[2,20] Οὔπω δὲ δύο ἢ τρεῖς ἡμέραι διεληλύθεσαν, καὶ προσελθὼν ἐγὼ
Ὁμήρῳ τῷ ποιητῇ, σχολῆς οὔσης ἀμφοῖν, τά τε ἄλλα ἐπυνθανόμην
καὶ ὅθεν εἴη, λέγων τοῦτο μάλιστα παρ´ ἡμῖν εἰσέτι νῦν
ζητεῖσθαι. ὁ δὲ οὐδ´ αὐτὸς μὲν ἀγνοεῖν ἔφασκεν ὡς οἱ μὲν Χῖον,
οἱ δὲ Σμυρναῖον, πολλοὶ δὲ Κολοφώνιον αὐτὸν νομίζουσιν? εἶναι
μέντοι γε ἔλεγεν Βαβυλώνιος, καὶ παρά γε τοῖς πολίταις οὐχ
Ὅμηρος, ἀλλὰ Τιγράνης καλεῖσθαι? ὕστερον δὲ ὁμηρεύσας παρὰ
τοῖς Ἕλλησιν ἀλλάξαι τὴν προσηγορίαν. ἔτι δὲ καὶ περὶ τῶν
ἀθετουμένων στίχων ἐπηρώτων, εἰ ὑπ´ ἐκείνου εἰσὶ γεγραμμένοι.
καὶ ὃς ἔφασκε πάντας αὑτοῦ εἶναι. κατεγίνωσκον οὖν τῶν ἀμφὶ
τὸν Ζηνόδοτον καὶ Ἀρίσταρχον γραμματικῶν πολλὴν τὴν ψυχρολογίαν.
ἐπεὶ δὲ ταῦτα ἱκανῶς ἀπεκέκριτο, πάλιν αὐτὸν ἠρώτων τί
δή ποτε ἀπὸ τῆς μήνιδος τὴν ἀρχὴν ἐποιήσατο? καὶ ὃς εἶπεν οὕτως
ἐπελθεῖν αὑτῷ μηδὲν ἐπιτηδεύσαντι. καὶ μὴν κἀκεῖνο ἐπεθύμουν
εἰδέναι, εἰ προτέραν ἔγραψεν τὴν Ὀδύσσειαν τῆς Ἰλιάδος, ὡς οἱ
πολλοί φασιν? ὁ δὲ ἠρνεῖτο. ὅτι μὲν γὰρ οὐδὲ τυφλὸς ἦν, ὃ καὶ
αὐτὸ περὶ αὐτοῦ λέγουσιν, αὐτίκα ἠπιστάμην? ἑώρα γάρ, ὥστε
οὐδὲ πυνθάνεσθαι ἐδεόμην. πολλάκις δὲ καὶ ἄλλοτε τοῦτο ἐποίουν,
εἴ ποτε αὐτὸν σχολὴν ἄγοντα ἑώρων? προσιὼν γὰρ ἄν τι ἐπυνθανόμην
αὐτοῦ, καὶ ὃς προθύμως πάντα ἀπεκρίνετο, καὶ μάλιστα
μετὰ τὴν δίκην, ἐπειδὴ ἐκράτησεν? ἦν γάρ τις γραφὴ κατ´ αὐτοῦ
ἀπενηνεγμένη ὕβρεως ὑπὸ Θερσίτου ἐφ´ οἷς αὐτὸν ἐν τῇ ποιήσει
ἔσκωψεν, καὶ ἐνίκησεν ὁ Ὅμηρος Ὀδυσσέως συναγορεύοντος.
| [2,20] Deux ou trois jours s'étaient à peine écoulés, que, rencontrant le poète
Homère, et nous trouvant tous les deux de loisir, je lui demandai, entre autres
choses, d'on il était, disant que c'était encore chez nous un grand objet de
discussion. Il me répondit qu'il savait bien que les uns le croyaient de Chios,
les autres de Smyrne, un grand nombre de Colophon ; mais que cependant il était
babylonien, et que, chez ses concitoyens, il ne se nommait pas Homère, mais
Tigrane, qu'ayant été envoyé en otage chez les Grecs, il avait alors changé de
nom. Je lui fis quelques questions relatives aux vers retranchés de ses poèmes,
s'il les avait réellement écrits. Il me répondit que tous étaient de lui. Je ne
pus alors m'empêcher de blâmer les mauvaises plaisanteries des grammairiens
Zénodote et Aristarque. Après qu'il eut satisfait ma curiosité sur ce point, je
lui demandai pourquoi il avait commencé son poème par g-Mehnin, colère ; il me
répondit que cela lui était venu à l'esprit, sans qu'il y songeât. Je désirais
aussi vivement savoir s'il avait composé l'Odyssée avant l'Iliade, comme
beaucoup le prétendent. Il me dit que non. Quant à savoir s'il était aveugle,
ainsi qu'on l'assure, je n'eus pas besoin de m'en enquérir : il avait les yeux
parfaitement ouverts, et je pus m'en convaincre par moi-même. Souvent, en effet,
je venais converser avec lui, quand je le voyais inoccupé ; je l'abordais, je
lui faisais une question et il s'empressait d'y répondre, surtout depuis le
procès qu'il avait gagné sur Thersite. Celui-ci lui avait intenté une accusation
pour injures, parce qu'il s'était moqué de lui dans son poème ; mais Homère fut
absous, défendu par Ulysse.
|