[350] (ΒΑΣΙΛΕΙΑ) ἀρχὴ δὲ ναυσὶ συμβολῆς τίς ἦν, φράσον·
351 τίνες κατῆρξαν, πότερον Ἕλληνες, μάχης,
352 ἢ παῖς ἐμός, πλήθει καταυχήσας νεῶν;
353 (ΑΓΓΕΛΟΣ) ἦρξεν μέν, ὦ δέσποινα, τοῦ παντὸς κακοῦ
354 φανεὶς ἀλάστωρ ἢ κακὸς δαίμων ποθέν.
355 ἀνὴρ γὰρ Ἕλλην ἐξ Ἀθηναίων στρατοῦ
356 ἐλθὼν ἔλεξε παιδὶ σῷ Ξέρξῃ τάδε,
357 ὡς εἰ μελαίνης νυκτὸς ἵξεται κνέφας,
358 Ἕλληνες οὐ μενοῖεν, ἀλλὰ σέλμασιν
359 ναῶν ἐπανθορόντες ἄλλος ἄλλοσε
360 δρασμῷ κρυφαίῳ βίοτον ἐκσωσοίατο.
361 ὁ δ´ εὐθὺς ὡς ἤκουσεν, οὐ ξυνεὶς δόλον
362 Ἕλληνος ἀνδρὸς οὐδὲ τὸν θεῶν φθόνον,
363 πᾶσιν προφωνεῖ τόνδε ναυάρχοις λόγον,
364 εὖτ´ ἂν φλέγων ἀκτῖσιν ἥλιος χθόνα
365 λήξῃ, κνέφας δὲ τέμενος αἰθέρος λάβῃ,
366 τάξαι νεῶν στῖφος μὲν ἐν στοίχοις τρισίν,
368 ἄλλας δὲ κύκλῳ νῆσον Αἴαντος πέριξ,
367 ἔκπλους φυλάσσειν καὶ πόρους ἁλιρρόθους.
369 ὡς εἰ μόρον φευξοίαθ´ Ἕλληνες κακόν,
370 ναυσὶν κρυφαίως δρασμὸν εὑρόντες τινά,
371 πᾶσιν στέρεσθαι κρατὸς ἦν προκείμενον.
372 τοσαῦτ´ ἔλεξε κάρθ´ ὑπ´ εὐθύμου φρενός·
373 οὐ γὰρ τὸ μέλλον ἐκ θεῶν ἠπίστατο.
374 οἱ δ´ οὐκ ἀκόσμως, ἀλλὰ πειθάρχῳ φρενὶ
375 δεῖπνόν τ´ ἐπορσύνοντο, ναυβάτης τ´ ἀνὴρ
376 τροποῦτο κώπην σκαλμὸν ἀμφ´ εὐήρετμον.
377 ἐπεὶ δὲ φέγγος ἡλίου κατέφθιτο
378 καὶ νὺξ ἐπῄει, πᾶς ἀνὴρ κώπης ἄναξ
379 ἐς ναῦν ἐχώρει πᾶς θ´ ὅπλων ἐπιστάτης·
380 τάξις δὲ τάξιν παρεκάλει νεὼς μακρᾶς,
381 πλέουσι δ´ ὡς ἕκαστος ἦν τεταγμένος.
382 καὶ πάννυχοι δὴ διάπλοον καθίστασαν
383 ναῶν ἄνακτες πάντα ναυτικὸν λεών.
