[300] (ΧΟΡΟΣ) οὔκουν πελάζει Ζεὺς ἔτ´ εὐκραίρῳ βοΐ;
301 (ΒΑΣΙΛΕΥΣ) φασίν, πρέποντα βουθόρῳ ταύρῳ δέμας.
302 (ΧΟΡΟΣ) τί δῆτα πρὸς ταῦτ´ ἄλοχος ἰσχυρὰ Διός;
303 (ΒΑΣΙΛΕΥΣ) τὸν πάνθ´ ὁρῶντα φύλακ´ ἐπέστησεν βοΐ.
304 (ΧΟΡΟΣ) ποῖον πανόπτην οἰοβουκόλον λέγεις;
305 (ΒΑΣΙΛΕΥΣ) Ἄργον, τὸν Ἑρμῆς παῖδα γῆς κατέκτανεν.
306 (ΧΟΡΟΣ) τί οὖν ἔτευξ´ ἔτ´ ἄλλο δυσπότμῳ βοΐ;
307 (ΒΑΣΙΛΕΥΣ) βοηλάτην μύωπα κινητήριον.
308 (ΧΟΡΟΣ) οἶστρον καλοῦσιν αὐτὸν οἱ Νείλου πέλας.
309 (ΒΑΣΙΛΕΥΣ) τῇ γάρ νιν ἐκ γῆς ἤλασεν μακρῷ δρόμῳ.
310 (ΧΟΡΟΣ) καὶ ταῦτ´ ἔλεξας πάντα συγκόλλως ἐμοί.
311 (ΒΑΣΙΛΕΥΣ) καὶ μὴν Κάνωβον κἀπὶ Μέμφιν ἵκετο.
313 (ΧΟΡΟΣ) καὶ Ζεύς γ´ ἐφάπτωρ χειρὶ φιτύει γόνον.
314 (ΒΑΣΙΛΕΥΣ) τίς οὖν ὁ Δῖος πόρτις εὔχεται βοός;
315 (ΧΟΡΟΣ) Ἔπαφος, ἀληθῶς ῥυσίων ἐπώνυμος.
316 (ΒΑΣΙΛΕΥΣ) Ἐπάφου δὲ τίς ---
317 (ΧΟΡΟΣ) Λιβύη, μέγιστον γῆς --- καρπουμένη.
318 (ΒΑΣΙΛΕΥΣ) τίν´ οὖν ἔτ´ ἄλλον τῆσδε βλαστημὸν λέγεις;
319 (ΧΟΡΟΣ) Βῆλον δίπαιδα, πατέρα τοῦδ´ ἐμοῦ πατρός.
320 (ΒΑΣΙΛΕΥΣ) τὸ πάνσοφον νῦν ὄνομα τούτου μοι φράσον.
321 (ΧΟΡΟΣ) Δαναός, ἀδελφὸς δ´ ἐστὶ πεντηκοντάπαις.
322 (ΒΑΣΙΛΕΥΣ) καὶ τοῦδ´ ἄνοιγε τοὔνομ´ ἀφθόνῳ λόγῳ.
323 (ΧΟΡΟΣ) Αἴγυπτος. εἰδὼς δ´ ἁμὸν ἀρχαῖον γένος
324 πράσσοις ἄν, ὡς Ἀργεῖον ἀντήσας στόλον.
325 (ΒΑΣΙΛΕΥΣ) δοκεῖτε δή μοι τῆσδε κοινωνεῖν χθονὸς
326 τἀρχαῖον· ἀλλὰ πῶς πατρῷα δώματα
327 λιπεῖν ἔτλητε; τίς κατέσκηψεν τύχη;
328 (ΧΟΡΟΣ) ἄναξ Πελασγῶν, αἰόλ´ ἀνθρώπων κακά,
329 πόνου δ´ ἴδοις ἂν οὐδαμοῦ ταὐτὸν πτερόν·
330 ἐπεὶ τίς ηὔχει τήνδ´ ἀνέλπιστον φυγὴν
331 κέλσειν ἐς Ἄργος κῆδος ἐγγενὲς τὸ πρίν,
332 ἔχθει μεταπτοιοῦσαν εὐναίων γάμων;
333 (ΒΑΣΙΛΕΥΣ) τί φῂς ἱκνεῖσθαι τῶνδ´ ἀγωνίων θεῶν,
334 λευκοστεφεῖς ἔχουσα νεοδρέπτους κλάδους;
335 (ΧΟΡΟΣ) ὡς μὴ γένωμαι δμωὶς Αἰγύπτου γένει.
336 (ΒΑΣΙΛΕΥΣ) πότερα κατ´ ἔχθραν, ἢ τὸ μὴ θέμις λέγεις;
337 (ΧΟΡΟΣ) τίς δ´ ἂν φιλοῦς´ ὄνοιτο τοὺς κεκτημένους;
338 (ΒΑΣΙΛΕΥΣ) σθένος μὲν οὕτως μεῖζον αὔξεται βροτοῖς.
339 (ΧΟΡΟΣ) καὶ δυστυχούντων γ´ εὐμαρὴς ἀπαλλαγή.
340 (ΒΑΣΙΛΕΥΣ) πῶς οὖν πρὸς ὑμᾶς εὐσεβὴς ἐγὼ πέλω;
341 (ΧΟΡΟΣ) αἰτοῦσι μὴ ´κδοὺς παισὶν Αἰγύπτου πάλιν.
