HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Homère, Odyssée, chant I

Vers 100-199

  Vers 100-199

[1,100] βριθὺ μέγα στιβαρόν, τῷ δάμνησι στίχας ἀνδρῶν
ἡρώων, τοῖσίν τε κοτέσσεται ὀβριμοπάτρη,
βῆ δὲ κατ´ Οὐλύμποιο καρήνων ἀΐξασα,
στῆ δ´ Ἰθάκης ἐνὶ δήμῳ ἐπὶ προθύροις´ Ὀδυσῆος,
οὐδοῦ ἐπ´ αὐλείου; παλάμῃ δ´ ἔχε χάλκεον ἔγχος,
εἰδομένη ξείνῳ, Ταφίων ἡγήτορι, Μέντῃ.
εὗρε δ´ ἄρα μνηστῆρας ἀγήνορας; οἱ μὲν ἔπειτα
πεσσοῖσι προπάροιθε θυράων θυμὸν ἔτερπον,
ἥμενοι ἐν ῥινοῖσι βοῶν, οὓς ἔκτανον αὐτοί.
κήρυκες δ´ αὐτοῖσι καὶ ὀτρηροὶ θεράποντες
[1,100] cette lance longue, pesante, et invincible, qui, dans le courroux de la fille du maitre des dieux, terrasse une armée de héros : un rapide vol la précipite des sommets de l'Olympe. Elle est dans Ithaque, à l'entrée du palais d'Ulysse, tenant sa lance redoutable ; elle a pris la forme de Mentès, roi des Taphiens. Elle voit aux portes du palais les témé- raires amants de Pénélope : assis sur les peaux des victimes qu'ils ont immolées pour leurs festins, ils amusaient par le jeu leurs loisirs. La foule tumultueuse des esclaves et des hérauts allait de toutes parts d'un pas empressé :
[1,110] οἱ μὲν ἄρ´ οἶνον ἔμισγον ἐνὶ κρητῆρσι καὶ ὕδωρ,
οἱ δ´ αὖτε σπόγγοισι πολυτρήτοισι τραπέζας
νίζον καὶ πρότιθεν, τοὶ δὲ κρέα πολλὰ δατεῦντο.
τὴν δὲ πολὺ πρῶτος ἴδε Τηλέμαχος θεοειδής;
ἧστο γὰρ ἐν μνηστῆρσι φίλον τετιημένος ἦτορ,
ὀσσόμενος πατέρ´ ἐσθλὸν ἐνὶ φρεσίν, εἴ ποθεν ἐλθὼν
μνηστήρων τῶν μὲν σκέδασιν κατὰ δώματα θείη,
τιμὴν δ´ αὐτὸς ἔχοι καὶ κτήμασιν οἷσιν ἀνάσσοι.
τὰ φρονέων μνηστῆρσι μεθήμενος εἴσιδ´ Ἀθήνην,
βῆ δ´ ἰθὺς προθύροιο, νεμεσσήθη δ´ ἐνὶ θυμῷ
[1,110] les uns versaient le vin dans les urnes, et le tempéraient par l'eau des fontaines ; d'autres passaient sur les tables l'éponge douce et poreuse, ou partageaient et servaient les viandes. Aussi beau que les dieux, Télémaque était assis entre ces chefs, le coeur dévoré de noirs chagrins; toujours flottait devant ses yeux l'image de son père. Plongé dans une profonde rêverie, le jeune prince se demandait en sou- pirant si donc enfin, des plages lointaines, ce héros ne viendrait pas purger son palais de cette troupe odieuse, et, couvert de gloire, remonter à son rang. Absorbé dans ses pensées, il aperçoit le premier la déesse : soudain il vole à sa rencontre,
[1,120] ξεῖνον δηθὰ θύρῃσιν ἐφεστάμεν; ἐγγύθι δὲ στὰς
χεῖρ´ ἕλε δεξιτερὴν καὶ ἐδέξατο χάλκεον ἔγχος,
καί μιν φωνήσας ἔπεα πτερόεντα προσηύδα;
χαῖρε, ξεῖνε, παρ´ ἄμμι φιλήσεαι; αὐτὰρ ἔπειτα
δείπνου πασσάμενος μυθήσεαι ὅττεό σε χρή.
ὣς εἰπὼν ἡγεῖθ´, δ´ ἕσπετο Παλλὰς Ἀθήνη.
