[600] (ΔΑΝΑΟΣ) θαρσεῖτε παῖδες· εὖ τὰ τῶν ἐγχωρίων·
601 δήμου δέδοκται παντελῆ ψηφίσματα.
602 (ΧΟΡΟΣ) ὦ χαῖρε πρέσβυ, φίλτατ´ ἀγγέλλων ἐμοί·
603 ἔνισπε δ´ ἡμῖν, ποῖ κεκύρωται τέλος,
604 δήμου κρατοῦσα χεὶρ ὅπῃ πληθύνεται;
605 (ΔΑΝΑΟΣ) ἔδοξεν Ἀργείοισιν οὐ διχορρόπως,
606 ἀλλ´ ὥστ´ ἀνηβῆσαί με γηραιᾷ φρενί·
607 πανδημίᾳ γὰρ χερσὶ δεξιωνύμοις
608 ἔφριξεν αἰθὴρ τόνδε κραινόντων λόγον·
609 ἡμᾶς μετοικεῖν τῆσδε γῆς ἐλευθέρους
610 κἀρρυσιάστους ξύν τ´ ἀσυλίᾳ βροτῶν·
611 καὶ μήτ´ ἐνοίκων μήτ´ ἐπηλύδων τινὰ
612 ἄγειν· ἐὰν δὲ προστιθῇ τὸ καρτερόν,
613 τὸν μὴ βοηθήσαντα τῶνδε γαμόρων
614 ἄτιμον εἶναι ξὺν φυγῇ δημηλάτῳ.
615 τοιάνδ´ ἔπειθε ῥῆσιν ἀμφ´ ἡμῶν λέγων
616 ἄναξ Πελασγῶν, ἱκεσίου Ζηνὸς κότον
617 μέγαν προφωνῶν μή ποτ´ εἰσόπιν χρόνου
618 πόλιν παχῦναι, ξενικὸν ἀστικόν θ´ ἅμα
619 λέγων διπλοῦν μίασμα πρὸς πόλεως φανὲν
620 ἀμήχανον βόσκημα πημονῆς πέλειν.
621 τοιαῦτ´ ἀκούων χερσὶν Ἀργεῖος λεὼς
622 ἔκραν´ ἄνευ κλητῆρος ὣς εἶναι τάδε.
623 δημηγόρους δ´ ἤκουσεν εὐπιθεῖς στροφὰς
624 δῆμος Πελασγῶν· Ζεὺς δ´ ἐπέκρανεν τέλος.
625 (ΧΟΡΟΣ) ἄγε δή, λέξωμεν ἐπ´ Ἀργείοις
626 εὐχὰς ἀγαθάς, ἀγαθῶν ποινάς.
627 Ζεὺς δ´ ἐφορεύοι ξένιος ξενίου
628 στόματος τιμὰς ἐπ´ ἀληθείᾳ,
629 τέρμον´ ἀμέμπτως πρὸς ἅπαντα·
630 νῦν ὅτε καὶ θεοὶ
631 Διογενεῖς κλύοιτ´ εὐκταῖα
632 γένει χεούσας·
633 μήποτε πυρίφατον
634 τάνδε Πελασγίαν {πόλιν}
635 τὸν ἄχορον βοᾶν
636 κτίσαι μάχλον Ἄρη,
637 τὸν ἀρότοις θερίζοντα
638 βροτοὺς ἐνάλλοις·
639 οὕνεκ´ ᾤκτισαν ἡμᾶς,
640 ψῆφον δ´ εὔφρον´ ἔθεντο,
641 αἰδοῦνται δ´ ἱκέτας Διός,
642 ποίμναν τάνδ´ ἀμέγαρτον·
643 οὐδὲ μετ´ ἀρσένων
644 ψῆφον ἔθεντ´ ἀτιμώσαντες
645 ἔριν γυναικῶν,
646 Δῖον ἐπιδόμενοι
647 πράκτορ´, ἅτε σκοπόν,
648 δυσπολέμητον, ὃν
649 τίς ἂν δόμος ἔχοι
| [600] DANAOS. — Rassurez-vous, mes enfants : le peuple d’Argos est pour nous ; il
a pris des décrets décisifs.
LE CORYPHÉE. — Salut, ô mon vieux père, qui m’annonces de si bonnes
nouvelles. Mais dis-nous à quoi s’arrête la décision, et jusqu’où s’est élevée la
majorité des suffrages populaires.
605 DANAOS. — Les votes des Argiens ne se sont point partagés et mon vieux coeur
en a été tout ragaillardi. L’éther a frémi de la levée des mains, quand le peuple a
ratifié d’une voix unanime la proposition de nous traiter comme des habitants du
pays, comme des hommes libres, qu’on ne pourra revendiquer pour l’esclavage
et qui seront inviolables, que nul habitant, nul étranger ne pourra saisir, à qui,
en cas de violence, les habitants de ce pays devront prêter main-forte sous
peine d’être frappés d’atimie ou d’exil par une sentence du peuple. Telle est la
proposition qu’a fait passer à notre sujet le roi des Pélasges, en avertissant
la cité de ne pas nourrir pour les jours à venir le redoutable ressentiment de
Zeus, dieu des suppliants, et en déclarant que la double souillure, à la fois
étrangère et nationale, qui atteindrait la ville, serait une source inépuisable de
malheur. Après avoir entendu ce discours, le peuple d’Argos, sans attendre la
proclamation du héraut, l’a ratifié à main levée. Les accents persuasifs de l’habile
orateur ont convaincu le peuple pélasge et Zeus a emporté la décision.
625 LE CORYPHÉE. — Allons, faisons des voeux de bonheur pour les Argiens en
retour de leurs bienfaits. Que Zeus hospitalier ait égard aux hommages que lui
rend la bouche de ses hôtes et qu’il mène vraiment à bonne fin tous nos vieux !
LE CHOEUR. — Voici le moment pour vous, dieux issus de Zeus, d’exaucer les
voeux que nous voulons répandre sur ce peuple. Que jamais la terre des Pélasges ne soit
livrée à l’incendie par la fureur d’Arès, dont le cri arrête les danses et qui moissonne
les mortels dans les champs faits pour d’autres moissons !
Car ils ont eu pitié de nous, en émettant ce vote favorable ; ils respectent les suppliants
de Zeus dans ce troupeau pitoyable.
Ils n’ont pas dédaigné la cause des femmes et voté pour les mâles ; ils ont songé au dieu
qui surveille et venge le crime, sans qu’on puisse lutter avec lui. Aussi quelle maison
pourrait se réjouir,
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