| [10]  Ἐπὶ δὲ τὴν ὑπατείαν οὐχ ἧττον ὑπὸ τῶν ἀριστοκρατικῶν
 ἢ τῶν πολλῶν προήχθη, διὰ τὴν πόλιν ἐξ αἰτίας
 αὐτῷ τοιᾶσδε συναγωνισαμένων. τῆς ὑπὸ Σύλλα γενομένης
 μεταβολῆς περὶ τὴν πολιτείαν ἐν ἀρχῇ μὲν ἀτόπου
 φανείσης τοῖς πολλοῖς, τότε δ´ ὑπὸ χρόνου καὶ συνηθείας
 ἤδη τινὰ κατάστασιν ἔχειν οὐ φαύλην δοκούσης, ἦσαν οἱ
 τὰ παρόντα διασεῖσαι καὶ μεταθεῖναι ζητοῦντες ἰδίων
 ἕνεκα πλεονεξιῶν, οὐ πρὸς τὸ βέλτιστον, Πομπηίου μὲν
 ἔτι τοῖς βασιλεῦσιν ἐν Πόντῳ καὶ Ἀρμενίᾳ διαπολεμοῦντος,
 ἐν δὲ τῇ Ῥώμῃ μηδεμιᾶς ὑφεστώσης πρὸς τοὺς νεωτερίζοντας
 ἀξιομάχου δυνάμεως. οὗτοι κορυφαῖον εἶχον ἄνδρα
 τολμητὴν καὶ μεγαλοπράγμονα καὶ ποικίλον τὸ ἦθος,
 Λεύκιον Κατιλίναν, ὃς αἰτίαν ποτὲ πρὸς ἄλλοις ἀδικήμασι
 μεγάλοις ἔλαβε παρθένῳ συγγεγονέναι θυγατρί,
 κτείνας δ´ ἀδελφὸν αὑτοῦ καὶ δίκην ἐπὶ τούτῳ φοβούμενος,
 ἔπεισε Σύλλαν ὡς ἔτι ζῶντα τὸν ἄνθρωπον ἐν τοῖς
 ἀποθανουμένοις προγράψαι. τοῦτον οὖν προστάτην οἱ πονηροὶ
 λαβόντες, ἄλλας τε πίστεις ἔδοσαν ἀλλήλοις καὶ καταθύσαντες
 ἄνθρωπον ἐγεύσαντο τῶν σαρκῶν. διέφθαρτο
 δ´ ὑπ´ αὐτοῦ πολὺ μέρος τῆς ἐν τῇ πόλει νεότητος, ἡδονὰς
 καὶ πότους καὶ γυναικῶν ἔρωτας ἀεὶ προξενοῦντος ἑκάστῳ
 καὶ τὴν εἰς ταῦτα δαπάνην ἀφειδῶς παρασκευάζοντος.
 ἐπῆρτο δ´ ἥ τε Τυρρηνία πρὸς ἀπόστασιν ὅλη καὶ τὰ πολλὰ
 τῆς ἐντὸς Ἄλπεων Γαλατίας. ἐπισφαλέστατα δ´ ἡ Ῥώμη
 πρὸς μεταβολὴν εἶχε διὰ τὴν ἐν ταῖς οὐσίαις ἀνωμαλίαν,
 τῶν μὲν ἐν δόξῃ μάλιστα καὶ φρονήματι κατεπτωχευμένων
 εἰς θέατρα καὶ δεῖπνα καὶ φιλαρχίας καὶ οἰκοδομίας, τῶν
 δὲ πλούτων εἰς ἀγεννεῖς καὶ ταπεινοὺς συνερρυηκότων
 ἀνθρώπους, ὥστε μικρᾶς ῥοπῆς δεῖσθαι τὰ πράγματα καὶ
 πᾶν εἶναι τοῦ τολμήσαντος ἐκστῆσαι τὴν πολιτείαν, αὐτὴν
 ὑφ´ αὑτῆς νοσοῦσαν.
 | [10] X. Ad consulatum uero non minus ab optimatibus quam 
 
a multitudine prouectus est. Ut fauerent petitioni Ciceronis, 
 
reipublicae gratia huiuscemodi ex causa factum est. 
 
