[26] Μέλλων δὲ Κράσσος εἰς Συρίαν ἀπαίρειν, ἐβούλετο
τὸν Κικέρωνα φίλον αὐτῷ μᾶλλον ἢ ἐχθρὸν εἶναι, καὶ φιλοφρονούμενος
ἔφη βούλεσθαι δειπνῆσαι παρ´ αὐτῷ, κἀκεῖνος
ὑπεδέξατο προθύμως. ὀλίγαις δ´ ὕστερον ἡμέραις
περὶ Βατινίου φίλων τινῶν ἐντυγχανόντων ὡς μνωμένου
διαλύσεις καὶ φιλίαν—ἦν γὰρ ἐχθρός—, „οὐ δήπου
καὶ Βατίνιος“ εἶπε „δειπνῆσαι παρ´ ἐμοὶ βούλεται;“
πρὸς μὲν οὖν Κράσσον τοιοῦτος. αὐτὸν δὲ τὸν Βατίνιον,
ἔχοντα χοιράδας ἐν τῷ τραχήλῳ καὶ λέγοντα δίκην,
οἰδοῦντα ῥήτορα προσεῖπεν. ἀκούσας δ´ ὅτι τέθνηκεν,
εἶτα μετὰ μικρὸν πυθόμενος σαφῶς ὅτι ζῇ? „κακὸς τοίνυν
ἀπόλοιτο κακῶς ὁ ψευσάμενος“. ἐπεὶ δὲ Καίσαρι
ψηφισαμένῳ τὴν ἐν Καμπανίᾳ χώραν κατανεμηθῆναι τοῖς
στρατιώταις πολλοὶ μὲν ἐδυσχέραινον ἐν τῇ βουλῇ, Λεύκιος
δὲ Γέλλιος ὁμοῦ τι πρεσβύτατος ὢν εἶπεν, ὡς οὐ
γενήσεται τοῦτο ζῶντος αὐτοῦ, „περιμείνωμεν“ ὁ Κικέρων
ἔφη? „μακρὰν γὰρ οὐκ αἰτεῖται Γέλλιος ὑπέρθεσιν“.
ἦν δέ τις Ὀκταούιος αἰτίαν ἔχων ἐκ Λιβύης γεγονέναι?
πρὸς τοῦτον ἔν τινι δίκῃ λέγοντα τοῦ Κικέρωνος μὴ ἐξακούειν
„καὶ μὴν οὐκ ἔχεις“ εἶπε „τὸ οὖς ἀτρύπητον“.
Μετέλλου δὲ Νέπωτος εἰπόντος, ὅτι πλείονας καταμαρτυρῶν
ἀνῄρηκεν ἢ συνηγορῶν σέσωκεν, „ὁμολογῶ γάρ“
ἔφη „πίστεως ἐν ἐμοὶ πλέον ἢ δεινότητος εἶναι“. νεανίσκου
δέ τινος, αἰτίαν ἔχοντος ἐν πλακοῦντι φάρμακον τῷ
πατρὶ δεδωκέναι, θρασυνομένου καὶ λέγοντος ὅτι λοιδορήσει
τὸν Κικέρωνα, „τοῦτ´“ ἔφη „παρὰ σοῦ βούλομαι μᾶλλον
ἢ πλακοῦντα“. Ποπλίου δὲ Σηστίου συνήγορον μὲν
αὐτὸν ἔν τινι δίκῃ παραλαβόντος μεθ´ ἑτέρων, αὐτοῦ δὲ
πάντα βουλομένου λέγειν καὶ μηδενὶ παριέντος εἰπεῖν, ὡς
δῆλος ἦν ἀφιέμενος ὑπὸ τῶν δικαστῶν ἤδη τῆς ψήφου
φερομένης, „χρῶ σήμερον“ ἔφη „τῷ καιρῷ Σήστιε? μέλλεις
γὰρ αὔριον ἰδιώτης εἶναι“. Πόπλιον δὲ Κώσταν,
νομικὸν εἶναι βουλόμενον, ὄντα δ´ ἀφυῆ καὶ ἀμαθῆ, πρός
τινα δίκην ἐκάλεσε μάρτυρα. τοῦ δὲ μηδὲν εἰδέναι φάσκοντος,
„ἴσως“ ἔφη „δοκεῖς περὶ τῶν νομικῶν ἐρωτᾶσθαι“.
