τοῦ Καίσαρος, ὁ Κλώδιος ὁρῶν ἐκφεύγοντα τὴν δημαρχίαν
 αὐτοῦ τὸν Κικέρωνα, προσεποιεῖτο συμβατικῶς
 ἔχειν, καὶ τῇ Τερεντίᾳ τὴν πλείστην ἀνατιθεὶς αἰτίαν,
 ἐκείνου δὲ μεμνημένος ἐπιεικῶς ἀεὶ καὶ λόγους εὐγνώμονας
 ἐνδιδούς, ὡς ἄν τις οὐ μισῶν οὐδὲ χαλεπαίνων, ἀλλ´
 ἐγκαλῶν μέτρια καὶ φιλικά, παντάπασιν αὐτοῦ τὸν φόβον
 ἀνῆκεν, ὥστ´ ἀπειπεῖν τῷ Καίσαρι τὴν πρεσβείαν καὶ
 πάλιν ἔχεσθαι τῆς πολιτείας. ἐφ´ ᾧ παροξυνθεὶς ὁ Καῖσαρ,
 τόν τε Κλώδιον ἐπέρρωσε, καὶ Πομπήιον ἀπέστρεψε
 κομιδῇ τοῦ Κικέρωνος, αὐτός τε κατεμαρτύρησεν ἐν τῷ
 δήμῳ, μὴ δοκεῖν αὐτῷ καλῶς μηδὲ νομίμως ἄνδρας ἀκρίτους
 ἀνῃρῆσθαι τοὺς περὶ Λέντλον καὶ Κέθηγον. αὕτη
 γὰρ ἦν ἡ κατηγορία, καὶ ἐπὶ τούτῳ  Κικέρων ἐνεκαλεῖτο.
 κινδυνεύων οὖν καὶ διωκόμενος, ἐσθῆτά τε μετήλλαξε
 καὶ κόμης ἀνάπλεως περιιὼν ἱκέτευε τὸν δῆμον.
 πανταχοῦ δ´ ὁ Κλώδιος ἀπήντα κατὰ τοὺς στενωπούς,
 ἀνθρώπους ἔχων ὑβριστὰς περὶ αὑτὸν καὶ θρασεῖς, οἳ
 πολλὰ μὲν χλευάζοντες ἀκολάστως εἰς τὴν μεταβολὴν καὶ
 τὸ σχῆμα τοῦ Κικέρωνος, πολλαχοῦ δὲ πηλῷ καὶ λίθοις
 βάλλοντες, ἐνίσταντο ταῖς ἱκεσίαις.
 | [30] XXX. Absolutus Clodius, ac tribunus plebis creatus, 
 
statim Ciceronem insectari coepit et contra eum omnes res, 
 
omnes homines concitare. Itaque plebem sibi legibus gratis 
 
deuincire, consulibus magnas prouincias, nempe Pisoni 
 
Macedoniam, Gabinio Syriam decernere, multorum inopum 
 
manum contrahere, quorum opera propositum conficeret, 
 
seruos armatos secum habere. Summa tum potentia 
 
Crassus, Pompeius ac Caesar ualebant. Ex his Crassus Ciceronem 
 
palam impugnabat, Pompeius fastidiebat utrumque, 
 
simulate eum ludificabatur, Caesar cum exercitu in 
 
Galliam iturus erat. Hunc quanquam non amicum, sed 
 
ob Catilinariam rem suspectum, Cicero subiit, orauitque 
 
ut se legatum in bellum secum duceret. Annuente 
 
Caesare, Clodius uidens Ciceronem ex tribunatu suo elapsurum, 
 
simulauit se cupere cum eo in gratiam redire, Terentiae 
 
maiorem culpae partem imputans Ciceronisque mentionem 
 
honestam identidem faciens ac prae se ferens, non 
 
odisse eum se, aut male ei uelle, sed esse de quibus cum 
 
ipso amice et leuiter queratur. Hac arte effecit ut omni 
 
excusso metu Cicero legationem Caesarianam detrectaret, 
 
rursusque ad rempublicam se conferret. Ea re irritatus 
 
Caesar Clodium confirmauit, Pompeium a Cicerone plane 
 
abalienauit, atque ipse apud populum testatus est : uideri 
 
sibi contra leges Lentulum et Cethegum reliquosque indicta 
 
causa necatos. Huius enim rei causa Cicero postulabatur. 
 
Is itaque tum reus factus et periclitans, uestem mutauit, 
 
comaque profluente obambulans populo supplicabat. At 
 
Clodius hominum petulantium et temerariorum caterua 
 
stipatus undique in angiportibus ei occurrebat, qui contumeliose 
 
mutatum Ciceronis habitum exagitantes, saepc etiam 
 
luto et lapidibus iacientes supplicationes eius impediebant.
 
 | [30] XXX. Clodius, délivré de ce péril, et nommé tribun du peuple, s'àttacha tout de suite à tourmenter 
Cicéron; il lui suscita le plus d'affaires qu'il lui fut possible, et souleva contre lui tous ceux qu'il put 
gagner. Il se ménagea la faveur du peuple, en proposant des lois très avantageuses pour la multitude. 
Il fit décerner aux deux consuls les plus belles provinces : à Pison, la Macédoine; et à Gabinius, 
la Syrie. Il donna le droit de bourgeoisie à un grand nombre d'hommes indigents, et tint toujours 
auprès de sa personne une troupe d'esclaves armés. Des trois personnages qui avaient alors le 
plus de pouvoir dans Rome, Crassus était l'ennemi déclaré de Cicéron; Pompée se faisait valoir 
auprès de l'un et de l'autre, et César était sur le point de partir pour la Gaule avec son armée. 
Cicéron chercha à s'insinuer auprès de ce dernier, quoiqu'il sût bien qu'il n'était pas son ami, et 
qu'il lui était même devenu suspect depuis l'affaire de Catilina. Il le pria donc de l'emmener avec 
lui dans la Gaule, en qualité de son lieutenant. César y consentit sans peine; et Clodius voyant 
que Cicéron allait échapper à son tribunal, feignit de vouloir se réconcilier avec lui; et, rejetant 
sur Térentia tous les sujets de plainte que Cicéron lui avait donnés, il ne parla plus de lui que
dans les termes les plus honnêtes et les plus doux. Il protestait qu'il n'avait contre lui aucun sentiment 
de haine, et qu'il ne s'en plaignait qu'avec la modération qu'on doit à un ami. Par cette dissimulation, 
il dissipa tellement toutes les craintes de Cicéron, que celui-ci remercia César de sa lieutenance, 
et se livra de nouveau aux affaires publiques.
César, offensé de cette conduite, anima Clodius contre lui, aliéna Pompée, et déclara devant le peuple 
que Cicéron lui paraissait avoir blessé la justice et les lois, en faisant mourir Lentulus et Céthégus 
sans aucune formalité de justice. C'était sur cette accusation qu'on l'appelait en jugement. 
Cicéron, voyant le danger dont le menaçait la haine de ses ennemis, prit la robe de deuil, laissa 
croître sa barbe, et allait partout supplier le peuple de lui être favorable. Clodius se trouvait sur 
ses pas, dans toutes les rues, suivi d'une troupe de gens audacieux et violents qui le raillaient sur 
son changement d'habit et sur son air abattu, qui lui faisaient mille outrages, qui souvent même lui 
jetaient de la boue et des pierres, et l'empêchaient de faire ses sollicitations au peuple. 
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