[200] καὶ ταῦτα μὲν δὴ νυκτὸς εἰσιδεῖν λέγω.
201 ἐπεὶ δ´ ἀνέστην καὶ χεροῖν καλλιρρόου
202 ἔψαυσα πηγῆς, σὺν θυηπόλῳ χερὶ
203 βωμὸν προσέστην, ἀποτρόποισι δαίμοσιν
204 θέλουσα θῦσαι πέλανον, ὧν τέλη τάδε.
205 ὁρῶ δὲ φεύγοντ´ αἰετὸν πρὸς ἐσχάραν
206 Φοίβου· φόβῳ δ´ ἄφθογγος ἐστάθην, φίλοι·
207 μεθύστερον δὲ κίρκον εἰσορῶ δρόμῳ
208 πτεροῖς ἐφορμαίνοντα καὶ χηλαῖς κάρα
209 τίλλονθ´· ὁ δ´ οὐδὲν ἄλλο γ´ ἢ πτήξας δέμας
210 παρεῖχε. ταῦτ´ ἔμοιγε δείματ´ ἔστ´ ἰδεῖν,
211 ὑμῖν δ´ ἀκούειν. εὖ γὰρ ἴστε, παῖς ἐμὸς
212 πράξας μὲν εὖ θαυμαστὸς ἂν γένοιτ´ ἀνήρ,
213 κακῶς δὲ πράξας—οὐχ ὑπεύθυνος πόλει,
214 σωθεὶς δ´ ὁμοίως τῆσδε κοιρανεῖ χθονός.
215 (ΧΟΡΟΣ) οὔ σε βουλόμεσθα, μῆτερ, οὔτ´ ἄγαν φοβεῖν λόγοις
216 οὔτε θαρσύνειν. θεοὺς δὲ προστροπαῖς ἱκνουμένη,
217 εἴ τι φλαῦρον εἶδες, αἰτοῦ τῶνδ´ ἀποτροπὴν τελεῖν,
218 τὰ δ´ ἀγάθ´ ἐκτελῆ γενέσθαι σοί τε καὶ τέκνοις σέθεν
219 καὶ πόλει φίλοις τε πᾶσι. δεύτερον δὲ χρὴ χοὰς
220 γῇ τε καὶ φθιτοῖς χέασθαι· πρευμενῶς δ´ αἰτοῦ τάδε
221 σὸν πόσιν Δαρεῖον, ὅνπερ φῂς ἰδεῖν κατ´ εὐφρόνην,
222 ἐσθλά σοι πέμπειν τέκνῳ τε γῆς ἔνερθεν ἐς φάος,
223 τἄμπαλιν δὲ τῶνδε γαίᾳ κάτοχα μαυροῦσθαι σκότῳ.
224 ταῦτα θυμόμαντις ὤν σοι πρευμενῶς παρῄνεσα·
225 εὖ δὲ πανταχῇ τελεῖν σοι τῶνδε κρίνομεν πέρι.
226 (ΒΑΣΙΛΕΙΑ) ἀλλὰ μὴν εὔνους γ´ ὁ πρῶτος τῶνδ´ ἐνυπνίων κριτὴς
227 παιδὶ καὶ δόμοις ἐμοῖσι τήνδ´ ἐκύρωσας φάτιν.
228 ἐκτελοῖτο δὴ τὰ χρηστά· ταῦτα δ´, ὡς ἐφίεσαι,
229 πάντ´ ἐφήσομεν θεοῖσι τοῖς τ´ ἔνερθε γῆς φίλοις,
230 εὖτ´ ἂν εἰς οἴκους μόλωμεν. κεῖνα δ´ ἐκμαθεῖν θέλω,
231 ὦ φίλοι, ποῦ τὰς Ἀθήνας φασὶν ἱδρῦσθαι χθονός;
232 (ΧΟΡΟΣ) τῆλε πρὸς δυσμαῖς ἄνακτος Ἡλίου φθινασμάτων.
233 (ΒΑΣΙΛΕΙΑ) ἀλλὰ μὴν ἵμειρ´ ἐμὸς παῖς τήνδε θηρᾶσαι πόλιν;
234 (ΧΟΡΟΣ) πᾶσα γὰρ γένοιτ´ ἂν Ἑλλὰς βασιλέως ὑπήκοος.
235 (ΒΑΣΙΛΕΙΑ) ὧδέ τις πάρεστιν αὐτοῖς ἀνδροπλήθεια στρατοῦ;
236 (ΧΟΡΟΣ) καὶ στρατὸς τοιοῦτος , ἔρξας πολλὰ δὴ Μήδους κακά.
237 (ΒΑΣΙΛΕΙΑ) καὶ τί πρὸς τούτοισιν ἄλλο; πλοῦτος ἐξαρκὴς δόμοις;
238 (ΧΟΡΟΣ) ἀργύρου πηγή τις αὐτοῖς ἐστι, θησαυρὸς χθονός.
239 (ΒΑΣΙΛΕΙΑ) πότερα γὰρ τοξουλκὸς αἰχμὴ διὰ χεροῖν αὐτοῖς πρέπει;
240 (ΧΟΡΟΣ) οὐδαμῶς· ἔγχη σταδαῖα καὶ φεράσπιδες σαγαί.
