| [3]  Ἀπαλλαγεὶς δὲ τῶν ἐν παισὶ διατριβῶν, Φίλωνος
 ἤκουσε τοῦ ἐξ Ἀκαδημείας, ὃν μάλιστα Ῥωμαῖοι τῶν
 Κλειτομάχου συνήθων καὶ διὰ τὸν λόγον ἐθαύμασαν καὶ
 διὰ τὸν τρόπον ἠγάπησαν. ἅμα δὲ τοῖς περὶ Μούκιον ἀνδράσι
 πολιτικοῖς καὶ πρωτεύουσι τῆς βουλῆς συνών, εἰς
 ἐμπειρίαν τῶν νόμων ὠφελεῖτο, καί τινα χρόνον καὶ στρατείας
 μετέσχεν ὑπὸ Σύλλᾳ περὶ τὸν Μαρσικὸν πόλεμον.
 εἶθ´ ὁρῶν εἰς στάσιν, ἐκ δὲ τῆς στάσεως εἰς ἄκρατον ἐμπίπτοντα
 τὰ πράγματα μοναρχίαν, ἐπὶ τὸν σχολαστὴν καὶ
 θεωρητικὸν ἀνελθὼν βίον Ἕλλησί τε συνῆν φιλολόγοις καὶ
 προσεῖχε τοῖς μαθήμασιν, ἄχρι οὗ Σύλλας ἐκράτησε καὶ
 κατάστασίν τινα λαμβάνειν ἔδοξεν ἡ πόλις. ἐν δὲ τῷ
 χρόνῳ τούτῳ Χρυσόγονος ἀπελεύθερος Σύλλα προσαγγείλας
 τινὸς οὐσίαν, ὡς ἐκ προγραφῆς ἀναιρεθέντος,
 αὐτὸς ἐωνήσατο δισχιλίων δραχμῶν. ἐπεὶ δὲ Ῥώσκιος ὁ
 υἱὸς καὶ κληρονόμος τοῦ τεθνηκότος ἠγανάκτει καὶ τὴν
 οὐσίαν ἐπεδείκνυε πεντήκοντα καὶ διακοσίων ταλάντων
 ἀξίαν οὖσαν, ὅ τε Σύλλας ἐλεγχόμενος ἐχαλέπαινε καὶ δίκην
 πατροκτονίας ἐπῆγε τῷ Ῥωσκίῳ, τοῦ Χρυσογόνου
 κατασκευάσαντος, ἐβοήθει δ´ οὐδείς, ἀλλ´ ἀπετρέποντο,
 τοῦ Σύλλα τὴν χαλεπότητα δεδοικότες, οὕτω δὴ δι´ ἐρημίαν
 τοῦ μειρακίου τῷ Κικέρωνι προσφυγόντος οἱ φίλοι
 συμπαρώρμων, ὡς οὐκ ἂν αὐτῷ λαμπροτέραν αὖθις ἀρχὴν
 πρὸς δόξαν ἑτέραν οὐδὲ καλλίω γενησομένην. ἀναδεξάμενος
 οὖν τὴν συνηγορίαν καὶ κατορθώσας ἐθαυμάσθη, δεδιὼς
 δὲ τὸν Σύλλαν ἀπεδήμησεν εἰς τὴν Ἑλλάδα, διασπείρας
 λόγον ὡς τοῦ σώματος αὐτῷ θεραπείας δεομένου. καὶ γὰρ
 ἦν ὄντως τὴν ἕξιν ἰσχνὸς καὶ ἄσαρκος, ἀρρωστίᾳ τοῦ στομάχου
 μικρὰ καὶ γλίσχρα μόλις ὀψὲ τῆς ὥρας προσφερόμενος?
 ἡ δὲ φωνὴ πολλὴ μὲν καὶ ἀγαθή, σκληρὰ δὲ καὶ
 ἄπλαστος, ὑπὸ δὲ τοῦ λόγου σφοδρότητα καὶ πάθος ἔχοντος
 ἀεὶ διὰ τῶν ἄνω τόνων ἐλαυνομένη, φόβον παρεῖχεν
 ὑπὲρ τοῦ σώματος.
 | [3] III. Puerilibus studiis relictis, Philonem audiuit Academicum, 
 