Μετέλλου δὲ Νέπωτος ἐν διαφορᾷ τινι πολλάκις
λέγοντος „τίς σοῦ πατήρ ἐστιν ὦ Κικέρων“, „σοὶ ταύτην“
ἔφη „τὴν ἀπόκρισιν ἡ μήτηρ χαλεπωτέραν πεποίηκεν“?
ἐδόκει δ´ ἀκόλαστος ἡ μήτηρ εἶναι τοῦ Νέπωτος, αὐτὸς
δέ τις εὐμετάβολος, καί ποτε τὴν δημαρχίαν ἀπολιπὼν
ἄφνω πρὸς Πομπήιον ἐξέπλευσεν εἰς Συρίαν, εἶτ´ ἐκεῖθεν
ἐπανῆλθεν ἀλογώτερον. θάψας δὲ Φίλαγρον τὸν καθηγητὴν
ἐπιμελέστερον, ἐπέστησεν αὐτοῦ τῷ τάφῳ κόρακα
λίθινον, καὶ ὁ Κικέρων „τοῦτο“ ἔφη „σοφώτατον ἐποίησας?
πέτεσθαι γάρ σε μᾶλλον ἢ λέγειν ἐδίδαξεν“. ἐπεὶ
δὲ Μᾶρκος Ἄππιος ἔν τινι δίκῃ προοιμιαζόμενος εἶπε φίλον
αὐτοῦ δεδεῆσθαι παρασχεῖν ἐπιμέλειαν καὶ λογιότητα καὶ
πίστιν, „εἶθ´ οὕτως“ ἔφη „σιδηροῦς γέγονας ἄνθρωπος,
ὥστε μηδὲν ἐκ τοσούτων ὧν ᾐτήσατο φίλῳ παρασχεῖν;“
| [26] XXVI. Abiturus in Syriam Crassus, malensque amicum
quam inimicum relinquere Ciceronem, blande eum compellauit
et uelle se cum eo coenare dixit, atque eum Cicero
comiter accepit. Paucis post diebus de Vatinio, inimico et
ipso, amici ad Ciceronem retulerunt reconciliari eum et in
gratiam amicitiamque redire uelle : tum Cicero: Numnam,
inquit, Vatinius quoque apud nos uult coenare? Ac Crassum
quidem ad hunc modum tractauit. Eundem Vatinium
causam agentem, tumidum uocauit oratorem , quod collum
strumosum haberet. Quum eum mortuum esse audiuisset,
et mox certo cognouisset eum uiuere : Male, inquit, pereat,
qui male mentitus est. Caesare legem ferente de agro
Campano militibus diuidendo, quum multi in senatu id aegre
ferrent, L- quidam Gellius decrepitae iam aetatis dixit :
nunquam id se uiuente futurum, tum Cicero : Exspectemus,
ait; non enim longam dilationem petit Gellius.
Erat quidam Octauius, qui Afer domo putabatur; huic
quodam in iudicio Cicero, eum a se exaudiri neganti: Atqui,
inquit, auris tua foramine non caret. Metello Nepoti obiicienti,
plures eum testimonio dicendo perdidisse, quam patrocinando
seruasse, fassus est ita rem habere : plus enim
sibi fidei quam facundiae esse. Adolescenti cuidam, qui
in placenta uenenum dedisse patri ferebatur, minanti se conuicium
ipsi facturum, Cicero : Id malim, inquit, quam
placentam. Quum P- Sestio aduocatus in iudicium cum
aliis nonnullis uenisset, Sestiusque neminem pro se quicquam
dicere pateretur, sed ipse omnia uellet, quum eum
iam absolutum iri a iudicibus appareret et sententiae ita
ferrentur: Utere hodie, inquit, Sesti, tempore, cras enim
priuatus eris. P- Constam, hominem indoctum et hebetem,
sed qui iurisperitus uideri uellet, in quadam causa
testem citauerat. Is quum nihil se scire dieeret : Fortassis,
ait Cicero, de legibus et iure te interrogari putas. Metello
Nepoti in contentione quadam saepenumero quaerenti:
Quis est tuus pater? Ad talem, inquit Cicero, interrogationem
ut tibi sit quam respondere difficilius, mater
tua fecit. Mater enim Metelli impudica existimabatur. Ipse
autem Nepos homo erat leuis, ut qui aliquando tribunatu
plebis subito deserto ad Pompeium in Syriam nauigarit, ab
eoque inconsultius redierit : sepeliens autem Philagrum praeceptorem
suum studiose, coruum lapideum monumento
eius imposuit. Hoc, Cicero ait, prudentius fecisti, magis
enim uolare te quam loqui docuit. M- Appio in actione
cuiusdam causae praefante, oratum se ab amico, uti diligentiam,
facundiam fidemque adhiberet : Adeone tu , inquit
Cicero, ferreus es, qui ne unum quidem istorum, quae
amicus petiit, adhibueris?
