[650] Ἀιδωνεύς,
651 οἶον ἀνάκτορα Δαριᾶνα. ἠέ.
652 οὐδὲ γὰρ ἄνδρας ποτ´ ἀπώλλυ
653 πολεμοφθόροισιν ἄταις,
654 θεομήστωρ δ´ ἐκικλῄσκετο Πέρσαις,
655 θεομήστωρ δ´
656 ἔσκεν, ἐπεὶ στρατὸν εὖ ποδούχει. ἠέ.
657 βαλλήν, ἀρχαῖος
658 βαλλήν, ἴθι, ἱκοῦ·
659 ἔλθ´ ἐπ´ ἄκρον κόρυμβον ὄχθου,
660 κροκόβαπτον ποδὸς εὔμαριν ἀείρων,
661 βασιλείου τιήρας
662 φάλαρον πιφαύσκων.
663 βάσκε πάτερ ἄκακε Δαριάν, οἴ.
664 ὅπως αἰανῆ
665 κλύῃς νέα τ´ ἄχη,
666 δέσποτα δεσποτᾶν φάνηθι.
667-668 Στυγία γάρ τις ἐπ´ ἀχλὺς πεπόταται·
669 νεολαία γὰρ ἤδη
670 κατὰ πᾶς´ ὄλωλεν.
671 βάσκε πάτερ ἄκακε Δαριάν, οἴ.
673 αἰαῖ αἰαῖ· {ἐπῳδός}.
674 ὦ πολύκλαυτε φίλοισι θανών,
675 τί τάδε, δυνάστα, δυνάστα,
676 περισσὰ δίδυμα δὶς γοέδν´ ἁμάρτια;
677 πᾶσαι γᾷ τᾷδ´
678-679 ἐξέφθινται τρίσκαλμοι
680 νᾶες ἄναες ἄναες.
681 (ΕΙΔΩΛΟΝ ΔΑΡΕΙΟΥ)
681 ὦ πιστὰ πιστῶν ἥλικές θ´ ἥβης ἐμῆς
682 Πέρσαι γεραιοί, τίνα πόλις πονεῖ πόνον;
683 στένει, κέκοπται, καὶ χαράσσεται πέδον.
684 λεύσσων δ´ ἄκοιτιν τὴν ἐμὴν τάφου πέλας
685 ταρβῶ, χοὰς δὲ πρευμενὴς ἐδεξάμην.
686 ὑμεῖς δὲ θρηνεῖτ´ ἐγγὺς ἑστῶτες τάφου
687 καὶ ψυχαγωγοῖς ὀρθιάζοντες γόοις
688 οἰκτρῶς καλεῖσθέ μ´· ἐστὶ δ´ οὐκ εὐέξοδον
689 ἄλλως τε πάντως, χοἰ κατὰ χθονὸς θεοὶ
690 λαβεῖν ἀμείνους εἰσὶν ἢ μεθιέναι.
691 ὅμως δ´ ἐκείνοις ἐνδυναστεύσας ἐγὼ
692 ἥκω· τάχυνε δ´, ὡς ἄμεμπτος ὦ χρόνου.
693 τί ἐστὶ Πέρσαις νεοχμὸν ἐμβριθὲς κακόν;
694 (ΧΟΡΟΣ) σέβομαι μὲν προσιδέσθαι,
695 σέβομαι δ´ ἀντία λέξαι
696 σέθεν ἀρχαίῳ περὶ τάρβει.
697 (ΕΙΔΩΛΟΝ ΔΑΡΕΙΟΥ) ἀλλ´ ἐπεὶ κάτωθεν ἦλθον σοῖς γόοις πεπεισμένος,
698 μή τι μακιστῆρα μῦθον ἀλλὰ σύντομον λέγων
699 εἰπὲ καὶ πέραινε πάντα, τὴν ἐμὴν αἰδῶ μεθείς.
| [650] laisse, ô Pluton! échapper Darius. Darius ! quel roi, grands dieux !
Jamais, dans les guerres meurtrières, il ne perdit ses soldats. Les Perses l'appelaient le mortel aux conseils inspirés; et ils étaient inspirés, ses conseils, car ses armes furent toujours triomphantes.
Ô roi, ô notre antique monarque! viens, sors du tombeau, parais sur le bord avancé de ce monument; que ton pied se lève, chaussé du brodequin de pourpre ; que la tiare royale montre à nos yeux ses splendides ornements. Viens, ô notre père, généreux Darius ! viens, hélas !
Viens apprendre nos récents malheurs, des malheurs inouïs. Maître des maîtres parais ! 667 Les ténèbres du Styx nous ont enveloppés, car la jeunesse de Perse a péri tout entière. Viens, ô notre père ! viens, généreux Darius.
Hélas ! hélas ! hélas ! ô toi dont la mort nous a coûté tant de larmes ! comment, ô Darius ! comment cela s'est-il pu ? Une seconde fois, ton empire, oui, ce vaste empire a subi l'affront de la défaite ! Ils ont péri, ces vaisseaux à trois rangs de rames! Oh, nos vaisseaux! tristes débris, hélas ! tristes débris !
681 L'OMBRE DE DARIUS.
Ô fidèles entre les fidèles, ô compagnons de ma jeunesse, de quel malheur, vieillards perses, Suse est-elle affligée ? La terre a été frappée, elle a gémi, elle s'est entr'ouverte. Vois mon épouse qui s'incline vers mon tombeau, aspect qui me trouble ; et l'on m'a offert les libations propitiatoires. Vous-mêmes, debout près de ce monument, vous poussez de lugubres plaintes; vous pleurez, et vos évocations lamentables sont venues chercher mon âme jusqu'au fond des enfers. On n'en sort pas sans effort : surtout les dieux souterrains savent mieux saisir que laisser aller leur proie. Cependant ils ont cédé à mon impérieuse prière. Me voici donc; mais hâte-toi. Je ne veux pas qu'on m'accuse de dépasser le temps prescrit. — Quel est donc le nouveau revers qui accable les Perses?
694 LE CHOEUR.
Je n'ose t'envisager, je n'ose t'entretenir : mon antique respect pour toi me trouble.
L'OMBRE DE DARIUS.
Mais je sors des enfers ; j'ai écouté tes plaintes: ainsi, point d'inutiles discours. Abrège, je t'en prie ; quitte un vain respect, va droit au but.
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