[250] τοῦ γηγενοῦς γάρ εἰμ´ ἐγὼ Παλαίχθονος
251 ἶνις Πελασγός, τῆσδε γῆς ἀρχηγέτης.
252 ἐμοῦ δ´ ἄνακτος εὐλόγως ἐπώνυμον
253 γένος Πελασγῶν τήνδε καρποῦται χθόνα.
254 καὶ πᾶσαν αἶαν, ἧς δί´ ἁγνὸς ἔρχεται
255 Στρυμών, τὸ πρὸς δύνοντος ἡλίου, κρατῶ.
256 ὁρίζομαι δὲ τήν τε Περραιβῶν χθόνα,
257 Πίνδου τε τἀπέκεινα, Παιόνων πέλας,
258 ὄρη τε Δωδωναῖα· συντέμνει δ´ ὅρος
259 ὑγρᾶς θαλάσσης· τῶνδε τἀπὶ τάδε κρατῶ.
260 αὐτῆς δὲ χώρας Ἀπίας πέδον τόδε
261 πάλαι κέκληται φωτὸς ἰατροῦ χάριν.
262 Ἆπις γὰρ ἐλθὼν ἐκ πέρας Ναυπακτίας
263 ἰατρόμαντις παῖς Ἀπόλλωνος χθόνα
264 τήνδ´ ἐκκαθαίρει κνωδάλων βροτοφθόρων,
265 τὰ δὴ παλαιῶν αἱμάτων μιάσμασι
266 χρανθεῖς´ ἀνῆκε γαῖα μηνεῖται ἄκη
267 δρακονθόμιλον δυσμενῆ ξυνοικίαν.
268 τούτων ἄκη τομαῖα καὶ λυτήρια
269 πράξας ἀμέμπτως Ἆπις Ἀργείᾳ χθονὶ
270 μνήμην ποτ´ ἀντίμισθον ηὕρετ´ ἐν λιταῖς.
271 ἔχουσα δ´ ἤδη τἀπ´ ἐμοῦ τεκμήρια
272 γένος τ´ ἂν ἐξεύχοιο καὶ λέγοις πρόσω.
273 μακράν γε μὲν δὴ ῥῆσιν οὐ στέργει πόλις.
274 (ΧΟΡΟΣ) βραχὺς τορός θ´ ὁ μῦθος· Ἀργεῖαι γένος
275 ἐξευχόμεσθα, σπέρματ´ εὐτέκνου βοός·
276 καὶ ταῦτ´ ἀληθῆ πάντα προσφύσω λόγῳ.
277 (ΒΑΣΙΛΕΥΣ) ἄπιστα μυθεῖσθ´, ὦ ξέναι, κλύειν ἐμοί,
278 ὅπως τόδ´ ὑμῖν ἐστιν Ἀργεῖον γένος.
279 Λιβυστικαῖς γὰρ μᾶλλον ἐμφερέστεραι
280 γυναιξίν ἐστε κοὐδαμῶς ἐγχωρίαις.
281 καὶ Νεῖλος ἂν θρέψειε τοιοῦτον φυτόν,
282 Κύπριος χαρακτήρ τ´ ἐν γυναικείοις τύποις
283 εἰκὼς πέπληκται τεκτόνων πρὸς ἀρσένων·
284 Ἰνδάς τ´ ἀκούω νομάδας ἱπποβάμοσιν
285 εἶναι καμήλοις ἀστραβιζούσας χθόνα,
286 παρ´ Αἰθίοψιν ἀστυγειτονουμένας.
287 καὶ τὰς ἀνάνδρους κρεοβόρους {δ´} Ἀμαζόνας,
288 εἰ τοξοτευχεῖς ἦτε, κάρτ´ ἂν ᾔκασα
289 ὑμᾶς. διδαχθεὶς ἂν τόδ´ εἰδείην πλέον,
290 ὅπως γένεθλον σπέρμα τ´ Ἀργεῖον τὸ σόν.
