[0] ΙΚΕΤΙΔΕΣ.
1 (ΧΟΡΟΣ ΔΑΝΑΙΔΩΝ)
1 Ζεὺς μὲν ἀφίκτωρ ἐπίδοι προφρόνως
2 στόλον ἡμέτερον νάιον ἀρθέντ´
3 ἀπὸ προστομίων λεπτοψαμάθων
4 Νείλου. Δίαν δὲ λιποῦσαι
5 χθόνα σύγχορτον Συρίᾳ φεύγομεν,
6 οὔτιν´ ἐφ´ αἵματι δημηλασίαν
7 ψήφῳ πόλεως γνωσθεῖσαι,
8 ἀλλ´ αὐτογενεῖ φυξανορίᾳ,
9 γάμον Αἰγύπτου παίδων ἀσεβῆ τ´
10 ὀνοταζόμεναι διάνοιαν.
11 Δαναὸς δὲ πατὴρ καὶ βούλαρχος
12 καὶ στασίαρχος τάδε πεσσονομῶν
13 κύδιστ´ ἀχέων ἐπέκρινεν
14 φεύγειν ἀνέδην διὰ κῦμ´ ἅλιον,
15 κέλσαι δ´ Ἄργους γαῖαν, ὅθεν δὴ
16 γένος ἡμέτερον τῆς οἰστροδόνου
17 βοὸς ἐξ ἐπαφῆς κἀξ ἐπιπνοίας
18 Διὸς εὐχόμενον τετέλεσται.
19 τίν´ ἂν οὖν χώραν εὔφρονα μᾶλλον
20 τῆσδ´ ἀφικοίμεθα
21 σὺν τοῖσδ´ ἱκετῶν ἐγχειριδίοις,
22 ἐριοστέπτοισι κλάδοισιν;
23 ὦ πόλις, ὦ γῆ, καὶ λευκὸν ὕδωρ,
24 ὕπατοί τε θεοί, καὶ βαρύτιμοι
25 χθόνιοι θήκας κατέχοντες,
26 καὶ Ζεὺς σωτὴρ τρίτος, οἰκοφύλαξ
27 ὁσίων ἀνδρῶν, δέξασθ´ ἱκέτην
28 τὸν θηλυγενῆ στόλον αἰδοίῳ
29 πνεύματι χώρας· ἀρσενοπληθῆ δ´
30 ἑσμὸν ὑβριστὴν Αἰγυπτογενῆ,
31 πρὶν πόδα χέρσῳ τῇδ´ ἐν ἀσώδει
32 θεῖναι, ξὺν ὄχῳ ταχυήρει
33 πέμψατε πόντονδ´· ἔνθα δὲ λαίλαπι
34 χειμωνοτύπῳ, βροντῇ στεροπῇ τ´
35 ὀμβροφόροισίν τ´ ἀνέμοις ἀγρίας
36 ἁλὸς ἀντήσαντες ὄλοιντο,
37 πρίν ποτε λέκτρων, ὧν θέμις εἴργει,
38 σφετεριξάμενοι πατραδέλφειαν
39 τήνδ´ ἀκόντων ἐπιβῆναι.
40 νῦν δ´ ἐπικεκλομένα
41 Δῖον πόρτιν ὑπερπόντιον
42 τιμάορ´ ἶνίν τ´
43 ἀνθονόμον τᾶς προγόνου
44 βοὸς ἐξ ἐπιπνοίας
45 Ζηνός· ἔφαψιν ἐπωνυμίᾳ
46 δ´ ἐπεκραίνετο μόρσιμος αἰὼν
47-48 εὐλόγως, Ἔπαφόν τ´ ἐγέννασεν·
49 ὅντ´ ἐπιλεξαμένα,
| [0] LES SUPPLIANTES.
La scène est au bord de la mer près d’Argos. Au fond de l’orchestre, un tertre avec les
statues de Zeus, d’Apollon, de Poséidon et d’Hermès.
LE CHOEUR. — Puisse Zeus, protecteur des suppliantes, jeter un regard
favorable sur notre troupe, qu’un vaisseau amène ici des bouches au sable
fin du Nil.
Nous avons quitté la terre de Zeus, qui touche à la Syrie ; nous nous sommes
exilées, non pas qu’un vote de la cité nous ait condamnées à être bannies
pour avoir tué, mais parce que, dans notre répugnance instinctive pour
l’homme, nous repoussons avec horreur l’hymen des enfants d’Égyptos et
leur dessein impie.
11 Danaos, notre père, qui inspire nos desseins et guide notre troupe, a pesé
les raisons, et il s’est décidé pour le malheur le plus glorieux, qui était de
fuir en toute hâte à travers les flots salés et d’aborder à la terre d’Argos,
d’où notre race s’honore de tirer son origine ; car elle est née de la génisse
harcelée par un taon, au toucher et au souffle de Zeus.
En quel pays mieux disposé pour nous pourrions-nous aborder avec ces
rameaux de suppliantes ceints de laine qui chargent nos mains ?
23 Puisse la ville, puissent le pays et ses eaux limpides, puissent les dieux du
ciel et les mânes ensevelis sous terre qui exercent de lourdes vengeances,
Puisse enfin Zeus Sauveur, gardien du foyer des hommes pieux, accueillir cette troupe de femmes suppliantes en ce pays touché de respect pour le malheur, et, avant que cet insolent essaim de mâles, les fils d’Égyptos, ait mis le pied sur ce sol
marécageux, rejetez-les à la mer avec leur vaisseau rapide, et que là, parmi
la rafale fouettée par l’ouragan, le tonnerre, les éclairs et les vents chargés
de pluie, ils se heurtent à une mer sauvage, et périssent avant de mettre la
main sur les nièces de leur père et de monter, malgré la loi qui l’interdit,
dans des lits qui les repoussent.
40 Maintenant j’appelle au-delà des mers, pour qu’il me protège, le jeune taureau
issu de Zeus qui, de son souffle, le fit naître de mon aïeule, la génisse qui paissait
les fleurs. Le toucher qui lui valut son nom mit une juste fin au temps marqué
par le destin : Io engendra Épaphos.
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