[350] ἴδε με τὰν ἱκέτιν φυγάδα περίδρομον,
351 λυκοδίωκτον ὡς δάμαλιν ἂμ πέτραις
352 ἠλιβάτοις, ἵν´ ἀλκᾷ πίσυνος μέμυκε
353 φράζουσα βοτῆρι μόχθους.
354 (ΒΑΣΙΛΕΥΣ) ὁρῶ κλάδοισι νεοδρόποις κατάσκιον
355 νεύονθ´ ὅμιλον τόνδ´ ἀγωνίων θεῶν.
356 εἴη δ´ ἄνατον πρᾶγμα τοῦτ´ ἀστοξένων.
357 μηδ´ ἐξ ἀέλπτων κἀπρομηθήτων πόλει
358 νεῖκος γένηται· τῶν γὰρ οὐ δεῖται πόλις.
359 (ΧΟΡΟΣ) ἴδοιτο δῆτ´ ἄνατον φυγὰν
360 ἱκεσία Θέμις Διὸς κλαρίου.
361 σὺ δὲ παρ´ ὀψιγόνου μάθε γεραιόφρων·
362 ποτιτρόπαιον αἰδόμενος οὖνπερ
363 ἱεροδόκα ---
364 θεῶν λήματ´ ἀπ´ ἀνδρὸς ἁγνοῦ.
365 (ΒΑΣΙΛΕΥΣ) οὔτοι κάθησθε δωμάτων ἐφέστιοι
366 ἐμῶν. τὸ κοινὸν δ´ εἰ μιαίνεται πόλις,
367 ξυνῇ μελέσθω λαὸς ἐκπονεῖν ἄκη.
368 ἐγὼ δ´ ἂν οὐ κραίνοιμ´ ὑπόσχεσιν πάρος,
369 ἀστοῖς δὲ πᾶσι τῶνδε κοινώσας πέρι.
370 (ΧΟΡΟΣ) σύ τοι πόλις, σὺ δὲ τὸ δήμιον·
371 πρύτανις ἄκριτος ὤν,
372 κρατύνεις βωμόν, ἑστίαν χθονός,
373 μονοψήφοισι νεύμασιν σέθεν,
374 μονοσκήπτροισι δ´ ἐν θρόνοις χρέος
375 πᾶν ἐπικραίνεις· ἄγος φυλάσσου.
376 (ΒΑΣΙΛΕΥΣ) ἄγος μὲν εἴη τοῖς ἐμοῖς παλιγκότοις,
377 ὑμῖν δ´ ἀρήγειν οὐκ ἔχω βλάβης ἄτερ·
378 οὐδ´ αὖ τόδ´ εὖφρον, τάσδ´ ἀτιμάσαι λιτάς.
379 ἀμηχανῶ δὲ καὶ φόβος μ´ ἔχει φρένας
380 δρᾶσαί τε μὴ δρᾶσαί τε καὶ τύχην ἑλεῖν.
381 (ΧΟΡΟΣ) τὸν ὑψόθεν σκοπὸν ἐπισκόπει,
382 φύλακα πολυπόνων
383 βροτῶν, οἳ τοῖς πέλας προσήμενοι
384 δίκας οὐ τυγχάνουσιν ἐννόμου.
385 μένει τοι Ζηνὸς ἱκταίου κότος
386 δυσπαραθέλκτους παθόντος οἴκτοις.
387 (ΒΑΣΙΛΕΥΣ) εἴ τοι κρατοῦσι παῖδες Αἰγύπτου σέθεν
388 νόμῳ πόλεως, φάσκοντες ἐγγύτατα γένους
389 εἶναι, τίς ἂν τοῖσδ´ ἀντιωθῆναι θέλοι;
390 δεῖ τοί σε φεύγειν κατὰ νόμους τοὺς οἴκοθεν,
391 ὡς οὐκ ἔχουσι κῦρος οὐδὲν ἀμφὶ σοῦ.
