[800] (ΕΙΔΩΛΟΝ ΔΑΡΕΙΟΥ) παῦροί γε πολλῶν, εἴ τι πιστεῦσαι θεῶν
801 χρὴ θεσφάτοισιν, ἐς τὰ νῦν πεπραγμένα
802 βλέψαντα· συμβαίνει γὰρ οὐ τὰ μέν, τὰ δ´ οὔ.
803 κεἴπερ τάδ´ ἐστί, πλῆθος ἔκκριτον στρατοῦ
804 λείπει κεναῖσιν ἐλπίσιν πεπεισμένος.
805 μίμνουσι δ´ ἔνθα πεδίον Ἀσωπὸς ῥοαῖς
806 ἄρδει, φίλον πίασμα Βοιωτῶν χθονί·
807 οὗ σφιν κακῶν ὕψιστ´ ἐπαμμένει παθεῖν,
808 ὕβρεως ἄποινα κἀθέων φρονημάτων·
809 οἳ γῆν μολόντες Ἑλλάδ´ οὐ θεῶν βρέτη
810 ᾐδοῦντο συλᾶν οὐδὲ πιμπράναι νεώς·
811 βωμοὶ δ´ ἄιστοι, δαιμόνων θ´ ἱδρύματα
812 πρόρριζα φύρδην ἐξανέστραπται βάθρων.
813 τοιγὰρ κακῶς δράσαντες οὐκ ἐλάσσονα
814 πάσχουσι, τὰ δὲ μέλλουσι, κοὐδέπω κακῶν
815 κρηπὶς ὕπεστιν, ἀλλ´ ἔτ´ ἐκπιδύεται.
816 τόσος γὰρ ἔσται πέλανος αἱματοσφαγὴς
817 πρὸς γῇ Πλαταιῶν Δωρίδος λόγχης ὕπο·
818 θῖνες νεκρῶν δὲ καὶ τριτοσπόρῳ γονῇ
819 ἄφωνα σημανοῦσιν ὄμμασιν βροτῶν
820 ὡς οὐχ ὑπέρφευ θνητὸν ὄντα χρὴ φρονεῖν.
821 ὕβρις γὰρ ἐξανθοῦς´ ἐκάρπωσεν στάχυν
822 ἄτης, ὅθεν πάγκλαυτον ἐξαμᾷ θέρος.
823 τοιαῦθ´ ὁρῶντες τῶνδε τἀπιτίμια
824 μέμνησθ´ Ἀθηνῶν Ἑλλάδος τε, μηδέ τις
825 ὑπερφρονήσας τὸν παρόντα δαίμονα
826 ἄλλων ἐρασθεὶς ὄλβον ἐκχέῃ μέγαν.
827 Ζεύς τοι κολαστὴς τῶν ὑπερκόμπων ἄγαν
828 φρονημάτων ἔπεστιν, εὔθυνος βαρύς.
829 πρὸς ταῦτ´ ἐκεῖνον, σωφρονεῖν κεχρημένοι,
830 πινύσκετ´ εὐλόγοισι νουθετήμασιν,
831 λῆξαι θεοβλαβοῦνθ´ ὑπερκόμπῳ θράσει.
832 σὺ δ´, ὦ γεραιὰ μῆτερ ἡ Ξέρξου φίλη,
833 ἐλθοῦς´ ἐς οἴκους κόσμον ὅστις εὐπρεπὴς
834 λαβοῦς´ ὑπαντίαζε παιδί. πάντα γὰρ
835 κακῶν ὑπ´ ἄλγους λακίδες ἀμφὶ σώματι
836 στημορραγοῦσι ποικίλων ἐσθημάτων.
837 ἀλλ´ αὐτὸν εὐφρόνως σὺ πράυνον λόγοις·
838 μόνης γάρ, οἶδα, σοῦ κλύων ἀνέξεται.
839 ἐγὼ δ´ ἄπειμι γῆς ὑπὸ ζόφον κάτω.
