[2,12] ἐσθῆτι δὲ χρῶνται ἀραχνίοις λεπτοῖς,
πορφυροῖς. αὐτοὶ δὲ σώματα μὲν οὐκ ἔχουσιν, ἀλλ´ ἀναφεῖς
καὶ ἄσαρκοί εἰσιν, μορφὴν δὲ καὶ ἰδέαν μόνην ἐμφαίνουσιν, καὶ
ἀσώματοι ὄντες ὅμως συνεστᾶσιν καὶ κινοῦνται καὶ φρονοῦσι καὶ
φωνὴν ἀφιᾶσιν, καὶ ὅλως ἔοικε γυμνή τις ἡ ψυχὴ αὐτῶν περιπολεῖν
τὴν τοῦ σώματος ὁμοιότητα περικειμένη? εἰ γοῦν μὴ
ἅψαιτό τις, οὐκ ἂν ἐξελέγξειε μὴ εἶναι σῶμα τὸ ὁρώμενον? εἰσὶ
γὰρ ὥσπερ σκιαὶ ὀρθαί, οὐ μέλαιναι. γηράσκει δὲ οὐδείς, ἀλλ´
ἐφ´ ἧς ἂν ἡλικίας ἔλθῃ παραμένει. οὐ μὴν οὐδὲ νὺξ παρ´ αὐτοῖς
γίνεται, οὐδὲ ἡμέρα πάνυ λαμπρά? καθάπερ δὲ τὸ λυκαυγὲς ἤδη
πρὸς ἕω, μηδέπω ἀνατείλαντος ἡλίου, τοιοῦτο φῶς ἐπέχει τὴν
γῆν. καὶ μέντοι καὶ ὥραν μίαν ἴσασιν τοῦ ἔτους? αἰεὶ γὰρ παρ´
αὐτοῖς ἔαρ ἐστὶ καὶ εἷς ἄνεμος πνεῖ παρ´ αὐτοῖς ὁ ζέφυρος.
| [2,12] Les vêtements des bienheureux eux sont fait de toiles d'araignée ; fort
ténues, couleur de pourpre ; du reste, ils n'ont pas de corps ; ils sont
impalpables, sans chair, et n'offrent aux yeux qu'une forme et une apparence :
cependant, malgré cette absence de corps, ils ne laissent pas de se tenir
debout, de se remuer, de penser, de parler. En un mot, ils ressemblent à une âme
dégagée de la matière et revêtue d'une effigie corporelle. Il faut donc les
toucher, pour être sûr que ce n'est point un corps que l'on voit ; ce sont, en
effet, des ombres qui marchent, et non pas des ombres noires. Personne, chez
eux, ne vieillit chacun y garde l'âge qu'il avait en arrivant. Jamais il ne fait
nuit, quoique le jour n'y soit pas éclatant ; mais un crépuscule semblable à
celui qui, le matin, précède le lever du soleil, enveloppe toute la contrée. Ils
ne connaissent qu'une seule saison pour toute l'année : c'est un printemps
éternel, avec un seul vent qui souffle, le Zéphyre.
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