291 (ΧΟΡΟΣ) κλῃδοῦχον Ἥρας φασὶ δωμάτων ποτὲ
292 Ἰὼ γενέσθαι τῇδ´ ἐν Ἀργείᾳ χθονί.
293 (ΒΑΣΙΛΕΥΣ) ἦν ὡς μάλιστα, καὶ φάτις πολλὴ κρατεῖ.
295 (ΧΟΡΟΣ) μὴ καὶ λόγος τις Ζῆνα μειχθῆναι βροτῷ;
296 (ΒΑΣΙΛΕΥΣ) κἄκρυπτά γ´ Ἥρας ταῦτα τἀμπαλάγματ´ ἦν.
298 (ΧΟΡΟΣ) πῶς οὖν τελευτᾷ βασιλέῳν νείκη τάδε;
299 (ΒΑΣΙΛΕΥΣ) βοῦν τὴν γυναῖκ´ ἔθηκεν Ἀργεία θεός.
| [250] Je suis le fils de Palaichthôn, né de la terre, Pélasgos, chef
suprême de ce pays, et c’est moi, son roi, qui ai naturellement donné
mon nom au peuple des Pélasges qui cultive cette terre. Je commande à
tout le pays que traverse le Strymon sacré, à partir de sa rive occidentale.
Je borde la terre des Perrhèbes, et le pays qui est au-delà du Pinde, près de
la Péonie, et les montagnes de Dodone jusqu’au point où la mer humide
coupe ma frontière ; en deçà, tout m’appartient. Quant à cette plaine du
pays d’Apis, elle a jadis été appelée de ce nom en reconnaissance des
services d’un prophète médecin, Apis, fils d’Apollon, qui, venu de l’autre
côté du golfe, de Naupacte, purifia ce pays de monstres qui dévoraient
les mortels, fléaux qu’avait produits la Terre irritée des souillures dont
l’avaient infectée des meurtres anciens, serpents grouillants, funeste
compagnie. Par des remèdes tranchants parfaitement appliqués, Apis
nous délivra de ces maux, et la terre d’Argos en récompense mêle toujours
son nom à ses prières. En ce qui me concerne, te voilà renseignée ;
maintenant tu peux vanter ta race et poursuivre ce que tu as à dire. Mais je
t’avertis qu’on n’aime pas ici les longs discours.
274 LE CORYPHÉE. — Mon discours sera bref et net : nous avons l’honneur d’être
de race argienne ; nous sommes le sang de cette génisse qui fut mère d’un
noble fils. Voilà la vérité ; je la confirmerai par des preuves.
277 LE ROI. — Ce sont là, étrangères, des affirmations incroyables pour moi :
comment la race argienne pourrait-elle être la vôtre ? Vous ressemblez
plutôt à des Libyennes, pas du tout aux femmes de notre pays, et le Nil
pourrait nourrir une telle plante. Vous rappelez aussi le type cypriote
frappé par des mâles dans les moules féminins. J’ai entendu parler aussi
d’Indiennes nomades voyageant en selle à dossier sur des chameaux qui
font office de chevaux dans un pays voisin de l’Éthiopie. Si vous étiez
armées d’arcs, j’aurais certainement conjecturé que vous étiez ces Amazones
sans maris, qui mangent de la chair crue. Renseigne-moi, pour que je voie
mieux comment ton origine et ton sang sont argiens.
291 LE CORYPHÉE. — On dit, n’est-ce pas, qu’il y eut jadis en ce pays d’Argos
une gardienne du temple d’Héra, Io ?
LE ROI. — Oui, rien n’est plus certain ; c’est un bruit bien confirmé.
LE CORYPHÉE. — Ne dit-on pas aussi que Zeus s’unit à elle, bien que simple
mortelle ?
LE Roi. --- .
LE CORYPHÉE. — Et que leurs embrassements n’échappèrent pas à Héra.
LE ROI. — Et comment finit la querelle royale ?
LE CORYPHÉE. — La déesse d’Argos changea la femme en génisse.
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