[400] ἡγεῖτο κόσμῳ, δεύτερον δ´ ὁ πᾶς στόλος
401 ἐπεξεχώρει, καὶ παρῆν ὁμοῦ κλύειν
402 πολλὴν βοήν· ‘Ὦ παῖδες Ἑλλήνων, ἴτε,
403 ἐλευθεροῦτε πατρίδ´, ἐλευθεροῦτε δὲ
404 παῖδας, γυναῖκας, θεῶν τε πατρῴων ἕδη,
405 θήκας τε προγόνων· νῦν ὑπὲρ πάντων ἀγών.’
406 καὶ μὴν παρ´ ἡμῶν Περσίδος γλώσσης ῥόθος
407 ὑπηντίαζε, κοὐκέτ´ ἦν μέλλειν ἀκμή.
408 εὐθὺς δὲ ναῦς ἐν νηὶ χαλκήρη στόλον
409 ἔπαισεν· ἦρξε δ´ ἐμβολῆς Ἑλληνικὴ
410 ναῦς, κἀποθραύει πάντα Φοινίσσης νεὼς
411 κόρυμβ´, ἐπ´ ἄλλην δ´ ἄλλος ηὔθυνεν δόρυ.
412 τὰ πρῶτα μέν νυν ῥεῦμα Περσικοῦ στρατοῦ
413 ἀντεῖχεν· ὡς δὲ πλῆθος ἐν στενῷ νεῶν
414 ἤθροιστ´, ἀρωγὴ δ´ οὔτις ἀλλήλοις παρῆν,
415 αὐτοὶ δ´ ὑπ´ αὐτῶν ἐμβόλοις χαλκοστόμοις
416 παίοντ´, ἔθραυον πάντα κωπήρη στόλον,
417 Ἑλληνικαί τε νῆες οὐκ ἀφρασμόνως
418 κύκλῳ πέριξ ἔθεινον, ὑπτιοῦτο δὲ
419 σκάφη νεῶν, θάλασσα δ´ οὐκέτ´ ἦν ἰδεῖν,
420 ναυαγίων πλήθουσα καὶ φόνου βροτῶν,
421 ἀκταὶ δὲ νεκρῶν χοιράδες τ´ ἐπλήθυον.
422 φυγῇ δ´ ἀκόσμως πᾶσα ναῦς ἠρέσσετο,
423 ὅσαιπερ ἦσαν βαρβάρου στρατεύματος.
424 τοὶ δ´ ὥστε θύννους ἤ τιν´ ἰχθύων βόλον
425 ἀγαῖσι κωπῶν θραύμασίν τ´ ἐρειπίων
426 ἔπαιον, ἐρράχιζον· οἰμωγὴ δ´ ὁμοῦ
427 κωκύμασιν κατεῖχε πελαγίαν ἅλα,
428 ἕως κελαινῆς νυκτὸς ὄμμ´ ἀφείλετο.
429 κακῶν δὲ πλῆθος, οὐδ´ ἂν εἰ δέκ´ ἤματα
430 στοιχηγοροίην, οὐκ ἂν ἐκπλήσαιμί σοι.
431 εὖ γὰρ τόδ´ ἴσθι, μηδάμ´ ἡμέρᾳ μιᾷ
432 πλῆθος τοσουτάριθμον ἀνθρώπων θανεῖν.
433 (ΒΑΣΙΛΕΙΑ) αἰαῖ, κακῶν δὴ πέλαγος ἔρρωγεν μέγα
434 Πέρσαις τε καὶ πρόπαντι βαρβάρων γένει.
435 (ΑΓΓΕΛΟΣ) εὖ νυν τόδ´ ἴσθι, μηδέπω μεσοῦν κακόν·
436 τοιάδ´ ἐπ´ αὐτοῖς ἦλθε συμφορὰ πάθους,
437 ὡς τοῖσδε καὶ δὶς ἀντισηκῶσαι ῥοπῇ.
