[50] νῦν ἐν ποιονόμοις
51 ματρὸς ἀρχαίας τόποις τῶν
52 πρόσθε πόνων μνασαμένα
53 τά τε νῦν ἐπιδείξω
54 πιστὰ τεκμήρια γαιονόμοις,
55 τὰ δ´ ἄελπτά περ ὄντα φανεῖται.
56 γνώσεται δὲ λόγους τις ἐν μάκει.
57-58 εἰ δὲ κυρεῖ τις πέλας οἰωνοπόλων
59 ἔγγαιος οἶκτον {οἰκτρὸν} ἀίων,
60 δοξάσει τιν´ ἀκούειν ὄπα τᾶς Τηρεΐας
61 Μήτιδος οἰκτρᾶς ἀλόχου,
62 κιρκηλάτου τ´ Ἀηδόνης,
63 ἅτ´ ἀπὸ χώρων ποταμῶν τ´ ἐργομένα
64 πενθεῖ μὲν οἶκτον ἠθέων,
65 ξυντίθησι δὲ παιδὸς μόρον, ὡς αὐτοφόνως
66 ὤλετο πρὸς χειρὸς ἕθεν
67 δυσμάτορος κότου τυχών·
68-69 τὼς καὶ ἐγὼ φιλόδυρτος Ἰαονίοισι νόμοισι
70 δάπτω τὰν ἁπαλὰν
71 εἱλοθερῆ παρειὰν
72 ἀπειρόδακρύν τε καρδίαν.
73 γοεδνὰ δ´ ἀνθεμίζομαι
74 δειμαίνουσα φίλους, τᾶσδε φυγᾶς
75 Ἀερίας ἀπὸ γᾶς
76 εἴ τις ἐστὶ κηδεμών.
77-78 ἀλλά, θεοὶ γενέται, κλύετ´ εὖ τὸ δίκαιον ἰδόντες·
79 ἥβᾳ μὴ τέλεον
80 δόντες ἔχειν παρ´ αἶσαν,
81 ὕβριν δ´ ἐτύμως στυγοῦντες,
82 πέλοιτ´ ἂν ἔνδικοι γάμοις.
83 ἔστι δὲ κἀκ πολέμου τειρομένοις
84 βωμὸς ἀρῆς φυγάσιν
85 ῥῦμα, δαιμόνων σέβας.
86 εἴθ´ εἴη Διὸς εὖ παναληθῶς
87 Διὸς ἵμερος· οὐκ εὐθήρατος ἐτύχθη.
88 παντᾷ τοι φλεγέθει
89 κἀν σκότῳ μελαίνᾳ ξὺν τύχᾳ
90 μερόπεσσι λαοῖς.
91 πίπτει δ´ ἀσφαλὲς οὐδ´ ἐπὶ νώτῳ
92 κορυφᾷ Διὸς εἰ κρανθῇ πρᾶγμα τέλειον.
93 δαυλοὶ γὰρ πραπίδων
94 δάσκιοί τε τείνουσιν πόροι
95 κατιδεῖν ἄφραστοι.
96 ἰάπτει δ´ ἐλπίδων
97 ἀφ´ ὑψιπύργων πανώλεις
98-99 βροτούς, βίαν δ´ οὔτιν´ ἐξοπλίζει·
| [50] Je vais aujourd’hui citer ce nom et rappeler les malheurs que mon antique aïeule
a jadis soufferts en ces lieux, où elle paissait le gazon, pour fournir des preuves
dignes de foi de mon origine ; si surprenantes qu’elles soient, les habitants les
trouveront claires : à la longue, on en reconnaîtra la vérité.
S’il y a près d’ici quelque indigène habile à interpréter le chant des oiseaux qui
écoute mes plaintes, il croira entendre la voix de l’épouse de Térée en proie à ses
tristes pensées, la voix du rossignol que poursuit l’épervier.
Chassée des lieux qu’elle habitait avant, elle pleure la demeure qu’elle a perdue,
tout en disant la mort de son enfant, comment elle le fit périr sous les coups de sa
propre main, victime de la colère d’une mère dénaturée.
68 Comme elle, j’aime à me plaindre sur le mode ionien, en déchirant ma tendre
joue brunie au soleil du Nil et mon coeur novice aux larmes. Je ne cueille que des
fleurs de deuil, en me demandant avec angoisse si je trouverai quelque ami pour
veiller sur mon exil loin du pays au ciel serein.
77 Allons, dieux auteurs de notre naissance, vous qui savez où est le droit,
écoutez-nous, ou, si le destin vous interdit de nous donner pleine satisfaction,
du moins vous qui détestez naturellement la violence, montrez votre justice
en face de cet hymen. Même les fugitifs épuisés par la guerre trouvent un
refuge contre le malheur près d’un autel que protège la crainte des dieux.
Ah ! si tout cela pouvait aboutir à une fin vraiment heureuse ! Le désir de Zeus
n’est pas aisé à saisir ; mais en tout cas il flamboie même dans les ténèbres, alors
que la noire infortune fond sur la race des mortels.
Quand Zeus a décidé dans sa tête l’accomplissement d’une chose, elle tombe à
coup sûr, et jamais à la renverse. Les voies de sa pensée vont à leur but, cachées
sous une ombre épaisse que nul regard ne saurait percer.
Du haut de leurs ambitieuses espérances il précipite les mortels dans le néant,
mais sans s’armer de violence :
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