840 ὑμεῖς δέ, πρέσβεις, χαίρετ´, ἐν κακοῖς ὅμως
841 ψυχῇ διδόντες ἡδονὴν καθ´ ἡμέραν,
842 ὡς τοῖς θανοῦσι πλοῦτος οὐδὲν ὠφελεῖ.
843 (ΧΟΡΟΣ) ἦ πολλὰ καὶ παρόντα καὶ μέλλοντ´ ἔτι
844 ἤλγης´ ἀκούσας βαρβάροισι πήματα.
845 (ΒΑΣΙΛΕΙΑ) ὦ δαῖμον, ὥς με πόλλ´ ἐσέρχεται κακῶν
846 ἄλγη, μάλιστα δ´ ἥδε συμφορὰ δάκνει,
847 ἀτιμίαν γε παιδὸς ἀμφὶ σώματι
848 ἐσθημάτων κλύουσαν, ἥ νιν ἀμπέχει.
849 ἀλλ´ εἶμι, καὶ λαβοῦσα κόσμον ἐκ δόμων
| [800] L'OMBRE DE DARIUS.
De tant de soldats, un petit nombre seulement doit échapper à la mort, s'il en faut croire les oracles des dieux; et les événements d'aujourd'hui ne permettent point le doute, car un oracle ne s'accomplit jamais à demi. Malgré la leçon, mon fils, encore infatué d'une vaine espérance, a laissé dans la Grèce une armée d'élite. Elle campe dans les plaines qu'arrosent les flots de l'Asopus, le fécond nourricier de la terre de Béotie. 807 Là, les Perses sont réservés aux dernières infortunes, digne prix de leur insolence et de leurs sacrilèges desseins. Ils n'ont pas craint, dans cette Grèce envahie, de dépouiller les images des dieux, d'incendier les temples. Les autels sont détruits; les statues ont été arrachées de leurs socles et brisées en morceaux. Déjà ces crimes ont reçu leur salaire; mais tout n'est pas fini : l'abîme du malheur n'est pas desséché jusqu'au fond, non, certes; la source jaillit encore.
816 Des flots de sang couleront sous la lance dorienne et se figeront dans les champs de Platée. Des amas de cadavres, jusqu'à la troisième génération, parleront, dans leur muet langage, aux yeux des hommes : « Mortels, il ne faut pas que vos pensées s'élèvent au-dessus de la condition mortelle. Laissez germer l'insolence, ce qui pousse, c'est l'épi du crime; on moissonne une moisson de douleurs.»
823 — Vous voyez, amis, le châtiment de la Perse : souvenez-vous donc d'Athènes et de la Grèce. Que nul, désormais, ne méprise sa fortune présente, et n'aille, par sa convoitise même, ruiner sa propre opulence. Jupiter, l'inflexible vengeur, ne laisse jamais impunis les desseins d'un orgueil effréné. Vous donc, qui possédez la sagesse, vous dont les avis peuvent rappeler mon fils à la raison, inspirez à Xerxès le respect des dieux; qu'il cesse de les braver par sa présomptueuse audace.
832 — Et toi, vénérable et tendre mère de Xerxès, retourne au palais; choisis pour ton fils les splendides vêtements qui lui conviennent, et va au-devant de ses pas; car tous ces habits magnifiques qui couvraient son corps, dans l'excès de sa douleur il les a déchirés en lambeaux. C'est à toi, par tes discours, d'adoucir sa peine ; seules tes consolations, je le sais, peuvent lui faire supporter son infortune. Pour moi, je retourne au fond des ténèbres souterraines. Adieu, vieillards, adieu ; quelques maux qui vous accablent, livrez chaque jour votre âme à la joie : la richesse ne sert de rien aux morts.
843 LE CHOEUR.
Ces malheurs qui accablent les Barbares, ces autres malheurs qui doivent encore nous frapper, remplissent mon âme de douleur.
845 ATOSSA.
Ô Fortune ! que j'endure de souffrances! Surtout une humiliation est sensible à mon cœur : mon fils le corps couvert de vêtements en lambeaux ! Je cours au palais ;
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