438 (ΒΑΣΙΛΕΙΑ) καὶ τίς γένοιτ´ ἂν τῆσδ´ ἔτ´ ἐχθίων τύχη;
439 λέξον τίν´ αὖ φῂς τήνδε συμφορὰν στρατῷ
440 ἐλθεῖν κακῶν ῥέπουσαν ἐς τὰ μάσσονα.
441 (ΑΓΓΕΛΟΣ) Περσῶν ὅσοιπερ ἦσαν ἀκμαῖοι φύσιν,
442 ψυχήν τ´ ἄριστοι κεὐγένειαν ἐκπρεπεῖς,
443 αὐτῷ τ´ ἄνακτι πίστιν ἐν πρώτοις ἀεί,
444 τεθνᾶσιν αἰσχρῶς δυσκλεεστάτῳ μόρῳ.
445 (ΒΑΣΙΛΕΙΑ) οἲ ´γὼ τάλαινα συμφορᾶς κακῆς, φίλοι.
446 ποίῳ μόρῳ δὲ τούσδε φῂς ὀλωλέναι;
447 (ΑΓΓΕΛΟΣ) νῆσός τις ἐστὶ πρόσθε Σαλαμῖνος τόπων,
448 βαιά, δύσορμος ναυσίν, ἣν ὁ φιλόχορος
449 Πὰν ἐμβατεύει ποντίας ἀκτῆς ἔπι.
| [400] le reste de la flotte suivait, et ces mots retentissaient au loin : « Allez, ô fils de la Grèce, délivrez la patrie, délivrez vos enfants, vos femmes, et les temples des dieux de vos pères, et les tombeaux de vos aïeux. Un seul combat va décider de tous vos biens. » A ce cri nous répondons, de notre côté, par le cri de guerre des Perses.
La bataille allait s'engager. Déjà les proues d'airain se heurtent contre les proues : un vaisseau grec a commencé le choc; il fracasse les agrès d'un vaisseau phénicien. Ennemi contre ennemi les deux flottes s'élancent. Au premier effort, le torrent de l'armée des Perses ne recula pas. Mais bientôt, entassés dans un espace resserré, nos innombrables navires s'embarrassent les uns aux autres, s'entrechoquent mutuellement de leurs becs d'airain : des rangs de rames entiers sont fracassés. Cependant la flotte grecque, par une manœuvre habile, forme cercle alentour, et porte de toutes parts ses coups. Nos vaisseaux sont culbutés; la mer disparaît sous un amas de débris flottants et de morts; les rivages, les écueils se couvrent de cadavres. Tous les navires de la flotte des Barbares ramaient pour fuir en désordre : comme des thons, comme des poissons qu'on vient de prendre au filet, à coups de tronçons de rames, de débris de madriers, on écrase les Perses, on les met en lambeaux. La mer résonne au loin de gémissements, de voix lamentables. Enfin la nuit montra sa sombre face, et nous déroba au vainqueur.
429 Je ne détaille point : à énumérer toutes nos pertes, dix jours entiers ne suffiraient pas. Sache seulement que jamais, en un seul jour, il n'a péri une telle multitude d'hommes.
433 ATOSSA.
Hélas! hélas! une immense mer d'infortunes vient d'engloutir les Perses et toute la race des Barbares.
LE COURRIER.
Ce que je t'ai dit, sache-le bien, n'est encore que la plus petite part de nos maux; car une autre calamité a frappé les Perses, deux fois plus pesante au moins que toutes ces calamités.
ATOSSA.
Et quelle infortune pouvait être plus cruelle ? Explique-toi : une calamité a frappé,
dis-tu, notre armée, une calamité qui dépasse tous nos maux?
LE COURRIER.
Cette jeunesse de Perse, si brillante par son courage, si distinguée par sa noblesse, par sa fidélité au roi, elle a honteusement péri d'une humiliante mort.
ATOSSA.
Qu'entends-je, amis ! Quel coup affreux pour moi! Quelle est donc cette mort dont tu dis qu'ils ont péri?
LE COURRIER.
Une île est en face de Salamine, une île petite, d'accès difficile aux vaisseaux, et ou le dieu Pan, sur la rive des mers, mène souvent ses chœurs.
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