[27] Τὸ μὲν οὖν πρὸς ἐχθροὺς ἢ πρὸς ἀντιδίκους σκώμμασι
χρῆσθαι πικροτέροις δοκεῖ ῥητορικὸν εἶναι? τὸ δ´
οἷς ἔτυχε προσκρούειν ἕνεκα τοῦ γελοίου πολὺ συνῆγε μῖσος
αὐτῷ. γράψω δὲ καὶ τούτων ὀλίγα. Μᾶρκον Ἀκύλλιον
ἔχοντα δύο γαμβροὺς φυγάδας Ἄδραστον ἐκάλει. Λευκίου
δὲ Κόττα τὴν τιμητικὴν ἔχοντος ἀρχήν, φιλοινοτάτου
δ´ ὄντος, ὑπατείαν μετιὼν ὁ Κικέρων ἐδίψησε, καὶ
τῶν φίλων κύκλῳ περιστάντων ὡς ἔπινεν, „ὀρθῶς φοβεῖσθε“
ἔφη „μή μοι γένηται χαλεπὸς ὁ τιμητὴς ὅτι
ὕδωρ πίνω“. Βοκωνίῳ δ´ ἀπαντήσας, ἄγοντι μεθ´ ἑαυτοῦ
τρεῖς ἀμορφοτάτας θυγατέρας, ἀνεφθέγξατο?
„Φοίβου ποτ´ οὐκ ἐῶντος ἔσπειρεν τέκνα“.
Μάρκου δὲ Γελλίου δοκοῦντος οὐκ ἐξ ἐλευθέρων γεγονέναι,
λαμπρᾷ δὲ τῇ φωνῇ καὶ μεγάλῃ γράμματα πρὸς τὴν
σύγκλητον ἐξαναγνόντος, „μὴ θαυμάζετε“ εἶπε? „καὶ
αὐτὸς εἷς ἐστι τῶν ἀναπεφωνηκότων“. ἐπεὶ δὲ Φαῦστος
ὁ Σύλλα, τοῦ μοναρχήσαντος ἐν Ῥώμῃ καὶ πολλοὺς ἐπὶ
θανάτῳ προγράψαντος, ἐν δανείοις γενόμενος καὶ πολλὰ
τῆς οὐσίας διασπαθήσας ἀπαρτίαν προέγραψε, ταύτην
ἔφη μᾶλλον αὐτῷ τὴν προγραφὴν ἀρέσκειν ἢ τὴν πατρῴαν.
| [27] XXVII. Enimuero inimicos aut aduersarios acerbioribus
insectari dicteriis, oratorium uidetur, proximum uero quemque
risus captandi gratia offendendo, multorum in se odia
concitauit. Cuius generis etiam pauca ascribam. M- Aquinium,
quod is duos generos exsules haberet, Adrastum
uocabat. L- Cotta, homine uinosissimo, censuram gerente
consulatum petebat Cicero, sitiensque quum bibisset, amicis
circumstantibus: Recte, inquit, metuitis enim ne mihi
quod aquam bibam, censor irascatur. Voconio obuiam
factus, tres insigniter deformes filias ducenti secum, uersum
hunc pronuntiauit: Phoebo haud sinente hic seminauit liberos.
M- Gellio , qui uidebatur non ingenuis parentibus ortus,
magna et clara uoce literas senatui recitante : Ne miremini,
ait, ipse quoque unus est eorum qui proclamarunt.
Quum Faustus Sulla, magni illius dictatoris Sullae filius,
magnam bonorum partem decoxisset et aere alieno pressus
bonorum auctionem publicasset : hanc sibi melius placere,
quam paternam proscriptionem dixit.
| [27] XXVII. L'usage de ces mots piquants, en plaidant contre ses ennemis ou contre ses adversaires,
fait partie de l'art oratoire; mais Cicéron les employait indifféremment contre tout le monde,
afin de jeter du ridicule sur les personnes; j'en citerai quelques exemples. Marcus Aquilius
avait deux de ses gendres bannis; Cicéron lui donna le surnom d'Adraste. Lucius Cotta, qui aimait
fort le vin, était censeur, lorsque Cicéron, briguant le consulat, pressé par la soif pendant qu'on
donnait les suffrages, but un verre d'eau, au milieu de ses amis qui l'entouraient. «Vous avez eu
peur, leur dit-il, que le censeur ne se fâchât contre moi, s'il me voyait boire de l'eau.» Il
rencontra dans les rues Voconius avec ses filles, toutes extrêmement laides. «O ciel! s'écria
Cicéron, "En dépit d'Apollon, cet homme devint père".»
Marcus Gellius, qui passait pour fils d'un père et d'une mère esclaves, lisait un jour des lettres
dans le sénat, d'une voix très forte et très claire. "Il ne faut pas s'en étonner, dit Cicéron, il est
de ceux qui ont été crieurs publics.» Faustus, fils de Sylla, de celui qui avait usurpé à Rome
l'autorité souveraine, et fait périr un si grand nombre de citoyens, ayant dissipé la plus grande
partie de sa fortune, et se trouvant accablé de dettes, fit afficher une cession de tous ses biens
à ses créanciers. «J'aime bien mieux ses affiches, dit Cicéron, que celles de son père.»
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