[250] ὦ Περσὶς αἶα καὶ πολὺς πλούτου λιμήν,
251 ὡς ἐν μιᾷ πληγῇ κατέφθαρται πολὺς
252 ὄλβος, τὸ Περσῶν δ´ ἄνθος οἴχεται πεσόν.
253 ὤμοι, κακὸν μὲν πρῶτον ἀγγέλλειν κακά·
254 ὅμως δ´ ἀνάγκη πᾶν ἀναπτύξαι πάθος,
255 Πέρσαι· στρατὸς γὰρ πᾶς ὄλωλε βαρβάρων.
256 (ΧΟΡΟΣ) ἄνι´ ἄνια κακὰ νεόκοτα
257 καὶ δάι´. αἰαῖ, διαίνεσθε, Πέρσαι,
258 τόδ´ ἄχος κλύοντες.
260 (ΑΓΓΕΛΟΣ) ὡς πάντα γ´ ἔστ´ ἐκεῖνα διαπεπραγμένα·
261 καὐτὸς δ´ ἀέλπτως νόστιμον βλέπω φάος.
263 (ΧΟΡΟΣ) ἦ μακροβίοτος ὅδε γέ τις
264 αἰὼν ἐφάνθη γεραιοῖς, ἀκούειν
265 τόδε πῆμ´ ἄελπτον.
266 (ΑΓΓΕΛΟΣ) καὶ μὴν παρών γε κοὐ λόγους ἄλλων κλύων,
267 Πέρσαι, φράσαιμ´ ἂν οἷ´ ἐπορσύνθη κακά.
268 (ΧΟΡΟΣ) ὀτοτοτοῖ, μάταν
269 τὰ πολλὰ βέλεα παμμιγῆ
270 γᾶς ἀπ´ Ἀσίδος ἤλθετ´—αἰαῖ—
271 δᾴαν Ἑλλάδα χώραν.
272 (ΑΓΓΕΛΟΣ) πλήθουσι νεκρῶν δυσπότμως ἐφθαρμένων
273 Σαλαμῖνος ἀκταὶ πᾶς τε πρόσχωρος τόπος.
274 (ΧΟΡΟΣ) ὀτοτοτοῖ, φίλων
275 πολύδονα σώμαθ´ ἁλιβαφῆ
276 κατθανόντα λέγεις φέρεσθαι
277 πλαγκτοῖς ἐν διπλάκεσσιν.
278 (ΑΓΓΕΛΟΣ) οὐδὲν γὰρ ἤρκει τόξα, πᾶς δ´ ἀπώλλυτο
279 στρατὸς δαμασθεὶς ναΐοισιν ἐμβολαῖς.
280 (ΧΟΡΟΣ) ἴυζ´ ἄποτμον δαΐοις
281 δυσαιανῆ βοάν,
282 ὡς πάντᾳ πᾶν κακῶς
283 ἔθεσαν· αἰαῖ, στρατοῦ φθαρέντος.
284 (ΑΓΓΕΛΟΣ) ὦ πλεῖστον ἔχθος ὄνομα Σαλαμῖνος κλύειν·
285 φεῦ, τῶν Ἀθηνῶν ὡς στένω μεμνημένος.
286 (ΧΟΡΟΣ) στυγναί γ´ Ἀθᾶναι δαΐοις·
287 μεμνῆσθαί τοι πάρα·
288 ὡς πολλὰς Περσίδων {μάταν}
289 ἔκτισαν εὐνῖδας ἠδ´ ἀνάνδρους.
290 (ΒΑΣΙΛΕΙΑ) σιγῶ πάλαι δύστηνος ἐκπεπληγμένη
291 κακοῖς· ὑπερβάλλει γὰρ ἥδε συμφορά,
292 τὸ μήτε λέξαι μήτ´ ἐρωτῆσαι πόση.
293 ὅμως δ´ ἀνάγκη πημονὰς βροτοῖς φέρειν
294 θεῶν διδόντων· πᾶν δ´ ἀναπτύξας πάθος
295 λέξον καταστάς, κεἰ στένεις κακοῖς ὅμως·
296 τίς οὐ τέθνηκε, τίνα δὲ καὶ πενθήσομεν
297 τῶν ἀρχελείων, ὅστ´ ἐπὶ σκηπτουχίᾳ
298 ταχθεὶς ἄνανδρον τάξιν ἠρήμου θανών;
299 (ΑΓΓΕΛΟΣ) Ξέρξης μὲν αὐτὸς ζῇ τε καὶ βλέπει φάος.
| [250] ô Perse! ô vaste palais, séjour de l'opulence ! comme un seul coup a flétri tant de prospérités ! La fleur des Perses est tombée, elle a péri! ô douleur! ô triste sort d'être chargé d'apporter le fatal message ! Pourtant, il faut parler, il faut, ô Perses ! vous dérouler toute notre infortune. L'armée des Barbares a péri tout entière.
256 LE CHOEUR.
O revers! revers terrible, inouï, épouvantable! Hélas! hélas ! affreuse nouvelle ! Perses, fondez en larmes.
LE COURRIER.
Oui, c'en est fait de l'armée, moi-même c'est contre tout espoir que je vois luire l'instant du retour.
LE CHOEUR.
Vieillesse ennemie n'avons-nous tant vécu, misérables vieillards, que pour apprendre cette catastrophe inattendue !
LE COURRIER.
J'y étais! aussi n'est-ce point de la bouche d'un autre, ô Perses! que je tiens le récit des maux qui nous ont frappés. Ce que je dirai, je l'ai vu.
LE CHOEUR.
Malheur ! malheur ! C'est donc en vain que, des plaines de l'Asie, tant de peuples confondant leurs armes se sont précipités sur ce funeste pays de Grèce !
284 LE COURRIER.
Les cadavres des infortunés qui ont péri sont amoncelés sur les rivages de Salamine et dans tous les lieux d'alentour.
LE CHOEUR.
Malheur! malheur! Ainsi les corps de nos proches, plongés dans les ondes, roulent, sans vie, ballottés par la vague au milieu des flottants débris de nos vaisseaux !
LE COURRIER.
Nos arcs nous ont mal servis; l'armée tout entière est détruite! Au choc impétueux de leurs navires, nous avons fléchi.
LE CHOEUR.
Infortunés, poussons le cri de la détresse, le cri lugubre; car les dieux nous ont frappés d'un complet désastre. Hélas! hélas! notre armée a péri!
284 LE COURRIER.
Ô Salamine! nom fatal et détesté! Athènes! Athènes! que ton souvenir me coûte de pleurs !
LE CHOEUR.
Athènes est pour l'ennemi un objet d'effroi. On dira longtemps à combien de femmes de la Perse Athènes a ravi leurs fils, leurs époux : malheur sans consolation !290 ATOSSA.
Je suis longtemps restée sans voix, interdite, accablée par l'affreuse nouvelle. Ce malheur est si grand, que je n'ai pas le courage de parler, de demander le récit de nos infortunes. Cependant, quand ce sont les dieux qui infligent la souffrance, force est bien aux mortels de la subir, (Au courrier.) Déroule à nos yeux toute la catastrophe; remets tes esprits; parle, quelques sanglots qui t'oppressent au sentiment de nos maux. Qui a survécu? qui devons-nous pleurer d'entre les chefs de peuples, d'entre ceux qui portaient le sceptre du commandement, et dont la place est restée vide par la mort ? 299 LE COURRIER.
D'abord, quant à Xerxès, il vit et voit la lumière.
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