HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

ESCHYLE, Les Perses (tragédie complète)

Vers 150-199

  Vers 150-199

[150] — ἀλλ´ ἥδε θεῶν ἴσον ὀφθαλμοῖς
151 φάος ὁρμᾶται μήτηρ βασιλέως,
152 βασίλεια δ´ ἐμή· προσπίτνω·
153 καὶ προσφθόγγοις δὲ χρεὼν αὐτὴν
154 πάντας μύθοισι προσαυδᾶν.
155 — βαθυζώνων ἄνασσα Περσίδων ὑπερτάτη,
156 μῆτερ Ξέρξου γεραιά, χαῖρε, Δαρείου γύναι·
157 θεοῦ μὲν εὐνάτειρα Περσῶν, θεοῦ δὲ καὶ μήτηρ ἔφυς,
158 εἴ τι μὴ δαίμων παλαιὸς νῦν μεθέστηκε στρατῷ.
159 (ΒΑΣΙΛΕΙΑ)
159 ταῦτα δὴ λιποῦς´ ἱκάνω χρυσεοστόλμους δόμους
160 καὶ τὸ Δαρείου τε κἀμὸν κοινὸν εὐνατήριον.
161 καί με καρδίαν ἀμύσσει φροντίς· ἐς δ´ ὑμᾶς ἐρῶ
162 μῦθον οὐδαμῶς ἐμαυτῆς οὖς´ ἀδείμαντος, φίλοι,
163 μὴ μέγας Πλοῦτος κονίσας οὖδας ἀντρέψῃ ποδὶ
164 ὄλβον, ὃν Δαρεῖος ἦρεν οὐκ ἄνευ θεῶν τινός.
165 ταῦτά μοι μέριμν´ ἄφραστός ἐστιν ἐν φρεσὶν διπλῆ,
166 μήτε χρημάτων ἀνάνδρων πλῆθος ἐν τιμῇ σέβειν
167 μήτ´ ἀχρημάτοισι λάμπειν φῶς ὅσον σθένος πάρα.
168 ἔστι γὰρ πλοῦτός γ´ ἀμεμφής, ἀμφὶ δ´ ὀφθαλμῷ φόβος·
169 ὄμμα γὰρ δόμων νομίζω δεσπότου παρουσίαν.
170 πρὸς τάδ´, ὡς οὕτως ἐχόντων τῶνδε, σύμβουλοι λόγου
171 τοῦδέ μοι γένεσθε, Πέρσαι, γηραλέα πιστώματα·
172 πάντα γὰρ τὰ κέδν´ ἐν ὑμῖν ἐστί μοι βουλεύματα.
173 (ΧΟΡΟΣ) εὖ τόδ´ ἴσθι, γῆς ἄνασσα τῆσδε, μή σε δὶς φράσειν
174 μήτ´ ἔπος μήτ´ ἔργον ὧν ἂν δύναμις ἡγεῖσθαι θέλῃ·
175 εὐμενεῖς γὰρ ὄντας ἡμᾶς τῶνδε συμβούλους καλεῖς.
176 (ΒΑΣΙΛΕΙΑ) πολλοῖς μὲν αἰεὶ νυκτέροις ὀνείρασιν
177 ξύνειμ´, ἀφ´ οὗπερ παῖς ἐμὸς στείλας στρατὸν
178 Ἰαόνων γῆν οἴχεται πέρσαι θέλων·
179 ἀλλ´ οὔτι πω τοιόνδ´ ἐναργὲς εἰδόμην
180 ὡς τῆς πάροιθεν εὐφρόνης· λέξω δέ σοι.
181 ἐδοξάτην μοι δύο γυναῖκ´ εὐείμονε,
182 μὲν πέπλοισι Περσικοῖς ἠσκημένη,
183 δ´ αὖτε Δωρικοῖσιν, εἰς ὄψιν μολεῖν,
184 μεγέθει τε τῶν νῦν ἐκπρεπεστάτα πολύ,
185 κάλλει τ´ ἀμώμω, καὶ κασιγνήτα γένους
186 ταὐτοῦ· πάτραν δ´ ἔναιον μὲν Ἑλλάδα
187 κλήρῳ λαχοῦσα γαῖαν, δὲ βάρβαρον.
188 τούτω στάσιν τιν´, ὡς ἐγὼ ´δόκουν ὁρᾶν,
189 τεύχειν ἐν ἀλλήλῃσι· παῖς δ´ ἐμὸς μαθὼν
190 κατεῖχε κἀπράυνεν, ἅρμασιν δ´ ὕπο
191 ζεύγνυσιν αὐτὼ καὶ λέπαδν´ ὑπ´ αὐχένων
192 τίθησι. χἠ μὲν τῇδ´ ἐπυργοῦτο στολῇ
193 ἐν ἡνίαισί τ´ εἶχεν εὔαρκτον στόμα,
194 δ´ ἐσφάδᾳζε, καὶ χεροῖν ἔντη δίφρου
195 διασπαράσσει, καὶ ξυναρπάζει βίᾳ
196 ἄνευ χαλινῶν, καὶ ζυγὸν θραύει μέσον.
197 πίπτει δ´ ἐμὸς παῖς, καὶ πατὴρ παρίσταται
198 Δαρεῖος οἰκτίρων σφε· τὸν δ´ ὅπως ὁρᾷ
199 Ξέρξης, πέπλους ῥήγνυσιν ἀμφὶ σώματι.