392 (ΧΟΡΟΣ) μή τί ποτ´ οὖν γενοίμαν ὑποχείριος
393 κράτεσιν ἀρσένων. ὕπαστρον δέ τοι
394 μῆχαρ ὁρίζομαι γάμου δύσφρονος
395 φυγᾷ· ξύμμαχον δ´ ἑλόμενος Δίκαν
396 κρῖνε σέβας τὸ πρὸς θεῶν.
397 (ΒΑΣΙΛΕΥΣ) οὐκ εὔκριτον τὸ κρῖμα· μή μ´ αἱροῦ κριτήν.
398 εἶπον δὲ καὶ πρίν, οὐκ ἄνευ δήμου τάδε
399 πράξαιμ´ ἄν, οὐδέ περ κρατῶν, μὴ καί ποτε
| [350] Regarde la suppliante que je suis, fuyant éperdument comme une
génisse poursuivie par un loup à travers les rocs escarpés, où elle mugit et
conte sa peine au bouvier, à la protection duquel elle se confie.
LE ROI. — Oui, je vois des rameaux fraîchement coupés se balancer sur cette
assemblée des dieux de la cité qu’ils ombragent. Fasse le ciel que l’arrivée de ces
concitoyens étrangers ne nous cause pas de dommage et qu’aucune querelle
inattendue ni imprévue n’en résulte pour la ville elle n’a pas besoin de cela.
LE CHOEUR. — Que la déesse des suppliants, Thémis, fille de Zeus qui dispense
les destins, jette un regard sur nous, pour que notre fuite n’ait pas de suites
fâcheuses. Et toi, tout vénérable et sage que tu es, apprends d’une plus
jeune que toi qu’en respectant un suppliant tu assures ta prospérité ; car
les dieux les offrandes qui leur viennent d’un coeur pur.
365 LE ROI. — Vous n’êtes pas assises au foyer de ma demeure. Si c’est la communauté
des Argiens qui est souillée, c’est au peuple à s’occuper en commun des remèdes.
Pour moi, je ne puis faire de promesse avant d’en avoir référé à tous les Argiens.
LE CHOEUR. — C’est toi, la cité ; c’est toi, le peuple monarque sans contrôle,
tu es le maître de l’autel, foyer de la contrée. Les seuls suffrages ici sont les
signes de ta tête ; le seul sceptre, celui que tu tiens sur ton trône ; toi seul
tu décides de tout ; garde-toi d’une souillure.
LE ROI. — Que la souillure soit pour mes ennemis, mais je ne puis vous secourir
sans dommage ; et cependant il n’est pas humain de mépriser vos prières. Je ne
sais à quoi me résoudre et j’ai peur également d’agir et de ne pas agir et de tenter
la fortune.
381 LE CHOEUR. — Lève les yeux vers celui qui veille d’en haut et qui protège les
malheureux mortels qui, s’adressant à leurs proches, n’en obtiennent pas la
justice qui leur est due par la loi. La colère de Zeus Suppliant atteint ceux
qui sont insensibles aux plaintes des malheureux.
387 LE ROI. — Si les fils d’Égyptos ont un droit sur ta personne en vertu de la loi
de ton pays, et allèguent qu’ils sont tes plus proches parents, qui voudrait
s’opposer à eux ? Il te faut donc plaider, toi, qu’ils n’ont sur toi, d’après les
lois de l’Égypte, aucune autorité.
392 LE CHOEUR. — Dieu me garde d’être jamais soumise à l’autorité des mâles.
Pour me préserver d’un hymen odieux, je suis décidée à fuir sous la conduite
des étoiles. Prends la justice pour alliée et juge suivant le respect dû aux dieux.
397 LE ROI. — Le jugement est difficile à porter : ne me prends pas pour juge. Je te
l’ai déjà dit ; ce que tu demandes, je ne puis le faire sans le peuple, en eussé-je le pouvoir.
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