οἱ δ´ ὅτε δή ῥ´ ἔντοσθεν ἔσαν δόμου ὑψηλοῖο,
ἔγχος μέν ῥ´ ἔστησε φέρων πρὸς κίονα μακρὴν
δουροδόκης ἔντοσθεν ἐϋξόου, ἔνθα περ ἄλλα
ἔγχε´ Ὀδυσσῆος ταλασίφρονος ἵστατο πολλά,
[1,120] indigné qu'un étranger soit demeuré quelque temps à la porte de son palais ; il lui serre la main, il prend son javelot. Salut, ô étranger, dit-il; entre, jouis ici d'un accueil amical et honorable. Dès que le repos et la nourriture auront réparé tes forces, tu nous apprendras l'objet qui t'amène.
En même temps il conduit la déesse, qui suit ses pas.
Entrés dans la salle, il incline le javelot contre une colonne haute et éclatante; là étaient rangés les javelots nombreux du magnanime Ulysse.
[1,130] αὐτὴν δ´ ἐς θρόνον εἷσεν ἄγων, ὑπὸ λῖτα πετάσσας,
καλὸν δαιδάλεον; ὑπὸ δὲ θρῆνυς ποσὶν ἦεν.
πὰρ δ´ αὐτὸς κλισμὸν θέτο ποικίλον, ἔκτοθεν ἄλλων
μνηστήρων, μὴ ξεῖνος ἀνιηθεὶς ὀρυμαγδῷ
δείπνῳ ἀηδήσειεν, ὑπερφιάλοισι μετελθών,
ἠδ´ ἵνα μιν περὶ πατρὸς ἀποιχομένοιο ἔροιτο.
χέρνιβα δ´ ἀμφίπολος προχόῳ ἐπέχευε φέρουσα
καλῇ χρυσείῃ, ὑπὲρ ἀργυρέοιο λέβητος,
νίψασθαι; παρὰ δὲ ξεστὴν ἐτάνυσσε τράπεζαν.
σῖτον δ´ αἰδοίη ταμίη παρέθηκε φέρουσα,
[1,130] Il mène Pallas vers un trône couvert d'un riche tapis, et la fait asseoir ; une estrade est attachée au trône, sur laquelle reposent les pieds de la déesse. Il se place sur un siège à côté d'elle, loin des amants de Pénélope, pour que le festin de l'étranger ne soit point troublé par le commerce bruyant de ces hommes hautains ; il désire aussi l'interroger librement sur l'absence d'un père.
Par les soins d'une esclave l'eau coule d'une aiguière d'or dans un bassin d'argent, où ils baignent leurs mains ; elle pose devant eux une table unie et luisante. Une femme vénérable par son âge apporte le pain et les divers aliments
[1,140] εἴδατα πόλλ´ ἐπιθεῖσα, χαριζομένη παρεόντων;
δαιτρὸς δὲ κρειῶν πίνακας παρέθηκεν ἀείρας
παντοίων, παρὰ δέ σφι τίθει χρύσεια κύπελλα,
κῆρυξ δ´ αὐτοῖσιν θάμ´ ἐπῴχετο οἰνοχοεύων.
ἐς δ´ ἦλθον μνηστῆρες ἀγήνορες; οἱ μὲν ἔπειτα
ἑξείης ἕζοντο κατὰ κλισμούς τε θρόνους τε.
τοῖσι δὲ κήρυκες μὲν ὕδωρ ἐπὶ χεῖρας ἔχευαν,
σῖτον δὲ δμῳαὶ παρενήεον ἐν κανέοισι,
κοῦροι δὲ κρητῆρας ἐπεστέψαντο ποτοῖο.
οἱ δ´ ἐπ´ ὀνείαθ´ ἑτοῖμα προκείμενα χεῖρας ἴαλλον.
[1,140] dont elle a la garde, et qu'elle leur présente d'une main libérale, tandis qu'un des principaux serviteurs, recevant les bassins couverts de différentes viandes, les pose sur la table, ainsi que des coupes d'or, qu'un héraut, portant autour d'eux ses pas, est attentif à remplir de vin.
La troupe turbulente des amants de Pénélope entre, et en un moment sont occupés les trônes et les sièges rangés avec ordre le long de la salle. Une eau pure coule sur leurs mains par l'office des hérauts ; entassé dans de belles corbeilles, le pain est apporté par de jeunes captives.
[1,150] αὐτὰρ ἐπεὶ πόσιος καὶ ἐδητύος ἐξ ἔρον ἕντο
μνηστῆρες, τοῖσιν μὲν ἐνὶ φρεσὶν ἄλλα μεμήλει,
μολπή τ´ ὀρχηστύς τε; τὰ γάρ τ´ ἀναθήματα δαιτός.