384 καὶ νὺξ ἐχώρει, κοὐ μάλ´ Ἑλλήνων στρατὸς
385 κρυφαῖον ἔκπλουν οὐδαμῇ καθίστατο·
386 ἐπεί γε μέντοι λευκόπωλος ἡμέρα
387 πᾶσαν κατέσχε γαῖαν εὐφεγγὴς ἰδεῖν,
388 πρῶτον μὲν ἠχῇ κέλαδος Ἑλλήνων πάρα
389 μολπηδὸν εὐφήμησεν, ὄρθιον δ´ ἅμα
390 ἀντηλάλαξε νησιώτιδος πέτρας
391 ἠχώ· φόβος δὲ πᾶσι βαρβάροις παρῆν
392 γνώμης ἀποσφαλεῖσιν· οὐ γὰρ ὡς φυγῇ
393 παιᾶν´ ἐφύμνουν σεμνὸν Ἕλληνες τότε,
394 ἀλλ´ ἐς μάχην ὁρμῶντες εὐψύχῳ θράσει·
395 σάλπιγξ δ´ ἀυτῇ πάντ´ ἐκεῖν´ ἐπέφλεγεν.
396 εὐθὺς δὲ κώπης ῥοθιάδος ξυνεμβολῇ
397 ἔπαισαν ἅλμην βρύχιον ἐκ κελεύματος,
398 θοῶς δὲ πάντες ἦσαν ἐκφανεῖς ἰδεῖν.
399 τὸ δεξιὸν μὲν πρῶτον εὐτάκτως κέρας
| [350] ATOSSA.
Mais comment, dis-moi, le combat s'est-il engagé? Sont-ce les Grecs qui ont commencé l'attaque? est-ce mon fils, trop plein de confiance dans la multitude de ses navires?
LE COURRIER.
Reine, un dieu déployant ses vengeances, quelque fatal génie fondant sur nous, voilà quelle a été la cause première du désastre. Un soldat grec de l'armée athénienne était venu dire à ton fils Xerxès qu'à l'instant où les noires ombres de la nuit seraient descendues, les Grecs abandonneraient la position; que, pour sauver leur vie, ils allaient se rembarquer en hâte et se disperser dans les ténèbres. A cette nouvelle, Xerxès, qui ne se méfiait ni de la ruse du Grec ni de la jalousie des dieux, ordonne à tous les commandants de la flotte qu'à l'instant où la terre cesserait d'être éclairée par les rayons du soleil, et où les ombres de la nuit rempliraient les espaces célestes, ils disposent sur trois rangs leurs innombrables navires ; qu'ils ferment tous les passages, tous les détroits; que d'autres vaisseaux enfin investissent l'île d'Ajax. « Si les Grecs évitent leur fatal destin, si leur flotte trouve le moyen d'échapper furtivement, vous serez tous décapités. »
372 Tels furent les ordres qu'il donna dans sa confiance; car il ne savait pas ce que lui réservaient les dieux. Les troupes se préparent sans confusion, sans négligence ; elles prennent le repas du soir ; les matelots attachent par la courroie leurs rames aux bancs, toutes prêtes pour la manœuvre. Quand la lumière du soleil a disparu, quand la nuit est survenue, rameurs, soldats, chacun regagne son navire. Les rangs de la flotte guerrière se suivent dans l'ordre prescrit. Tous les vaisseaux se rendent à leur poste, et, durant toute la nuit, les pilotes tiennent les équipages en haleine. Cependant la nuit se passait, et nulle part l'armée des Grecs ne tentait de s'échapper à la faveur des ténèbres. Bientôt le jour aux blancs coursiers répandit sur le monde sa resplendissante lumière : à cet instant, une clameur immense, modulée comme un cantique sacré, s'élève dans les rangs des Grecs, et l'écho des rochers de l'île répond à ces cris par l'accent de sa voix éclatante. Trompés dans leur espoir, les Barbares sont saisis d'effroi; car il n'était point l'annonce de la fuite, cet hymne saint que chantaient les Grecs : pleins d'une audace intrépide, ils se précipitaient au combat. 395 Le son de la trompette enflammait tout ce mouvement. Le signal est donné ; soudain les rames retentissantes frappent d'un battement cadencé l'onde salée qui frémit : bientôt leur flotte apparaît tout entière à nos yeux. L'aile droite marchait la première en bel ordre;
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