Quum instituta a L- Sulla reipublicae forma initio quidem 
 
absurda uisa esset, successu tamen temporis et consuetudine 
 
confirmata, tolerabilis status rerum ac non incommodus 
 
populo uideretur : exstiterunt qui optimo publico suis 
 
cupiditatibus postposito concutere eum mutareque conarentur, 
 
eo etiam freti, quod Pompeio adhuc bellum aduersus 
 
reges in Armenia et Ponto gerente, Romae nullus exercitus 
 
nouarum rerum machinatoribus opprimendis sufficiens 
 
exstabat. Horum dux princepsque fuit L- Catilina, audax 
 
homo et magnarum rerum appetens, uarioque praeditus 
 
ingenio, qui praeter cetera flagitia filiae suae uirginitatem
 
imminuisse ferebatur, fratremque ipse suum occidisse, ac 
 
ne parricidii eius postularetur, Sullam exorasse, ut ille tanquam 
 
uiuus adhuc inter necandos proscriberetur. Hunc 
 
improbi homines nacti antesignanum, quum aliis sese sacramentis 
 
obstrinxerunt, tum mactati hominis carnibus gustatis. 
 
Corrupit autem Catilina magnum urbanae iuuentutis 
 
partem uoluptatibus uariis, compotationibus et muliercularum 
 
amoribus singulos illiciens, ad eamque rem effuse 
 
sumptus suppeditans. Ad defectionem tota Etruria et pleraeque 
 
Cisalpinae Galliae partes spectabant. Urbi autem grauissimum 
 
a mutatione impendebat periculum, propter
 
inaequalitatem facultatum inter ciues. Nam et quorum summa 
 
erat gloria atque animorum elatio, ii theatris, epulis, ambitu 
 
et aedificando rem familiarem comminuerant, et diuitiae 
 
ad ignobiles et abiectos homines redierant, ut leui 
 
momento respublica impelli et prope a quouis euerti posse 
 
uideretur, ipsa suis uitiis laborans.
 
 | [10] X. Cependant le parti des nobles ne montra pas moins d'ardeur que le 
peuple pour le porter au consulat. L'intérêt public réunit, dans cette 
occasion, tous les esprits; et voici quel en fut le motif. Le changement que 
Sylla avait fait dans le gouvernement, et qui d'abord avait paru fort étrange, 
semblait, par un effet du temps et de l'habitude, prendre une sorte de 
stabilité, et plaire assez au peuple. Mais des hommes animés par leur 
cupidité particulière, et non par des vues du bien général, cherchaient à 
remuer, à renverser l'état actuel de la république. Pompée faisait la 
guerre aux rois de Pont et d'Arménie, et personne à Rome n'avait assez 
de puissance pour tenir tête à ces factieux, amoureux de nouveautés. 
Leur chef était un homme audacieux et entreprenant, et d'un caractère qui 
se pliait à tout; c'était Lucius Catilina. A tous les forfaits dont il s'était souillé, 
il avait ajouté l'inceste avec sa propre fille, et le meurtre de son frère. Dans la 
crainte d'être traduit devant les tribunaux pour ce dernier crime, il avait 
engagé Sylla à mettre ce frère au nombre des proscrits, comme s'il eût 
encore été en vie. Les scélérats de Rome, ralliés autour d'un pareil chef, 
non contents de s'être engagé mutuellement leur foi par les moyens ordinaires, 
égorgèrent un homme, et mangèrent tous de sa chair.
Catilina avait corrompu la plus grande partie de la jeunesse romaine, en lui 
prodiguant tous les jours les festins, les plaisirs, les voluptés de toute espèce, 
et n'épargnant rien pour fournir avec profusion à cette dépense. Déjà toute 
l'Étrurie et la plupart des peuples de la Gaule cisalpine étaient disposés à la 
révolte; et l'inégalité qu'avait mise dans les fortunes la ruine des citoyens les 
plus distingués par leur naissance et par leur courage, qui, consumant leurs 
richesses en banquets, en spectacles, en bâtiments, en brigues pour les 
charges, avaient vu passer leurs biens dans les mains des hommes les plus 
méprisables et les plus abjects; cette inégalité, dis je, menaçait Rome de 
la plus funeste révolution. Il ne fallait plus, pour renverser un gouvernement 
déjà malade, que la plus légère impulsion que le premier audacieux 
oserait lui donner. 
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