| [26] XXVI. Crassus, au moment de son départ pour la Syrie, sentit qu'il lui serait plus utile
de se réconcilier avec Cicéron, que de l'avoir pour ennemi; il lui fit donc beaucoup de
prévenances, et lui dit qu'il irait souper chez lui. Cicéron le reçut avec plaisir.
Quelques jours après, ses amis lui dirent que Vatinius, avec qui il était brouillé, désirait fort
de se remettre bien avec lui. «Vatinius, dit Cicéron, ne veut-il pas aussi souper avec moi?»
C'est ainsi qu'il en agissait envers Crassus.
Vatinius avait au cou des écrouelles. Un jour qu'il avait plaidé dans le barreau : «Voilà,
dit Cicéron, un orateur bien enflé.» On vint lui dire, quelque temps après, que Vatinius était
mort; mais ensuite ayant su que la nouvelle était fausse : «Maudit soit celui qui a menti si
mal à propos!» César avait ordonné qu'on distribuât aux soldats les terres de la Campanie,
et cette loi mécontentait plusieurs sénateurs ; Lucius Gellius, le plus âgé d'entre eux, ayant
dit que ce partage n'aurait pas lieu tant qu'il serait en vie : «Attendons, dit Cicéron; car
Gellius ne demande pas un long terme.» Un certain Octavius, à qui l'on reprochait son origine
africaine, dit un jour à Cicéron qu'il ne l'entendait pas. «Ce n'est pas, lui répondit Cicéron,
que vous n'ayez l'oreille ouverte." Métellus Népos lui disait qu'il avait fait mourir plus de
citoyens, en rendant témoignage contre eux, qu'il n'en avait sauvé par son éloquence. "Je conviens,
repartit Cicéron, que j'ai encore plus de probité que de talent pour la parole.» Un jeune
homme, accusé d'avoir empoisonné son père dans un gâteau, s'emportait contre Cicéron,
et le menaçait de l'accabler d'injures. «Je crains moins tes injures que ton gâteau,» lui
répondit Cicéron. Publius Sextius, dans une affaire criminelle qu'il avait, pria
Cicéron et quelques autres orateurs de le défendre; mais il voulait toujours parler, et ne
laissait pas dire un mot à ses défenseurs. Comme les juges étaient aux opinions, et qu'elles
paraissaient favorables à l'accusé : «Profitez du temps, Sextius, lui dit Cicéron; car demain
vous serez un homme privé.» Publius Cotta, qui se donnait pour un jurisconsulte, quoiqu'il
fût sans connaissances et sans esprit, appelé un jour en témoignage par Cicéron, répondit
qu'il ne savait rien. «Vous croyez peut-être, lui dit Cicéron, que je vous interroge sur le droit.»
Métellus Népos, dans une dispute avec Cicéron, lui demanda souvent qui était son père :
«Grâces à votre mère, lui répondit Cicéron, vous seriez plus embarrassé que moi pour répondre
à une pareille question.» Le mère de Métellus n'avait pas une bonne réputation, et il était lui-même
d'un caractère fort léger. Pendant qu'il était tribun, il se démit tout à coup de sa charge, pour aller
trouver Pompée en Syrie, et il en revint avec encore plus de légèreté. Philagre, son précepteur,
étant mort, Métellus lui fit de magnifiques obsèques, et mit sur son tombeau un corbeau de marbre.
«Vous ne pouviez mieux faire, lui dit Cicéron; car votre précepteur vous a bien plus appris à voler
qu'a parler.» Marcus Appius ayant dit, dans l'exorde de son plaidoyer, que l'ami qu'il défendait
l'avait conjuré d'apporter à cette cause beaucoup d'exactitude, de raisonnement et de bonne foi :
"Comment donc, lui dit Cicéron, avez-vous le coeur assez dur pour ne rien faire de tout ce
que votre ami vous a demandé?»
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