κῆρυξ δ´ ἐν χερσὶν κίθαριν περικαλλέα θῆκε
Φημίῳ, ὅς ῥ´ ἤειδε παρὰ μνηστῆρσιν ἀνάγκῃ.
τοι φορμίζων ἀνεβάλλετο καλὸν ἀείδειν,
αὐτὰρ Τηλέμαχος προσέφη γλαυκῶπιν Ἀθήνην,
ἄγχι σχὼν κεφαλήν, ἵνα μὴ πευθοίαθ´ οἱ ἄλλοι;
ξεῖνε φίλ´, καί μοι νεμεσήσεαι ὅττι κεν εἴπω;
τούτοισιν μὲν ταῦτα μέλει, κίθαρις καὶ ἀοιδή,
[1,150] Les chefs portent la main sur les aliments, chacun jouit de l'abondance. Répandu à grands flots dans les coupes, le vin en couronne les bords.
Dès que la faim et la soif sont apaisées, les amants de la reine se livrent au chant et à la danse, le charme des festins. Un héraut met une superbe lyre entre les mains de Phémius, le plus habile des élèves d'Apollon ; il la prend malgré lui, contraint de chanter parmi ces amants. Parcourant la lyre de ses doigts légers, il préludait par d'heureux accords, et entonnait des chants mélodieux.
Mais Télémaque inclinant sa tête vers Minerve pour que sa voix ne parvînt à l'oreille d'aucun des assistants : Cher étranger, lui dit-il, puis-je sans te blesser t'ouvrir mon coeur? Voilà les soins de cette troupe, la lyre et le chant :
[1,160] ῥεῖ´, ἐπεὶ ἀλλότριον βίοτον νήποινον ἔδουσιν,
ἀνέρος, οὗ δή που λεύκ´ ὀστέα πύθεται ὄμβρῳ
κείμεν´ ἐπ´ ἠπείρου, εἰν ἁλὶ κῦμα κυλίνδει.
εἰ κεῖνόν γ´ Ἰθάκηνδε ἰδοίατο νοστήσαντα,
πάντες κ´ ἀρησαίατ´ ἐλαφρότεροι πόδας εἶναι
ἀφνειότεροι χρυσοῖό τε ἐσθῆτός τε.
νῦν δ´ μὲν ὣς ἀπόλωλε κακὸν μόρον, οὐδέ τις ἥμιν
θαλπωρή, εἴ πέρ τις ἐπιχθονίων ἀνθρώπων
φῇσιν ἐλεύσεσθαι; τοῦ δ´ ὤλετο νόστιμον ἦμαρ.
ἀλλ´ ἄγε μοι τόδε εἰπὲ καὶ ἀτρεκέως κατάλεξον;
[1,160] qui s'en étonnerait ? Ils consument impunément les biens d'un héros dont les os blanchis se corrompent, exposés aux eaux du ciel sur quelque terre ignorée, ou roulant avec les flots de la mer. S'il reparaissait dans Ithaque, ils souhaiteraient tous d'être légers à la course, plutôt que d'être chargés d'or et de ces riches vêtements. Hélas ! il a péri victime d'une destinée malheureuse, et la plus douce espérance est éteinte dans nos coeurs. Vainement un mortel m'annoncerait encore son retour; je ne me flatte plus de voir luire ce jour fortuné. Mais parle, que la vérité sorte de tes lèvres,
[1,170] τίς πόθεν εἰς ἀνδρῶν; πόθι τοι πόλις ἠδὲ τοκῆες;
ὁπποίης τ´ ἐπὶ νηὸς ἀφίκεο; πῶς δέ σε ναῦται
ἤγαγον εἰς Ἰθάκην; τίνες ἔμμεναι εὐχετόωντο;
οὐ μὲν γάρ τί σε πεζὸν ὀΐομαι ἐνθάδ´ ἱκέσθαι.
καί μοι τοῦτ´ ἀγόρευσον ἐτήτυμον, ὄφρ´ ἐῢ εἰδῶ,
ἠὲ νέον μεθέπεις, καὶ πατρώϊός ἐσσι
ξεῖνος, ἐπεὶ πολλοὶ ἴσαν ἀνέρες ἡμέτερον δῶ
ἄλλοι, ἐπεὶ καὶ κεῖνος ἐπίστροφος ἦν ἀνθρώπων.