241 (ΒΑΣΙΛΕΙΑ) τίς δὲ ποιμάνωρ ἔπεστι κἀπιδεσπόζει στρατῷ;
242 (ΧΟΡΟΣ) οὔτινος δοῦλοι κέκληνται φωτὸς οὐδ´ ὑπήκοοι.
243 (ΒΑΣΙΛΕΙΑ) πῶς ἂν οὖν μένοιεν ἄνδρας πολεμίους ἐπήλυδας;
244 (ΧΟΡΟΣ) ὥστε Δαρείου πολύν τε καὶ καλὸν φθεῖραι στρατόν.
245 (ΒΑΣΙΛΕΙΑ) δεινά τοι λέγεις κιόντων τοῖς τεκοῦσι φροντίσαι.
246 (ΧΟΡΟΣ) ἀλλ´ ἐμοὶ δοκεῖν τάχ´ εἴσῃ πάντα ναμερτῆ λόγον.
247 τοῦδε γὰρ δράμημα φωτὸς Περσικὸν πρέπει μαθεῖν,
248 καὶ φέρει σαφές τι πρᾶγος ἐσθλὸν ἢ κακὸν κλύειν.
249 (ΑΓΓΕΛΟΣ)
249 ὦ γῆς ἁπάσης Ἀσιάδος πολίσματα,
| [200] Voilà le récit de ma vision nocturne. A mon lever, je baignai mes mains dans une source pure ; préparée pour le sacrifice, je m'approchai de l'autel. J'allais présenter l'offrande aux dieux qui protègent contre les sinistres présages. Tout à coup un aigle vient se réfugier au foyer du Soleil. Saisie d'effroi, je demeurai sans voix, mes amis. Bientôt, d'un vol rapide, un épervier s'abat sur l'aigle à mes yeux; de ses serres, il lui déchire la tête, et l'aigle épouvanté lui abandonne son corps sans résistance. — Ce que j'ai vu m'a effrayée; mon récit vous remplit de crainte ; car vous le savez assez, vainqueur mon fils deviendrait le plus glorieux des héros. Vaincu, toutefois, il n'a nul compte à rendre à ses sujets; et, s'il vit, il régnera comme auparavant sur cet empire.
215 LE CHOEUR.
Nos discours, ô mère, ne veulent t'inspirer ni trop d'effroi, ni une excessive confiance. Va présenter aux dieux tes prières : si le présage est sinistre, demande-leur d'en détourner l'effet ; demande-leur pour toi, pour ton fils, pour l'empire, pour tous tes amis, de l'accomplir s'il est heureux. Verse ensuite des libations à la terre et aux morts. Conjure avec l'élan du cœur Darius ton époux, qui cette nuit t'a, dis-tu, visitée, d'envoyer à la lumière, du sein des ténèbres souterraines, à toi et à ton fils, de favorables augures, de retenir dans l'ombre de la nuit infernale les présages de malheur. Tel est mon avis sincère ; la raison est le devin qui te le donne : suis-le; et ce songe, j'en ai la confiance, n'aura pour toi que d'heureux effets.
226 ATOSSA.
Tu m'as le premier interprété l'apparition nocturne, et tes conseils témoignent tout ton amour et pour mon fils et pour ma famille. Puisse l'événement n'avoir rien que de favorable! J'accomplis ton ordre, je rentre au palais ; je vais offrir des sacrifices aux dieux, aux mânes qui nous sont chers. Mais pourtant il y a une chose que je voudrais connaître. Où dit-on, mes amis, qu'Athènes est située ?
232 LE CHOEUR.
Bien loin vers le couchant, vers les lieux où disparaît le Soleil, notre puissant maître.
ATOSSA.
Et pourtant mon fils brûlait du désir de s'emparer de cette ville.
LE CHOEUR.
C'est qu'alors la Grèce entière fût devenue sujette du roi.
ATOSSA.
Ainsi donc les Athéniens ont une innombrable armée?
LE CHOEUR.
Ils ont du moins une armée qui a pu déjà faire mille maux aux Mèdes.
ATOSSA.
Et, avec cette armée, ont-ils chez eux des richesses suffisantes?
LE CHOEUR.
Ils ont une source d'argent, trésor que leur fournit la terre.
ATOSSA.
Les armes qui brillent dans leurs mains, sont-ce l'arc et les flèches ?
LE CHOEUR.
Non. Ils combattent de près avec la lance, et se couvrent du bouclier .
ATOSSA.
Quel monarque les conduit et gouverne leur armée?
LE CHOEUR.
Nul mortel ne les a pour esclaves ni pour sujets.
ATOSSA.
Comment pourraient-ils donc soutenir l'attaque de leurs ennemis?
LE CHOEUR.
Comme ils ont fait jadis en détruisant cette immense, cette belle armée de Darius.
ATOSSA.
Funeste pensée pour les pères de ceux qui sont partis !
LE CHOEUR.
Mais tu vas, je crois, être bientôt éclaircie de tout ce que tu veux savoir. Un homme accourt à grands pas; je reconnais un courrier perse : nous aurons de sa bouche une nouvelle sûre, ou de la victoire, ou de notre malheur.
249 LE COURRIER.
Ô villes qui couvrez toute la terre d'Asie!
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