[50] ζυγὸν ἀμφιβαλεῖν δούλιον Ἑλλάδι,
51 Μάρδων, Θάρυβις, λόγχης ἄκμονες,
52 καὶ ἀκοντισταὶ Μυσοί· Βαβυλὼν δ´
53 ἡ πολύχρυσος πάμμεικτον ὄχλον
54 πέμπει σύρδην, ναῶν τ´ ἐπόχους
55 καὶ τοξουλκῷ λήματι πιστούς·
56 τὸ μαχαιροφόρον τ´ ἔθνος ἐκ πάσης
57 Ἀσίας ἕπεται
58 δειναῖς βασιλέως ὑπὸ πομπαῖς.
59 τοιόνδ´ ἄνθος Περσίδος αἴας
60 οἴχεται ἀνδρῶν,
61 οὓς πέρι πᾶσα χθὼν Ἀσιῆτις
62 θρέψασα πόθῳ στένεται μαλερῷ,
63 τοκέης τ´ ἄλοχοί θ´ ἡμερολεγδὸν
64 τείνοντα χρόνον τρομέονται.
65 πεπέρακεν μὲν ὁ περσέπτολις ἤδη
66 βασίλειος στρατὸς εἰς ἀντίπορον
67 γείτονα χώραν,
68-69 λινοδέσμῳ σχεδίᾳ πορθμὸν ἀμείψας
70 Ἀθαμαντίδος Ἕλλας,
71 πολύγομφον ὅδισμα
72 ζυγὸν ἀμφιβαλὼν αὐχένι πόντου.
73 πολυάνδρου δ´ Ἀσίας θούριος ἄρχων
74 ἐπὶ πᾶσαν χθόνα ποιμανόριον
75 θεῖον ἐλαύνει
76-77 διχόθεν, πεζονόμον τ´ ἔκ τε θαλάσσας,
78 ἐχυροῖσι πεποιθὼς
79 στυφελοῖς ἐφέταις, χρυσογόνου
80 γενεᾶς ἰσόθεος φώς.
81 κυάνεον δ´ ὄμμασι λεύσσων
82 φονίου δέργμα δράκοντος,
83 πολύχειρ καὶ πολυναύτης,
84 Σύριόν θ´ ἅρμα διώκων,
85 ἐπάγει δουρικλύτοις ἀνδράσι
86 τοξόδαμνον Ἄρη.
87 δόκιμος δ´ οὔτις ὑποστὰς
88 μεγάλῳ ῥεύματι φωτῶν
89 ἐχυροῖς ἕρκεσιν εἴργειν
90 ἄμαχον κῦμα θαλάσσας·
91 ἀπρόσοιστος γὰρ ὁ Περσῶν
92 στρατὸς ἀλκίφρων τε λαός.
94 θεόθεν γὰρ κατὰ Μοῖρ´ ἐκράτησεν
95 τὸ παλαιόν, ἐπέσκηψε δὲ Πέρσαις
96 πολέμους πυργοδαΐκτους
97 διέπειν ἱππιοχάρμας
98 τε κλόνους
99 πόλεών τ´ ἀναστάσεις.
| [50] qu'ils jetteront sur le cou de la Grèce le joug de l'esclavage : ainsi parlent Mardon, Tharybis, ces guerriers infatigables, et leurs Mysiens aux traits redoutés. L'opulente Babylone envoie une foule impétueuse, soldats de toute arme, matelots, archers fiers de leur adresse. Enfin toute l'Asie s'est armée du glaive et marche à la voix redoutable de son roi. Ainsi est partie la fleur des guerriers de la Perse; et cette terre d'Asie qui les a nourris gémit déchirée d'un cuisant regret. Les pères, les épouses comptent les jours en tremblant.
65 La royale armée, dans sa marche destructrice, a déjà touché au continent qui nous fait face ; elle a traversé le détroit de Hellé, fille d'Athamas ; des câbles de lin ont lié les navires ; un pont solidement fixé par des clous a livré le passage, et la mer a courbé sa tête sous le joug.
Tout cède devant le fougueux maître de la populeuse Asie. Par deux côtés à la fois, par terre, par mer, son immense armée s'élance vers les plaines de la Grèce. Ses généraux sont braves, pleins d'une forte sève ; il se fie en leur courage : fils de cette race qui naquit de la pluie d'or, Xerxès est l'égal des dieux.
Ses yeux sont pleins d'un feu sombre ; c'est le regard du dragon sanglant. Des millions de bras, des milliers de vaisseaux se meuvent par sa pensée; et lui, pressant la course de son char syrien, il précipite contre les lances d'un ennemi valeureux les intrépides archers de l'Asie.
Quelle bravoure pourrait soutenir le choc de ce vaste torrent d'hommes ? Quelles barrières assez puissantes arrêteraient les flots de cette mer irrésistible? Oui, l'armée des Perses est une vaillante armée, le peuple des Perses un peuple de braves!
Oui ; mais quel mortel échappera aux perfides trahisons de la Fortune? qui est l'homme au pied agile, qu'un bond heureux mettra hors du piège ? Caressante et flatteuse d'abord, la calamité attire les humains dans ses rets : on y tombe, et nul effort ne peut plus nous dégager.
Les dieux, depuis bien longtemps, ont manifesté leurs desseins sur les Perses : elle leur vient des dieux, cette ardeur qui les entraîne à l'assaut des tours, aux mêlées tumultueuses des cavaliers, à la destruction des villes.
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