[150] Mais voilà qu'une lumière apparaît, aussi brillante que l'œil des dieux ; c'est la mère du roi, c'est ma reine : je tombe à ses pieds. Que toutes nos voix s'élèvent ; offrons-lui les hommages qui lui sont dus. (Atossa entre montée sur un char, et dans tout l'appareil de la royauté.) Puissante souveraine des femmes perses à la large ceinture ; salut, vénérable mère de Xerxès, veuve de Darius, toi qui partageas la couche du dieu des Perses, toi qui mis au monde un dieu ! puisse notre antique Fortune n'avoir point abandonné l'armée de ton fils ! 159 ATOSSA. Voilà le souci qui m'amène; oui, c'est pour cela que j'ai quitté ma splendide demeure et ce lit où je reposai près de Darius. Et moi aussi l'inquiétude pénètre mon cœur de ses traits. Je l'avouerai, je suis loin d'être sans crainte. Oui, mes amis, je tremble que la redoutable Fortune ne s'enfuie loin de nous, soulevant la poussière du sol, et renversant de son pied cet édifice de prospérité qu'a élevé Darius non sans l'assistance de quelque dieu. Donc mon cœur est en proie à une double inquiétude : les plus grands trésors, sans défenseurs, ne gardent point leur prestige ; et, sans trésors, la puissance, quelle qu'elle soit, ne resplendit jamais de tout son éclat. Nos richesses n'ont pas souffert ; mais je crains pour l'œil de ce corps. Car l'œil d'une maison, c'est la présence du maître. Vous voyez mon trouble : dans cette incertitude, Perses, fidèles vieillards, j'ai besoin de prendre votre avis ; c'est de vous seuls que j'attends des conseils salutaires. 173 LE CHOEUR. Sache-le bien, reine de ce pays, faut-il parler? faut-il agir? Si j'ai le pouvoir, un seul mot suffira ; car ceux dont tu invoques les conseils sont à toi de toute leur âme. 176 ATOSSA. Mille songes pendant les nuits viennent sans cesse m'assaillir, depuis que mon fils a rassemblé son armée, depuis qu'il est parti, brûlant de dévaster la terre d'Ionie. Mais nul encore ne m'a aussi vivement frappée que le songe de la dernière nuit. Écoute. Il m'a semblé voir deux femmes apparaître devant moi, magnifiquement vêtues : l'une était parée de l'habit des Perses, l'autre du costume dorien; leur taille avait plus de majesté que celle des femmes d'aujourd'hui; leur beauté était sans tache ; c'étaient deux filles de la même race, c'étaient deux sœurs. 186 A chacune d'elles le sort avait fixé sa patrie : l'une habitait la terre de Grèce, l'autre la terre des Barbares. Un débat, à ce qu'il me paraissait, s'éleva entre elles. Mon fils s'en aperçoit ; il les arrête, il les apaise; puis l'une et l'autre il les attelle à son char, le cou captif sous les mêmes courroies. Et l'une s'enorgueillissait de son harnais, et sa bouche ne résistait pas au frein. L'autre, au contraire, se cabre ; de ses deux mains elle disloque les pièces du char; elle s'élance, entraînant ces débris : elle a jeté son frein et brisé son joug. Mon fils tombe ; Darius son père accourt, le console ; mais Xerxès, à cette apparition, déchire ses vêtements sur son corps.


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Dernière mise à jour : 15/10/2009