quem unum de sectatoribus Clitomachi Romani et 
 
propter doctrinam in admiratione summa habuerunt et morum 
 
causa magnopere dilexerunt. Simul et Mucii, uiri in 
 
republica et senatu principis, consuetudine uten, peritiam 
 
legum assecutus est. Militauit etiam aliquamdiu sub Sulla, 
 
bello Marsico. Videns deinde seditiones in republica ortas, 
 
atque ex his ad effrenem dominationem rem rediisse, otio 
 
se dans literario cum Grecis philosophis uitam duxit, inque 
 
studia bonarum artium incubuit, donec Sulla rerum 
 
potitus ac reipublicae status quodammodo constare uisus 
 
est. Eo tempore Chrysogonus Sullae libertus bona cuiusdam, 
 
qui ex proscriptione caesus fingebatur, hastae subiecta 
 
octo millibus nummum emit. Id quum Sex- Roscius 
 
filius et haeres defuncti indigne ferret, ostenderetque bona 
 
ea sexagies fuisse, reprehendi se Sulla moleste tulit, atque 
 
opera Chrysogoni effecit ut Roscius parricidii, quod patrem 
 
necasset, postularetur. Quuum nemo patrocinium Roscii 
 
suscipere uellet, omnesque indignationem et saeuitiam Sullae
 
timerent, destitutus adolescens ad Ciceronem confugit. Suscepit 
 
causam eius Cicero, amicis hortantibus monentibusque 
 
haud temere aliam parandae gloriae ita commodam occasionem 
 
oblatum iri, uictorque admirationem sui excitauit. 
 
Metu tamen Sullae in Graeciam abiit, sparso rumore, se 
 
curandi corporis causa profectum. Eratque sane gracili 
 
et minime carnoso corpore, quum ob imbecillitatem stomachi 
 
pauco uteretur ac tenui uictu, idque sero et iam imminente 
 
nocte. Voce praeditus erat copiosa et bona, sed 
 
aspera et rudi, et quae ob orationis uehementiam et commotionem 
 
semper ad altos contenta tonos periculum corpori 
 
uideretur denuntiare.
 
 | [3] III. Après avoir terminé ses premières études, il prit les leçons de Philon, 
philosophe de l'Académie, celui de tous les disciples de Clitomachus 
qui avait excité le plus l'admiration des Romains par la beauté de son 
éloquence, et mérité leur affection par l'honnêteté de ses mœurs. Cicéron 
étudiait en même temps la jurisprudence sous Mucius Scévola, l'un des 
plus grands jurisconsultes et le premier entre les sénateurs; il puisa, 
dans ses leçons, une connaissance profonde des lois romaines. Il servit 
quelque temps sous Sylla dans la guerre des Marses; mais voyant la 
république agitée par des guerres civiles, et tombée, par ces divisions, sous 
une monarchie absolue, il se livra à la méditation et à l'étude; il fréquenta 
les Grecs les plus instruits, et s'appliqua aux mathématiques, jusqu'à ce 
qu'enfin Sylla, s'étant emparé du pouvoir suprême, eût donné au 
gouvernement une sorte de stabilité. Vers ce même temps, Chrysogonus, 
affranchi de Sylla, ayant acheté, pour la somme de deux mille drachmes, 
les biens d'un homme que le dictateur avait fait mourir, comme proscrit, 
Roscius, fils et héritier du mort, indigné de cette vente inique, prouva 
que ces biens, vendus à si bas prix, valaient deux cent cinquante talents. 
Sylla, qui se voyait convaincu d'une énorme injustice, fut très irrité 
contre Roscius; et, à l'instigation de son affranchi, il fit intenter à ce 
malheureux jeune homme une accusation de parricide. Personne n'osait 
venir à son secours; l'effroi qu'inspirait la cruauté de Sylla éloignait tous 
ceux qui auraient pu le défendre. Le jeune Roscius, abandonné de tout le 
monde, eut recours à Cicéron, que ses amis pressèrent vivement de se 
charger d'une affaire qui lui offrait, pour entrer dans la carrière de la gloire, 
l'occasion la plus brillante qui pût jamais se présenter. Il prit donc la 
défense de Roscius, et le succès qu'il eut lui attira l'admiration générale; 
mais la crainte du ressentiment de Sylla le détermina à voyager en Grèce; 
et il donna pour prétexte le besoin de rétablir sa santé. II est vrai 
qu'il était maigre et décharné, et qu'il avait l'estomac si faible , qu'il ne 
pouvait manger que fort tard, et ne prenait que peu de nourriture. Ce n'est 
pas que sa voix ne fût forte et sonore ; mais elle était dure et peu flexible ; 
et comme il déclamait avec beaucoup de chaleur et de véhémence, en 
s'élevant toujours aux tons les plus hauts, on craignait que son tempérament 
n'en fût altéré.
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