[900] Ἑλλάνων ἐκράτυνε σφετέραις φρεσίν.
901-902 ἀκάματον δὲ παρῆν σθένος ἀνδρῶν τευχηστήρων
903 παμμείκτων τ´ ἐπικούρων.
904 νῦν δ´ οὐκ ἀμφιλόγως θεότρεπτα τάδ´ αὖ φέρομεν,
905 πολέμοιο
906 δμαθέντες μεγάλως πλαγαῖσι ποντίαισιν.
908 (ΞΕΡΞΗΣ)
908 ἰὼ ἰὼ,
909 δύστηνος ἐγὼ στυγερᾶς μοίρας
910 τῆσδε κυρήσας ἀτεκμαρτοτάτης,
911 ὡς ὠμοφρόνως δαίμων ἐνέβη
912 Περσῶν γενεᾷ· τί πάθω τλήμων;
913 λέλυται γὰρ ἐμῶν γυίων ῥώμη.
914 τήνδ´ ἡλικίαν ἐσιδόντ´ ἀστῶν,
915 εἴθ´ ὄφελεν, Ζεῦ, κἀμὲ μετ´ ἀνδρῶν
916 τῶν οἰχομένων
917 θανάτου κατὰ μοῖρα καλύψαι.
918 (ΧΟΡΟΣ) ὀτοτοῖ, βασιλεῦ, στρατιᾶς ἀγαθῆς
919 καὶ περσονόμου τιμῆς μεγάλης,
920 κόσμου τ´ ἀνδρῶν,
921 οὓς νῦν δαίμων ἐπέκειρεν.
922 γᾶ δ´ αἰάζει τὰν ἐγγαίαν
923 ἥβαν Ξέρξᾳ κταμέναν, Ἅιδου
924 σάκτορι Περσᾶν· ἀγδαβάται γὰρ
925 πολλοὶ φῶτες, χώρας ἄνθος,
926 τοξοδάμαντες, πάνυ ταρφύς τις
927 μυριὰς ἀνδρῶν, ἐξέφθινται.
928 αἰαῖ αἰαῖ κεδνᾶς ἀλκᾶς,
929 Ἀσία δὲ χθών, βασιλεῦ γαίας,
930 αἰνῶς αἰνῶς ἐπὶ γόνυ κέκλιται.
931 (ΞΕΡΞΗΣ) ὅδ´ ἐγών, οἰοῖ, αἰακτός,
932 μέλεος γέννᾳ γᾷ τε πατρῴᾳ
933 κακὸν ἄρ´ ἐγενόμαν.
935 (ΧΟΡΟΣ) νόστου σοι τὰν πρόσφθογγον
936-937 κακοφάτιδα βοάν, κακομέλετον ἰὰν
938-939 Μαριανδυνοῦ θρηνητῆρος
940 πέμψω πέμψω, πολύδακρυν ἰαχάν.
941 (ΞΕΡΞΗΣ) ἵετ´ αἰανῆ {καὶ} πάνδυρτον
942 δύσθροον αὐδάν. δαίμων γὰρ ὅδ´ αὖ
943 μετάτροπος ἐπ´ ἐμοί.
944 (ΧΟΡΟΣ) ἥσω τοι τὰν πάνδυρτον,
945 ζαπαθέα τε σέβων ἁλίτυπά τε βάρη,
946-947 πόλεως γέννας πενθητῆρος.
948 κλάγξω κλάγξω δὲ γόον ἀρίδακρυν.
| [900] de Darius. Des soldats bien équipés, des auxiliaires qu'avaient fournis toutes les nations du monde, formaient une armée invincible. Les dieux ont tout changé. C'est par leur volonté, sans nul doute, que nous avons essuyé cette terrible défaite, vaincus dans la bataille livrée sur les mers.
908 XERXÈS.
Hélas ! infortuné que je suis ! quel désastre affreux et imprévu ! Que le sort insulte cruellement à la race des Perses! Malheureux! que devenir? Mes genoux fléchissent sous moi, à l'aspect de ces vieillards. O Jupiter! pourquoi n'ai-je pas été, moi aussi, plongé dans la mort, avec ces guerriers qui ne sont plus ?
918 LE CHOEUR.
Je pleure, ô roi, je pleure cette magnifique armée, et la noble gloire de l'empire des Perses, et la bravoure de ces guerriers que vient de moissonner le Destin.
La Perse gémit sur ces jeunes héros qu'elle avait vus naître. Xerxès les a tués, Xerxès en a gorgé les enfers. Que de soldats sont descendus aux enfers la fleur de l'Asie, les archers au coup fatal ; que de milliers de milliers d'hommes ont péri ! Hélas ! hélas ! pleurons cette ; noble armée. Quel coup ! quel coup terrible ! la contrée reine, celle qui commandait à l'Asie, est abattue sur ses genoux.
931 XERXÈS.
Et c'est moi que voici, dieux ! dieux ! c'est moi qui l'ai frappée ! moi, misérable objet de pitié, moi le fléau de ma race et du pays de mes pères.
LE CHOEUR.
Ainsi les acclamations dont j'accompagnerai ton retour; ce sont des cris funestes, des chants lugubres, des gémissements lamentables comme l'hymne douloureux du pleureur mariandynien !
XERXÈS.
Ah ! laissez-les échapper, ces voix lamentables, ces pleurs, ces sanglots ; car voilà que la Fortune a changé et s'est tournée contre moi.
944 LE CHŒUR.
Oui, je le laisserai échapper, cet hymne douloureux ; je chanterai les malheurs dont le peuple a été frappé. La Perse pleure ses enfants : ils ont péri sous la main de l'ennemi ; la mer leur a été fatale. Oui, je pousserai des cris, des sanglots; je verserai des larmes! Pour les Ioniens Mars a combattu contre nous : c'est lui qui nous a tout ravi ; c'est lui qui conduisait les vaisseaux ioniens ; c'est lui qui a couvert de nos débris une mer funeste, un rivage malheureux.
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