τὸν δ´ αὖτε προσέειπε θεὰ γλαυκῶπις Ἀθήνη;
τοιγὰρ ἐγώ τοι ταῦτα μάλ´ ἀτρεκέως ἀγορεύσω.
[1,170] quel es-tu ? apprends-moi ta demeure, le lieu de ta naissance ; quel vaisseau te conduisit à Ithaque, et quels nautonniers t'ont accompagné? car on ne peut arriver sans ce secours à ces bords entourés des flots. Éclaircis-moi encore ce point intéressant ; viens-tu pour la première fois dans cette île ? ou l'hospitalité, par d'anciens noeuds, t'unit-elle à mon père ? Sa maison était toujours ouverte à une foule d'étrangers, et il avait l'art de s'attacher tous les coeurs.
Je satisferai pleinement tes désirs, repartit Minerve.
[1,180] Μέντης Ἀγχιάλοιο δαΐφρονος εὔχομαι εἶναι
υἱός, ἀτὰρ Ταφίοισι φιληρέτμοισιν ἀνάσσω.
νῦν δ´ ὧδε ξὺν νηῒ κατήλυθον ἠδ´ ἑτάροισι,
πλέων ἐπὶ οἴνοπα πόντον ἐπ´ ἀλλοθρόους ἀνθρώπους,
ἐς Τεμέσην μετὰ χαλκόν, ἄγω δ´ αἴθωνα σίδηρον.
νηῦς δέ μοι ἥδ´ ἕστηκεν ἐπ´ ἀγροῦ νόσφι πόληος,
ἐν λιμένι ?είθρῳ, ὑπὸ Νηΐῳ ὑλήεντι.
ξεῖνοι δ´ ἀλλήλων πατρώϊοι εὐχόμεθ´ εἶναι
ἐξ ἀρχῆς, εἴ πέρ τε γέροντ´ εἴρηαι ἐπελθὼν
Λαέρτην ἥρωα, τὸν οὐκέτι φασὶ πόλινδε
[1,180] Mon nom est Mentes ; né d'Anchiale, illustre par sa valeur, je règne sur les Taphiens, qui se plaisent à conduire l'aviron.
Je traverse avec un de mes vaisseaux et un cortège la noire mer, et me rends à Témèse pour échanger contre l'airain un fer éclatant ; mon vaisseau, loin de la ville, à l'ombre des forêts du mont Née, m'attend au port de Rèthre. Féli- citons-nous d'être unis par les noeuds d'une ancienne hos- pitalité. Tu n'en douteras point, si tu vas interroger ce héros, le vieux Laërte ; car on dit que l'infortuné ne se rend plus à la ville,
[1,190] ἔρχεσθ´, ἀλλ´ ἀπάνευθεν ἐπ´ ἀγροῦ πήματα πάσχειν
γρηῒ σὺν ἀμφιπόλῳ, οἱ βρῶσίν τε πόσιν τε
παρτιθεῖ, εὖτ´ ἄν μιν κάματος κατὰ γυῖα λάβῃσιν
ἑρπύζοντ´ ἀνὰ γουνὸν ἀλῳῆς οἰνοπέδοιο.
νῦν δ´ ἦλθον; δὴ γάρ μιν ἔφαντ´ ἐπιδήμιον εἶναι,
σὸν πατέρ´; ἀλλά νυ τόν γε θεοὶ βλάπτουσι κελεύθου.
οὐ γάρ πω τέθνηκεν ἐπὶ χθονὶ δῖος Ὀδυσσεύς,
ἀλλ´ ἔτι που ζωὸς κατερύκεται εὐρέϊ πόντῳ,
νήσῳ ἐν ἀμφιρύτῃ, χαλεποὶ δέ μιν ἄνδρες ἔχουσιν,
ἄγριοι, οἵ που κεῖνον ἐρυκανόως´ ἀέκοντα.
[1,190] mais que, livré à la douleur, il mène dans ses champs écartés une vie solitaire, avec une esclave âgée, qui lui présente les aliments et le breuvage nécessaires pour ranimer ses forces épuisées, lorsqu'il revient de ses fertiles vignobles, où tout le jour il a traîné ses pas languissants. J'arrive enfin dans ces lieux ; on m'assurait que ton père était au sein de ses foyers : les dieux conti- nuent à l'égarer de sa route. Non, le grand Ulysse n'est pas dans le tombeau : il est plein de vie, retenu malgré lui par des hommes barbares, dans quelque île au milieu de la mer.


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Dernière mise à jour : 16/02/2005