342 (ΒΑΣΙΛΕΥΣ) βαρέα σύ γ´ εἶπας, πόλεμον ἄρασθαι νέον.
343 (ΧΟΡΟΣ) ἀλλ´ ἡ Δίκη γε ξυμμάχων ὑπερστατεῖ.
344 (ΒΑΣΙΛΕΥΣ) εἴπερ γ´ ἀπ´ ἀρχῆς πραγμάτων κοινωνὸς ἦν.
345 (ΧΟΡΟΣ) αἰδοῦ σὺ πρύμναν πόλεος ὧδ´ ἐστεμμένην.
346 (ΒΑΣΙΛΕΥΣ) πέφρικα λεύσσων τάσδ´ ἕδρας κατασκίους.
347 (ΧΟΡΟΣ) βαρύς γε μέντοι Ζηνὸς ἱκεσίου κότος.
348 (ΧΟΡΟΣ) Παλαίχθονος τέκος, κλῦθί μου
349 πρόφρονι καρδίᾳ, Πελασγῶν ἄναξ.
| [300] LE ROI. — Est-ce que Zeus ne s’approcha plus de la génisse aux belles
cornes ?
LE CORYPHÉE. — On dit qu’il la saillit sous la forme d’un taureau.
LE ROI. — Que fit alors la puissante épouse de Zeus ?
LE CORYPHÉE. — Elle mit près de la génisse le gardien qui voyait tout.
LE ROI. — Et ce gardien qui voyait tout et ne gardait qu’une seule génisse,
comment l’appelles-tu ?
305 LE CORYPHÉE. — Argos, fils de la Terre, qui fut tué par Hermès.
LE ROI. — Et qu’est-ce qu’elle inventa encore contre l’infortunée génisse ?
LE CORYPHÉE. — Un insecte qui pourchasse et harcèle les boeufs ?
LE ROI. — On l’appelle taon près du Nil.
LE CORYPHÉE. — Aussi la chassa-t-il de ce pays dans une course sans fin.
LE ROI. — Sur ce point aussi tu es en parfait accord avec moi.
LE CORYPHÉE. — Et elle arriva enfin à Canope et à Memphis.
LE ROI. — --- .
313 LE CORYPHÉE. — Là, Zeus, la touchant de sa main, lui fit mettre au jour un
enfant.
LE ROI. — Quel est donc ce taureau, fils de Zeus, qui s’honore d’avoir pour
mère une génisse ?
LE CHOEUR. — Épaphos, dont le nom rappelle bien la délivrance d’Io.
LE ROI. —
LE CORYPHÉE. — Libye qui moissonne la plus grande contrée du monde.
LE ROI. — Et quel autre rameau dis-tu qui est sorti d’elle ?
LE CORYPHÉE. — Bélos, qui eut deux fils et qui fut le père de mon père que
voici.
LE ROI. — Dis-moi maintenant le nom de cet homme sage.
LE CORYPHÉE. — Danaos, et il a un frère, père de cinquante fils.
LE ROI. — Dis-moi son nom aussi ; aie cette complaisance.
LE CORYPHÉE. — Égyptos. Maintenant que tu connais notre antique origine,
traite-nous comme si tu avais devant toi une troupe d’Argiennes.
LE ROI. — Il me semble bien en effet que d’antiques liens vous rattachent
à ce pays. Mais comment avezvous osé quitter le toit paternel ? Quel
malheur vous a frappées ?
328 LE CORYPHÉE. — Roi des Pélasges, les hommes sont sujets à des maux de
bien des sortes. Nulle part l’aile de l’infortune ne se montre la même. Qui
se serait imaginé que cette fuite imprévue nous conduirait à Argos, notre
antique parente, et que nous y chercherions un asile contre un odieux hymen ?
LE ROI. — Pour quoi viens-tu, dis-moi, supplier les dieux de cette ville, avec ces rameaux frais coupés, enveloppés de laine blanche ?
LE CORYPHÉE. -Pour n’être pas esclave des fils d’Égyptos.
LE ROI. — Est-ce parce que tu les hais, ou parce que tu regardes cela comme un
crime ?
LE CORYPHÉE. — Qui aimerait payer pour avoir un maître ?
LE ROI. — C’est pour les mortels la façon d’accroître leur force.
LE CORYPHÉE. — Et aussi de se tirer aisément de l’indigence.
LE ROI. — Comment donc puis-je vous témoigner ma piété ?
LE CORYPHÉE. — En ne me livrant pas aux fils d’Égyptos qui me
réclament.
342 LE ROI. — C’est périlleux ce que tu demandes, c’est soulever une guerre.
LE CORYPHÉE. — Mais la justice protège ceux qui combattent pour elle.
LE ROI. — Oui, si dès le début elle a été de votre côté.
LE CORYPHÉE. — Respecte la poupe de la cité couronnée de nos rameaux.
LE ROI. — Je frémis à voir ces autels ombragés de ces rameaux.
LE CORYPHÉE. — Terrible aussi est le courroux de Zeus suppliant.
LE CHOEUR. — Fils de Palaichthôn, roi des Pélasges, écoute-moi d’un coeur
bienveillant.
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